Epreuve HDA Picasso Guernica

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Epreuve orale d'histoire des arts – 2010/2011 sujet : peinture. Sujet : Picasso « Guernica » 1937 Technique Huile sur toile Dimensions (H × L) 349,3 cm × 776,6  ...
Epreuve orale d’histoire des arts – 2010/2011 sujet : peinture Sujet : Picasso « Guernica » 1937 Technique Huile sur toile Dimensions (H × L) 349,3 cm × 776,6 cm Localisation Musée Reina Sofía, Madrid

Pablo Ruiz Picasso, né à Málaga, Espagne, le 25 octobre 1881 et mort le 8 avril 1973 à Mougins, France, est un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol[1] ayant passé l'essentiel de sa vie en France. Artiste utilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque et un compagnon d'art du surréalisme. Il est l'un des plus importants artistes du XXe siècle tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques. Picasso, encouragé par son père qui lui accorde toute confiance, peint ses tout premiers tableaux à l'âge de huit ans, son préféré étant le Petit picador jaune(1889), sa première peinture à l'huile, dont il refusera toujours de se séparer. La période bleue correspond aux années 1901-1904 : ce nom vient du fait que le bleu est la teinte dominante de ses tableaux de cette époque, qui a débuté avec le suicide de son ami espagnol Carlos Casagemas, ce qui explique qu'elle soit marquée par les thèmes mélancoliques de la mort, de la vieillesse, et de la pauvreté, mais ne l'empêche pas d'être satirique. Durant ces années, Picasso peint des pauvres, des mendiants, et des aveugles, sous forme de personnages souvent étirés et faméliques inspirés des tableaux du Greco que Picasso étudie à cette époque et qui l'influencent fortement. À partir de 1905, il s'installe à Paris, au Bateau-Lavoir, dans l'atelier laissé par Paco Durrio. Là, il rencontre sa première compagne : Fernande Olivier. C'est le début de la période rose. Comme précédemment, c'est l'utilisation des teintes « rougées » qui explique cette dénomination. Les thèmes abordés sont la joie et l'inquiétude existentielle. Il reste mélancolique et dominé par l'amour ; on y trouve aussi de nombreuses références au monde du zoo et du cirque. Il peint des masques, arlequins, dompteurs et clowns. Picasso privilégia pendant cette période le travail sur le trait, le dessin, plutôt que sur la couleur... C'est aussi l'époque des maternités roses. De 1907 à 1909, Picasso est sous influence de l'art africain, notamment de l'art congolais. Cette période est marquée au début par les deux figures du côté droit des Demoiselles d'Avignon qui ont été en partie inspirées par les masques africains que Picasso possédait. De 1907 à 1914, il réalise avec Georges Braque des peintures qui seront appelées « cubistes ». Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu'un objet n'est pas représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Le cubisme consiste aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace. Picasso décompose l'image en multiples facettes (ou cubes, d'où le nom de cubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans des figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié de face, et sur l'autre de côté). Cette technique, initiée par Picasso et Braque, fit de nombreux émules tels que Juan Gris, Francis Picabia, Brancusi, les Delaunay, Albert Gleizes. Les premiers collages et les premiers assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). Trois formes de cubisme émergent : le précubisme, ou cubisme cézannien, le cubisme analytique et le cubisme synthétique. Pendant la période des années 1920, dans un climat de reconnaissance mondaine, il peignit des tableaux marqués par un retour à la figuration et au classicisme : Trois Femmes à la fontaine (1921), et des œuvres inspirées par la mythologie comme les Flûtes de Pan (1923). L’année 1925 fut celle d’une rupture radicale dans la production du peintre. Il peignit des tableaux très violents montrant des créatures difformes, convulsives, prises dans les rets d’une rage hystérique. L’influence des poètes surréalistes fut indéniable dans cette volonté de dépeindre de l’intérieur l’enfer personnel. Cependant il adoptait une approche plus pragmatique que celle du « rêve calqué sur la toile » des surréalistes. Le 25 mars 1936 voit le départ secret de Picasso avec Marie-Thérèse et Maya pour Juan-les-Pins. Il fait des gouaches et des dessins sur le thème du Minotaure. Cette même année, au début de la Guerre civile espagnole, il est nommé directeur du Musée du Prado à Madrid. Après la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l'indique le titre d'un tableau de 1946, la Joie de vivre qu'il ressent alors. Picasso adhère, le 5 octobre 1944, au Parti communiste français (PCF) et publie un article dans l'Humanité le 29-30 octobre 1944 intitulé « Pourquoi j'ai adhéré au parti communiste » dans lequel il explique que son engagement personnel date de la période de la Guerre d'Espagne, renforcé par la lutte des résistants communistes français durant la guerre qui vient de s'achever, et qu'il ne lui suffit plus de lutter avec ses peintures « révolutionnaires » mais de

« tout [lui]-même » adhérant à l'idéal communiste de progrès et de bonheur de l'homme. Très opposé à la guerre, Picasso peint la célèbre Colombe de la paix (1949) à l'occasion de son adhésion au Conseil Mondial de la Paix. Il reçoit à ce titre un prix international de la paix en 1955. L'attrait pour les colombes chez le peintre remonte à son enfance, où son père utilisait des pigeons comme modèles que Picasso allait jusqu'à emporter avec lui à l'école. De 1956 à 1970, Picasso joue avec l’emprunt et la citation en s’appropriant des œuvres comme « les minimes » de Vélasquez ou « le déjeuner sur l’herbe » de Manet. Picasso décède le 8 avril 1973 d'une embolie pulmonaire et est enterré dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône sur le choix de Jacqueline Picasso et Paulo Picasso après que la mairie de Mougins a refusé l'inhumation sur sa commun.

Correction : 1) Introduction – Présentation de la peinture → C’est une image présentant une œuvre de Pablo Picasso intitulée « Guernica » de 1937, peinture à l’huile. À la suite du bombardement de Guernica, le 26 avril 1937 pendant la guerre civile espagnole, horrifié par ce crime, Picasso se lance dans la création d'une de ses œuvres les plus célèbres : Guernica et il dit: « Cette peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. ». Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes, causée par le bombardement des avions nazis à la demande du général Franco. La légende veut qu'à Otto Abetz, ambassadeur du régime nazi à Paris, qui lui aurait demandé devant une photo de la toile de Guernica, un peu indigné lors d'une visite à son atelier : « C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu : « Non… c'est vous » 2) Description et analyse Guernica est d'une taille imposante (349 3 cm x 777 6 cm). C'est une peinture à l'huile, globalement vue en noir et blanc (en fait aux couleurs peu nombreuses : du gris-noir barré de jaune et blanc). Elle représente une scène de violence, de douleur, de mort et d'impuissance dont la cause n'est pas représentée explicitement dans la série des études préparatoires du premier jour (le 1er mai 1937) conservées au Musée de la Reine Sofia à Madrid : les flammes causées par les bombes ne sont pas encore présentes sur les toits des maisons et les premiers dessins semblent évoquer une simple querelle entre des chevaux et des taureaux qu'une femme, tendant au bout de son bras une lampe à pétrole, chasse de la place du village par ses cris. Une étude récente montrerait cependant que la toile achevée serait reliée dès ses premières esquisses aux travaux précédents de Picasso sur la Minotauromachie (1930-1937) : le taureau présent sur le tableau n'étant plus que l'avatar du Minotaure et son regard celui du monstre mythique qui a joui de son forfait, le viol d'une jument qui représente symboliquement d'après Picasso lui-même, le peuple espagnol. Quand il aura connaissance au cours de la journée du premier mai 1937 des photographies de Guernica en flammes publiées par les journaux, il intègrera le bombardement dans son œuvre comme une conséquence de ce viol, idée première de la construction, en rajoutant par surimpressions successives, les effets désastreux que le machisme effréné peut avoir sur l'humanité : un cortège de massacres et de villes en flammes. Ni Picasso ni le monde ne seront plus pareils après Guernica. Le choix d'un effet global de noir et blanc évoque les photos de guerre : Picasso vivait en France depuis 1900 mais son cœur espagnol a été profondément choqué quand il a appris par la presse que Guernica avait été bombardée. Le noir et blanc du tableau résulte également des photographies prises lors de la longue élaboration de l'œuvre par la compagne de Picasso, Dora Maar, photographe surréaliste, qui apportait régulièrement au peintre dans son atelier de la rue des Grands-Augustins, les clichés des états successifs de l'œuvre. Picasso consultait les états antérieurs de sa toile pour modifier la peinture par une nouvelle balance des blancs et des noirs pour que Guernica apparaisse comme un immense poster compréhensible par tous, dénonçant le crime contre l'humanité qui venait de se produire. Ainsi, dans le pavillon de la République espagnole de l'Exposition Universelle, Picasso put exposer une critique des totalitarismes qui étaient intervenus militairement dans la guerre d'Espagne, juste à côté de leurs pavillons monumentaux, instruments de leur propagande.

La figure centrale du tableau est un cheval blessé, une jument plus exactement, dont le corps est marqué par le viol. À gauche, une femme porte son enfant mort et hurle de douleur. Derrière elle, un taureau, impassible, image de la cruauté et de la force brutale qui pourrait symboliser la future dictature de Franco et celle d’Hitler. À droite du tableau, trois femmes désarticulées pleurent ou hurlent dont le personnage de la mère qui reprend le thème du Massacre des innocents de Nicolas Poussin. En fond de tableau, des formes géométriques sombres évoquent des immeubles effondrés. En bas, une tête d'homme et un bras coupé tient une épée brisée signe de la défaite. Seule minuscule trace d'espoir, une main porte une toute petite fleur. En ce qui concerne la lumière, elle semble provenir du haut de la toile créant ainsi une composition pyramide qui englobe le chaos et les corps mutilés et en souffrance. La forme, entre soleil et abat- jour, placée sur la ligne verticale médiane de la toile, n’a qu’un impact symbolique sur les corps représentés. En effet, les ombres et les lumières ne dépendent pas d’une source lumineuse mais elle est plutôt agencée dans l’espace comme un moyen de rendre compréhensible et lisible l’action de la toile. La lanterne serait plus utilisé comme l’objet révélateur du massacre et du drame de Guernica. Dans la composition pyramidale, les corps et le traitement de l’artiste donne une impression de mouvement voire d’agitation malsaine. Les lignes, les pointillés et les ombres portés donnent cette sensation de cassures, de verres brisées qui éclatent littéralement l’espace. L’espace, Picasso le veut frontal pour marquer davantage les esprits du public comme une vitrine de cet événement historique comme étant la vision de l’horreur de cette seconde guerre mondiale, guerre qui n’avait d’ailleurs pas été déclaré en 1937. Le traitement des corps, l’espace qui semble intérieur, la lumière et la composition ont cette volonté de se lire immédiatement sans détour. Picasso voulait sa toile comme « un instrument de guerre » contre les régimes fascistes. « La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la réaction et la mort de l'art. Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. » 3) Interprétation Le « soleil, abat-jour » du haut de la toile, comme je le disais précédemment, a pour vocation à être symbolique. Elle peut suggérer la spiritualité ou plutôt la quête de la spiritualité pour le salut des âmes. En effet, ce soleil, représenté entre œil et abat-jour, montre aspect de la lumière. L’œil peut signifier dieu car étrangement nous pouvons la comparer au dieu Râ de l’antiquité  égyptienne. Tandis que l’aspect abat-jour, renvoyant à nos intérieurs, pourrait traduire l’intériorité des corps et des figures représentées mais leurs quêtes vers un paradis possible. Par exemple, les deux personnages, à droite de l’image, peuvent prétendre à cette interprétation. Celle du haut renvoie à une âme et se dirige vers la lumière. Tandis que celle du bas cherche à capter la lumière soit vers une quête d’espoir ou de respiration soit vers la recherche d’un dieu ou d’un paradis possible. Cette valeur symbolique n’est donc pas révélatrice de l’action de la toile (la lanterne aurait plus cette prétention d’ailleurs) mais plutôt révélatrice du sens et du message de la toile de Picasso. En effet c’est une oeuvre de dénonciation et de protestation contre le bombardement de la ville basque Guernica (qui a donné son nom au tableau), Guernica est une lutte révolutionnaire par la peinture, le manifeste politique de Picasso et l’emblème de la participation du peintre aux drames de son temps : la violence, la barbarie et la guerre. Pablo Picasso rejoint en ce sens Francisco Goya, devenu lui aussi témoin engagé des évènements de son époque (violences et répressions lors de la guerre de 1808). Picasso utilise à ces fins une peinture aux formes dramatiques, aux contrastes violents et aux couleurs peu nombreuses (du gris-noir barré de jaune et

blanc). Cette absence de couleur évoque la mort, à la fois la mort des victimes et la mort de la civilisation. Picasso se sert aussi de symboles empruntés à la mythologie espagnole, le taureau et le cheval ; le taureau c’est la brutalité et le cheval c’est le peuple. Dans la période qui suit les années vingt, Picasso exécute déjà des œuvres tourmentées de corrida qui préfiguraient Guernica et en 1935, dans une eauforte, la « Minotauromachie », il exécute une représentation, aux formes torturées, du Minotaure, annonçant une tension qui se terminera deux ans plus tard dans Guernica.

4) Conclusion – Impact de la peinture Cette œuvre est certainement l’une des œuvres emblématiques du 20ème siècle de part son traitement plastique mais aussi de par son caractère engagé contre les régimes totalitaires. Elle s’inscrit totalement dans l’histoire de l’art à la fois dans la continuité (composition pyramidale, peinture d’histoire, symbole espagnol…) mais aussi dans la rupture (traitement plastique des corps, de l’espace, de la lumière). Cette œuvre montre le point de vue personnel de l’artiste. Elle est une œuvre engagé politiquement et une vision de l’état du monde à cette époque. Elle reste imprimer dans nos mémoires collectives comme une image dénonciatrice et visionnaire de la seconde guerre. Œuvre devenue une référence dans l’histoire de l’art, elle fut empruntée et citée maintes et maintes fois que cela soit dans le domaine des arts mais aussi dans la culture populaire et nos médias contemporains. Des artistes comme Erro ou English qui détournent avec plus ou moins d’humour l’œuvre majeure de Picasso.