Biographies de

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Les Cloches de Bâles (1934), roman. Les Beaux quartiers (1936), roman. Les Yeux d'Elsa (1942), poèmes. Aurélien (1945), roman. La Diane française (1945),  ...
Séquence 4 Dominante : lecture Objectif :

Biographies de poètes engagés dans la Résistance

 Paul Eluard : né à Saint-Denis le 14 décembre 1895 et mort à Charenton-lePont le 18 novembre 1952. Poèmes pour la paix (1918), poèmes. Mourir de ne pas mourir (1924), poèmes. Capitale de la douleur (1926), poèmes. L’Amour, la poésie (1929), poèmes. La Vie immédiate (1932), poèmes. Facile (1935), poèmes. Les Yeux fertiles (1936), poèmes. Cours naturels (1938), poèmes. Poésie et Vérité 1942 (1942), poèmes. Au rendez-vous allemand (1944), poèmes. Poésie ininterrompue (1946-1953), poèmes. Le Temps déborde (1947), poèmes. Le Phénix (1951), poèmes.  Louis Aragon : né à Tinchebray dans l'Orne, le 19 février 1896, mort à Paris le 28 septembre 1966. Anicet ou le Panorama (1921), roman. Le Mouvement perpétuel (1926), poèmes. Le paysan de Paris (1926) Les Cloches de Bâles (1934), roman. Les Beaux quartiers (1936), roman. Les Yeux d’Elsa (1942), poèmes. Aurélien (1945), roman. La Diane française (1945), poèmes. Les Communistes (1949-1951), roman. La Semaine sainte (1958), roman. Blanche ou l’oubli (1967), roman.  Robert Desnos : (né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l'Allemagne nazie) C’est les bottes de sept lieues… (1926), poèmes. Corps et biens (1930), poèmes. Le Veilleur du Pont-au-Change (1944), poème.

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Le surréalisme

Les séductions de la révolte (1917) Le surréalisme est né de la protestation de quelques jeunes gens en colère, qui eurent vingt ans pendant la première guerre mondiale. Horrifié par l’hécatombe que celle-ci avait provoquée, le poète Paul Valéry put écrire : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Enrôlés dans des services de médecine militaire, Breton et Aragon avaient constaté euxmêmes les ravages de la guerre avait opérés sur les corps meurtris et dans les consciences perturbées des soldats revenus du front. Pour soigner ces névroses de guerre, Breton eut l’occasion d’utiliser des nouvelles méthodes de traitement, recommandées par un psychiatre viennois encore inconnu en France : Sigmund Freud : la psychanalyse. Il s’agissait de faire parler les malades selon le principe des associations libres : on leur demandait de produire non un discours structuré mais un flux de mots et d’images échappant à la conscience, cela permettant l’émergence de leurs obsessions cachées. C’est de cette pratique médicale qu’allait dériver le mode de production des textes surréalistes. Cette « écriture automatique », sorte de dictée de l’inconscient, que Breton et Soupault utilisèrent dans Les Champs magnétiques, frappa les auteurs par sa richesse et sa fantaisie. Elle sera pour longtemps le moyen privilégié de parvenir à la libération des contraintes recherchée par le surréalisme. Nusch Eluard, André Breton, Greta Knutson, Valentine Hugo, « cadavre exquis », vers 1930, (crayons de couleur sur papier noir ; Saint-Denis, Musée d’Art et d’Histoire) « Cadavre exquis : jeu de papier plié qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte des collaborations précédentes. L’exemple devenu classique qui a donné son nom au jeu tient dans la première phrase qui a été obtenue de cette manière : Le cadavre Ŕ exquis Ŕ boira Ŕ le vin Ŕ nouveau » (Dictionnaire abrégé du surréalisme, Paris, janvier 1938)

Pendant la guerre, le Roumain Tristan Tzara, créa un mouvement de protestation collective assez semblable qui utilisait la dérision et la provocation comme armes principales et se baptisa d’un nom volontairement ridicule : le mouvement « dada ». Cette anarchie permanente séduisit Breton et Eluard quand le mouvement arriva de Suisse à Paris : de l’organisation de concerts grotesques où l’on tape sur des casseroles et où l’on injurie le public à celle du procès parodique de Maurice Barrès accusé de délire militariste et patriotique, l’esprit de bouffonnerie systématique finit par lasser André Breton, le chef de file des surréalistes. Deux revues, un manifeste (1922-1924) La révolte de Breton porte en effet, bien plus que pour Tristan Tzara, sur la place de l’art et de la littérature qu’il faut redéfinir. C’est d’ailleurs ce titre de Littérature qu’il choisit par antiphrase pour la revue qu’il fonde en 1919. Robert Desnos y publie ses récits de rêves et des textes écrits sous hypnose. Il s’agit toujours, comme pour l’écriture automatique, de donner la parole à l’imaginaire enfoui sous la conscience. Le but reste de libérer les forces vives de l’individu, non de produire de « beaux » textes savamment composés. En 1924, Breton fait paraître le Manifeste surréaliste, où il définit le mouvement par les techniques d’automatismes pratiquées depuis 1918 : En cette même année 1924 est fondée uns nouvelle revue : La Révolution surréaliste.

L’Ange du foyer ou le triomphe du surréalisme, Max Ernst (1937), huile sur toile, 114 x 146 cm. Collection particulière. De la révolte à la révolution (1925-1933) Le groupe des surréalistes connaît un succès de scandale hérité du goût de la violence et de la provocation du mouvement dada : lors d’un banquet organisé pour un poète oublié aujourd’hui, Michel Leiris crie : « Vive l’Allemagne ! », déclenchant une bagarre générale ! De 1925 à 1928 paraissent quelques œuvres majeures : Aragon publie Le paysan de Paris en 1926 et le Traité du style en 1928 ; Eluard Capitale de la douleur en 1926, et Desnos La Liberté ou l’Amour en 1927. En 1928, Breton fait paraître Nadja, modèle achevé d’un type nouveau de récit qui s’inscrit au cœur de la recherche du « surréel ».

René Magritte - La trahison des images Admirateurs de Rimbaud, les surréalistes s’efforcent de réaliser le précepte de celuici : « changer la vie ». Sous l’impulsion de Breton, ils vont adopter un autre mot d’ordre, plus politique de Karl Marx : « changer le monde ». En effet, à partir de 1925, s’amorce un rapprochement avec les intellectuels communistes. En janvier 1927, Aragon, Breton et Eluard adhèrent au parti communiste français. Mais des crises secouent le mouvement. Les anciens compagnons qui refusent cet engagement, comme Desnos et Leiris sont exclus ; les surréalistes se sentent rapidement mal à l’aise dans les activités de simples militants que les dirigeants du PCF méfiants vis-à-vis de ces intellectuels petits-bourgeois, leur assignent. Sans renier ses orientations révolutionnaires, Breton quitte rapidement le parti.

Sensible aux images dans sa propre écriture, Breton a toujours considéré les peintres comme des surréalistes à part entière. Max Ernst, Giorgio de Chirico, Francis Picabia furent célébrés par lui dès les années 20. Dans les années 30, l’Espagnol Salvador Dali popularise les images oniriques avec succès. Un autre Espagnol, le cinéaste Luis Bunuel réussit, avec un Chien andalou en 1929, réalisés d’après des scénarios de Dali, la percée du surréalisme au cinéma en faisant scandale.

Les montres molles - Dali La diffusion du surréalisme (1933-1945) Face aux difficultés de l’époque, les surréalistes s’engagent dans des combats politiques radicaux par l’écriture de manifestes mais aussi de poèmes. Contre la dureté des temps, Breton chante l’Amour fou en 1937. Mais Eluard rompt définitivement avec Breton en 1938 qui s’exile en Amérique après la défaite française en 1940, alors qu’Eluard et Aragon se font les chantres de la Résistance et que Desnos meurt en déportation. La fin du mouvement (1945-1969) Revenu en France en 1946, Breton est concurrencé par les communistes et l’existentialisme : Sartre et Camus sont les hommes nouveaux de l’après-guerre. Sa mort, en 1966, consomme la fin du mouvement surréaliste. Mais l’esprit surréaliste, ses principes esthétiques et éthiques, font encore subir leur influence sur la sensibilité contemporaine. L’attention à l’imaginaire que porte une société de plus en plus modelée par l’image doit sans doute beaucoup aux pionniers qui explorèrent les « champs magnétiques » de l’inconscient.

Magritte - L’empire des lumières

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Textes n°1 : Eluard 1. La Courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards. Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926)

Pablo PICASSO, Portrait de Nusch Eluard, 1937

2. La Victoire de Guernica Le poème La Victoire de Guernica a été inspiré par un fait historique. Le 26 avril 1937, les avions de l’armée allemande bombardent Guernica pendant 3 heures. Bilan 2000 morts. Ceci est le symbole de la guerre dans son horreur. Paul Eluard va écrire ce poème pour dénoncer cette barbarie pendant la guerre en Espagne. I Beau monde des masures De la nuit et des champs II Visages bons au feu visages bons au fond Aux refus à la nuit aux injures aux coups III Visages bons à tout Voici le vide qui vous fixe Votre mort va servir d'exemple IV La mort coeur renversé V Ils vous ont fait payer le pain Le ciel la terre l'eau le sommeil Et la misère De votre vie

VI Ils disaient désirer la bonne intelligence Ils rationnaient les forts jugeaient les fous Faisaient l'aumône partageaient un sou en deux Ils saluaient les cadavres Ils s'accablaient de politesses VII Ils persévèrent ils exagèrent ils ne sont pas de notre monde VIII Les femmes les enfants ont le même trésor De feuilles vertes de printemps et de lait pur Et de durée Dans leurs yeux purs IX Les femmes les enfants ont le même trésor Dans les yeux Les hommes le défendent comme ils peuvent

X Les femmes les enfants ont les mêmes roses rouges Dans les yeux Chacun montre son sang

XIII Hommes réels pour qui le désespoir Alimente le feu dévorant de l'espoir Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l'avenir

XI La peur et le courage de vivre et de mourir La mort si difficile et si facile

XIV Parias la mort la terre et la hideur De nos ennemis ont la couleur Monotone de notre nuit Nous en aurons raison.

XII Hommes pour qui ce trésor fut chanté Hommes pour qui ce trésor fut gâché

Paul Eluard, Cours naturel, 1938

3. Liberté Pendant la guerre, engagé dans la Résistance, Paul Eluard participe au grand mouvement qui entraîne la poésie française, et le poème Liberté ouvre le recueil Poésie et Vérité paru en 1942. Les textes qui forment ce recueil sont tous des poèmes de lutte. Ils doivent entrer dans la mémoire des combattants et soutenir l'espérance de la victoire : comme on le faisait pour les armes et les munitions, le poème Liberté a été, à l'époque, parachuté dans les maquis et lu clandestinement, soulevant ainsi l’enthousiasme, réveillant les énergies et devenant un grand classique de la poésie engagée. Sur la jungle et le désert Sur mes cahiers d'écolier Sur les nids sur les genêts Sur mon pupitre et les arbres Sur l'écho de mon enfance Sur le sable de neige J'écris ton nom J'écris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur toutes les pages lues Sur le pain blanc des journées Sur toutes les pages blanches Sur les saisons fiancées Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom J'écris ton nom Sur tous mes chiffons d'azur Sur les images dorées Sur l'étang soleil moisi Sur les armes des guerriers Sur le lac lune vivante Sur la couronne des rois J'écris ton nom J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom Sur chaque bouffées d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vérité physique J'écris ton nom Sur les sentiers éveillés Sur les routes déployées Sur les places qui débordent J'écris ton nom Sur la lampe qui s'allume Sur la lampe qui s'éteint Sur mes raisons réunies J'écris ton nom Sur le fruit coupé en deux Du miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide J'écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre Sur ses oreilles dressées Sur sa patte maladroite

J'écris ton nom Sur le tremplin de ma porte Sur les objets familiers Sur le flot du feu béni J'écris ton nom Sur toute chair accordée Sur le front de mes amis Sur chaque main qui se tend J'écris ton nom Sur la vitre des surprises Sur les lèvres attendries Bien au-dessus du silence J'écris ton nom Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom Sur l'absence sans désir Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'écris ton nom Sur la santé revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté

Paul Eluard, Poésies et vérités, 1942

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Textes n°2 : Aragon 1. IL N'Y A PAS D'AMOUR HEUREUX

A cause de son exposition à la guerre et son amour intense pour Elsa, le sujet d'un grand nombre des poèmes de Louis Aragon concerne ces deux thèmes, aussi bien qu'une nostalgie pour le bonheur qui ne se trouve que dans la paix et le patriotisme comme le montre ce poème célèbre mis en musique par Georges Bassens. Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désœuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Louis Aragon, La diane Française

2. Strophes pour se souvenir « Strophes pour se souvenir » est un poème extrait du Roman Inachevé, en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. L'annonce de leur condamnation avait été faite par le biais d'une affiche reproduisant leurs photographies, et qui est restée sous le nom de l'Affiche rouge. Le poète tente de raviver le souvenir des résistants. Ce texte sera également mis en musique par Léo Ferré. Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le cœur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. Louis Aragon, Le Roman Inachevé

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Textes n°2 : Aragon

Strophes pour se souvenir 1) Quelles remarques pouvez-vous faire en ce qui concerne la forme de ce poème (mètre, strophes, rimes) ? 2) Distinguez trois situations d’énonciation différentes dans ce poème, en observant notamment les pronoms personnels et les adjectifs possessifs : qui s’adresse à qui, quand et pourquoi ? Quels moyens typographiques aident le lecteur à les repérer ? 3) Quels éléments de l’Affiche rouge Aragon évoque-t-il ? 4) Selon lui, quel effet cette affiche veutŔelle provoquer ? 5) Quelle est l’attitude des Français occupés vis à vis de cette affiche ? Relevez les allusions au contexte temporel et historique. 6) Quel portrait l’Affiche rouge présente-t-elle des résistants ? 7) Quel portrait le poète lui oppose-t-il ? 8) Que nous apprend la lettre de Manouchian sur la personnalité du chef de réseau ? Observez les champs lexicaux développés, les répétitions. 9) Quelle est la nature de cette lettre ? Quelle est sa fonction ? 10) Quelle est la fonction de ce poème engagé ? Comparez la 1ère et la 2ème strophes avec la dernière (répétitions, oppositions) et interrogez-vous sur le titre du poème.

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Textes n°2 : Aragon

Strophes pour se souvenir 1) Quelles remarques pouvez-vous faire en ce qui concerne la forme de ce poème (mètre, strophes, rimes) ? 2) Distinguez trois situations d’énonciation différentes dans ce poème, en observant notamment les pronoms personnels et les adjectifs possessifs : qui s’adresse à qui, quand et pourquoi ? Quels moyens typographiques aident le lecteur à les repérer ? 3) Quels éléments de l’Affiche rouge Aragon évoque-t-il ? 4) Selon lui, quel effet cette affiche veutŔelle provoquer ? 5) Quelle est l’attitude des Français occupés vis à vis de cette affiche ? Relevez les allusions au contexte temporel et historique. 6) Quel portrait l’Affiche rouge présente-t-elle des résistants ? 7) Quel portrait le poète lui oppose-t-il ? 8) Que nous apprend la lettre de Manouchian sur la personnalité du chef de réseau ? Observez les champs lexicaux développés, les répétitions. 9) Quelle est la nature de cette lettre ? Quelle est sa fonction ? 10) Quelle est la fonction de ce poème engagé ? Comparez la 1ère et la 2ème strophes avec la dernière (répétitions, oppositions) et interrogez-vous sur le titre du poème.

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Textes n°2 : Aragon Strophes pour se souvenir

1) La forme de ce poème (mètre, strophes, rimes) ? Mètre = alexandrin 7 strophes de 5 vers = 7 quintils abbab- cbbcb Ŕ dbbdb Ŕ ebbeb Ŕ fbbfb Ŕ gbbgb Ŕ hbbhb : répétition d’une même rime en [an] tout au long du poème Absence de ponctuation et vers libres malgré une certaine régularité 2) Coexistence de trois situations d’énonciation différentes v. 1 à 18 : le poète (« nos ») s’adresse aux résistants (« Vous », « vos ») « onze ans » après l’événement relaté, afin d’en conserver le souvenir. v.19 à 30 : vers en italique, paraphrase poétique de la lettre de Manouchian, l’énonciateur est ce résistant (« je », « moi », « nos », « mon »), le destinaire est sa femme Mélinée (« toi », « ma Mélinée », « te »). Il s’agit d’une reprise de la lettre réelle écrite par Manouchian avant son exécution. V.31 à 35 : narration à la 3ème personne, le poète n’est plus présent dans les vers (« Ils »), recul, conclusion. 3) Les éléments de l’Affiche évoqués par le poème Aragon évoque les « portraits (…) Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants » des résistants. Souligne le choix de photos présentant des individus à l’apparence inquiétante (cf. hypallage « de barbe et de nuit » + gradation). Il fait allusion à la couleur rouge de l’affiche qu’il compare à « une tache de sang », mettant par là en relief l’objectif recherché par les propagandistes, à savoir l’association dans l’esprit des Français, entre les résistants et le sang, le crime. Il parle également des légendes présentes sous les portraits : « à prononcer vos noms sont difficiles ». 4) L’effet que cette affiche veut provoquer L’évocation de cette affiche est très subjective : Aragon ne se contente pas de décrire l’Affiche rouge, mais offre en même temps son interprétation, qui consiste en une dénonciation des effets recherchés par les propagandistes sur les passants. En effet, les portraits offrent des résistants des images angoissantes (ressemblent à des fous furieux). Adjectifs qui mêlent la description du visage et le trait dont il serait révélateur : l’hostilité, le danger. La couleur rouge est destinée à les associer au sang et au crime, leurs noms sont inscrits parce que leur consonance étrangère les rend antipathiques et inquiétants (inversion du verbe à l’infinitif montre comment la rhétorique nazie associe dangerosité et identité étrangère). Selon Aragon, cette affiche veut provoquer « un effet de peur » (faire peur et non convaincre par des arguments, toucher l’être humain dans ses sentiments primaires et non le faire réfléchir). 5) L’attitude des Français occupés vis à vis de cette affiche et les allusions au contexte temporel et historique. L’attitude des Français, désignés par des noms, des GN ou des pronoms les présentant comme un ensemble anonyme, est double : durant le jour : indifférence apparente (« sans yeux pour vous le jour durant ») pendant la nuit : solidarité et reconnaissance secrètes La synecdoque et l’hypallage « des doigts errants » mettent en relief cette duplicité des Français. Combat collectif et anonyme qui contredit la « peur » des passants, voire l’hostilité à ces étrangers attendue par les occupants. L’inscription « Morts pour la France » qui figurera après la guerre sur de nombreuses plaques dans les rues des villes insurgées, confirme cette opposition entre les résistants de la nuit (cf. Editions de minuit) et les indifférents du jour, également signifiée par les conjonction « Mais » en milieu de strophe, pour marquer le basculement entre le jour et la nuit, une attitude et son contraire. Double opposition : indifférents et collaborateurs = résistants résistants muets et inactifs le jour = combattant la nuit

Références au contexte historique : « les mornes matins », « Tout avait la couleur uniforme du givre », « fin février ». Evocation du moment exact : le mois et le froid qui y est associé, mais aussi de l’atmosphère propre à cette sombre période de l’histoire qu’est l’occupation (« mornes »). 6) Le portrait que l’Affiche rouge présente des résistants est l’inverse du portrait que le poète lui oppose : Individus étrangers donc dangereux, criminels, terroristes. ≠ Strophe 1 : modestie, courage, pugnacité des résistants présentés comme des anonymes oubliés (cf. jeu de négations : répétition de « ni ») // lettre // dernière strophe. 8) La lettre de Manouchian apporte une dimension pathétique à la personnalité du chef de réseau La lettre de Manouchian, en donnant la parole au chef de bande, met en valeur de manière directe, concrète et poétique l’humanité des résistants. Répétition de « Adieu » + champ lexical du bonheur (« Bonheur », « plaisir », « heureuse ») et de la nature dans sa beauté (« lumière », « vent », « beauté des choses », « Un grand soleil d’hiver éclaire la colline », « Que la nature est belle ») : regret de quitter la vie « que le cœur me fend », « mon orpheline »). Absence de haine (« sans haine ») envers ses meurtriers, grand calme (« calmement »). Répond à la haine et à la violence par l’amour et la paix. 9) La nature de cette lettre et sa fonction Cette lettre est une paraphrase poétique de la véritable lettre de Manouchian (lequel était d’ailleurs poète) : poème dans le poème. Elle s’adresse à Mélinée, la femme du chef de bande, mais aussi à tous « ceux qui vont survivre », leur transmettant un message de paix, d’espoir (cf. impératifs et futurs présentant l’image d’un avenir plein de promesses). Cette lettre constitue une réponse à l’Affiche rouge évoquée dans les 1ères strophes du poème. Elle permet en quelque sorte de donner la parole à l’accusé qui se défend non pas au moyen d’arguments, mais tout simplement en opposant à la haine des occupants une foi indestructible en l’amour et la paix. Présente une image spirituelle, poétique, humaine du chef de bande, en totale opposition avec les photos montrant des actes de violence. 10) La fonction du poème engagé Strophe 7 : passage du « vous » au « ils », de l’anonymat à un nombre « vingt et trois » (anaphore) + relative, noms et adjectifs qui permettent de les caractériser, afin de rendre leur place aux résistants étrangers dont Aragon souligne le patriotisme. Antithèse « étrangers » / « nos frères » : solidarité de ces résistants étrangers qui se sont battus jusqu’à la mort pour le pays qui les avait accueillis (plus courageux et plus patriotiques que certains « vrais » Français !). Renvoie aussi à la parole évangélique. Ces résistants étrangers sont présentés comme des êtres généreux et courageux, des martyres qu’il faut réhabiliter, auxquels il faut rendre hommage. Œuvre de mémoire cf. titre « Strophes pour se souvenir » = « Onze ans déjà que cela passe vite onze ans ». Poème écrit en 1955, à une période où le souvenir de la guerre et de la Résistance s’estompe. Membres de l’Affiche rouge = oubliés de l’Histoire. Volonté de les réhabiliter. Importance de la notion de temps qui passe (répétition de la durée « onze ans », adverbes « vite », « déjà », absence de ponctuation) : il faut lutter contre l’oubli. Poème = épitaphe (cf. dernière strophe).

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Texte n°3 : Desnos Ce cœur qui haïssait la guerre

Ce poème extrait du recueil Destinée arbitraire, témoigne de l’engagement de Desnos dans la résistance, engagement qui lui valut la déportation et lui coûta la vie. Avant d’être publié en 1975 à titre posthume, il a circulé clandestinement et a participé au combat d’idées en incitant ses lecteurs à rejoindre les rangs de la résistance. Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat. Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre : Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. Robert Desnos, Destinée arbitraire 1975

Séquence 4 Dominante : HDA Objectif :

Etudier l’Affiche Rouge

L'Affiche rouge est une affiche de propagande placardée en France dans le contexte de la condamnation à mort de 23 membres des FTP-MOI de la région parisienne, le 21 février 1944. 1. Contexte historique L'affichage partout dans Paris fut accompagné par la diffusion large d'un tract reproduisant :  

au recto, une réduction de l'affiche rouge ; au verso, un paragraphe de commentaire fustigeant « l’Armée du crime, contre la France ».

Les dimensions de ce tract sont de 22 x 26 cm 2. Description Il existe trois formats différents dont les formats 152 x 130 cm, et 118 x 75 cm. L'affiche, dont l'image figure ci-contre, comprend :  



un slogan : « Des libérateurs ? La Libération ! Par l'armée du crime » ; les photos, les noms et les actions menées par dix résistants du groupe Manouchian : o « Grzywacz Ŕ Juif polonais, 2 attentats », o « Elek Ŕ Juif hongrois, 8 déraillements », o « Wajsbrot Ŕ Juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements », o « Witchitz Ŕ Juif polonais, 15 attentats », o « Fingerweig Ŕ Juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements », o « Boczov Ŕ Juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats », o « Fontanot Ŕ Communiste italien, 12 attentats », o « Alfonso Ŕ Espagnol rouge, 7 attentats », o « Rayman Ŕ Juif polonais, 13 attentats », o « Manouchian Ŕ Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés » ; six photos d'attentats ou de destructions, représentant des actions qui leur sont reprochées.

3. Analyse : La mise en page marque une volonté d'assimiler ces dix résistants à des terroristes : la couleur rouge et le triangle formé par les portraits apportent de l'agressivité ; les six photos en bas, pointées par le triangle, soulignent leurs aspects criminels. a) Connotation morbide donnée par les couleurs rouge (= sang) et noire (= mort).

b) Présence de photos : - médaillons portraits en noir et blanc, aspect + ou - hirsute, visages patibulaires…, disposés en triangle, dont le sommet est occupé par le portrait de Manouchian, pour former une flèche orientée vers le bas de l’affiche. - photos rectangulaires documents relatant des actes terroristes (déraillement de trains), montrant des cadavres, un corps attaché (d’un " terroriste " ?) transpercé de balles et, au centre, une saisie d’armes (des " terroristes " ?). Présence de texte : - légende correspondant à chaque portrait patronyme, mais absence de prénom ( = rejet de l’aspect affectif), nationalité et idéologie (= étranger et dangereux), nombre d’attentats commis Terroristes dangereux, dépourvus de toute humanité, qui n’ont aucun point commun avec les " vrais " Français. - gros titres, placés en haut et en bas de l’affiche : en haut phrase nominale interrogative, écrite en blanc. en bas phrase nominale exclamative, écrite en rouge, coupée en deux par le point d’exclamation, dont la seconde partie (" l’armée du crime ") est justifiée par le montage et la disposition des photos. Gros titre en rouge = thèse des auteurs de l’affiche. OBJECTIFS DE L’AFFICHE : 1) convaincre les Parisiens que ces hommes sont des terroristes, non pas des libérateurs, et qu’ils oeuvrent pour le désordre et la mort, face à l’ordre établi par l’armée allemande 2) dissuader ceux qui en auraient envie d’entrer dans la Résistance.

Il s’agit d’une affiche de propagande, destinée à influencer l’opinion du destinataire, à lui faire adopter un certain point de vue, au moyen d’un montage de photos, d’images et de textes évocateurs, choisis pour cet effet.