Démocratie… pour tous? - CNDP

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Chacun des films de ce cycle «Démocratie… pour ... quement (démocratie et religion, guerre et démo- .... mentaire sera diffusé deux jours après les élections.
teledoc le petit guide télé pour la classe

2007 2008

Démocratie… pour tous? Une série de dix documentaires

Des États-Unis à la Chine en passant par le Liberia, le

(2007),

Pakistan, l’Égypte, l’Inde, le Danemark, la Russie, le Japon

coproduite par

et la Bolivie, dix documentaires offrent autant de regards

Steps International, Arte,

singuliers d’auteurs sur les avancées et les reculs de la

ZDF, BBC, YLE et DRTV,

démocratie dans le monde. Une initiative ambitieuse de

diffusée par 42 chaînes de télévision

dimension internationale qui conjoint les diffusions simul-

dans 100 pays.

tanées sur plus de 42 chaînes et un dispositif interactif sur

10 x 1 h environ

Internet.

ARTE DU LUNDI 8 AU MARDI 16 OCTOBRE

Actualité d’un concept politique Éducation civique, ECJS et géographie, troisième et terminale Les films Un taxi pour l’enfer, d’Alex Gibney. À travers le destin tragique d’un jeune Afghan tué en détention, une enquête sur l’usage et la justification de la torture par les États-Unis depuis le 11-Septembre. (1 h 44 min) Lundi 8 octobre, 20 h 40 La Démocratie en uniforme, de Sabiha Sumar. La démocratie a-t-elle une chance de s’installer au Pakistan ? (58 min) Lundi 8 octobre, 22 h 30 Au nom de Dieu, du tsar et de la patrie, de Nino Kirtadzé. Tenu d’une main de fer, le village russe de Durakovo est un modèle de « démocratie dirigée ». (52 min) Mardi 9 octobre, 20 h 40 Votez pour moi !, de Weijun Chen. La démocratie s’invite dans une école chinoise où des élèves élisent leur délégué de classe. (52 min) Mardi 9 octobre, 21 h 35

>>>

Rédaction François Gallice, professeur d’histoire et de géographie Crédits photos Steps International (p. 1) et Mukhtar Sumar (p. 4) Édition Émilie Nicot et Anne Peeters Maquette Annik Guéry Ce dossier est en ligne sur le site de Télédoc. www..cndp.fr/tice/teledoc/

Chacun des films de ce cycle «Démocratie… pour tous ? » s’interroge sur la réalité de la pratique démocratique dans le pays où il a été tourné, le plus souvent à travers le prisme d’une histoire individuelle ou d’un fait d’actualité. L’ensemble de ces documentaires très divers permettra à la fois d’aborder la question démocratique thématiquement (démocratie et religion, guerre et démocratie, démocratie et patriotisme, etc.), mais aussi d’apporter aux élèves un éclairage sur des « cas » nationaux ou continentaux (Chine, Inde, Bolivie, États-Unis, Égypte, Russie, Japon, Danemark, Pakistan, Libéria). Les quatre premiers documentaires de la série, que nous avons pu voir, sont analysés ici.

Une démocratie peut-elle légitimer la torture ?

> À partir d’Un taxi pour l’enfer, s’interroger sur les principes démocratiques disparaissant derrière la réalité de la guerre et sur les contre-pouvoirs de la démocratie américaine. NB: On utilisera avec précaution ce documentaire en classe et avec des grands élèves : il comprend de nombreuses images des victimes des tortures et des humiliations dégradantes dans les prisons de Bagram et d’Abu Ghraib. • La torture. La torture n’est pas l’apanage des dictatures. Au nom du renseignement militaire, toutes les pratiques sont peu à peu autorisées par l’administration Bush en Afghanistan et en Irak. Les témoignages rappellent le peu d’efficacité de ces méthodes violentes qui échappent le plus souvent au contrôle des officiers. • L’héritage de 1945 bafoué. En s’appuyant sur les images d’archives de la seconde guerre mondiale, on rappellera les origines, en 1949, de la troisième convention de Genève qui protège tous les prisonniers de guerre de la torture et des mauvais traitements. On mettra en évidence le double langage de l’administration de George Bush qui transforme ces prisonniers afghans et irakiens en acteurs du « terrorisme » alors même qu’elle n’hésite pas à parler de « guerre contre le terrorisme ». De même, le procès de Nuremberg avait établi la responsabilité des officiers qui s’étaient contentés d’ordonner la torture sans la pratiquer eux-mêmes. Là encore, les officiers américains semblent avoir été protégés davantage que les soldats du rang. Enfin, on recensera, à propos du camp de Guantanamo, toutes les entorses à la législation internationale sur les droits les plus élémentaires des prisonniers.

Une dictature peut-elle accoucher d’une démocratie?

> À partir de La Démocratie en uniforme, brosser le portrait d’un régime autoritaire et analyser l’enjeu de la question religieuse dans l’instauration de la démocratie dans un pays comme le Pakistan. • Une société divisée. Pour le président Musharraf, la société pakistanaise n’est pas démocratique parce que fondée sur l’héritage des structures coloniales. Elle doit donc être transformée lentement afin de pouvoir exercer sa liberté politique. On opposera l’interview des routiers (21e-24e min) et celle de la jeunesse dorée pakistanaise (27e min) pour montrer le fossé qui sépare la société pakistanaise : une minorité, éduquée, anglophone, qui profite des retombées économiques produites par la politique de Musharraf et une majorité pauvre qui se tourne, par fidélité tribale, vers le vote islamique. Le statut des femmes pourra être évoqué, à travers la controverse passionnante entre la réalisatrice et les chefs tribaux (37e min): la démocratie peut-elle être l’affaire de tous ou de la minorité masculine qui décide au nom des lois coraniques? Cette organisation tribale est-elle vraiment revendiquée par l’ensemble de la population, ou est-elle, comme le suggère un intervenant, encore imposée par la force? • Un pouvoir controversé. Le pouvoir détenu par les militaires avec à leur tête le général Musharraf n’a pas reçu la légitimité d’une élection. Pour autant, l’armée est perçue par certains Pakistanais comme un rempart contre l’instabilité des partis politiques et la fragilité des Premiers ministres successifs. Certains réclament même davantage d’autoritarisme de la part du président pour imposer aux tribus et aux extrémistes musulmans les transformations démocratiques. D’où la question centrale du reportage: la démocratie au Pakistan ne peut-elle naître que d’un régime personnel craint et durable? Ce documentaire sera diffusé deux jours après les élections présidentielles pakistanaises du 6 octobre, auxquelles se présente le général Musharraf (contrairement à ce qu’il laisse entendre dans l’interview), et alors même qu’il vient de promettre, dans une concession de dernière minute, d’abandonner la direction des armées s’il est élu.

Peut-on refuser la démocratie ?

> À partir d’Au nom de Dieu, du tsar et de la patrie, étudier les fondements de l’ultranationalisme en Russie. • «Avec Dieu, la démocratie n’existe pas.» On s’appuiera sur le sermon de Morozov sur la démocratie (16e-20e min) pour analyser l’idéologie politique de

l’ultranationalisme: le monde (russe) est par nature hiérarchisé et soumis à une autorité suprême («Dieu est dans le ciel, le tsar est sur la terre»); vouloir transformer cet ordre du monde avec plus d’égalité de liberté, donc de démocratie, c’est aller à l’encontre de l’essence du peuple russe et de la volonté de Dieu. On pourra utilement rapprocher ce discours contemporain des textes habituellement utilisés en 4e ou en 2de sur la remise en cause de la société d’ordre de l’Ancien Régime. • Le retour de la «Grande Russie». En s’appuyant sur le dialogue entre le vice-président de la Douma, Sergueï Babourine, et les députés vénézuéliens (27e-30e min), on dégagera les «symptômes» avancés par les nationalistes russes dans leur dénonciation des maux de la Russie : les errements de l’expérience démocratique entamée par la perestroïka de Gorbatchev et poursuivie par Eltsine ; l’abandon des frontières «naturelles» de la grande Russie tsariste puis soviétique; l’hostilité du front des démocraties occidentales mené par les ÉtatsUnis. En lieu et place d’une démocratie, Babourine défend «l’alliance du sabre et du goupillon» (défilé commun du clergé orthodoxe et des parachutistes sur la place Rouge), propose un front antiaméricano-européen avec l’Iran et le Venezuela, et inscrit dans le programme de son parti des mesures de préférence nationale en matière d’économie et de contrôle accru dans l’octroi de la nationalité russe. • Le succès politique de l’extrême droite. On analysera la personnalité de Sergueï Babourine, ancien fondateur de Rodina – regroupement de mouvements nationalistes qui avaient fait leur entrée à la Douma en 2003 – vice-président de ce parlement et mentor de Morozov. On rappellera les ambitions affichées de ces nationalistes: dirigeant d’un nouveau mouvement «L’Union du Peuple», Babourine espère être un des vainqueurs des élections législatives de la fin 2007, en s’appuyant sur la bienveillance de Vladimir Poutine.

Démocratie ou démagogie ?

> À partir de Votez pour moi !, montrer comment les enfants découvrent les dessous de la pratique démocratique dans une société chinoise encore très encadrée par le Parti. NB : Ce film peut s’adresser au plus jeune public des élèves de 6e qui en tireront profit dans le cadre de l’éducation civique, ou de 5e dans la cadre de la géographie. • Faire campagne. La démocratie n’est pas que le vote. C’est aussi la candidature. Comment convain-

cre et gagner une élection, telle est l’expérience proposée à trois enfants d’une école de Wuhan lors de la désignation du délégué de classe. On fera réfléchir les élèves sur la meilleure des trois stratégies que développent chacun des jeunes candidats pour obtenir les suffrages de leurs camarades, et l’efficacité de chacune d’entre elles: l’assurance de soi et la certitude de la victoire (Cheng Cheng), la politique des petits cadeaux (Luo Lei), la sincérité et l’humilité (Xu Xiaofei). Pour qui, eux, auraient-ils voté? Que penser de l’issue du scrutin et de la victoire de Luo Lei, le plus «généreux», mais aussi le plus autoritaire? • L’école primaire chinoise. On montrera combien le rôle de délégué de classe est influencé par le fonctionnement du parti communiste chinois (faire respecter la discipline, encadrement quasi militaire, mise en avant de l’exemplarité, etc.). On insistera également sur les séances de gymnastique «patriotique» et collective pour montrer en quoi cette éducation valorise encore l’uniformisation de la masse. • Le reflet de la société chinoise. On insistera sur le degré d’implication très fort des parents dans la campagne électorale de leur enfant en le reliant avec le poids de l’enfant unique dans les familles chinoises. La tristesse des perdants de l’élection, bien naturelle, s’accroît encore du fait de la déception qu’ils pensent causer à leurs parents. On rappellera les principes de cette politique de limitation des naissances apparue en 1979 et renouvelée en 2002 qui, dans des villes comme Wuhan, reste encore très coercitive. Parallèlement, on montrera au passage les inégalités de cette société en insistant sur le peu de pouvoir d’une mère divorcée (Xu Xiafei) face à un couple de policiers, membres du Parti (parents de Luo Lei). „

Pour en savoir plus • Démocratie, democracy. Une série documentaire d’Annabelle Cayrol et Yvon Gérault distribuée par le SCÉRÉN-CNDP. Vidéa films, La Cinquième, 2000. VHS : 6 x 26 min. http://www.cndp.fr/Produits/ • Le cycle « Démocratie… pour tous ? » est aussi présent sur Internet. Hébergé en Afrique du Sud à la Maison de la démocratie, créée à cette occasion, le site Whydemocracy.net, disponible en version espagnole et anglaise, permettra de poursuivre le débat grâce des pages d’actualités, des rubriques éducatives et des forums de discussion. http://www.whydemocracy.net

>>> Madame la présidente, de Daniel Junge et Siatta Scott Johnson. Après deux décennies de guerre civile, l’élection d’Ellen Johnson Sirleaf a fait renaître l’espoir au Liberia. (56 min) Mercredi 10 octobre, 22 h 35 Sur les traces de Gandhi, de Lalit Vachani. Que reste-t-il en Inde des idéaux démocratiques de Gandhi ? (52 min) Jeudi 11 octobre, 22 h 35 Égypte, on te surveille, de Leila Menjou et Sherief Fahmy. Sur Internet, trois Égyptiennes pointent les dérives du pouvoir et sensibilisent leurs compatriotes au respect des libertés individuelles. (1 h) Vendredi 12 octobre, 22 h 10 Le Candidat kamikaze, de Kazuhiro Soda. Combien de courbettes doit exécuter un politicien japonais pour augmenter ses chances d’élection ? (52 min) Samedi 13 octobre, 17 h 40 Révolution, es-tu là ?, de Rodrigo Vazquez. En Bolivie, l’arrivée au pouvoir de l’Indien Evo Morales a suscité d’immenses attentes. Mais les résultats tardent. (52 min) Lundi 15 octobre, 23 h 45 Sacrées caricatures, de Karsten Kjaer. La publication de douze dessins a suffi à attirer sur le Danemark le courroux du monde musulman. (1 h) Mardi 16 octobre, 20 h 45

Une Convention mise à mal Fiche de travail Les conventions de Genève demeurent le texte de référence en matière de traitement des prisonniers. Toutes les grandes démocraties s’y réfèrent. Or le documentaire Un taxi pour l’enfer montre que l’administration américaine en a détourné la lettre et l’application au sujet des prisonniers afghans. On proposera aux élèves de terminale de confronter le texte de la troisième convention et la réalité en images du traitement des prisonniers en route pour Guantanamo.

Document 1 Une cellule d’isolement de la prison de Bagram en Afghanistan.

Document 2 Extraits de la Troisième Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre (12 août 1949). TITRE I. Dispositions générales Article 3. […] Sont et demeurent prohibés, en tout temps et en tout lieu, à l’égard des personnes [prisonniers de guerre] : a) les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices […] ; c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants ; TITRE III. Captivité Article 17. Aucune torture physique ou morale ni aucune contrainte ne pourra être exercée sur les prisonniers de guerre pour obtenir d’eux des renseignements de quelque sorte que ce soit. […] TITRE VIII. Transfert des prisonniers Article 46. Le transfert des prisonniers de guerre s’effectuera toujours avec humanité et dans des conditions qui ne devront pas être moins favorables que celles dont bénéficient les troupes de la Puissance détentrice dans leurs déplacements. […] Elle prendra toutes les précautions utiles, notamment en cas de voyage par mer ou par la voie des airs, pour assurer leur sécurité pendant le transfert…

Questions 1. Après avoir vu le documentaire, rappelez dans quel contexte historique a été rédigé le document. 2. Quels interdits fondamentaux sont inscrits dans le texte de la Convention ? 3. Décrivez l’image du document 1 et, dans le film, les images des prisonniers afghans enchaînés à un soldat, puis sanglés dans un avion militaire américain avec le drapeau américain à l’arrière (73e min). Avec quels articles de la Convention sont-elles en contradiction ? En quoi la présence d’un drapeau américain sur cette dernière renforce-t-elle le symbole de cette photographie ?