MICROECONOMIE / SE2 / Notes de cours

180 downloads 593 Views 92KB Size Report
Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000- 2001 ..... cas entre s 2 et s 3 (on est allé voir les préférences de Cochon) : s2.
MICROECONOMIE - 2ème année de Sciences-Economiques Chapitre IV - Les défaillances du marché II. Les externalités et les biens publics A/. Définitions Les biens privés dont on avait parlé précédemment avaient 2 caractéristiques : ils étaient rivaux et excluables. Rivalité : signifie que l'usage d'un bien par un agent en empêche l'usage (la consommation ou la production) par les autres. Par exemple, un crayon que l'on utilise mais pas l'éclairage public qui est un bien non rival. Il s'agit d'une caractéristique physique d'un bien. Excluabilité : on peut exclure certains agents de l'utilisation de ces biens (on le peut physiquement ou légalement). Prenons l'exemple d'une pomme ; physiquement, Alice peut la mettre dans sa poche ou légalement, elle peut faire valoir son droit de propriété contre Blaise. Pour la fumée de cigarette, ça ne marche pas : il s'agit d'un bien non excluable. Certains biens ne sont pas rivaux (non-rivalité) et certains non excluables. Une idée, comme le théorème de Pythagore, peut être utilisé par tout le monde car il n'y a pas de droit de propriété. En effet, en 1624, les Anglais ont inventé le principe du brevet qui donne un droit de propriété sur certaines inventions ; ainsi, un bien breveté devient un bien excluable.

Un bien rival excluable est un bien privé Un bien non rival est un bien public Un bien non excluable est une externalité

Théorème : s'il existe des biens non rivaux et/ou des biens non excluables alors l'ECG n'est plus optimal au sens de Pareto.

Un bien public est un bien non rival qui fait l'objet d'une consommation collective (Justice, paix civile…). Une externalité est un bien non excluable : on ne peut pas empêcher un agent de consommer ce bien. C'est l'effet obligé de l'activité économique d'un agent (consommation et production) sur la fonction objectif d'un autre agent (utilité et profit). Par exemple : un agent producteur qui pollue. Il y a un effet obligé sur la fonction d'utilité du voisin (qui diminue) et/ou sur la fonction de profit du voisin blanchisseur (qui diminue aussi). On utilise le terme externalité car cela est extérieur au marché : il n'existe pas de marché pour les poussières de charbon par exemple. Le producteur ne contrôle pas ces externalités. Il existe des externalités positives et des externalités négatives. Cas d'externalités de consommation : les passants qui sourient dans la rue augmente l'utilité des autres passants ∂U(x1 ,..., sourire) >0 externalité positive ∂ sourire © Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001

Page 86

∂U (...) 0 (cas d'une externalité positive : (2)=fleurs et (1)=miel) alors TMS2lEG > TMS2lOP . ∂q2 L'agent serait mieux s'il prenait moins de loisir et s'il produisait plus de bien 2. ∂f ' < 0 (cas externalité négative : (2)=charbonnier et (1)=blanchisseur) alors TMS2lEG < TMS2lOP . ∂q2 En concurrence, on produit trop (au SP) d'externalités négatives et pas assez d'externalités positives. ** Si

3) annexe : illustration en terme d'équilibre partiel (cas marshallien) Cm1 p1 Um1 = = (le prix transmet l'information entre l'offre et la demande). Cm2 p2 Um2 Tous les avantages et les coûts sont payés. Ici EG=OP car

On distingue le coût privé (inputs que les producteurs doivent acheter) et le coût social (coût privé + valeur des ressources utilisée mais non achetées).

Externalité négative (pollution)

---

Exercice d'application (Exam 1991) Alice produit un bien en quantité (a), Blaise produit le même bien en quantité (b). Les fonctions de coût de production sont : pour Alice CTa = 0.1a2 + 6a pour Blaise CTb = 0.2b2 + 3b + 0.025a2 Sur le marché concurrentiel, la courbe de demande pour le bien, a pour équation pd = 15.

© Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001

Page 90

QUESTION 1 : commenter le problème d'Alice. La fonction de coût de production d'Alice ne fait intervenir que les quantités produites de bien a ; alors que dans celle de Blaise, il y a intervention de a, c'est-à-dire que Blaise subit une externalité négative : c'est lui qui paie le désagrément engendré par la production d'Alice. Alice génère une externalité négative (Blaise ne peut pas dériver par a). QUESTION 2 : déterminer la quantité d'équilibre concurrentiel. On utilise la propriété Cm = p (situation d'équilibre en économie de CPP). Alice : CTa = 0.1a2 + 6a Cma = 2(0.1a) + 6 = 0.2a + 6 pd = 15 0.2a + 6 = 15 0.2a = 9 d'où

aEG = 45

(production à l'équilibre général)

Blaise : CTb = 0.2b2 + 3b + 0.025a2 Cmb = 0.4b + 3 pd = 15 0.4b + 3 = 15 0.4b = 12 d'où

bEG = 30

(production à l'équilibre général)

QUESTION 3 : déterminer la quantité optimale. CTsociété

= 0.1a2 + 6a + 0.2b2 + 3b + 0.025a2 = 0.125a2 + 0.2b2 + 6a + 3b

Cma = 0.25a + 6  d  p = 15

Cmb = 0.4b + 3  d  p = 15

aOP = 36

bOP = 30

QUESTION 4 : déterminer la taxe t que devrait payer Alice, par unité de quantité produite, pour que l'on puisse décentraliser l'optimum. Il faut alourdir les coûts de production d'Alice. CT = 0.1a2 + 6a + tx Cm = 0.2a + 6 + t pd = 15 Alice va donc égaliser Cm au prix, d'où : 0.2(aOP) + 6 + t = 15 t = 1.8

© Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001

Page 91

C/. La solution au problème : l'internalisation des externalités Solution 1 : le dictateur impose de retrouver l'OP. Solution 2 : les 2 agents (blanchisseur et charbonnier par exemple) coopèrent, ils fusionnent (équilibre coopératif). Ils vont coordonner leur production. Ici, le profit joint s'écrit : p1 f ' ( L' q2 ) + p2 f 2 ( L2 ) − wL' −wL2 (on Max πjoint sous q1 et q2 (L' et L 2)). Mais un autre problème se fait jour : celui du cavalier seul ; tout ou tard, un des 2 agents va rompre l'accord. Solution 3 : taxer les pollueurs, c'est le principe du pollueur-payeur. C'est une solution proposée par Pigou dès 1920. Cela équivaut à 4 cas de figure : taxer le pollueur, subventionner le pollué, subventionner les générateurs d'externalités positives, taxer les bénéficiaires des externalités positives. Instauration d'une taxe sur la quantité produite qui a une incidence sur le profit : π 2 = p2 f 2 ( L2 ) − wL2 − tq2 avec t > 0 si le producteur est un pollueur avec t < 0 si le producteur est un producteur de fleurs (ext. positive) [23/03/2001] Solution 4 : réponse libérale de COASE (1960) consistant à "marchandiser les externalités". Cela consiste à créer des droits de propriété sur l'air pur, sur l'eau des rivières, le pollen… ainsi l'équilibre sera optimale, on retrouve OP1 et OP2 : il s'agit d'une vision libérale (cf. travaux de North). L'Etat doit s'assurer du respect de la propriété. Exemple : Le producteur 2 (charbonnier) peut acheter le droit de polluer. Le producteur 1 (producteur de fleurs) peut vendre son pollen. Comme on a un marché, on a un prix pour l'externalité : il est noté pe. S'il s'agit d'une externalité positive alors pe > 0 (pollen) par contre, s'il s'agit d'une externalité négative alors pe < 0 (charbon). Dans ce cas là, on a : π 1 = p1 f' (L' q 2 ) − wL' − pe q2 π 2 = p2 f 2 ( L2 ) − wL2 + pe f 2 ( L2 )

avec

wL : coût du travail peq : coût de l'externalité

En créant un marché pour l'externalité, l'EG est-il un OP ?. Les conditions du 1er sont : ∂f' (1) p1 −w=0 ∂L' pour le producteur 1 : ∂f ' (2) p1 − pe = 0 ∂q2 ∂f 2 ∂f 2 Pour le producteur 2, on a : (3) p2 2 − w + pe 2 = 0 ∂L ∂L ∂f ' On cherche à retrouver OP en tant que EG2' : d'après (2), pe = p1 puis je porte ce résultat dans ∂q2 (3), ce qui donne : © Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001

Page 92

∂f 2 ∂f ' ∂f 2 − w + p =0 1 ∂L2 ∂q2 ∂L2 w et d'après (1) : p1 = ∂f' ∂L' p2

d'où p2

∂f 2 w ∂f' ∂f 2 = w − ∂f ' ∂L2 ∂q2 ∂L2 ∂L'

Nous obtenons

EG2'

∂f ' p2 1 ∂q2 = 2 − ∂f' w ∂f ∂L' ∂L2

(c'est RP = TTPl2)

EG2'≡ OP2 : on a bien retrouver l'optimalité. L'équilibre concurrentiel est bien redevenu optimal en créant un marché pour les externalités. Remarque : il est clair que si on remplaçait pe (solution de COASE) par t (solution de PIGOU), on obtiendrait le même résultat. Taxer la production ou bien créer un prix pour les externalités revient au même mais les effets sur l'opinion publique sont différents (les agents ont "peur" de voir marchandéiser les externalités : question de fierté ?). Illustration : dans une file d'attente, pourquoi le dernier de la file ne paierait pas le premier pour qu'il prenne sa place privilégiée ? Ici, on aurait bien une ASP pour les 2 agents : ils y gagnent tous les deux…Mais cela ne se vérifie pas dans la réalité : pourquoi ? La société a des normes (sociologie) ; les agents ont un sens civique, moral. Les économistes expliquent les normes, les lois, les règlements, les coutumes comme des ASP (amélioration pour chacun) mais alors pourquoi existe t-il des normes, des conventions qui ne sont pas des ASP ? Parce que l'homme est une créature morale, il doit "se faire honneur".

Conclusion. Problème avec solution de Pigou : il faut connaître le taux de la taxe (c'est l'Etat qui la fixe) donc toutes les équations. L'avantage de la solution de Coase, c'est que le marché calcule de lui-même pe : c'est une situation beaucoup plus aisée (le marché internalise de lui-même les externalités : les agents négocient entre eux et on obtient un prix d'équilibre qui contente tout le monde). L'inconvénient de la solution de Coase : ce n'est pas tout de créer des droits de propriété mais il faut créer un mécanisme physique (un compteur) pour que chacun ne paie/ne soit indemnisé que pour la quantité qu'il consomme (que l'on ait une véritable variable de contrôle) mais cela n'existe pas vraiment.

D/. Annexe : les externalités de sentiments Principe : le bien-être d'un agent dépend de l'activité économique de l'autre agent (ex. : la jalousie…). ∂U a (.) >0 ∂x b

signifie que l'utilité d'Alice varie positivement avec le panier de biens consommé par Blaise : elle est altruiste.

© Notes de cours F.Géraud sur le cours de microéconomie de Ph.Darreau 2000-2001

Page 93

∂U a (.)