15 oct. 1992 ... Toujours tire å quatre epingles, Marc-Edouard. Nabe delegue volontiers une
certaine idee de lui-meme aux rendez-vous que lui propose une.
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Le cas Nabe 1 pein4 iljoue, il sefait cies en,nemis. Quoi encore ? Ah oui, ii&rit Pcufois ~te trois livres å lafois e jeune homme si decrie n'a aucune chance de passer pour un artiste. Avec son nceud papillon, son prince-degalles et son feutre mou, ii a l'air passablement joyeux d'un medecin legiste se rendant au bal annuel de a police. Toujours tire å quatre epingles, Marc-Edouard Nabe delegue volontiers une certaine idee de lui-meme aux rendez-vous que lui propose une existence comblee de tous les bienfaits, ne manquant ni d'ennemis sflrs sachant le maudire avec conviction ni de parrains accables par ses vilaines audaces. « Moins on ressemble å un 6crivain, plus ce qu'on 6crit est prot6g6. C'est Raymond Roussel qui m'a r6v6le ce proc6cle vicieux. Les jazzmen aussi s'habillent comme des notaires ou des s6nateurs. Voyez Max Road],
Charlie Parket-, Bud Powell : ce sont les PDG du bop ! » La stricte flanelle dont il enveloppe son personnage ne laisse pas meme entrevoir le regret d'avoir choisi la litterature comme terrain de jeu, plutöt que la variete ou les beaux-arts ofi son temperament de clown lyrique, lie a l'expression ferocement reveuse de son regard myope, eflt fait merveille sans mettre en danger la dignite de ses pairs. Le jazz ce n est pas soit tombe tout pelit dans jazz,. le : ii a ete conp dedans. n'etait pas ne lorsqu'il se rendit pour la premiere fois å un concert de, Billie Holiday. C'etait au Carnegie Hall, å New York. Papa Zanini n'etait encore que le modesie employe d'une boutique d'anches å Broadwa oii venait frequemment John Coltrane, et marnan Zanini ne se savait pas
CONTRE L'OUBLI. LE ROMAN DE L'ALLEMAGNE DtCHIRtE.
enceinte d'un ecrivain qui se rappelle aujourd'hui : « Dedans, j'entendais le vacarme dehors. » Les promesses pleuvent sur le cher ange, et Anthony Braxton son idole, prophetisera un soir, au Festival d'Ant ibes : « In ten years, you'll be my trombone player. »Manqu8. C'est Philippe Sollers qui a vu juste, clåns un bureau etroit de la rue Jacob oi il se surprit å declarer å un plumitif 'inconnu, moins epais que son manuscrit : « Vous en &tes. C'est indiscutable : vous avez la papatte. » L'inconnu avait clejå un sobriquet : « Nabot ». .s'en flt un diminutif. Depuis, Nabe est « trombone player » dans l'orchestre Sollers, l'unetles formations les plus en vue des tournees Gallimard. « C'est le loup dans la bergerie. La place du loup n'est-elle pas å la bergerie ? », resume le chef. Ii aurait pu devenir peintre aussi bien, lecheur de timbres postaux ou remouleur de celeri comme son ami le dessinateur Fred lui en avait murmure la suggestion, conservateur de la plume du heron å la cour cle Soliman, taksi ou kuafEr dans quelque pays imaginaire å consonance ottomane. Correctement moustache, ii eit pu foumir un tres plausible banquier starnbouliote. Mais non, ne revons pas, son enfance malheureuse en a fait un ecrivain : Nabe, c'est l'hurnilie des sunlights. A 11 ans, la brutale celebrite de papa (c( Tu veux ou tu veux pas ? ») l'oblige å sauter sur les genoux de Dalida, å suivre de flottantes hurnanites sdus la ferule des croisieres Paquet, å skier å Val- d'Isere entre Brel et Zavatta et meme å gagner son poids en artichauts bretons dans une emission televisee de Michel Drucker. On devient poete mauclit pour beaucoup moins que Marc-Edouard Nabe est d'ailleurs un capri-
BAROQUE. LA RtIftLATION DE LA LITTåRATURE TCHtQUE.
