De Tintin à Titeuf - CNDP

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20 janv. 2007 ... d'entretiens avec des dessinateurs, des auteurs, des historiens du genre ou des personnalités sensibles au plaisir de la BD. De Tintin à Titeuf.
teledoc le petit guide télé pour la classe

2006 2007

De Tintin à Titeuf Pourquoi certaines BD sont-elles devenues des légendes? À l’occasion du festival d’Angoulême, ce documentaire sous-titré Les mythes de la bande dessinée, examine six grands héros de la

Un documentaire d’Olivier Delcroix et

bande dessinée francophone afin de comprendre les raisons

Patricia Lepic (2003),

de leur succès. Émaillé d’illustrations issues des albums ou des

réalisé par

films que ces BD ont inspirés, il s’appuie sur un grand nombre

Bernard Malaterre,

d’entretiens avec des dessinateurs, des auteurs, des historiens

produit par BFC Productions.

du genre ou des personnalités sensibles au plaisir de la BD.

52 min

FRANCE 5 TNT : SAMEDI 20 JANVIER, 23 h 10 En partenariat avec

Libre de droits POUR USAGE EN CLASSE

Lire entre les bulles Français, arts plastiques, histoire, collège, lycée De Tintin à Titeuf présente en ordre chronologique six bandes dessinées européennes qui sont déjà devenues ou tendent à devenir des mythes. Un historien de la bande dessinée, un psychanalyste, des auteurs, certains de leurs collaborateurs ou de leurs proches tentent d’expliquer la force de ces mythes contemporains. Chaque personnage a sa personnalité, qu’il soit un héros parfait ou un antihéros. Chacune de ces bandes dessinées s’inscrit dans une époque et un univers précis mais, à chaque fois, elle renouvelle un mythe et représente un aspect de la condition humaine. Jusqu’à ce que l’époque des auteurs ellemême se transforme en mythe. C’est une histoire de l’imaginaire d’une partie du XXe siècle que l’on découvre à travers cet art populaire, une entrée dans son inconscient collectif. Un point fort de ce documentaire est d’inscrire les commentaires dans le décor de la bande dessinée ou dans un lieu qui l’évoque. On voyage avec ces personnages qui nous sont devenus familiers à travers des mondes imaginaires, qui ne sont pas sans rapport avec nous.

Rédaction Laurence Jung, professeur de lettres modernes, et Hélène Pouyfaucon, CNDP Crédit photo D.R. (p. 1), France 5 (p. 2), 2003-Éditions Abert René-Gos (p. 4) Édition Anne Peeters et Émilie Nicot Maquette Annik Guéry Ce dossier est en ligne sur le site de Télédoc. www..cndp.fr/tice/teledoc/

Genèse et réception d’une œuvre

> Situer une œuvre dans son contexte de création. • Les sources d’inspiration. On étudiera la part de hasard et la part de décision réfléchie qui président à la création d’une œuvre. Comment Goscinny et Uderzo ont-ils créé les personnages d’Astérix et d’Obélix ? Quelles fonctions leur ont-ils données ? De quel genre Largo Winch est-il adapté ? En quoi cette histoire se prêtait-elle particulièrement bien à la bande dessinée ? À quel moment de sa carrière Zep a-t-il inventé le personnage de Titeuf? De quoi s’est-il inspiré ? On distinguera à partir de ces exemples différentes sources d’inspiration possibles. • Le cadre réaliste. On comparera les documents dont certains auteurs se sont servi et la fiction qu’ils ont créée. On étudiera ce procédé dans le cadre d’une étude du registre réaliste, en comparant la genèse de ces bandes dessinées à celle des œuvres de Zola. On fera une recherche sur les civilisations disparues ou sur la géographie de certains pays, à partir d’albums de Tintin ou de Blake et Mortimer. On pourra la présenter sur le modèle des dossiers qui précèdent les aventures de Corto Maltese (par exemple Mû ou Tango). On reportera le trajet de Tintin au Tibet sur une carte (Inde, Népal, Tibet) : comment est créé l’effet de réel ? • Étude lexicologique. Comment est créé un langage ? On relèvera les insultes du capitaine Haddock et on recherchera leur définition. Ces vocables sont-ils, à l’origine, des insultes ? Ontils une fonction poétique? On relèvera les expressions de Titeuf: en quoi évoquent-elles le langage des enfants ? Quelle est la fonction des termes anglais de Blake et Mortimer ? On recherchera, comme Goscinny, les expressions latines du Petit Larousse. Comment sont-elles reprises dans Astérix? On comparera les fonctions du langage dans Blake et Mortimer et dans Astérix.

• Quel lectorat ? À qui s’adresse chacun de ces ouvrages ? On déterminera l’âge, le sexe, la génération de leurs lecteurs. On comparera le lectorat actuel de ces bandes dessinées à celui auquel les auteurs les destinaient. Qui lit Blake et Mortimer aujourd’hui ? Les lecteurs étaient-ils aussi nombreux à l’époque des premiers albums? À qui l’auteur de Titeuf pensait-il s’adresser ? Qui le lit le plus aujourd’hui ?

Les personnages

> Identifier les spécificités des personnages, leurs caractéristiques physiques et morales, leurs fonctions dans le récit. • On dressera une fiche d’identité par personnage principal: nom (origine et connotations du nom), métier, âge, état civil, qualités, défauts, expressions favorites, physionomie, costume, mode de vie. La fiche peut conduire à la rédaction d’un portrait physique ou moral. Quel lien peut-on faire entre la personnalité des personnages et leur physique ? • On classera les divers personnages présentés en héros et antihéros et on recherchera d’autres personnages en littérature, bande dessinée ou cinéma qui correspondent à ces deux catégories. On pourra s’intéresser en particulier aux comics et au cinéma américain. Quel antihéros est devenu un héros? On expliquera l’expression «héros en creux» qui qualifie Tintin. Quel intérêt présente un personnage sans personnalité ? On étudiera les procédés d’identification : pour quelles raisons s’identifie-ton à chacun de ces personnages ? • On comparera la place des femmes dans ces bandes dessinées. On remarquera qu’il n’existe qu’une seule femme chez Tintin dans le dessin qui réunit tous les personnages alors que les femmes ont un rôle décisif dans Corto Maltese. Quelle est la fonction des femmes dans Largo Winch? Pourquoi tous ces personnages sont-ils célibataires ? • On fera un schéma actantiel à partir de Blake et Mortimer ou Astérix: qui sont les adjuvants, les opposants, quel est l’objet de la quête? On soulignera à quel point le schéma actantiel est simple et efficace dans ces œuvres.

Technique et esthétique

> Analyser le graphisme et ses effets. • On se livrera à une analyse comparative de Tintin et Blake et Mortimer. Quelles sont les caractéristiques de la ligne claire ? En quoi ce graphisme correspond-il bien au personnage de Tintin ? On réalisera, comme Hergé, un travail d’épuration du

dessin à partir de calques. • On distinguera réalisme et caricature en opposant, par exemple, Titeuf et Astérix à Largo Winch. Quels sont les procédés graphiques qui donnent un effet de réel ? On comparera les immeubles modernes filmés pour la séquence sur Largo Winch aux dessins de cette bande dessinée. Quels traits sont exagérés dans les caricatures ? On reliera le type de dessin au registre littéraire. • On comparera les techniques employées, le trait, la couleur et les délimitations entre les cases. On opposera l’aquarelle de Corto Maltese à la ligne claire de Tintin et Blake et Mortimer. Quels effets permet la technique d’Hugo Pratt ? Que privilégie-t-il dans l’histoire ?

Qu’est-ce qu’un mythe ?

> Explorer la dimension mythique d’une BD. • Chacune de ces BD fait référence implicitement à des mythes préexistants plus ou moins précis. On remplira un tableau à double entrée : les six bandes dessinées dans une colonne, les grands mythes qu’elles reprennent dans l’autre, à savoir: reporter (Tintin) ; mythe des origines entre forces du bien et du mal, mythe du caractère anglais (Blake et Mortimer); David et Goliath (Astérix); Ulysse (Corto Maltese); chevalier, héros pur affrontant un monde impur (Largo Winch) ; Gavroche (Titeuf). On fera des recherches sur les mythes d’Ulysse, de David et Goliath et de Gavroche. Quelle est leur origine ? • On déterminera les aspects de la condition humaine représentés par ces héros: le faible contre le fort, le justicier, la lutte intérieure entre le bien et le mal, le chevalier errant, la révolte... Quels sentiments procurent ces bandes dessinées ? On cherchera des exemples de ces archétypes dans la littérature. On comparera avec des extraits de textes qui s’inscrivent aux aussi dans ces mythes : Rouletabille, Lorenzaccio, Miss Marple... • On confrontera fiction et réalité: quelles sont les confusions possibles entre les deux dans Tintin ? Dans quel but ? On comparera la BD au décor du documentaire, en particulier pour Corto Maltese et Largo Winch. Pourquoi avoir choisi la Grande Mosquée de Paris dans un cas et des immeubles contemporains dans l’autre ? • Comment ces bandes dessinées ont-elles été reprises, ou adaptées, depuis ? À quelles conditions un mythe est-il vivant ? On engagera une discussion sur adaptation et trahison. On comparera les adaptations cinématographiques très différentes d’Astérix, Blake et Mortimer et Corto Maltese.

De l’Histoire au mythe

> Révéler la vision d’une époque que recèle une BD. Le documentaire établit un parallèle entre la société de l’époque et l’image qui en est donnée, ce qui permet de comprendre comment une société se représente elle-même. • On réalisera une double frise chronologique du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui : d’un côté les événements et les évolutions historiques qui apparaissent dans ces BD et de l’autre leur période de publication. Quels sont les événements retenus ? Comment apparaissent-ils ? • On relèvera les transformations et on les classera selon qu’il s’agit d’un ajout ou d’une modification. Quel événement a été ajouté par Edgar P. Jacobs? Quelle vision donne-t-il des années 1950? Quels sentiments de la société de l’époque cela montre-t-il ? De quel événement peut-on rapprocher l’histoire du village d’Astérix? Quelle image la France veut-elle se donner à travers cette histoire comme à travers les textes sur la Résistance ? • On relèvera des exemples d’anachronismes dans Astérix pour mettre en évidence l’effet comique de ce procédé. Pourquoi Anne Goscinny dit-elle qu’il ne fallait pas en abuser ? • Quels sont les albums de Tintin les plus lus par les enfants ? Le succès de ces bandes dessinées tient-il à leurs références historiques ? ■

Pour en savoir plus • Dessinateurs de BD, une aventure graphique. CNDP, France 5, 2002. 4 VHS : 3 et 4 x 13 min. http://www.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=36975 • NOUAILHAT René, REVILLON Luc, THIEBAUT Michel, Jacobs, la marque du fantastique, CRDP de FrancheComté, Mosquito, 2004. http://www.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=54745 • PEETERS Benoît, Lire la bande dessinée, Flammarion, coll. «Champs», 2003. • L@BD, un site du CRDP de Poitou-Charentes. http://www.labd.crdp3-poitiers.org/ • À l’occasion du centenaire de la naissance d’Hergé, le Centre Pompidou consacre une exposition à l’artiste. http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Accueil.nsf/ • Expositions virtuelles de la BnF : – « La BD avant la BD » http://expositions.bnf.fr/bdavbd/index.htm – « Maîtres de la BD européenne ». http://expositions.bnf.fr/bd/index.htm • Le site du Festival international de la BD d’Angoulême. http://www.bdangouleme.com/

Six héros mythiques Tintin, le héros en creux dans lequel chacun peut se projeter, reprend le mythe du reporter, qui lui permet de devenir le témoin d’une époque et d’exploiter l’ambiguïté entre fiction et réalité. Blake et Mortimer explorent le monde de l’ombre, dans une vision manichéenne propre à l’époque de la guerre froide. Astérix est aussi lié à une période historique précise : le village gaulois est l’image que la France aurait aimé avoir d’ellemême, celle de la résistance contre l’envahisseur. Ses multiples niveaux de lecture lui ont permis d’être indémodable. Corto Maltese, nouvel Ulysse solitaire, toujours en quête, nous entraîne dans des voyages mêlant archéologie, réalité et imaginaire. Largo Winch en est l’antithèse, du moins esthétiquement. Ce personnage encore pur décide de nettoyer ses entreprises et se salit luimême. Largo Winch est l’image que l’Europe se fait aujourd’hui de l’Amérique. Titeuf remporte un grand succès auprès des enfants qui s’identifient à ce nouveau Gavroche : il a leur langage et se pose les mêmes questions face au monde des grands.

Mythes du 9e art Fiche de travail Le film interroge la dimension mythique de bandes dessinées devenues ou en passe de devenir de véritables icônes dans l’imaginaire collectif. Quels sont les ressorts de ces phénomènes ? Comment des personnages de BD ont-ils pu accéder au rang de référents culturels partagés ? Sans prétendre à une analyse sémiologique, on explorera ces problématiques en s’assurant que les élèves ont compris et retenu la teneur des analyses proposées dans le documentaire.

Héros ou antihéros ? 1. À quels personnages ces descriptions correspondent-elles ? a. Il parcourt les cinq continents et toutes les mers du globe, côtoie des personnages dangereux et sait faire preuve de courage. Toutefois, il semble rester en retrait des événements auxquels il assiste, invariablement lucide et ironique, et c’est sans aucune conviction morale qu’il affronte ses ennemis. Des ennemis qui, à l’image de Raspoutine, s’apparentent parfois à des amis… Aventurier mystérieux, romantique, beau et séduisant, il est l’éternel errant. b. Il n’est ni beau, ni élégant, ni drôle et se montre en tout raisonnable, lisse, ordonné. Bref, il pourrait paraître bien ennuyeux et falot s’il n’était animé d’une réelle énergie et d’une éternelle « bougeotte » : il est toujours prêt à voyager et à aller taquiner le danger pour faire triompher le bien. c. Toutes les missions périlleuses lui sont confiées sans hésitation et il a la confiance absolue du sage du village. S’il est doté d’une force surhumaine, c’est grâce à la potion magique qu’on lui prépare. Petit, étroit d’épaules, affublé d’un gros nez et de grands pieds, il pourrait apparaître comme grotesque s’il n’était si malin et sympathique. 2. Rédigez vous-même un texte décrivant l’héroïsme paradoxal d’autres personnages de BD, tels Blake et Mortimer, Largo Winch, Titeuf ou encore Lucky Luke et Spirou.

Les ingrédients d’un mythe Dans sa conclusion de la première partie du film, Olivier Delcroix rappelle que Tintin a tous les attributs d’un mythe : « un port d’attache », « des aventures fabuleuses » et « un héros vaillant, asexué, donc divin ». Expliquez ces caractéristiques. Synthétisez ensuite tous les ressorts essentiels qui, d’après les trois intervenants – Serge Tisseron, Patrick Gaumer et Numa Sadoul, ont permis à Tintin d’acquérir une place éminente dans l’imaginaire collectif.