5 févr. 2013 ... 05/02/13. Julien Damon, sociologue: "les salariés attendent l'implication des
entreprises en faveur du bien commun".
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Julien Damon, sociologue: "les salariés attendent l'implication des entreprises en faveur du bien commun"
Julien Damon, sociologue: "les salariés attendent l'implication des entreprises en faveur du bien commun" LE MONDE ECONOMIE | 04.02.2013 à 09h49 • Mis à jour le 05.02.2013 à 09h37 Propos recueillis par Anne Rodier
abonnes.lemonde.fr/economie/article/2013/02/04/les-salaries-attendent-l-implication-des-entreprises-en-faveur-du-bien-commun_1826580_3234.html
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Julien Damon, sociologue: "les salariés attendent l'implication des entreprises en faveur du bien commun"
Intérêt général. Que peut l'entreprise?, sous la direction de Julien Damon. Manitoba/Les Belles lettres, 174 pages, 19,50 euros. | DR
Intérêt général, que peut l'entreprise ? Pour répondre à cette question, le sociologue Julien Damon a organisé, à la demande de l'Institut Montaigne, dix entretiens croisés avec des dirigeants de grandes entreprises, publiques et privées, des syndicalistes et des universitaires, publiés sous ce titre aux éditions abonnes.lemonde.fr/economie/article/2013/02/04/les-salaries-attendent-l-implication-des-entreprises-en-faveur-du-bien-commun_1826580_3234.html
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Les Belles Lettres (172 p., 19,50 €). Julien Damon, en préalable, cela a-t-il un sens de parler d'intérêt général pour une entreprise, dont le projet repose généralement sur l'intérêt privé? Plus qu'un sens ! Sous ce mot-valise, il y a tout d'abord des obligations. Les entreprises qui ne contribuent pas en payant des cotisations et des impôts vont, par construction, à l'encontre de l'intérêt général. Ensuite, des normes ont été élaborées, contraignantes ou non : par exemple autour de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Enfin, aujourd'hui, ce sont les salariés qui attendent l'implication des entreprises en faveur de ce qui engage et motive. Selon les dirigeants, en quoi les grandes entreprises contribuent-elles à l'intérêt général ? Les appréciations sont variées. Mais pour tous, la principale contribution de l'entreprise à l'intérêt général est évidemment sa production au service de la croissance. Au-delà, elle se traduit par son implication sur des sujets divers qui sont fonction de l'activité de l'entreprise. L'Oréal se préoccupe de diversité, car elle s'adresse à tous les genres, dans le monde entier. Vinci s'investit dans l'insertion, qu'elle peut développer sur ses chantiers. Veolia se préoccupe de santé, en créant des réseaux de distribution d'eau potable dans des pays où ils font défaut. Ne s'agit-il pas de l'intérêt particulier de l'entreprise plutôt que d'intérêt général ? On peut y voir du cynisme, du colonialisme, comme l'ancienne présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale, Nicole Maestracci, l'indique au PDG de Veolia, Antoine Frérot, dans leur entretien. Mais lorsqu'au Niger, Veolia met en place l'accès à l'eau que les pouvoirs publics ne pouvaient pas fournir à la population urbaine, c'est son intérêt particulier, c'est celui du pays, c'est aussi l'intérêt international puisque le projet répond aux Objectifs du millénaire [fixés par l'Organisation des Nations unies] pour le développement. Quelle place tient l'entreprise parmi les acteurs de l'intérêt général ? L'intérêt général a longtemps été une sorte de monopole d'Etat. Désormais, les entreprises, avec d'autres acteurs comme les associations, lui disputent ce monopole. Pour les entreprises publiques, de facto investies dans l'intérêt général, cela consiste à mettre en oeuvre les priorités politiques, la lutte contre le chômage au premier rang. Les organisations particulières, comme les mutuelles, portent avant tout des valeurs démocratiques. Enfin, les entreprises privées, notamment les multinationales, en investissant de abonnes.lemonde.fr/economie/article/2013/02/04/les-salaries-attendent-l-implication-des-entreprises-en-faveur-du-bien-commun_1826580_3234.html
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nouveaux marchés, ont les moyens de participer au bien commun (scolarité, réduction de la pauvreté, etc.). Cependant, comme le relativise Marc Desplats, président du Mouvement national des chômeurs dans son entretien sur l'insertion, l'entreprise est libre de faire... ou de ne pas faire. Existe-t-il des positions communes aux entreprises sur les questions d'intérêt général ? Tous les chefs d'entreprise mettent au premier rang de l'intérêt général la création de richesses et, juste derrière, l'emploi, même si, sur la gestion de la précarité, les positions sont difficilement conciliables, les interlocuteurs renvoyant dos à dos sécurité de l'emploi et flexibilité. Les autres problématiques RH (protection sociale, qualité de vie au travail...) apparaissent ensuite. La RSE, sans que ce soit secondaire dans les propos des chefs d'entreprise, arrive après. Qu'est-ce qui décide les entreprises à agir en faveur de l'intérêt général : les incitations ou la contrainte réglementaire? Cela dépend. "La conciliation entre intérêt général et entreprise n'est pas nécessairement spontanée", dit Dominique Libault, directeur de l'Ecole nationale supérieure de la Sécurité sociale. Ce qui fait qu'il y a contribution à l'intérêt général par les entreprises, ce sont les obligations ;; ce qui fait qu'il y a transformation, ce sont les incitations et les négociations. Délaisser l'intérêt général n'est pas sans risque. Pour les grandes entreprises, c'est négliger le long terme, leur réputation et des leviers importants des politiques RH.
Propos recueillis par Anne Rodier
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