Le Feu (roman) - le sav de la salle 16

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Le Feu (sous-titré Journal d'une escouade) est un roman d'Henri Barbusse parut ... Ce livre que Barbusse, engagé volontaire en 1914 (il avait alors 41 ans et ...
Une sélection de livres (romans) évoquant la 1ère Guerre mondiale :

Le Feu (roman) Le Feu (sous-titré Journal d'une escouade) est un roman d'Henri Barbusse parut sous forme de feuilletons dans le quotidien L'Œuvre à partir du 3 août 1916 puis intégralement à la fin de novembre 1916 aux éditions Flammarion et ayant obtenu le Prix Goncourt la même année. Ce livre que Barbusse, engagé volontaire en 1914 (il avait alors 41 ans et souffrait de problèmes pulmonaires) 1, tira de son expérience personnelle du front, a été longuement mûri et pensé en première ligne pendant 22 mois dans les tranchées de décembre 1914 à 1916. Barbusse tout au long de l'année 1915 tient un carnet de guerre où il note des expériences vécues, les expressions des poilus, et dresse des listes diverses et variées. Ce carnet servira de base à la composition de son roman dont l'essentiel de l'écriture l'occupera durant le premier semestre 1916 alors qu'il est convalescent à l'hôpital de Chartres puis à celui de Plombières 1. Le roman est découpé en 24 chapitres, qui paraissent d'abord sous forme de feuilletons dans le quotidien L'Œuvre, avant d'être publié par les éditions Flammarion en novembre de la même année et d'obtenir, quelques jours plus tard, le Prix Goncourt Ce roman est considéré comme l'une des toutes premières œuvres littéraires concernant la Première Guerre mondiale. Il fut traduit en anglais sous le titre Under Fire dès 1917 par Fitzwater Wray et publié chez J. M. Dent & Sons.

Les Croix de bois Les Croix de bois est un roman publié par Roland Dorgelès en 1919, inspiré de l'expérience vécue par son auteur durant la Première Guerre mondiale. Pressenti pour l'obtention du Prix Goncourt de 1919, il est finalement devancé par À l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust, qui remporte le prix par six voix contre quatre1. Il obtient toutefois le Prix Fémina.

Explication du titre Le long des chemins du front, on trouvait souvent une ligne à perte de vue de croix de bois, faites à la va-vite, et posées au-dessus des cadavres de soldats allemands et/ou français. Soldats inconnus, jeunes soldats, c’est en leur hommage que Dorgelès écrit ce livre, c’est pour leur souvenir, leur mémoire.

Personnages Jacques Larcher : narrateur, différent des autres, il ne livre jamais ses sentiments mais décrit toujours ceux des autres. Jacques Larcher participe à l'action du récit. 

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Gilbert Demachy : nouveau au front, un étudiant qui vient de finir son droit, coquet au commencement mais finit par devenir le meilleur ami des autres soldats, convaincus par sa gentillesse et son doux caractère. Sulphart : rouennais gouailleur et rouspéteur. Bouffioux : peureux, mais souffre-douleur, il trouve toujours le moyen de ne pas aller au front en exerçant diverses activités à l’arrière. Bréval : le caporal de l’escouade, très sentimental et ne voulant pas blesser les gens.

Un long dimanche de fiançailles est un roman de Sébastien Japrisot paru le 6 septembre 1991 aux éditions Denoël et ayant reçu le Prix Interallié la même année. Ce roman a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Jeunet et le scénariste Guillaume Laurant avec le film du même nom en 2003. RESUME Dans les premiers mois des années 1917, cinq condamnés à mort pour mutilation volontaire (Kleber Bouquet, Francis Geignard, Benoit Notre-Dame, Ange Bassignano et Jean Etchevery (dit Manech) sont emmenés à Bingo Crépuscule pour être jetés dans le no man's land entre les tranchées allemandes et françaises. La fiancée de Manech, Mathilde, voit le capitaine Esperanza, qui va mourir de la grippe espagnole et qui va lui donner des documents lui permettant de commencer son enquête sur la mort de son fiancé. Mathilde Donnay est une jeune fille handicapée depuis qu'elle est tombée toute petite d'un escabeau. Elle vit avec Bénédicte et Sylvain, ses chats et son chien Pois-chiche dans une grande villa. Elle passe des annonces dans les journaux pour connaître les personnes qui ont été à Bingo Crépuscule. Peu de temps après, elle embauche Germain Pire, un détective privé, qui enquête avec elle en échange de tableaux et d'argent. Elle reçoit aussi l'aide de Célestin Poux, qui a connu Manech. A la fin Germain Pire retrouve Manech, qui a reçu sans savoir l'identité de Jean Desrochelles par un échange de plaque-matricule. Il vivait avec Juliette Desrochelles depuis 7 ans. Il est amnésique et ne reconnaît pas Mathilde.

La chambre des officiers, Marc Dugain Le livre de Marc Dugain a la particularité de nous parler de la première guerre mondiale qui a suscité moins de polémique que la suivante. Ce récit est original, surprenant et surtout émouvant. L’auteur parle d’un jeune français, Adrien, âgé d’une vingtaine d’années qui est appelé au front en 1914. Lors d’une reconnaissance sur le terrain, un obus s’écrase près de lui. A son réveil, il n’a plus de visage. Il est défiguré. Adrien ne vivra pas la guerre à la première place, dans les tranchées, mais dans un hôpital militaire dans un service réservé aux mutilés du visage. Il va mener son propre combat en découvrant son nouveau visage et en vivant lui-même la guerre par ces victimes. Un lien d’humanité se crée entre les sentiments profonds d’amitiés, de regard, de présence qui sera inoubliable. A travers cette reconstitution, on découvre une autre vision du massacre. On ne s’attend pas à suivre un jeune blessé durant sa convalescence et sa redécouverte, mais plutôt à un roman historique. On ressent toute la tragédie humaine d’une guerre. Le destin malheureux d’Adrien est bouleversant. On se glisse dans la peau du personnage et l’on arrive à imaginer toute la douleur ressentie. Comment peut-on vivre avec un tel visage ? Quelle serait notre réaction ? Autant de question qui subsiste. Il faut réapprendre à vivre avec le regard des gens et surtout s’accepter. Marc Dugain raconte la destinée tragique de son grand-père en l’imposant comme narrateur du roman. Il ne nous appelle pas à la pitié ni à la comparaison, mais plutôt à l’admiration devant autant de courage et d’humanisme. C’est une vraie leçon de vie…

QUATRE SOLDATS Hubert Mingarelli Edité en France aux Editions du Seuil en Janvier 2003 L'épure de l'écriture des romans de Mingarelli me fait penser aux estampes japonaises. Très peu de mots, pas de couleurs vives, et beaucoup de délicatesse. "Quatre soldats" se passe lors de la première guerre mondiale, en 1919. C'est l'hiver, il fait rudement froid, et les compagnies de l'armée russe se réfugient dans les bois avant que reprennent les batailles, au printemps. Là, quatre hommes vont créer une petite cellule de chaleur, de soutien, d'amitié. Comme un temps suspendu dans leur destin de soldats. Pour repousser ou oublier la mort qui les attend presque à coup sûr, ils tissent pendant quelques mois des liens fraternels. Le hasard, presque, les a rassemblés. Il y a Pavel, un peu plus culotté et débrouillard que les autres. Quand il faut prendre une décision, ou qu'on a besoin d'explications, c'est Pavel qu'on interroge du regard. Il y a Kyabine. Très grand, très fort, et très naïf. On le taquine pour le plaisir d'entendre sa voix de tonnerre. Il y a Sifra, c'est le plus jeune et le plus doux de tous, il ne dit pas grand chose, mais son regard est bon, attentif. Et le dernier c'est Evdodkim, il doit avoir 17 ans tout au plus, et il devient vite "le gosse Evdokim". Ils apprennent à compter les uns sur les autres. Dans la cabane puis dans la tente, au milieu desquelles brûle un poêle savamment installé (il ne s'agit pas de se réveiller dans une cabane en feu) qui réchauffe leurs nuits glaciales, ils partagent les parties de dé, les couvertures, les nuits où certains font des cauchemards et comptent pour se rassurer sur la silencieuse présence des autres. Il y a aussi les cigarettes qu'ils parient ou échangent contre une corvée. Le thé, moment intense, si rare qu'on le garde en bouche jusqu'à ce qu'il tiédisse avant de l'avaler, pour prolonger le plus longtemps possible le réconfort qu'il apporte. Quelques rites viennent illuminer le quotidien, et leur donner un semblant d'espoir. Une montre qu'ils portent contre eux, à tour de rôle, objet doublement précieux parce qu'il contient à l'intérieur la photo d'une belle inconnue qu'ils embrassent passionnément avant de s'endormir, pour qu'elle porte chance. L'étang, découvert lors d'une ballade, qui offre chaque jour un havre de paix préservé, comme en dehors du monde. Là, c'est le repos, des baignades, quelques rires... l'attente et l'angoisse de la mort estompées grâce à l'échange, à l'amitié lumineuse. Aux trois premiers hommes est venu se joindre Evdokim, le plus jeune, qui note sur un carnet "ce qu'il voit". Les trois autres, qui ne savent pas écrire, restent autour de lui, lorsqu'il écrit dans son carnet. Ils réclament au jeune soldat de raconter ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont vécu, rien ne doit être oublié, tout doit être consigné, chaque après midi de pêche au soleil, chaque partie de dé. Chacun de leurs derniers souvenirs lumineux.

Librio vous propose une série de témoignages exceptionnels, recueillis par Jean-Pierre Guéno auprès des 14 millions d'auditeurs de Radio France.Ces extraits de lettres, de journaux intimes et de récits autobiographiques sont authentiques, tendres et poignants ; ils illustrent notre mémoire collective et rendent à l'histoire sa dimension humaine. Ils avaient dix-sept ou vingt-cinq ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palefreniers, boulangers, colporteurs, ouvriers ou bourgeois. Ils devinrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers...Voyageurs sans bagage, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants, revêtir l'uniforme mal coupé et chausser les godillots cloutés... Sur huit millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de quatre millions subirent de graves blessures... Huit mille personnes ont répondu à l'appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu'ici éparpillées, de ces Poilus. Cet ouvrage en présente une centaine. Des mots écrits dans la boue et qui n'ont pas vieilli d'un jour. Des mots déchirants, qui devraient inciter les générations futures au devoir de mémoire, au devoir de vigilance comme au devoir d'humanité.

Une sélection de B.D évoquant la 1ère Guerre mondiale :

Une sélection de livres (romans) évoquant la 2ème Guerre mondiale :

Résumé du livre Paru aux Etats-Unis en 1981, 'La Vague' est un best-seller, vendu à 1, 5 million d'exemplaires en Europe. Il fait maintenant partie des manuels scolaires dans les écoles d'Allemagne. 'La Vague' est basé sur une expérience réelle de cinq jours, menée pendant un cours d'histoire dans un lycée de Californie. Alors qu'ils étudient la Seconde Guerre mondiale, les élèves s'interrogent sur la facilité avec laquelle le peuple allemand a suivi Hitler et les nazis. Leur professeur d'histoire décide alors d'appliquer certains principes du nazisme et ainsi donner à sa classe le sentiment d'appartenir à une élite : 'Le pouvoir par la discipline ! Le pouvoir par la communauté ! Le pouvoir par l'action !' La Vague est basé sur une expérience qui s'est réellement passée aux Etats-Unis dans les années 70. Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d'histoire, crée un mouvement expérimental au slogan fort : " La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l'Action ". En l'espace de quelques jours, l'atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, luimême totalement pris par son personnage. Quel choc pourra être assez violent pour réveiller leurs consciences ? Au lycée Gordon, il y aura un avant et un après la Vague. La Vague est le récit hallucinant de cette expérience qui rappelle les heures les plus sombres de notre Histoire. Ce roman a été publié aux États-Unis en 1981. Il a déjà été vendu à plus d'un million d'exemplaires en Europe, et sera prochainement porté à l'écran en Allemagne.

Journal d'Anne Frank Le Journal d'Anne Frank est un livre composé d'extraits d'un journal tenu par Anne Frank, une jeune juive allemande exilée aux Pays-Bas, lorsqu'elle se cache pendant deux ans avec sa famille au cours de l'occupation des Pays-Bas par l'Allemagne nazie. Le journal s'achève quelques jours avant l'arrestation de la famille Frank, en 1944. Anne Frank meurt du typhus dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Son journal est récupéré par Miep Gies dans l'Annexe, après l'arrestation des Franck. Plus tard, Miep Gies donne le journal d'Anne Franck à son père, Otto Frank, seul survivant de la famille, qui le publie par la suite. Publié la première fois sous le titre Het Achterhuis: Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (L'Annexe: notes de journal du 12 juin 1942 – 1er août 1944) par Contact Publishing à Amsterdam en 1947, il recueille un succès critique et populaire d'ampleur mondiale lors de sa traduction en anglais sous le titre Anne Frank: The Diary of a Young Girl (Anne Frank: Le Journal d'une Jeune Fille) par Doubleday & Company (États-Unis) et Vallentine Mitchell (Royaume-Uni) en 1952. Sa popularité inspire en 1955 la pièce Le Journal d'Anne Frank, mise en scène par Frances Goodrich et Albert Hackett, et ultérieurement adaptée par les mêmes à l'écran pour une version filmée en 1959. Le livre est considéré comme l'un des piliers de la littérature de la Shoah et l'une des œuvres-clés du vingtième siècle. Le Journal d'Anne Frank est classé à la 19e place des 100 meilleurs livres du XXe siècle. Plus de 25 millions d'exemplaires du livre ont été vendus et il est traduit dans plus de 50 langues 1,

« Si c'est un homme » est un récit autobiographique de Primo Levi, écrit entre décembre 1945 et janvier 1947 Ce livre raconte l'expérience de son auteur dans le camp d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. Primo Levi explique, à partir de son quotidien dans le camp, la lutte et l'organisation pour la survie des prisonniers. Tout au long de ce récit, il montre les horreurs de la déshumanisation des camps. Ce témoignage est considéré comme un des meilleurs témoignages sur la Shoah, car contrairement à d'autres récits, Primo Lévi ne raconte pas la vie des camps de manière linéaire mais l'explique sur un ton neutre et dépassionné presque à la manière d'un sociologue.

Effroyables Jardins 'Effroyables Jardins' est un roman de Michel Quint, publié en 2000, et un film français réalisé par Jean Becker et sorti sur les écrans en 2003. Dans les années 1950, Jacques, un instituteur de province, se rend en famille, comme tous les ans, dans la petite ville où il a vécu la période de l'occupation pour y faire un numéro de clown. Quand André, le grand ami de Jacques, se rend compte que le fils de celui-ci ne s'amuse pas beaucoup pendant le spectacle, il lui raconte leur histoire qui a provoqué cette vocation de clown. On revient alors sur la période de la fin de l'occupation allemande en France. À Douai, Jacques et André sont de bons amis, avec la belle Louise qui s'occupe d'un petit café que les deux hommes fréquentent. Sur une impulsion, ils vont commettre un acte de résistance dérisoire. Mais cet acte va leur donner envie de plus grande ambition, d'autant plus qu'il s'agit pour les deux "rivaux", de séduire Louise, ils vont donc faire exploser un poste de commande d'aiguillage ferroviaire. Pour cela, André placera l'explosif pendant que Jacques attirera l'attention du gardien, ce qu'il fera à l'aide d'un lance-pierre et de grimaces. Malheureusement, le poste de commande n'était pas vide, et le vieux cheminot présent ne s'en tire pas très bien. Mais les deux hommes ne vont le savoir que plus tard. Le soir même, le trio fête sa "victoire" autour d'un cassoulet. Les Allemands font alors irruption et prennent les deux hommes, ainsi que plusieurs autres personnes du village pour faire un groupe de quatre otages qui seront fusillés si les auteurs du méfait ne se dénoncent pas. Pour prison, ils sont jetés dans un puits argileux situé sur une carrière. Leurs compagnons d'infortune ne les croiront même pas quand ils leur avoueront être les coupables. Pour les sauver, il ne leur reste que la pitié du cheminot qui est mourant sur un lit d'hôpital et qui va prétendre être le responsable de l'explosion, mais aussi un soldat allemand qui, plein d'humanité et d'humour, les aidera à surpasser ce moment grâce à ses clowneries qui lui vaudront la mort... Au retour dans la salle de spectacle, le petit garçon voit d'un autre œil son père refaire les clowneries de ce soldat allemand et comprend ainsi le sens de cette vocation, qui est loin de paraître aussi ridicule qu'il le pensait.

L'Enfant de Noé est un roman de l'écrivain français Éric-Emmanuel Schmitt, le quatrième volet du « Cycle de l'Invisible », paru en 2004 aux Editions Albin Michel. Synopsis En 1942 en Belgique, Joseph, 7 ans, est le fils unique d'une famille juive menacée de déportation. Pour sa protection, il est confié au père Pons, petit curé de campagne, un « juste » qui, avec l'aide de villageois, sauve des enfants en cachant leurs identités et plus particulièrement avec l'aide de mademoiselle Marcelle, une pharmacienne d'origine néo nazie qui fait de faux papiers aux enfants juifs dont le père Pons s'occupe. Avec lui et le jeune Rudy, le petit Joseph va découvrir l'amitié, mais aussi et surtout la valeur d'une culture à transmettre. Car le père Pons ne se contente pas de sauver des vies ; tel Noé, il essaie aussi de préserver leur diversité, en collectant des objets appartenant à une culture menacée de destruction. Ce livre est très touchant.

Des hommes ordinaires Le désormais classique de Christopher Browning : "Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution Finale en Pologne". 1994 : Les belles lettres. Une exploration de la banalité du mal chez les exécutants de la Solution Finale lors des opérations menées par l'Allemagne nazie en territoire russe à partir de fin 1941. Par Katia Szwec (HistoireGéographie) Introduction Qui sont les participants "de la base", les exécuteurs, de la Solution finale ? Comment ces hommes sontils devenus des meurtriers en masse ? Telles sont les questions posées par l'historien américain Christopher Browning au début de son ouvrage.

S'appuyant sur les témoignages de 125 hommes du 101e bataillon de police régulière recueillis par la justice d'Allemagne fédérale à l'occasion de l'enquête judiciaire dont cette unité fut l'objet au cours des années 1960, Christopher Browning a reconstruit, analysé et interprété l'action meurtrière de ce bataillon qui a opéré en Pologne de juillet 1942 à novembre 1943. Le 101e bataillon de police ordinaire (Ordnungspolizei), par sa participation à l'opération Reinhardt, porte la responsabilité de la mort directe ou indirecte de 83 000 Juifs.

Thèmes de l'ouvrage : Les hommes du 101e bataillon L'histoire du 101e bataillon dirigé par le commandant Trapp illustre le déroulement de l'opération Reinhardt. Il participe en effet à toutes les phases du massacre de masse des Juifs de Pologne, de juillet 1942 à novembre 1943 : encadrement des convois pour les centres de mise à mort (ch.4), regroupement des victimes dans les ghettos et les camps de transit, évacuation des ghettos et déportation vers Treblinka (ch.10 et 12), participation aux mises à mort et massacres à grande échelle (ch. 7, 9, 11, 15), traque et élimination systématique de tous les Juifs ayant échappé aux rafles (" chasse aux Juifs ", ch.14). Le travail de reconstruction et d'analyse de Browning montre qu'à l'improvisation des débuts, constatée et critiquée tant par les officiers du bataillon que certains policiers, succède progressivement une rationalisation des massacres, par souci d'efficacité et de rapidité. Ainsi le 101e bataillon de réserve de la police s'intègre-t-il dans le programme d'extermination du judaïsme européen : la " Solution finale " fut une entreprise où toutes les forces allemandes eurent leur rôle, y compris la police de maintien de l'ordre.Dans cette entreprise d'assassinat systématique, l'histoire du 101e bataillon permet d'éclairer le comportement, non des " apôtres noirs " (SS et autres membres du NSDAP), mais des hommes de " la zone grise " (pour reprendre une expression de Primo Levi), d'hommes moyens qui se sont transformés en tueurs, en " tueurs ordinaires ". Car l'étude sociologique de ce groupe de 500 hommes met justement en évidence la " banalité " de ces hommes (ch.5). D'âge plutôt élevé (39 ans en moyenne), originaires de Hambourg, une des villes les moins nazifiées d'Allemagne, ce sont des réservistes, des rappelés, issus le plus souvent des basses couches de la société allemande. Peu appartiennent à la SS (aucun parmi les hommes du rang, 7 sur 32 sous-officiers), un quart de l'effectif appartient au NSDAP. Par leur âge et leur origine sociale, ces hommes ont par ailleurs connu d'autres normes morales et politiques que celles du nazisme. Bref des hommes " ordinaires " qui ne sont ni des SS, ni des fanatiques endoctrinés. Des hommes d'une unité non pas formée dans le but de participer à l'extermination du judaïsme européen, mais qui y a participé parce qu'elle était disponible.

"Ordinaires", ils se sont pourtant retrouvés au cœur de la Solution finale, et, lorsque leur fut offerte la possibilité de se soustraire aux actions, au cours desquelles la tuerie se fait d'homme à homme, à bout portant, seuls 10% d'entre eux refusèrent, d'autres, peu nombreux, tentèrent de ne pas participer aux exécutions, en tirant à côté des victimes ou en se faisant affecter à la surveillance. La banalité du mal Quels mécanismes conduisent à la " banalisation du mal " qui transforme des hommes ordinaires en tueurs ? Comment se prépare l'accoutumance au massacre ? Au terme de quel processus intellectuel et psychique se déroule cet engrenage? De l'analyse détaillée de Christopher Browning ressortent quelques facteurs explicatifs dominants (ch.18).Ces atrocités ont pu être commises car elles relèvent d'une politique gouvernementale officielle. Les massacres sont en effet décidés, organisés et planifiés par les plus hautes autorités de l'Etat. Ils sont donc perpétrés non à l'occasion de déchaînements de violence générés par la guerre, mais au nom de la Loi. Les policiers du 101e bataillon ont donc le sentiment de se soumettre à la Loi, d'obéir aux ordres, rejetant ainsi toute forme de responsabilité individuelle et de culpabilité personnelle.

La soumission à la loi est, par ailleurs, légitimée par l'endoctrinement. Celui-ci participe à la suppression de toute résistance au meurtre et à l'effacement de la culpabilité. Ainsi la politique d'exclusion des Juifs, mise en œuvre de façon graduée à partir de 1933, conduit-elle à considérer que les Juifs sont hors humanité. L'amalgame, l'identification du Juif à l'ennemi, qui aboutit à la déshumanisation de l'autre, contribue à la distanciation psychologique, et facilite la tuerie : le fait que les Juifs ne soient pas des hommes légitime la possibilité de les tuer. Sans être la cause des massacres, l'anéantissement de tout esprit critique et le martelage idéologique pendant le IIIe Reich ont cependant facilité l'accommodation au meurtre de masse. Les aspects bureaucratiques et administratifs de la tâche à effectuer favorisent également la distanciation. Par la division du travail d'extermination, la collaboration avec d'autres unités, le

déplacement de la tuerie vers les camps d'extermination, les tâches sont segmentées. Les hommes perdent alors pratiquement tout sentiment de responsabilité dans ces actions meurtrières : les responsabilités sont diluées.

Enfin, si 80 à 90% des hommes ont tué c'est aussi par conformisme, par logique grégaire, parce qu'ils ont cédé à la pression du groupe. Refuser de participer aux massacres, c'est commettre une action " asociale " (p.243), rompre les liens de camaraderie, et donc risquer l'isolement, le rejet du groupe qui constitue le seul lieu de sociabilité pour ces hommes. Epilogue En 1948, la Pologne a jugé et condamné quelques responsables du 101e bataillon de réserve de la police, notamment le commandant Trapp (condamné à mort). Mais seule l'accusation de meurtre contre 78 Polonais tués en représailles fut retenue : les 83 000 victimes juives n'intéressèrent pas les juges. En Allemagne fédérale, sur les 210 anciens membres de l'unité interrogés, 14 furent inculpés. Au terme de longues procédures, au début des années 1970, deux furent condamnés à de légères peines de prison, d'autres furent condamnés mais leur peine ne fut pas prononcée. Intérêt de l'ouvrage Ainsi, Christopher Browning montre-t-il que la soumission aveugle à la Loi, l'obéissance à l'Autorité légitimée par l'idéologie et l'endoctrinement, et le souci de conformité au groupe constituent des facteurs du crime qui peuvent conduire des hommes ordinaires à devenir des assassins selon les circonstances. Il révèle ainsi l'aptitude ordinaire des hommes à une extraordinaire inhumanité, souligne la banalité des assassins comme la banalisation du mal.