La rééducation - Cndp

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Chez l'enfant dyslexique, la rééducation vise à permettre la mise en place de ... défaillante. Pour les enfants dysphasiques, la rééducation orthophonique doit.
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LES TROUBLES SPÉCIFIQUES DU LANGAGE ORAL ET ÉCRIT

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La rééducation La rééducation des enfants dysphasiques ou dyslexiques est souvent très étalée dans le temps et difficile à gérer pour leur famille. Accompagner son enfant deux à trois fois par semaine chez l’orthophoniste pendant plusieurs années n’est pas si simple ! Pour l’enfant, qui se fatigue vite, cela représente un effort supplémentaire. Il n’y a pourtant pas d’autre façon, en l’état actuel, de rééduquer leur déficience et d’améliorer leur langage, ce qui leur permettra de suivre un cursus scolaire le plus normal possible et d’éviter l’exclusion sociale.

La rééducation orthophonique L’orthophonie est une discipline paramédicale destinée à prévenir et à traiter les pathologies de la voix, de la parole, du langage oral et écrit, de la numération et du raisonnement mathématique. La rééducation orthophonique tient une place très importante dans l’accompagnement des enfants dysphasiques et dyslexiques. Plus elle est précoce, meilleurs seront les résultats. Le bilan orthophonique - L’orthophoniste pratique, sur prescription médicale, un bilan permettant d’évaluer les compétences langagières de l’enfant. Une batterie de tests permet d’apprécier le comportement cognitif et relationnel de l’enfant, d’évaluer ses capacités d’encodage et de décodage linguistiques, ainsi que de mise en correspondance du code oral et du code écrit (lecture, écriture, transcription), de compréhension et de résolution d’un problème mathématique. Le bilan permet de dire si un trouble du langage oral est structurel ou non (c’est-à-dire s’il s’agit d’une dysphasie, dont la rééducation sera longue, ou d’un retard de langage qui évoluera favorablement avant six ans). Le bilan permet également de repérer les circuits déficients, les stratégies compensatrices que l’enfant a éventuellement mises en place (sont-elles efficaces ?), ainsi que le niveau d’automatisation des processus de lecture. À l’issue du bilan, le diagnostic est précisé et un projet thérapeutique est établi. Le compte rendu du bilan est adressé au médecin prescripteur. La rééducation - La précocité d’intervention et la fréquence des séances sont des gages d’efficacité. C’est pourquoi il est très important de signaler aux parents tout trouble de langage chez leur enfant. Pour Brigitte Roy 9, la rééducation orthophonique ne consiste pas à © CRDP de Lyon

PRÉVENTION, RÉÉDUCATION, SCOLARITÉ 71

« apprendre à l’enfant à lire, à écrire, ou à compter, mais à lui donner des façons d’apprendre ». Chez l’enfant dyslexique, la rééducation vise à permettre la mise en place de stratégies de compensation (ou de suppléance), afin d’atténuer au mieux les symptômes, tout en améliorant encore les procédures déjà opérationnelles. Ces stratégies ont souvent besoin d’être réactualisées à chaque étape importante du cursus scolaire (CM 1, sixième, quatrième, seconde)10. Plusieurs méthodes parallèles sont parfois employées. Par exemple, la méthode Borel-Maisonny est fondée sur l’association de chaque graphème avec un geste qui rappelle à la fois la forme de la lettre, et le mouvement fait par la bouche pour prononcer le phonème. La méthode de Gattegno, quant à elle, associe des couleurs aux syllabes, permettant une meilleure individualisation de ces dernières. La conscience phonologique est entraînée si elle est défaillante. Pour les enfants dysphasiques, la rééducation orthophonique doit être, là encore, aussi précoce que possible, intensive (au moins deux fois par semaine) et prolongée. Il ne faut surtout pas retarder la prise en charge orthophonique, sous prétexte que « cela va s’arranger ». Cette perte de temps est préjudiciable à l’enfant. Certains orthophonistes utilisent des pictogrammes ou des méthodes augmentatives, afin d’aider l’enfant à communiquer en dépit de son trouble de langage. En cas de déficit syntaxique important, le marquage de la nature, du genre et du nombre des mots, à l’aide de jetons, est intéressant. L’utilisation de certains logiciels éducatifs11 peut constituer un appoint. Les exercices de repérage spatial, de mémorisation visuelle, de discrimination phonologique et de raisonnement logique qu’ils proposent sont intéressants dans le cadre de la rééducation. La synthèse vocale (retour vocal à partir de la sélection d’une image) constitue également un apport intéressant. Là encore, des exercices portant sur la phonologie sont pratiqués en cas de troubles de cette nature. Les séances sont rapprochées au début (deux à trois séances par semaine), puis leur fréquence est adaptée en fonction des résultats et des difficultés de l’enfant. La prise en charge est longue et se poursuit pendant plusieurs années, souvent au moins jusqu’à l’entrée au collège. Il arrive que l’on propose des périodes d’interruption, afin de laisser se réinstaller une motivation plus importante chez l’enfant. Chez les enfants dysphasiques, le premier objectif est d’améliorer la communication, afin de limiter les risques d’exclusion sociale. Chez les enfants dyslexiques, la rééducation orthophonique fait progresser nettement la lecture, en permettant la mise en place de stratégies de compensation, mais la dysorthographie est peu améliorée et persistera http://www.bienlire.education.fr

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LES TROUBLES SPÉCIFIQUES DU LANGAGE ORAL ET ÉCRIT

toute la vie. Les périodes critiques verront souvent la reprise ou l’augmentation de la prise en charge.

La rééducation psychomotrice

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Le bilan psychomoteur fait partie des investigations conduites devant un trouble du langage oral ou écrit. Chez l’enfant dyslexique, c’est le traitement séquentiel de l’information qui est le plus souvent en difficulté, que les stimuli soient visuels ou auditifs, verbaux ou non verbaux. Ces difficultés peuvent rejaillir sur l’apprentissage des mathématiques. Soulignons que dans les épreuves de répétition de mots ou de chiffres, dans un ordre défini, les enfants dyslexiques semblent autant en difficulté que dans des tâches de répétition de gestes avec les mains, comme l’a montré Monique Plaza12, chargée de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). La difficulté à effectuer un traitement séquentiel semble donc être globale, et non pas liée aux difficultés linguistiques. Par contre, le traitement simultané de l’information est souvent normal ou même supérieur à la normale chez les enfants dyslexiques. Le traitement séquentiel nécessite une attention analytique et la prise en compte séquentielle des éléments (comme une succession), alors que le traitement simultané utilise la logique, et des capacités de classification et de synthèse. Les deux traitements nécessitent la mise en jeu des capacités mnésiques. La rééducation essaie de s’appuyer sur la logique et les capacités de synthèse des enfants dyslexiques, afin de les amener à travailler secondairement le traitement séquentiel. Nous avons signalé que beaucoup d’enfants dyslexiques présentent une dysgraphie associée : ils tiennent mal leur crayon, écrivent sans respecter de ligne de base, forment des jambages irréguliers et amoncellent les ratures. Une rééducation de la dysgraphie peut être entreprise. Nous avons également souligné que certains enfants dysphasiques ou dyslexiques présentent une difficulté de repérage spatio-temporel. Or, l’orientation dans l’espace et dans le temps est nécessaire à la construction du langage ainsi qu’à la pensée catégorielle abstraite (calcul mental par exemple). Certaines erreurs sont secondaires à de mauvais repérages spatiaux (confusion visuelle d/b, ou p/q par exemple), ou temporels (inversion de lettres ou de syllabes). Une rééducation appropriée sera bénéfique. La rééducation psychomotrice fait souvent partie de la thérapeutique pluridisciplinaire entreprise, dans les dyslexies et dans les dysphasies. Elle peut être assurée par des rééducateurs privés (psychomotriciens), ou au sein des CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques). À l’école, ces enfants pourront être aidés par les rééducateurs option G du CAPSAIS (maître G).

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