Des souris et des hommes - Collection Classico

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6 juin 2013 ... Des souris et des hommes. John Steinbeck. Édition de Virginie Manouguian. États-Unis, années. 1930. Lennie et George, deux ouvriers ...
Classe de Troisième ☛ Formes du récit aux XXe et XXIe siècles

Des souris et des hommes John Steinbeck Édition de Virginie Manouguian États-Unis, années 1930. Lennie et George, deux ouvriers agricoles, traversent la Californie et s’arrêtent dans un ranch pour y travailler. Ils n’ont qu’un rêve : réunir assez d’argent pour posséder un jour leur propre ferme. Mais les deux hommes se heurtent à un univers cruel, où les rêves se réalisent rarement… À travers ce récit, Steinbeck nous invite à réfléchir sur la solitude humaine et sur le sens de l’amitié.

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ISBN 978-2-7011-6288-1 192 pages

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Des souris et des hommes

Arrêt sur lecture 1

Arrêt sur lecture 1

p. 50-56

Un quiz pour commencer p. 50-51 ❶ Où l’action du roman se déroule-t-elle ? Aux États-Unis. ❷ Que font George et Lennie au début du roman ? Ils font une halte au cours de leur voyage. ❸ Pourquoi George et Lennie ont-ils quitté la ville où ils se trouvaient ? Ils s’en sont enfuis.

❹ Que conserve Lennie dans sa poche ? Une souris morte. ❺ Quelle est la profession de Lennie et de George ? Ils sont ouvriers agricoles. ❻ Pourquoi le nouvel employeur de Lennie et George est-il en colère contre eux ? Ils sont arrivés en retard. ❼ Comment le fils de l’employeur se nomme-t-il ? Curley. ❽ Que disent les employés à propos de l’épouse du fils ? C’est une séductrice.

Des questions pour aller plus loin p. 52-53 ☛ Étudier la mise en place du récit L’entrée en scène des personnages principaux © Éditions Belin/Éditions Gallimard.

❶ Dans le premier chapitre (l. 26-35), comment l’arrivée des personnages est-elle mise en valeur ? Pour répondre, observez les connecteurs logiques, les principaux champs lexicaux, les temps verbaux. Les deux premiers paragraphes du roman sont écrits au présent, dont la valeur est ici descriptive et atemporelle. Steinbeck ayant grandi dans cette région, il s’est plu à en faire une description méticuleuse. Au troisième paragraphe (l. 26) apparaissent l’imparfait puis le passé simple, temps de la narration : les éléments du décor dessinés, le récit peut enfin commencer, avec l’irruption dans le paysage des deux principaux personnages.

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La tranquillité du paysage naturel est en effet troublée par l’arrivée des deux hommes, dont l’approche est signalée par les bruits de pas et savamment orchestrée par les connecteurs temporels (« au soir d’un jour très chaud », l. 26 ; « et puis, […] un bruit de pas se fit entendre », l. 29-30) jusqu’à ce que le temps soit momentanément suspendu (« toute vie cessa pendant un instant », l. 33) pour ménager l’arrivée des deux hommes (« puis deux hommes débouchèrent du sentier », l. 33-34). Le passage de l’imparfait de second plan au passé simple de premier plan marque cette rupture. De surcroît, le champ lexical de la nature (faune et flore : « brise », « feuilles », « collines », « lapins », « rives », « sycomores », « héron ») devient moins important dès lors que les « deux hommes » pénètrent dans ce tableau.

➋ Dans les lignes 41 à 48 du premier chapitre, relevez les expressions décrivant l’apparence de chacun des deux personnages, puis comparez ces portraits. Le portrait physique des personnages insiste sur leurs différences : George est « petit et vif », « brun de visage », il a des « yeux inquiets et perçants », des « traits marqués », des « mains petites et fortes », des « bras minces » et un « nez fin et osseux » (l. 41-44) ; tandis que Lennie est un « homme énorme », au « visage informe », aux « grands yeux pâles », avec de « larges épaules tombantes » (l. 45-46), et à la démarche pesante (« marchait lourdement », « ses bras, sans osciller, pendaient ballants à ses côtés », l. 46-48). Lennie est donc l’exact « contraire » (l. 44) de George, son antithèse, comme le souligne subtilement la description. Tout les oppose physiquement et leurs traits physiques tendent par ailleurs à les différencier sur le plan moral : George semble être un homme décidé et vif, conscient de la réalité, tandis que Lennie semble être un géant pataud sans grande vivacité d’esprit.

❸ Comparez les vêtements des deux travailleurs (p. 10, l. 37-41) à ceux du propriétaire du ranch (p. 30-31, l. 105-111). Comment la tenue vestimentaire des personnages révèle-t-elle leur différence sociale ? George et Lennie portent des « pantalons et [des] vestes en serge de coton bleue à boutons de cuivre » (l. 38-39), c’est-à-dire des tenues d’ouvriers agricoles ; chacun transporte un « rouleau serré de couvertures » (l. 40-41). À leur modeste accoutrement d’ouvriers s’oppose la tenue plus cossue du « patron ». Celui-ci porte des vêtements taillés dans des étoffes plus nobles, telles que le « coutil » et la « flanelle » (p. 30, l. 106-107). Le caractère plus élégant de sa tenue se lit aussi dans les éléments qui la composent : « chemise », « gilet » et « veston » (l. 107). Par ailleurs, contrairement aux deux ouvriers qui sont coiffés de « chapeaux noirs informes » (p. 10, l. 39-40), il porte, lui, un « feutre brun » (p. 31, l. 109). Enfin, le signe distinctif le plus marquant est

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mis en valeur par un commentaire du narrateur — fait très rare dans le récit : le propriétaire du ranch porte « des bottes à hauts talons avec des éperons, preuve qu’il n’[est] pas un journalier » (l. 109-111). Les catégories sociales sont ainsi nettement distinguées par les vêtements, qui délimitent deux groupes bien distincts : les employeurs (propriétaires et exploitants agricoles) et leurs employés (journaliers).

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

❹ Dans les pages 10 et 11, des expressions associent Lennie à un animal : relevez-les et dites quelle figure de style est employée. Quels traits du caractère de Lennie sont mis en valeur ? Les compléments circonstanciels de manière qui précisent les actions de Lennie sont construits sur des comparaisons : « en traînant un peu les pieds comme un ours traîne les pattes » (l. 46-47), « en renâclant dans l’eau comme un cheval » (l. 54). Ces analogies soulignent l’animalité de Lennie : elles associent l’homme à une bête imposante et puissante (ours ou cheval), mais aussi pataude, dans le cas de l’ours, et montrent que le personnage a un comportement et un physique plus proches de ceux de ces animaux que des humains. ➎ En vous appuyant sur les expressions qui désignent Lennie, montrez que ce personnage est ambigu et qu’il est difficile d’évaluer sa santé mentale. Lennie semble atteint de troubles de la mémoire, puisqu’il avoue à George avoir « oublié », malgré ses efforts : « j’ai essayé d’pas oublier », « j’ai essayé et essayé » (p. 13). Le lecteur s’interroge sur l’état mental du personnage, qui semble assez simple d’esprit. George concède d’ailleurs, lorsqu’il s’adresse au patron du ranch dans le chapitre 2, que Lennie est mentalement limité (« j’dis pas qu’il soit intelligent, ça non ! », p. 33) et ne se prive pas de le rappeler au principal intéressé (« s’il s’aperçoit combien que t’es idiot », p. 14-15). Cependant, le narrateur souligne aussi le fait que Lennie est capable de répondre à George « avec astuce » (p. 14, l. 141) et qu’il ne se laisse pas berner par ses stratégies : « Lennie évita l’hameçon. Il avait senti qu’il avait l’avantage » (p. 22, l. 404). Il semble avoir des intuitions justes, comme lorsqu’il déclare lucidement à propos du ranch : « J’me plais pas ici, George. C’est pas un bon endroit » (p. 44). L’intelligence de Lennie n’est pas le seul aspect sur lequel s’interroge le lecteur : ce qu’il comprend à demi-mot sur le sort réservé à la souris et sur les « vilaines choses » que Lennie a commises à Weed (p. 15) donne à penser que le personnage est peut-être dangereux ou malsain. Mais dans le même temps, Lennie se comporte comme un enfant, craignant les remontrances de son compagnon de route : « Lennie le regardait timidement » (p. 12), « dit Lennie doucement » (p. 13), « Lennie fit une grimace de soulagement » (p. 13), « il entendit Lennie pleurnicher » (p. 18). La naïveté et l’innocence enfantines s’illustrent aussi dans la façon qu’a

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le personnage de se réjouir soudainement (« un sourire ravi éclaira le visage de Lennie », p. 13), et de se délecter du plaisir de la répétition (« raconte-moi […] comme t’as fait d’autres fois », p. 23). Dans le chapitre 2, Lennie apparaît d’ailleurs comme une potentielle victime inoffensive de Curley (p. 36-41), ce qui tend à victimiser le personnage et va donc à l’encontre des suppositions que le lecteur a pu formuler précédemment.

La relation de George et Lennie ❻ Observez la manière dont George s’adresse à Lennie dans le chapitre 1 (l. 105137 et 273-277) : vocabulaire, modes verbaux, types de phrase. Que révèle-t-elle de la relation entre les deux hommes ? George adresse de multiples reproches à Lennie (« autant passer mon temps à te dire les choses, et puis tu les oublies, et puis faut que je te les redise », p. 13), mais il le fait de surcroît sur un ton très virulent et souvent en l’insultant : « ce que tu peux être con tout de même ! » (p. 12), « bougre de couillon » (p. 13) ; « bougre d’idiot » (p. 18). L’agacement du personnage se traduit par les phrases exclamatives. L’emploi fréquent du mode impératif (« fous-moi la paix », « allons », « tâche de te rappeler ») montre que George dirige cet étrange duo. La relation entre les deux hommes est clairement déséquilibrée : George domine. ❼ Comment pourriez-vous caractériser l’attitude de George à l’égard de Lennie ? En quoi est-elle ambivalente ? On attend ici que l’élève perçoive l’attitude ambivalente de George à l’égard de Lennie : il est par moments agacé et violent à son égard (cf. question 6), mais peut aussi se montrer patient et bienveillant, comme le montre le passage des lignes 279 à 283, page 18 : « George posa la main sur l’épaule de Lennie. — Je l’ai pas prise pour être méchant. Cette souris est pas fraîche, Lennie, et en plus, tu l’as toute abîmée à force de la caresser. T’as qu’à trouver une autre souris, une fraîche, et j’te permettrai de la garder un petit peu. » La domination de George par rapport à Lennie s’exerce parfois de façon brutale, mais aussi sur un mode maternel et protecteur.

❽ Des lignes 426 à 442, par quelles expressions les deux hommes soulignentils la singularité de leur lien ? George oppose « les types comme [eux] » qui n’ont « pas de futur devant eux » au duo qu’il forme avec Lennie : « Pour nous, c’est pas comme ça. Nous, on a un futur. On a quelqu’un à qui parler, qui s’intéresse à nous. » Ce contraste se traduit par l’usage des pronoms : « ils » s’oppose à « nous ». De manière plus enfantine, Lennie renchérit en précisant « parce que moi, j’ai toi pour m’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi, et c’est pour ça ». L’amitié qui lie les deux hommes et le fait que chacun prenne soin l’un de

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l’autre distinguent le duo des autres ouvriers, qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

Des rencontres perturbantes ❾ Dans le chapitre 2, relevez les détails montrant que Curley est un personnage agressif. En quoi est-il une menace potentielle pour Lennie ? Curley s’exprime de façon peu amène, sans s’embarrasser de politesse (l. 258), et utilise des tournures impératives. Son caractère agressif se traduit par ses réactions physiques, marquées par la crispation : « ses bras se plièrent aux coudes et il ferma les poings » (l. 264-265), « il se raidit » (l. 265), « ses regards étaient à la fois calculateurs et belliqueux » (l. 266), « Curley se retourna d’un bond » (l. 275), « il se retourna vers la porte et sortit, et ses coudes étaient encore légèrement pliés » (l. 290-291). Candy explique à George que Curley fait un complexe d’infériorité : il n’« aime pas ceux qui sont grands » (p. 37). Or, contrairement à ce que laisserait penser son nom de famille, Small, Lennie est particulièrement grand. Candy ajoute que Curley est boxeur, que « c’est un gars habile » de ce point de vue et qu’« il semblerait qu’avec Curley on n’a jamais la chance de son côté » (p. 37) : il faut d’autant plus se méfier de lui. Si un affrontement devait avoir lieu entre les deux hommes, Candy se montre pessimiste sur son issue. Le vieil homme ajoute que Curley est protégé par son statut : « on n’peut pas le foutre dehors, parce que c’est le fils au patron » (l. 331-332), ce qui le rend d’autant plus dangereux. Enfin, Curley « est plus arrogant depuis qu’il est marié » (l. 339-340).

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

❿ Comment Lennie se comporte-t-il en présence de l’épouse de Curley (chap. 2) ? Que pouvez-vous en déduire sur les sentiments qu’éveille chez lui cette femme ? Face à cette femme aguicheuse qui n’a « pas froid aux yeux » (p. 39), Lennie est subjugué : « Lennie l’observait, fasciné » (l. 478), « Lennie regardait toujours la porte qu’elle venait de quitter » (l. 498). Il fait d’ailleurs remarquer à George : « elle est jolie » (l. 495). La jeune femme, consciente d’attirer l’attention de Lennie, ne se prive pas de « se cambr[er] » (l. 472) ou de « f[aire] onduler ses hanches » (l. 480). Vêtue de rouge, une couleur dont on apprendra plus tard qu’elle attire Lennie, l’épouse de Curley éveille donc la curiosité mais aussi le désir de Lennie, séduit par cette apparition.

⓫ Quel ressenti George et Lennie partagent-ils à l’égard du ranch (l. 517-524) ? Justifiez votre réponse par quelques citations. En quoi ce passage instaure-t-il un climat singulier dans le récit et provoque-t-il une attente chez le lecteur ? Lennie et George ne se plaisent pas dans le ranch et ont un mauvais pressentiment : « J’me plais pas ici George. J’veux m’en aller », « j’l’aime pas plus que toi ce

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patelin », « c’est pas franc ici ». Un climat inquiétant est ainsi instauré. L’apparition des personnages de Curley et de son épouse laisse planer une menace sur les deux personnages principaux ; dès lors, le lecteur s’inquiète de la suite des événements pour eux.

Une écriture neutre ⓬ En vous appuyant sur les premières pages du roman, montrez que le narrateur mène le récit comme un simple témoin extérieur puis déduisez-en le point de vue adopté. Le point de vue adopté est externe : la narration se fait à la troisième personne et le narrateur se contente de décrire et de raconter ce qu’il voit, à la manière d’un simple observateur, sans jamais donner accès aux pensées ou à l’intériorité des personnages. En effet, dans les premières pages du récit, le narrateur ne semble pas connaître l’identité des personnages (« deux hommes débouchèrent du sentier », « l’homme qui marchait en tête », p. 10) ; leurs prénoms ne sont mentionnés qu’une fois que les personnages les ont prononcés dans des dialogues au discours direct. (Le même principe est respecté lors de l’apparition des autres personnages : Candy, Curley par exemple.) Le portrait des protagonistes se construit uniquement sur des notations physiques, de façon externe donc : aucun portrait moral n’est dressé. Cette narration objective impose au lecteur de déduire les sentiments et opinions des personnages, au travers de leurs actions ou de leurs paroles. ⓭ Quelle part est accordée aux dialogues dans le récit et quels niveaux de langue y sont employés ? Quel est l’effet produit ? Le dialogue occupe une place importante dans le récit : si le partage entre narration et discours direct est assez équitable dans le premier chapitre, le dialogue occupe la quasi-totalité du chapitre 2 et, par son contenu, fait progresser l’action. L’abondance du discours direct permet de rendre le récit vivant et crédible : les scènes semblent se dérouler sous les yeux du lecteur. Les deux personnages s’expriment dans un langage parfois courant, mais le plus souvent familier, ce que restitue nettement la traduction de Maurice-Edgar Coindreau : le vocabulaire employé est très familier, parfois vulgaire (« fous-moi la paix », « bougre de couillon », p. 13), et de nombreux mots sont élidés pour imiter le parler oral des ouvriers agricoles (« j’suis point sûr », « qué que tu veux ? », « j’vais t’le redire », p. 11-13). Ainsi, le niveau de langue des personnages produit un effet de réel. ⓮ En quoi l’abondance des dialogues et l’effacement du narrateur peuvent-ils rapprocher ce récit d’une pièce de théâtre ? L’effacement du narrateur, absent dans une pièce de théâtre, et l’abondance des dialogues donnent un caractère

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théâtral au récit. La voix narrative fournit des informations succinctes que l’on pourrait rapprocher de didascalies (« elle sourit avec malice », p. 43 ; « Lennie s’écria brusquement », p. 44) et c’est par le dialogue que se dessinent le portrait des personnages et les enjeux de l’action. On pourra faire remarquer aux élèves que les personnages introduits dans le chapitre 2 apparaissent successivement sur le pas de la porte, dont l’encadrement n’est pas sans évoquer le rideau qui délimite l’espace scénique au théâtre, ou les portes d’un décor permettant l’entrée en scène des comédiens sur le plateau d’un théâtre.

Des mots pour mieux écrire Niveau familier

Niveau courant

Niveau soutenu

Baston

Bagarre

Échauffourée, rixe

Brailler

Crier

Vociférer

Rogne

Colère

Ire

Type

Homme

Individu

❷ Phrase

Comparé

Comparant

Outil de comparaison

Point commun

Lennie

un taureau

comme

la force, le physique massif

Lennie

un enfant

aussi… que

la naïveté, l’innocence

c

De petits rongeurs

des souris

pareils à

l’espèce

d

Slim

un sage

semblable à

l’attitude posée, la sagesse, le respect qui lui est manifesté

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

a b

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John Malkovitch (Lennie) et Gary Sinise (George) dans Des souris et des hommes, film de Gary Sinise, 1992. Dorothea Lange, Hommes sans emploi sur la route de Los Angeles, photographie, 1937. ➦ Images reproduites en couverture et page 6.

Lire l’image ❶ Décrivez précisément les deux images (technique employée, couleurs, com-

De la lecture à l’écriture p. 54-55 ❶

Du texte à l’image p. 55-56

position, attitude des personnages). Quels points communs et quelles différences remarquez-vous ? Ces deux images sont des photographies, mais l’une est en couleurs (couleurs très vives et chaudes) tandis que l’autre est en noir et blanc. La première est une image tirée de l’adaptation cinématographique réalisée par Gary Sinise ; la seconde est une photographie de type reportage, réalisée par la photographe Dorothea Lange, dont les travaux les plus connus ont été réalisés pendant la Grande Dépression, dans le cadre d’une mission confiée par l’administration américaine. Sur chacune des photographies marchent deux hommes. Sur les deux images, ils sont coiffés de chapeaux et portent des tenues qui évoquent une origine sociale modeste. On notera que, sur la première, les deux personnages se tiennent de face et que l’arrière-plan évoque un univers rural luxuriant, alors que, sur la seconde, les personnages sont vus de dos et se déplacent dans un paysage beaucoup plus aride.

❷ Sur l’illustration de la couverture, comment peut-on identifier la profession des personnages ? Les personnages portent des tenues d’ouvriers agricoles (leurs salopettes évoquent les bleus de travail en « serge de coton bleue » évoqués à la page 10) et sont munis de gants utilisés pour effectuer les tâches afférentes à cette profession : déplacements de charges, manipulations d’objets ou de machines. L’arrière-plan, avec ces ballots de paille séchant au soleil, confirme cette identification. ❸ Quels détails de la photographie en noir et blanc révèlent que les deux hommes mènent une vie itinérante ? La route, les bagages que transportent les personnages et le panneau publicitaire qui évoque le train comme moyen de transport permettent de rendre compte de l’itinérance des deux hommes.

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Comparer le texte et l’image ❹ À quels personnages du roman les hommes de la couverture correspondentils ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments précis de l’image et sur des citations du texte (chap. 1). Le personnage qui se situe à gauche, joué par John Malkovitch, correspond à Lennie : sa grande taille, l’expression de son visage et ses bras ballants renvoient directement à la description du personnage au début du chapitre 1 (« visage informe », « larges épaules tombantes », « marchait lourdement », « ses bras, sans osciller, pendaient ballants à ses côtés », p. 10). Le second personnage, incarné par Gary Sinise, est donc George : plus petit, aux traits anguleux et à la démarche assurée, il illustre lui aussi la description faite dans ce passage du roman (« petit et vif », « brun de visage », « yeux inquiets et perçants », « traits marqués », p. 10).

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p. 107-113

Un quiz pour commencer p. 107-108 ❶ Pourquoi George remercie-t-il Slim ? Parce qu’il a donné un de ses chiots à Lennie.

❷ D’après George, quel trait de caractère peut définir Lennie ? L’innocence. ❸ Quelle confidence George fait-il à Slim ? George et Lennie ont fui Weed car

❺ Que pensez-vous du choix des acteurs dans l’adaptation cinématographique

Lennie était accusé de viol.

de Gary Sinise ? Vous semblent-ils correspondre physiquement aux personnages du récit ? Justifiez votre réponse. Les acteurs semblent bien correspondre à la description des personnages dans le récit (voir question 4), mais toute réponse est acceptable dans la mesure où elle est justifiée.

❹ Qui Curley cherche-t-il dans tout le ranch ? Son épouse.

❻ Quels liens pouvez-vous établir entre les personnages de la photographie en

❻ Quel personnage souhaite s’associer au projet de George et de Lennie ?

noir et blanc et les deux héros du roman ? Comme Lennie et George, les deux personnages de cette photographie voyagent en quête de travail. On notera que l’un est plus grand et imposant, aux « épaules tombantes » (p. 10), ce qui peut rappeler la carrure de Lennie, tandis que l’autre homme est plus petit et plus fin, à l’image de George.

Candy.

❺ Quel rêve Lennie et George partagent-ils ? Ils souhaitent posséder une ferme et vivre simplement.

❼ Quelle blessure Lennie inflige-t-il à Curley ? Il lui broie la main. ❽ Quelle inquiétude Crooks fait-il naître chez Lennie ? George pourrait l’abandonner ou disparaître.

❾ Pourquoi George est-il furieux à son retour de la ville ? Parce que Lennie et Candy ont révélé leur projet à Crooks.

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

Des questions pour aller plus loin p. 109-110

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☛ Saisir la montée des tensions Le poids du passé ❶ Comment Slim et George qualifient-ils l’état mental de Lennie au début du chapitre 3 (p. 58-60) ? Justifiez votre réponse par quelques citations. George explique à Slim que Lennie n’est pas fou au sens médical du terme mais qu’il est simple d’esprit. Avec peu d’indulgence, il utilise les expressions « con comme la

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lune », « trop andouille », « sacré couillon » pour définir la déficience mentale de son ami. Pour Slim, Lennie est un « brave type », « pas méchant pour un sou ».

élèves sur ces expressions qui, suivant une gradation, soulignent la négation de l’humanité de Crooks, « réduit à rien » (l. 500).

❷ Que confie George à Slim sur l’épisode de Weed (p. 60-61) ? George avoue à

❻ Pourquoi Crooks, Lennie, Candy et l’épouse de Curley ne peuvent-ils se

Slim que Lennie et lui ont dû quitter Weed à cause de Lennie qui, paniqué, s’était cramponné à la robe rouge d’une femme. Accusé de viol, Lennie a dû fuir par peur des représailles, contraignant George à le suivre.

joindre aux hommes qui sont allés en ville ? Expliquez, pour chacun d’eux, le motif de cette mise à l’écart. Crooks, Lennie et Candy sont mis à l’écart, laissés pour compte, victimes de discrimination, et ne vont pas au « claque » avec les autres ouvriers en raison de leur infirmité physique (Crooks et Candy) ou mentale (Lennie) ou encore de leur couleur de peau (Crooks). L’épouse de Curley est elle aussi restée au ranch car c’est une femme. Victime d’une société encore très misogyne et discriminante à l’égard des femmes, elle ne peut se mêler aux activités des hommes, d’où la gêne de Crooks et de Candy lorsqu’elle entre dans l’écurie, d’autant plus qu’elle est une femme mariée, au fils du propriétaire de surcroît.

❸ Que révèle le récit de l’épisode de Weed sur Lennie ? Cet épisode montre que Lennie est attiré de façon incontrôlable par ce qui est rouge, doux et beau, et qu’il agit sans penser aux conséquences.

Exclusion et isolement

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

➍ En vous appuyant sur le début du chapitre 4, expliquez en quoi Crooks est un personnage à part, différent des autres. Dans le ranch, Crooks est d’abord matériellement séparé des autres personnages : en effet, il ne loge pas avec eux dans le baraquement mais dans l’écurie, au milieu des bêtes. Un autre élément le distingue des autres ouvriers : sa couleur de peau. Crooks est noir et, de ce fait, victime de la ségrégation raciale qui sévit encore dans l’Amérique des années 1930. Il se dénigre d’ailleurs lui-même avec ironie et fatalisme lorsqu’il dit n’être qu’« un nègre qui parle » (p. 92). Enfin, Crooks est infirme, diminué physiquement par son « dos cassé » (p. 92). On peut émettre l’hypothèse que la pénibilité de son travail et la position courbée qu’il implique lorsqu’il doit ferrer les chevaux sont à l’origine de cette infirmité.

Des menaces grandissantes

❺ À la fin du chapitre 4, de quoi Crooks est-il victime ? Comparez la réaction

et qui est la victime ? Expliquez en quoi la situation de Lennie est contradictoire. La position de Lennie dans cet affrontement est ambiguë : il est provoqué par Curley qui l’agresse verbalement et physiquement mais, par sa réaction d’une extrême violence (il est comparé à une machine qui « broie » la main de Curley, à une sorte d’animal ou de force de la nature que l’on ne peut arrêter), il devient l’agresseur sur le plan physique. Pourtant, c’est bien Curley qui a déclenché cet affrontement et Lennie qui en est la victime sur un plan moral.

de Crooks face à l’épouse de Curley (p. 102-103) et l’attitude qu’il adoptait peu avant envers Candy et Lennie (p. 97-98). Crooks est victime de racisme, venant ici de l’épouse de Curley, qui le traite de « nègre » et lui demande de ne plus ouvrir sa « sale gueule » (p. 102). Alors que Crooks s’affirmait avec aplomb devant Candy et Lennie (p. 97-98), leur coupant la parole (l. 315) ou ironisant sur leurs rêves irréalisables (l. 316-322), il adopte cette fois une attitude soumise face à cette femme méprisante : « Crooks la regarda, éperdu, puis il s’assit sur son lit et se retira en lui-même » (l. 491-492), « Crooks semblait rapetisser et il se pressait contre le mur » (l. 495), « Crooks était réduit à rien. Il n’avait plus ni personnalité ni moi, rien qui pût éveiller ni sympathie ni antipathie. Il dit : “Oui, madame”, d’une voix blanche » (l. 500-502), « Mais Crooks restait complètement immobile, les yeux détournés, mettant à couvert tout ce qui aurait pu être blessé. Elle finit par se retourner vers les deux autres » (l. 504-507). On attirera l’attention des

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❼ De quoi George a-t-il peur pour le petit chien de Lennie ? Cette crainte vous paraît-elle justifiée ? Expliquez pourquoi. George craint que Lennie, qui ne contrôle pas sa force, ne tue son petit chien en le caressant trop violemment. Cette crainte est d’autant plus justifiée que l’on sait la puissance de Lennie, « fort comme un taureau » (p. 32) comme le soulignait George au chapitre 2, et que l’on se souvient de la souris, morte à force de caresses, que Lennie transportait dans sa poche au chapitre 1.

❽ Dans l’affrontement opposant Lennie et Curley (p. 83-84), qui est l’agresseur

❾ Quelles conséquences l’incident de la main de Curley pourrait-il entraîner pour Lennie et George ? Quel personnage désamorce cette menace et comment ? Cet incident, qui survient à la fin du chapitre 3, pourrait entraîner le renvoi du ranch de Lennie et de George, comme s’en inquiète celui-ci aux lignes 882 à 884 : « Slim, est-ce qu’on va nous foutre à la porte ? Nous avons besoin d’argent. Est-ce que le père à Curley va nous foutre à la porte ? » Mais Slim désamorce cette menace en exerçant un chantage sur Curley, en s’appuyant sur l’orgueil de

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celui-ci : « Alors, écoute, continua Slim, je crois que tu t’es fait prendre la main dans une machine. Si tu ne dis à personne ce qui est arrivé, nous ne le dirons pas. Mais si tu parles et si tu tâches de faire renvoyer ce gars, nous raconterons l’affaire à tout le monde, et alors, ce qu’on se paiera ta gueule ! » (l. 887-891).

❿ Alors que Crooks s’amuse à le manipuler (chap. 4, l. 171-211), comment Lennie réagit-il ? Montrez que le rapport de force entre les deux personnages s’inverse, ce que Crooks n’avait pas anticipé. Que redoute alors le lecteur ? Crooks éprouve un malin plaisir à inquiéter Lennie en évoquant la possibilité que George l’abandonne : « Crooks poussait une sorte de victoire personnelle » (l. 177), « le visage de Crooks s’illuminait au plaisir qu’il éprouvait à torturer » (l. 184-185), « Crooks insistait » (l. 198). Dérouté et n’envisageant pas une telle situation, Lennie est d’abord dans l’incompréhension : « Lennie s’efforçait de comprendre » (l. 189). Puis la peur et la colère l’emportent (« le visage de Lennie se contracta sous l’appréhension », l. 195) et il se montre soudain menaçant, inversant le rapport de force qui précédait par sa domination physique, notée graduellement dans le récit : « Soudain, les yeux de Lennie se fixèrent avec une expression de rage froide. Il se leva et s’approcha dangereusement de Crooks » (l. 202-203), « Crooks vit s’approcher le danger. Il se recula sur son lit pour se garer » (l. 205-206), « Lennie était au-dessus de lui » (l. 209). Le lecteur craint alors que Lennie ne blesse Crooks, mais la tension est rapidement désamorcée : « Lennie retourna s’asseoir sur son baril, en grondant » (l. 214). Ainsi, alors que Crooks tâchait d’exercer une pression psychologique sur Lennie, la situation s’est inversée et la domination physique de Lennie a mis fin à la torture morale exercée par le palefrenier.

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⓫ En quoi les paroles et l’attitude de l’épouse de Curley envers Lennie (chap. 4, l. 469-472) confirment-elles le danger que représente cette femme pour lui ? À quelle suite le lecteur peut-il s’attendre ? « Ça va, Machine. J’te parlerai plus tard. Les machines, moi j’aime ça » : cette remarque aguicheuse de l’épouse de Curley à l’attention de Lennie représente une double menace. D’une part, la jeune femme promet à Lennie une rencontre prochaine ; d’autre part, elle ne cache pas son intention de le séduire. On signalera donc aux élèves que cette femme cherche à attirer l’attention de Lennie, qu’elle le provoque, et on rappellera qu’elle est vêtue de rouge, une couleur à laquelle Lennie est justement très sensible, et que les habitants du ranch la considèrent comme un « piège » (p. 44).

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Zoom sur le chapitre 3 (p. 77-80) ⓬ À l’aide de quels procédés George décrit-il la ferme (l. 620-624) ? Quel est l’effet produit ? George procède à une énumération (soulignée par la parataxe) des éléments qui constituent la ferme idéale, énumération doublée d’une anaphore : « Ben, y a cinq hectares, dit George. Y a un petit moulin à vent, une petite maison et un poulailler. Y a une cuisine, un verger, des cerises, des pommes, des abricots, des noix, quelques fraises. Y a un coin pour la luzerne, et de l’eau tant qu’on en veut pour l’arroser. Y a un toit à cochons ». On attirera l’attention des élèves sur l’emploi des pluriels, qui connotent l’abondance, ainsi que sur les détails mentionnés (le « verger » et les différents fruits) qui font de ce lieu un pays de Cocagne, véritable paradis pour les personnages.

⓭ Comparez la description de la ferme aux autres lieux évoqués dans le récit (la vallée de la Salinas pages 9-10, le ranch et ses baraquements pages 27-28) : que constatez-vous ? Le lieu décrit dans l’incipit du roman (p. 9-10) présente une nature accueillante, lumineuse, dotée d’une végétation abondante. En témoigne le champ lexical utilisé : une rivière « profonde et verte », « l’eau est tiède », « miroitante au soleil, sur les sables jaunes », « les versants dorés des collines », « l’eau est bordée d’arbres : des saules, […] des sycomores », « les feuilles forment un tapis épais ». Cette nature est également fréquentée par de nombreuses espèces animales (« ratons laveurs », « chiens des ranches », « cerfs ») ainsi que par les « enfants des ranches », et semble un refuge idéal pour les « vagabonds » qui, « fatigués », viennent camper au bord de l’eau. Il s’agit donc d’un lieu idyllique, sorte de jardin d’Éden, d’où se dégagent paix et sérénité. À l’inverse, le baraquement que découvrent Lennie et George au début du chapitre 2 (p. 27) est bien plus austère : « les murs étaient blanchis à la chaux, et le plancher était de bois brut », « les trois autres [lits] montraient la toile à sac des matelas ». Le lieu idéal rêvé par George et Lennie apparaît donc comme une transposition des attraits de la vallée de Salinas dans l’univers du ranch : association sublimée de deux lieux familiers des personnages, cette ferme idéale est présentée comme un paradis terrestre.

⓮ Dans les lignes 626 à 643, quels sont les deux modes verbaux successivement employés par George ? Que révèle le passage d’un mode verbal à l’autre sur la réalisation du projet des personnages ? George emploie d’abord le mode indicatif, mode du réel et du certain, combiné au temps du futur (« j’pourrai facilement construire quelques clapiers, et tu pourras donner de la luzerne aux lapins », l. 626-628), ce qui tend à prouver que le lieu qu’il évoque existe vraiment et que son acquisition est possible, qu’elle va réellement se produire. Il emploie par la

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suite le mode conditionnel, qui domine le reste de l’échange et marque l’éloignement par rapport à la réalité, car le projet des personnages est soumis à une condition : celle de pouvoir acheter la ferme dont George parle. Il s’agit donc bien d’un rêve dont la réalisation reste encore incertaine. Le projet perd en réalité, en probabilité. On remarque également le côté enfantin de l’évocation au conditionnel (« on dirait que je serais… et toi tu ferais… »).

⓯ En vous appuyant sur les verbes de parole, les adjectifs et les adverbes caractérisant l’attitude des personnages, montrez qu’une gradation s’opère au fur et à mesure de la description du projet. Une gradation s’opère dans le ton et dans l’attitude de George et de Lennie durant leur échange : George cesse de remuer les cartes (l. 630), Lennie a « les yeux écarquillés » (l. 644), le sujet accapare toute leur attention. On remarque une gradation dans les adjectifs et les adverbes utilisés : « doucement » (l. 645) laisse place à « ardemment » (l. 662), George est « fasciné » (l. 672) puis « médusé » (l. 685). Les personnages sont en proie à une agitation grandissante et l’évocation gagne en intensité, ce qui se traduit par les jurons (« nom de Dieu », l. 675 ; « bon Dieu », l. 677), la respiration plus forte (l. 680) et les répétitions (avec l’embrayage sur « et » aux lignes 670 à 677). Enfin, quand l’échange se fait à trois avec Candy, le temps est comme suspendu (« silencieux », « étonnés », « componction », l. 731-733) : les personnages sont transportés.

⓰ Lecture d’image Caractérisez l’arrière-plan de la photographie de couver-

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ture. Selon vous, représente-t-il le ranch, ou plutôt la ferme dont rêvent Lennie et George ? Expliquez. À l’arrière-plan de la photographie de couverture, les couleurs sont gaies, comme dans la vallée de la Salinas évoquée au début du récit, et l’éclairage est solaire, mais il s’agit d’un paysage agricole et non naturel. Or, lors de l’arrivée au ranch, le paysage décrit est beaucoup plus austère (voir question 13). Le seul paysage agricole qui soit luxuriant est le paysage fantasmé de la ferme aux lapins. On pourra faire remarquer aux élèves qu’ici, le parti pris du réalisateur s’éloigne du récit et offre une superposition de la ferme rêvée sur l’univers réel des personnages.

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De la lecture à l’écriture p. 111-112 Des mots pour mieux écrire ❶ a. Conjectures ; b. vision, spéculative ; c. balivernes, se montent la tête. ❷ Sentiments à connotation méliorative

Sentiments à connotation péjorative

Affection, fraternité, sympathie

Hostilité, animosité, antipathie, haine, aversion

Du texte à l’image p. 112-113 Grant Wood, Fête des arbres, huile sur toile, 1932. Keystone View Company, Cultivateurs de tomates, photographie, 1930. ➦ Images reproduites en début d’ouvrage, au verso de la couverture.

Lire l’image ❶ Décrivez l’image du haut : technique employée, couleurs, composition, impression dégagée. Quels éléments évoquent l’univers agricole ? Cette peinture, réalisée à l’huile, présente une exploitation agricole avec une habitation semblable à un ranch fermier et, au premier plan, une étendue de terre cultivée par les personnages. Le vert et le marron dominent et évoquent la terre, dont les ressources sont ici exploitées. Tous les personnages sont par ailleurs en mouvement, ce qui donne une impression d’agitation : affairés à leurs tâches respectives, les ouvriers s’adonnent au travail. ❷ Quelles activités les différents personnages du tableau exercent-ils ? En haut à gauche, un personnage puise de l’eau ; plus bas, un autre dirige une charrette attelée à des chevaux. Enfin, au centre de l’image, des adultes et des enfants s’apprêtent à planter un arbre (en témoignent la motte de terre et l’arbuste qu’apporte le personnage féminin).

❸ Décrivez la tenue et la posture des personnages de la photographie. Quels détails révèlent leur statut d’ouvriers agricoles ? Les personnages portent des salopettes et des blouses, et sont coiffés d’un chapeau ou d’une casquette pour se protéger du soleil. Le personnage situé à gauche manipule une bêche (et

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les sillons visibles à l’arrière-plan témoignent d’un travail long et fastidieux). Le second personnage, à droite, se tient courbé pour planter les semis de tomate.

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p. 140-145

Comparer le texte et l’image ❹ D’après vous, la toile de Grant Wood pourrait-elle représenter le ranch où travaillent Lennie et George, ou plutôt la ferme de leurs rêves ? Justifiez votre réponse à l’aide d’arguments précis. La réponse est laissée à l’appréciation des élèves : on notera cependant que l’impression de joie qui se dégage de la toile de Grant Wood ne trouve pas d’écho dans les évocations du ranch mais correspond plutôt à l’atmosphère sereine de la ferme fantasmée par Lennie et George. ❺ Comment la photographie met-elle en valeur la pénibilité du travail des ouvriers agricoles ? À quels passages du récit de Steinbeck cela peut-il vous faire penser ? La position courbée du personnage de droite et les marques de terre visibles sur la salopette du personnage de gauche montrent la pénibilité de la tâche qu’ils effectuent. Ces personnages peuvent faire penser à la description de Slim (« Un homme très grand se dressait sur le seuil. Il tenait un chapeau de feutre aplati sous le bras tout en peignant en arrière ses longs cheveux noirs tout humides. Comme les autres il portait un pantalon bleu et une veste courte en toile. […] Ses mains, grandes et minces, se mouvaient aussi délicatement que des mains de danseuse sacrée », p. 45). La représentation d’un travail physique et difficile peut faire écho à la mention des différentes tâches échues aux personnages (« porter des sacs de grains », p. 32 ; « on ramasse l’orge aux batteuses », p. 33).

Un quiz pour commencer p. 140-141 ❶ Pourquoi Lennie se lamente-t-il dans l’écurie ? Parce qu’il a tué son petit chien par accident.

❷ Pourquoi l’épouse de Curley insiste-t-elle pour discuter avec Lennie ? Parce qu’elle se sent seule.

❸ Quel métier l’épouse de Curley rêvait-elle d’exercer ? Actrice. ❹ Quel penchant Lennie révèle-t-il à l’épouse de Curley ? Il aime toucher ce qui est doux et joli. ❺ Que propose l’épouse de Curley à Lennie ? De caresser ses cheveux. ❻ Quel incident se produit dans la grange ? Lennie tue l’épouse de Curley en voulant l’empêcher de crier. ❼ Que fait Lennie après l’incident de la grange ? Il fuit le ranch et se cache dans les fourrés de la clairière. ❽ Que fait Lennie lorsqu’il se retrouve seul ? Il dialogue avec des personnages qu’il croit voir. ➒ Que fait George lorsqu’il retrouve Lennie ? Il le tue.

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Des questions pour aller plus loin p. 142-143

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☛ Analyser la fin du récit Une succession de catastrophes ❶ Au début du chapitre 5, qu’est-ce qui préoccupe Lennie ? Relevez dans ses paroles les expressions qui révèlent ses craintes à l’égard de George. Lennie a tué son chiot en jouant avec lui. Son inquiétude se manifeste alors sous la forme d’un monologue dans lequel le personnage s’interroge à voix haute sur la réaction

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de George et sur la manière dont il risque de le punir : « maintenant, George ne me laissera peut-être pas soigner les lapins quand il saura que tu es mort » (p. 115, l. 30-31), « Mais il le saura. George sait toujours tout. Il dira : “C’est toi qui as fait ça. Faut pas essayer de me tromper.” Et il dira : “Maintenant, rien que pour ça, tu n’soigneras pas les lapins.” » (l. 40-42), « Maintenant, je n’soignerai pas les lapins. Maintenant, il n’me laissera plus le faire. Et, dans son désespoir, il oscillait d’avant en arrière » (l. 48-50).

➋ Comment l’épouse de Curley tente-t-elle d’attendrir Lennie (chap. 5) ? Y parvient-elle ? À quelle proposition Lennie ne peut-il finalement résister ? L’épouse de Curley tente de séduire Lennie en lui parlant avec douceur, elle se rapproche de lui et tente d’attirer son attention, au départ sans succès : Lennie est « affolé » (l. 65), lui jette « un regard farouche » (l. 69), et répète à plusieurs reprises la consigne de George, bien décidé à la suivre : « Non, non. Sûr que j’vous parlerai pas, ni rien » (l. 82 ; voir aussi l. 70-71, l. 75-76, l. 89, l. 94-95). La jeune femme tente de l’amadouer en lui racontant son enfance et ses rêves de gloire, mais Lennie ne l’écoute pas, trop occupé à imaginer sa vie à la ferme avec George. Lorsqu’elle vante la douceur de ses cheveux, cependant, c’est l’argument de trop pour Lennie, dont le toucher sensible le porte irrépressiblement vers tout ce qui est doux (les souris, les chiens, le velours…), aussi ne peut-il résister à l’envie de toucher les cheveux de la jeune femme.

➌ Le passage dans lequel Lennie demeure agrippé aux cheveux de la jeune

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femme (p. 121-122) fait écho à d’autres épisodes du récit : lesquels ? Cet épisode rappelle celui de Weed, évoqué par George au chapitre 3, ainsi que l’altercation entre Lennie et Curley à la fin du même chapitre : Lennie ne peut relâcher l’emprise qu’il exerce malgré lui sur les objets.

➍ Dans quel ordre les autres personnages du ranch découvrent-ils le cadavre de l’épouse de Curley ? Quelles émotions cette découverte suscite-t-elle chez chacun d’eux ? Candy est le premier à trouver le cadavre de l’épouse de Curley : le vieil homme est « éperdu », « son corps se raidit » (p. 124). C’est ensuite George qui le découvre, il fait preuve de « dureté » dans sa réaction et se montre « désemparé ». C’est enfin au tour de Curley et des autres ouvriers du ranch de découvrir le corps (« Slim, Carlson, et le jeune Whit, et Curley et Crooks », p. 127). Le silence s’empare des hommes, silence que Curley rompt par sa « fureur » et par sa soif de vengeance : il décide alors de trouver Lennie pour le lyncher et le tuer.

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Du rêve à la désillusion ❺ Quelle carrière l’épouse de Curley a-t-elle cru pouvoir mener (p. 118-119) ? Pour quelles raisons son rêve ne s’est-il pas concrétisé ? L’épouse de Curley rêvait de « devenir quelqu’un » (l. 127), et de faire carrière au théâtre ou au cinéma hollywoodien. Les propositions qu’elle a reçues, faites par des hommes probablement intéressés et abusant de sa naïveté (« un des acteurs », « un type qu’était dans le cinéma » — on note ici l’emploi d’articles indéfinis), n’ont jamais abouti (« ma mère n’a pas voulu », l. 135 ; « j’ai jamais reçu la lettre », l. 147).

➏ Dans le chapitre 5, quel temps et quel mode verbaux la jeune femme et Candy emploient-ils tous deux (l. 160-165 et 408-416) ? Expliquez la valeur de ce mode et de ce temps. Les personnages emploient tous deux le conditionnel passé : « j’aurais pu faire du cinéma, […] j’aurais pu y aller » (p. 119), « j’aurais pu sarcler leur jardin et laver leur vaisselle. […] on y serait allé… on aurait simplement » (p. 127). Ce temps et ce mode associés expriment l’irréel dans le passé, leur emploi traduit les regrets des personnages quant à leurs espoirs déchus.

❼ Quel type de phrase domine les répliques de Candy après la découverte du corps (chap. 5, l. 337-363) ? De quoi s’inquiète-t-il ? Candy emploie principalement des phrases interrogatives, qui traduisent son inquiétude. Il souhaite être rassuré par George sur leur projet commun, et espère que la faute commise par Lennie ne rendra pas impossible la réalisation de ce rêve : « Toi et moi, on pourra avoir cette petite terre quand même, pas vrai, George ? On pourra y aller mener la bonne vie, pas vrai, George ? Pas vrai ? […] Alors… c’est définitivement dans l’eau ? » ❽ Quels reproches les personnages des hallucinations de Lennie lui adressentils ? Quels sentiments Lennie éprouve-t-il ? Dans le chapitre 6, Lennie s’est réfugié dans les fourrés sur les rives de la Salinas. Des lignes 55 à 110, il dialogue avec des personnages qu’il croit voir et qui parlent par sa bouche : sa tante Clara puis un « lapin gigantesque » (p. 133). La première lui reproche de gâcher la vie de George et d’être un fardeau qui empêche ce dernier d’être heureux (l. 62-79). Le lapin, lui, accuse Lennie d’être un incapable et un irresponsable (l. 86-91) et lui affirme que George ne peut plus tolérer ses écarts de conduite et ses faiblesses et que, devant l’ingratitude de Lennie à son égard, il va bientôt le quitter (l. 91-103). Les termes employés sont particulièrement cruels et dévalorisants : « bougre d’idiot » (l. 86), « tu n’vaux pas la corde pour te pendre » (l. 91). Face à ces reproches, qu’il s’adresse en fait à lui-même sous couvert de ces personnages imaginaires, Lennie se montre d’abord très malheureux (« Lennie gémissait

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de chagrin », l. 73), puis révolté (« cette fois, Lennie se rebiffa », l. 97) et incapable d’envisager la possibilité que George le quitte : « des deux mains, Lennie se boucha les oreilles » (l. 109).

et Lennie en est lui-même étonné (« Tu n’vas pas m’engueuler ? », l. 136). En outre, la raideur et la gêne dont il fait preuve à l’égard de son ami sont inhabituelles, et donc inquiétantes quant à la suite des événements.

❾ Observez les répliques de George pages 125 et 126 : quels sentiments traduisent-elles ? Dans quelle mesure ses nouveaux projets contrastent-ils avec les précédents ? Après la découverte du crime involontaire commis par Lennie, les répliques de George traduisent à la fois une déception lucide (« J’m’en doutais, j’crois, dès le début. J’m’en doutais qu’on ne l’aurait jamais. Mais il aimait tellement en entendre parler que j’avais fini par croire qu’on finirait peut-être par l’avoir », l. 367-369) et un retour dépité à des projets bien plus réalistes (« J’vais faire mon mois, j’prendrai mes cinquante dollars et j’passerai toute une nuit dans quelque pouilleux de bordel. […] Alors, j’reviendrai travailler un autre mois et j’aurai cinquante dollars de plus », l. 373-377). La tonalité de ces paroles désabusées contraste avec l’enthousiasme exalté dont il faisait preuve dans les chapitres précédents à chaque fois qu’il évoquait la ferme fantasmée.

⓬ Quels sentiments Lennie paraît-il éprouver à la fin du récit (chap. 6, p. 136) ?

La mort de Lennie ❿ Comparez le début du chapitre 6 à la première page du roman : dans quelle

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mesure ces deux passages entrent-ils en écho ? La situation des personnages principaux a-t-elle évolué entre le début et la fin du roman ? Le cadre spatial de ces deux extraits est identique puisque Lennie retourne au point de rendez-vous fixé avec George au début du roman (p. 25) : au bord de la rivière, dans la vallée de la Salinas. Le cadre temporel est également le même puisqu’il s’agit d’une fin de journée. Aussi un parallèle est-il établi entre ces deux moments, comme si la structure du roman était circulaire, comme si les personnages se trouvaient à nouveau au point de départ. Les personnages semblent donc dans une situation identique à celle d’origine, à cette différence signifiante près que le duo est séparé, puisque Lennie apparaît d’abord seul dans la clairière. Cette structure cyclique incite à une interprétation très pessimiste du récit : les personnages ne parviennent pas à évoluer, ou si c’est le cas, ce n’est pas de manière positive.

⓫ En quoi l’attitude de George est-elle inhabituelle lorsqu’il rejoint Lennie (p. 134-135) ? Justifiez votre réponse par quelques citations. Les expressions « tranquillement », « avec calme », « d’un pas raide », « silencieux », « avec raideur », « tranquille », « avec un frémissement dans la voix » employées pour caractériser l’attitude de George ne sont pas représentatives du personnage tel qu’il se montre à l’accoutumée. Contrairement à ses réactions à propos d’incidents plus mineurs, il ne réprimande pas Lennie pour le meurtre accidentel qu’il a commis,

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Soulagé que George lui pardonne son acte et rassuré à l’idée que leur projet soit maintenu, Lennie est au comble du bonheur : « Lennie le regardait avec passion » (l. 153), « s’écria Lennie tout heureux » (l. 169), « s’écria Lennie, triomphant » (l. 176).

⓭ « Mais oui, tout de suite. J’vais le faire. On va le faire tous les deux », affirme George à Lennie (p. 138). Quel est le double sens de ces paroles ? Cette réplique peut être comprise de deux façons. S’adressant à Lennie, George fait référence au rêve de propriété de la ferme, que son compagnon de route lui demande de réaliser « tout de suite », et cherche à le rassurer et à lui offrir une fin bercée par de douces illusions ; mais les mots de George font aussi allusion au meurtre qu’il s’apprête à commettre en tuant Lennie pour lui épargner le lynchage. Ces phrases peuvent avoir pour fonction de lui donner du courage, de le convaincre de la nécessité de son geste. On attirera l’attention des élèves sur le fait qu’ici le lecteur en sait plus que le personnage, et que cette connaissance accentue la dimension tragique du passage.

⓮ Relevez les expressions par lesquelles Slim tente de convaincre George qu’aucune autre issue n’était possible. Selon vous, pour quelles raisons George a-t-il tué Lennie ? Quelle autre mort du roman cet épisode rappelle-t-il ? Slim s’efforce de convaincre George qu’il n’avait pas d’autre choix que de tuer Lennie et qu’il a fait cela pour son bien : « y a des choses qu’on est obligé de faire, des fois » (l. 260261), « Fallait que tu le fasses, George. J’te jure qu’il le fallait » (l. 276-277). En effet, George a tué Lennie afin qu’il ne soit pas lynché par Curley et les autres hommes. Il lui a accordé une mort sans souffrance, de la même manière que Carlson a tué le chien de Candy au chapitre 3, avec la même arme d’ailleurs : le Luger.

⓯ Recherchez si nécessaire le sens du mot « tragique » puis expliquez en quoi il peut qualifier la fin de ce roman. Le registre tragique marque la fin du roman. On rappellera aux élèves les définitions des termes « tragique » et « tragédie » en mettant l’accent sur le caractère inéluctable de la fatalité (les personnages étant condamnés dès le début du roman à fuir et à subir les conséquences du comportement incontrôlable de Lennie) et sur la fin malheureuse de toute tragédie, marquée par la mort d’un ou de plusieurs protagonistes, ici Lennie, l’un des deux personnages principaux du roman.

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De la lecture à l’écriture p. 144 Des mots pour mieux écrire ❶ Coupable : innocent. Responsable : irresponsable. Conscient : inconscient. Condamné : innocenté, acquitté. Écroué : libéré, relaxé.

❷ Comparez ces deux images (composition, couleurs, personnages). Quelle

❷ a. Les intrus sont les mots « inefficace » et « irremplaçable ». b. La plupart de ces mots sont formés par dérivation avec l’ajout au radical du préfixe privatif « in- » ou « ir- ».

Du texte à l’image p. 145 Des souris et des hommes, affiche du film de Lewis Milestone, 1939. Des souris et des hommes, couverture de la bande dessinée de Pierre-Alain Bertola, 2009. ➦ Images reproduites en fin d’ouvrage, au verso de la couverture.

Lire l’image

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❶ Décrivez avec précision l’affiche du film et la couverture de l’album. Identifiez les différentes informations fournies par le texte inscrit sur les deux images. L’affiche du film se divise en deux parties : — une partie constituée de dessins représentant trois personnages, deux hommes et une femme. Les deux hommes portent de solides vêtements bleus, probablement des bleus de travail. L’un d’eux est coiffé d’un chapeau qui évoque l’univers des westerns. La femme arbore une moue et semble minauder (elle penche la tête sur le côté). — une partie textuelle, sur fond jaune, qui renseigne le spectateur sur le titre du film, l’auteur du roman dont il est adapté et les comédiens qui composent le casting. L’inscription « Powerful in its grim human appeal » (que l’on pourrait traduire par : « Puissant par sa sombre évocation de l’homme ») est une référence aux commentaires de la presse critique, comme on en trouve fréquemment sur les affiches de films pour encourager le spectateur à les voir. La couverture de la bande dessinée, en noir et blanc, représente deux personnages face à face. La posture de l’un d’eux, un bâton à la main, est menaçante.

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L’arrière-plan présente un paysage aride et brumeux dans lequel on distingue un arbre mort. Les indications textuelles, présentes dans l’encadré rouge sombre qui contraste avec le noir et blanc du dessin, indiquent le titre de la bande dessinée, l’œuvre dont elle s’inspire ainsi que son auteur et dessinateur : Pierre-Alain Bertola.

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atmosphère se dégage de chacune d’elles ? Les personnages de l’affiche sont représentés en plan poitrine, avec un souci du détail dans le dessin des visages et un certain réalisme. À l’inverse, les personnages de la couverture de la bande dessinée sont plutôt des silhouettes brossées en peu de traits et représentées dans un cadrage plus large. Alors que l’affiche du film présente des couleurs vives, la couverture de la bande dessinée est beaucoup plus sombre et il s’en dégage une atmosphère inquiétante, produite par la position des deux personnages qui semblent s’affronter, par la présence sinistre de l’arbre mort à l’arrière-plan, par les jeux de contrastes et de formes dans le ciel qui semblent figurer un orage ou un paysage envahi par le brouillard.

Comparer le texte et l’image ❸ Identifiez les personnages du roman représentés sur l’affiche du film. Selon vous, leur présence sur une affiche est-elle justifiée et pourquoi ? Cette affiche présente, dans la partie supérieure, Lennie et George, dont la présence est bien entendu justifiée par le fait qu’ils sont les personnages principaux du roman. Dans la partie inférieure, à gauche, l’épouse de Curley est également présente, ce qui pourrait sembler étonnant dans la mesure où elle est un personnage secondaire. Sa présence est cependant justifiée dans la mesure où elle est à l’origine de la fin tragique du roman, elle est l’élément perturbateur qui pousse Lennie à commettre l’irréparable.

❹ Qui sont les personnages représentés sur la couverture de la bande dessinée et que font-ils ? À quel(s) passage(s) du roman la scène représentée pourrait-elle correspondre ? Lennie est représenté à gauche, massif, les épaules tombantes, face à George qui se trouve à droite, l’air déterminé et portant dans sa main un bâton menaçant. La position des personnages montre qu’ils s’affrontent et rappelle deux passages du roman, tous deux situés dans la clairière de la vallée de la Salinas : le début du premier chapitre, dans lequel George réprimande Lennie (qui oublie tout, les a contraints à fuir Weed et garde une souris morte dans sa poche), et surtout le chapitre 6, à la fin du roman, lorsque George s’apprête à tuer Lennie avant que Curley ne le trouve.

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Arrêt sur l’œuvre

Arrêt sur l’œuvre

p. 146-151

Des questions sur l’ensemble du récit p. 146-147 Des animaux… ❶ Dressez la liste des animaux mentionnés dans le roman et précisez s’ils sont sauvages ou domestiques. Le premier animal qui apparaît dans le récit est cité dans le titre du roman : il s’agit de la souris morte que Lennie garde dans sa poche. Viennent ensuite les chevaux du ranch, le chien de Candy et les chiots de Slim, les lapins dont Lennie rêve de s’occuper et le lapin imaginaire dont Lennie a la vision à la fin du roman. On notera qu’à l’exception des souris, tous les animaux évoqués sont des animaux domestiques. Cette remarque pourra être mise en lien avec le titre qui distingue deux catégories : les souris d’une part, les hommes de l’autre. ➋ Quelles espèces d’animaux Lennie affectionne-t-il particulièrement ? Pourquoi, selon vous ? Lennie aime particulièrement les animaux au pelage doux et soyeux (souris, lapins, chiens) car ils sont agréables à caresser. Leur contact suscite probablement chez lui une forme de plaisir régressif et rassurant, comme le fait le « doudou » pour un jeune enfant.

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

➌ À quels animaux Lennie est-il successivement comparé dans l’œuvre ? Quels traits de son physique ou de son caractère permettent ces rapprochements ? Des comparaisons explicites et implicites associent tout au long de l’œuvre Lennie à un animal. Dans son portrait physique, il est tout d’abord assimilé à un « ours », ou à un « cheval » (chap. 1) et George insiste sur sa force, semblable à celle d’un « taureau » (chap. 2). Ainsi les gestes de Lennie sont-ils systématiquement comparés à ceux d’un animal, et ses mains à des « grosses pattes ». Lorsqu’il commet une faute, il agit comme un chien qui refuse d’obéir (quand George lui demande de lui rendre la souris morte par exemple), et lorsqu’il est soumis à une tension extrême (quand Curley l’agresse, quand la femme de Curley cherche à le séduire), son instinct semble l’emporter sur toute conscience et il devient incontrôlable.

➍ En vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes, proposez une explication au titre du roman. Réponse libre de l’élève, auquel on expliquera par la suite l’origine du titre : celui-ci est inspiré de deux vers du poème « À une souris »

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de Robert Burns (1759-1796) : « The best laid schemes o’ mice an’ men/Gang aft a-gley » (que l’on pourrait traduire par « les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas »). On fera également remarquer que la conjonction de coordination « et » associe l’homme aux bêtes dès le titre, ce qui introduit donc d’emblée le thème de l’animalité dans l’œuvre.

… et des hommes ❺ Dans un dictionnaire bilingue (anglais-français), cherchez la signification des mots « slim », « candy » et « curly » (homophone de « Curley ») qui donnent leur nom à des personnages. Quels liens pouvez-vous établir entre ces personnages et leur prénom ? Slim signifie « maigre » en anglais, ce qui correspond à la description physique qu’en fait le narrateur (p. 45) ; Candy signifie « bonbon » ou « douceur », et c’est bien d’un vieillard doux et sensible dont il est question dans le roman ; enfin, « curly » signifie « bouclé », à l’image de la chevelure de Curley tel qu’il est décrit pour la première fois (p. 35). Les personnages sont donc généralement désignés par l’un de leurs traits physiques ou moraux. Steinbeck se plaît ainsi à jouer sur l’onomastique, à laquelle on sensibilisera les élèves. On pourra d’ailleurs leur rappeler que Lennie a pour nom de famille « Small », c’est-à-dire « petit », ce qui est loin d’être physiquement son cas, et que George porte le nom « Milton », nom du poète John Milton (1608-1674), auteur du poème « Paradise lost » (« Le paradis perdu »), comme le sera celui dont rêvent les personnages du roman… ❻ Quelles différences physiques et morales opposent George et Lennie ? Pour quelles raisons voyagent-ils ensemble ? En plus d’être radicalement opposés physiquement (George est petit et mince, Lennie est grand et massif), les deux personnages s’opposent par leur état d’esprit et par leur caractère. George est intelligent, toujours entreprenant, il est comme le cerveau de ce duo, il donne des ordres à Lennie ; Lennie, lui, est simple d’esprit, passif, il est comme les bras du duo et obéit docilement à George. Malgré ces différences, tous deux sont amis car ils prennent soin loin de l’autre (« moi, j’ai toi pour t’occuper de moi, et toi, t’as moi pour m’occuper de toi », p. 23) et luttent ainsi contre la solitude et le désespoir de leur condition en partageant le même rêve.

❼ Montrez que l’attachement mutuel qui lie George et Lennie est étonnant et contradictoire. George est souvent en colère contre Lennie qu’il doit surveiller comme un enfant. Il lui reproche d’être un fardeau qui l’empêche de faire ce que bon lui semble. Mais paradoxalement, il confie à Slim qu’il s’est attaché à Lennie (chap. 3) et il ne peut plus se passer de sa compagnie depuis qu’il l’a pris sous son

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aile à la mort de sa tante Clara. Il semble que le désir de lutter contre la solitude soit le lien profond qui unit ces deux hommes.

Un récit pessimiste ❽ Recopiez et complétez le tableau suivant. Que remarquez-vous ? Chapitre

Personnage qui meurt

1

La souris que Lennie conservait dans sa poche

À force de caresses trop appuyées et maladroites, Lennie l’a tuée.

Circonstances de la mort

3

Le vieux chien de Candy

Carlson a proposé à Candy de tuer son chien pour abréger ses souffrances et a insisté jusqu’à ce qu’il accepte.

5

Le chiot de Lennie, offert par Slim

Comme la souris, Lennie l’a tué à force de caresses trop brutales.

5

L’épouse de Curley

Invité à caresser les cheveux de la jeune femme, Lennie n’a pu relâcher son emprise et, effrayé par ses cris, il lui a brisé la nuque.

6

Lennie

Pourchassé pour avoir tué l’épouse de Curley, Lennie risque de subir une mort lente et douloureuse, que Curley souhaite lui infliger par vengeance. Ainsi George, pour épargner son ami et pour lui accorder une mort digne, décide de le tuer.

On constate que la mort des animaux précède et prépare celle des humains et qu’il y a une gradation dans la taille et dans l’importance des victimes.

➒ Quels éléments du comportement et du passé de Lennie pouvaient laisser

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

présager la catastrophe finale ? Le goût de Lennie pour ce qui est doux et rouge, l’épisode de Weed, la mort de son chiot à force de maladroites caresses, le caractère incontrôlable de Lennie, sont autant d’indices qui pouvaient laisser présager le crime accidentel de Lennie. En outre, l’exécution du chien de Candy pour abréger ses souffrances annonce celle de Lennie par George, qui préfère mettre fin à la vie de son ami avant qu’il ne soit lynché par les autres personnages.

❿ À quel moment du récit le rêve de Lennie et George semble-t-il sur le point de se réaliser ? Quand est-il définitivement brisé ? Lorsque Lennie et George partagent leur secret avec Candy et que ce dernier offre de s’associer à eux pour acquérir la ferme, le rêve dont les deux personnages parlent depuis le début du roman semble sur le point de se réaliser. Au dernier chapitre, George reprend la description de ce lieu idéal à la manière d’un éloge funèbre (p. 137138), pour détourner l’attention de Lennie afin qu’il ne remarque pas les hommes

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qui sont à sa poursuite : c’est à cet instant que le rêve s’éloigne définitivement. Paradoxalement, alors que la proximité du rêve n’a jamais été aussi marquée dans les paroles de George (« c’est presque comme si on pouvait la voir, notre ferme », p. 138), sa réalisation n’a jamais été aussi improbable ; ce projet comme Lennie sont relégués au paradis, il n’y a pas de place pour eux dans le réel.

⓫ Quelle vision des êtres humains ce roman traduit-il ? Vous semble-t-elle optimiste ou pessimiste ? Justifiez votre réponse. Le récit de Steinbeck témoigne des difficiles conditions de travail imposées aux ouvriers, du racisme et de la ségrégation des noirs (dont Crooks est victime) : à ce titre, il présente une image négative de la société américaine des années 1930. Plus généralement, le roman véhicule une vision très pessimiste des êtres humains. Certains personnages, comme Curley ou son épouse, sont cruels et manipulateurs. Leurs relations avec les autres personnages se font sur le mode du rapport de force. Les individus semblent soumis à un déterminisme dont ils ne peuvent s’affranchir : les ouvriers agricoles n’accèdent pas à leur rêve de vie meilleure, ne parviennent pas à évoluer ou à influer sur le cours de leur existence. Lennie, en particulier, malgré les recommandations de George et malgré sa volonté de ne pas le décevoir, se trouve confronté à la même situation qu’à Weed, manifestement vouée à se reproduire indéfiniment, la seule issue étant la mort. Enfin, l’œuvre de Steinbeck dresse un tableau très sombre de la condition humaine, les individus étant condamnés à la solitude : malgré l’indéfectible amitié qui les liait, George se voit contraint de tuer son ami.

Des mots pour mieux écrire p. 147-149 Lexique de l’isolement a. Ségrégation ; b. esseulée ; c. isolé ; d. exclusion.

Lexique du rêve et de la désillusion

Mots croisés Horizontalement A. Déception ; B. espoir ; C. projet.

Verticalement 1. Utopie ; 2. illusion.

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Vers l’écrit du Brevet

Vers l’écrit du Brevet

p. 180-185

Première partie ■ Questions I. Curley : une menace pour Lennie 1. Relevez les passages qui font allusion à la scène qui précède. Qu’a-t-il pu se passer entre Curley, Lennie et George ? Les paroles de George, « j’suis pas fâché contre toi. J’suis fâché contre ce salaud de Curley » (l. 8-9) et « le laisse pas te provoquer » (l. 14), indiquent que Curley a dû provoquer Lennie dans la scène qui précède. 2. a. Par quelles expressions George désigne-t-il Curley ? Les expressions que George emploie pour désigner Curley sont très péjoratives : « ce salaud de Curley » (l. 8-9), « l’enfant de garce » (l. 14), « ce genre de types » (l. 18). b. Quel niveau de langue George emploie-t-il dans ces expressions ? George s’exprime ici dans un niveau de langue familier (« garce »), voire vulgaire (« salaud »). c. Que peut-on en déduire sur les sentiments de George à l’égard de Curley ? Ces expressions sont insultantes, elles témoignent du mépris et de la méfiance de George à l’égard de Curley.

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

II. Le lien de Lennie et George 3. a. Des lignes 12 à 15, quel type de phrase George emploie-t-il pour s’adresser à Lennie ? Que révèle ce type de phrase ? George emploie des phrases injonctives pour s’adresser à Lennie, il donne donc des ordres à son ami, qui est supposé lui obéir. L’emploi de ce type de phrase révèle qu’il domine le duo qu’ils forment tous deux. b. Donnez le temps et le mode des verbes employés. Les verbes employés sont conjugués au présent de l’impératif. 4. Quelle consigne George donne-t-il à Lennie au cas où ce dernier aurait des ennuis ? George ordonne à Lennie d’aller se réfugier dans une clairière où ils sont déjà passés : « Te cacher jusqu’à ce que je vienne te chercher. Que personne te voie. Cache-toi dans les fourrés, près de la rivière » (l. 30-31).

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5. a. Relevez deux expressions du texte par lesquelles George demande à Lennie de répéter ses propos. « Répète » (l. 32) et « répète-le tout bas, Lennie, pour ne pas l’oublier » (l. 40) sont les deux expressions attendues. b. D’après vous, pourquoi George insiste-t-il ? George insiste sur la consigne qu’il a donnée à Lennie et il la lui fait répéter, car Lennie a visiblement tendance à oublier ce qu’on lui dit : « tu te rappelles ce que je t’ai dit de faire ? » (l. 19-20), « tu te rappelles où nous avons couché, la nuit dernière ? » (l. 26-27), « répète-le tout bas, Lennie, pour ne pas l’oublier » (l. 40). Or l’ordre que George a donné est primordial : en effet, il craint manifestement pour la sécurité de son ami. 6. En vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes, expliquez la nature de la relation qui unit George et Lennie. George et Lennie sont deux amis qui se soucient l’un de l’autre. George domine manifestement leur duo et semble être celui qui réfléchit et décide pour deux. Il se montre protecteur vis-à-vis de Lennie, qu’il pense être en danger.

III. La rencontre d’une femme troublante 7. Quels vêtements de la jeune femme sont de couleur rouge ? Quelle(s) connotation(s) peut-on attribuer à cette couleur ? La jeune femme porte « une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges » (l. 47-48). Cette couleur connote la passion et le désir (qu’elle fait naître chez les hommes et notamment chez Lennie ici), mais aussi le sang et la violence (ce qui est programmatique de la suite du récit puisqu’elle meurt de la main de Lennie au chapitre 5). Par sa tenue, la jeune femme cherche manifestement à attirer les regards sur elle. 8. En quoi l’épouse de Curley est-elle provocante, voire vulgaire ? Le maquillage et la coiffure de la jeune femme, tous deux comportant du rouge, trahissent sa vulgarité : elle est excessivement maquillée (« grosses lèvres enduites de rouge », « des yeux écartés très fortement maquillés », « ses ongles étaient rouges », l. 43-45), elle est coiffée de manière peu raffinée (« ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses », l. 45-46), sa tenue n’est guère soignée (« une robe de maison », l. 47) et les chaussures qu’elle porte sont tape-àl’œil : ce sont des « mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges » (l. 47-48). Par ailleurs, son attitude est provocante (voire question suivante). 9. Relevez les expressions qui soulignent la sensualité de la jeune femme. Son attitude et ses gestes montrent que la jeune femme cherche à séduire les hommes auxquels elle s’adresse : « elle mit sa main derrière son dos et s’adossa au

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montant de la porte afin de projeter son corps » (l. 53-54), « elle se cambra légèrement » (l. 58), « d’un ton mutin » (l. 63), « elle sourit avec malice et fit onduler ses hanches » (l. 67). 10. a. Donnez la classe grammaticale et la fonction de « avec malice », ligne 67. « Avec malice » est un groupe nominal prépositionnel dont la fonction est complément circonstanciel de manière du verbe « sourit ». b. Selon vous, quelles sont les intentions de la jeune femme ? La jeune femme cherche manifestement à séduire Lennie et George. 11. a. Quelle attitude George et Lennie adoptent-ils respectivement à l’égard de la jeune femme ? George se montre insensible aux charmes de la jeune femme (« George détourna les yeux », l. 51) et lui répond de manière sèche, lapidaire : « il était ici il y a une minute, mais il est parti » (l. 52), « George dit brusquement : — Eh bien, il n’y est pas en ce moment » (l. 61-62). Lennie, au contraire, est subjugué par la jeune femme : « Lennie la toisa du regard » (l. 57), « Lennie l’observait, fasciné » (l. 65). b. Comment interprétez-vous l’attitude de George ? George n’est pas dupe et a bien compris les intentions de la jeune femme. Il la considère comme une menace, celle-ci étant l’épouse de Curley, avec qui Lennie a apparemment déjà eu une altercation.

■ Réécriture « Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges. — Je cherche Curley, dit-elle. »

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

Réécrivez ce passage en remplaçant « une jeune femme » par « deux jeunes femmes ». Effectuez toutes les transformations nécessaires.

Deuxième partie ■ Sujet d’imagination Imaginez que Curley entre dans le baraquement et surprenne son épouse en conversation avec Lennie et George. Racontez cet épisode en insistant sur la réaction de Curley envers son épouse et envers les deux hommes. Votre récit, d’une quarantaine de lignes, sera la suite immédiate de l’extrait et contiendra un dialogue. Critères de réussite — cohérence par rapport au texte d’origine — respect de l’énonciation du texte d’origine (narration à la troisième personne, emploi des temps du récit au passé) — présence et présentation des paroles rapportées — emploi du vocabulaire des émotions et des réactions — qualité de l’expression et de l’orthographe

■ Sujet de réflexion Dans cet extrait, l’attitude de l’épouse tout comme ses vêtements renvoient l’image d’une femme provocante. Pensez-vous que l’apparence physique d’une personne reflète sa personnalité ? Vous présenterez votre réflexion dans un développement organisé d’au moins quarante lignes, et illustrerez vos arguments à l’aide d’exemples variés. Critères de réussite — organisation du développement — utilisation de connecteurs logiques articulant la réflexion — pertinence des arguments — qualité des exemples — qualité de l’expression et de l’orthographe

Debout, deux jeunes femmes regardaient dans la chambre. Elles avaient de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Leurs ongles étaient rouges. Leurs cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elles portaient des robes de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges. — Nous cherchons Curley, dirent-elles. Barème : O,5 pt par élément souligné, – O, 25 pt par faute de copie.

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Bibliographie et sitographie ■ Ouvrages Une édition à consulter pour son appareil pédagogique John Steinbeck, Des souris et des hommes [1937], Gallimard, « Folioplus classiques », 2005.

Un commentaire du roman Marie-Christine Lemardeley-Cunci, Des souris et des hommes de John Steinbeck, Gallimard, « Foliothèque », 1992.

Une préface à lire Préface de Joseph Kessel dans John Steinbeck, Des souris et des hommes [1937], Gallimard, « Folio », 1993.

■ Ressources sur Internet Des séquences didactiques sur l’œuvre www.itereva.pf/disciplines/lettres/didac/seqcol/seq13.htm www.portail-litterature.fse.ulaval.ca/objet/index.php?act=seq&obj=261

Un dossier pédagogique sur l’adaptation cinématographique de Gary Sinise

© Éditions Belin/Éditions Gallimard.

www.zerodeconduite.net/dp/zdc_dessourisetdeshommes.pdf

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