Nourrir les hommes - Hachette

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dans les pays riches, la malnutrition n'est pas absente : 2 millions de Français reçoi- vent une aide alimentaire chaque année. □ À l'inverse, une part croissante ...
CHAPITRE

Nourrir les hommes

La croissance démographique sans précédent au XXe siècle a fait augmenter les besoins alimentaires de la population mondiale. Cependant, grâce aux progrès de l’agriculture, la production alimentaire n’a jamais été aussi abondante. • Pourquoi les progrès de l’agriculture sont-ils insuffisants pour fournir une alimentation correcte à tous les êtres humains ? La malnutrition reste un fléau dans certaines régions du monde (Afrique, Amérique latine, Asie du Sud). Pourtant,

les échanges agricoles mondiaux n’ont jamais été aussi importants. • Quels moyens permettraient d’éradiquer la faim dans le monde ? La modernisation de l’agriculture est indispensable pour accroître les productions agricoles. Mais elle a des impacts importants sur les populations rurales et l’environnement. • Comment nourrir la planète tout en privilégiant une agriculture durable ?

PLAN DU CHAPITRE

Saskatchewan (Canada)

1 Planisphères

Étude de cas principale

© Marie Docher/CIRIC

2

• L’alimentation dans le monde • Les grands types d’agriculture dans le monde

54-55 56-57

Le Brésil, les difficultés d’un géant agricole

58-65

Agriculture vivrière au Mali

Mali

5 000 km

Cours 1. 2. 3. 4. 5.

Le défi alimentaire mondial Les systèmes de production agricole dans le monde Comment accroître les productions agricoles ? Pourquoi la faim dans le monde ? Vers une agriculture durable et équitable ?

66-67 68-69 70-71 72-73 74-75

Études de cas

Méthode

Méthode Bac

• Étude de tableaux statistiques • Classer des informations dans un tableau comparatif • La composition / Les révolutions vertes : une solution à la faim dans le monde ? • Le croquis / Construire un croquis à l’échelle continentale

76-77 78-79 80-81 82-83 © Joe Viesti/Ask Images

• Quels sont les caractères et les enjeux du marché du maïs ? • Quels problèmes alimentaires en Afrique subsaharienne ? • Les OGM, pour ou contre ?

84-85

86-87

2

Exploitation commerciale dans le Saskatchewan, Canada

88-89

1. Décrivez les types d’agriculture présentés par ces deux photographies. 2. Quels contrastes observez-vous ? 52

53

Chapitre 2. Nourrir les hommes

pAnisphère L’alimentation dans le monde

• Au début du XXIe siècle, la faim tue encore et plus de 800 millions de personnes souffrent de déficits alimentaires. • La disponibilité alimentaire est très inégale dans le monde ; dans de nombreux pays, l’apport calorique moyen est nettement inférieur aux 2 500 calories quotidiennes nécessaires pour une bonne santé. Pourtant, dans certains pays, c’est l’obésité qui devient une préoccupation de santé publique. • Si toutes les céréales récoltées chaque année étaient réparties également entre les hommes, chacun en recevrait suffisamment pour vivre ; ce sont les populations des pays qui n’ont pas les revenus suffisants pour se procurer de la nourriture sur les marchés nationaux et internationaux qui souffrent de la faim. • La quantité de nourriture ne suffit pas pour assurer la santé d’un être humain. Il faut qu’elle soit suffisamment riche et équilibrée, ce qui suppose la possibilité de consommer des protéines animales régulièrement.

océan cercl

e pola

ire arc

Glacial

Arctique

tique

AMÉRIQUE DU NORD

40° N

EUROPE

océan

océan

A

S

I

E

tropique du Cancer

océan

AFRIQUE

Pacifique

équateur

Atlantique

Pacifique

océan

AMÉRIQUE LATINE

Indien

icorne tropique du Capr

OCÉANIE

40° S

océan

QUESTIONS 1. Repérez les régions du monde qui sont les plus 2. 3. 4.

54

affectées par les déficits alimentaires. Repérez les régions du monde où la population ne souffre pas de problèmes alimentaires. Pourquoi peut-on parler d’une fracture alimentaire Nord/Sud ? Pourquoi l’apport de kilocalories d’origine animale est-il important pour les êtres humains ?

Glacial

Antarctique

4 000 km

Source : FAO.

échelle à l’équateur

• KILOCALORIES TOTALES PAR JOUR ET PAR HABITANT pas de données

2 200 2 500 2 800 2 500 calories est l’apport minimal quotidien pour être en bonne santé.

• DONT KILOCALORIES D’ORIGINE ANIMALE 200

450

700

La consommation plus ou moins importante de viande détermine la richesse nutritive de l’alimentation.

• LES RÉGIONS LES PLUS MARQUÉES PAR LES DÉFICITS ALIMENTAIRES les zones touchées par des pénuries alimentaires ces dix dernières années pays où plus de 20% des enfants de moins de 5 ans ont un poids inférieur à la moyenne

55

Chapitre 2. Nourrir les hommes

pAnisphère océan ire arc

Arctique

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Lé ni éi

Londres

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déserts d’Asie centrale

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Asie des moussons

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P rairies

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R

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Chicago

Grands Lacs

hin

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40° N

e o Ri and Gr

• La planète présente une grande diversité de types d’agriculture. Les conditions naturelles, les traditions culturelles et les techniques des agriculteurs se combinent pour former une mosaïque complexe. • Les différentes formes d’agriculture sont plus ou moins intensives en fonction de la quantité produite par unité de surface. Plus cette quantité produite par hectare est élevée, plus l’agriculture est intensive. Plus cette quantité produite par hectare est faible, plus l’agriculture est extensive. • Beaucoup de productions agricoles sont encore directement consommées par ceux qui les produisent. Mais une part croissante de la production mondiale est vendue sur les marchés internationaux.

Mis

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an

cercl



Les grands types d’agriculture dans le monde

Pa

icorne tropique du Capr

Australie

Pam pa 40° S

océan

QUESTIONS 1. Repérez les régions où l’agriculture est traditionnelle et 2. 3. 4.

56

tournée uniquement vers des marchés locaux. Quels sont les types de productions agricoles dans ces régions ? Repérez les régions où l’agriculture est tournée vers les marchés internationaux. Quels sont les types de productions agricoles dans ces régions ?

Glacial

Antarctique

4 000 km échelle à l’équateur

• AGRICULTURES TOURNÉES VERS LES MARCHÉS LOCAUX agriculture peu importante ou absente, parfois élevages plus ou moins nomades agricultures non irriguées extensives agricultures intensives irriguées (dont la riziculture)

• AGRICULTURES TOURNÉES VERS LES MARCHÉS INTERNATIONAUX plantations tropicales grande ceréaliculture

bourses principales de commerce des produits agricoles

autres espaces commerciaux (polycultures, cultures spécialisées, élevage)

57

Chapitre 2. Nourrir les hommes

étude de cas principale Le Brésil, les difficultés d’un géant agricole

3

Les performances de l’agriculture brésilienne

Les productions agricoles (en milliers de tonnes métriques)

VOCABULAIRE

L

e Brésil, situé en zone intertropicale, est le 5e plus grand pays du monde, couvrant plus de 8 500 000 km2. Sa population a fortement augmenté : elle est passée de 17 millions d’habitants en 1900 à 70 millions en 1960, et le Brésil est aujourd’hui peuplé de 176 millions d’habitants. L’agriculture est un des moteurs du développement économique du Brésil, devenu un grand producteur mondial de denrées agricoles. Pourtant 23 millions de Brésiliens souffrent encore de la faim.

Filière agroalimentaire ou complexe agro-industriel : ensemble des activités agricoles de la production (secteur amont) à la commercialisation (secteur aval). Système agricole : ensemble des pratiques de culture et d’élevage, et des techniques utilisées.

A Quels contrastes agricoles au Brésil ? ▼

1

L’agriculture brésilienne

2

Les différents systèmes agricoles au Brésil

Agrumes Café Soja Canne à sucre Haricots Manioc

1990

2003

Rang mondial

Part dans la production mondiale en %

18544 1 465 19898 7 835 2 600 23000

19216 1 970 51532 24780 2 000 9 000

1 1 2 1

18,5 25,3 27,2 17

Les productions animales en 2003

Évolution des superficies cultivées

2 003

Rang mondial

Bovins

2

Porcins

3

3,5

Ovins

14

1,5

– Superficies cultivées en millions d’hectares – En % du territoire brésilien – Taille moyenne des exploitations dans le Nordeste (en hectares) – Taille moyenne des exploitations en Amazonie (en hectares)

Part dans la production mondiale en % 14

1960

2003

28 3,3

45 5,5 33 370

one Belém

São Luis

Manaus

NORDESTE sco nci

São F

ra

Recife

Salvador

BRASÍLIA

apricorne tropique du C

Pa ra



Victoria São Paulo

Paranagua

Rio de Janeiro Santos océan

Pôrto Alegre Rio Grande

Atlantique

1 000 km

Les espaces agricoles plantations tropicales (cacao, coton...) canne à sucre

Problèmes et dynamiques agricoles limites du polygone de la sécheresse front pionnier

café cultures commerciales (dont céréaliculture) polyculture et élevage extensif espaces pionniers, agriculture sur brûlis

58

conflits pour la terre port exportateur de produits agricoles capitale et autres villes importantes

Trois systèmes coexistent dans l’espace rural du pays : d’un côté, au centre et au sud, des formes d’organisation de la production agropastorale modernes, intégrées à un puissant complexe agro-industriel et bien reliées par les voies de communication aux marchés de consommation, mais qui emploient peu de maind’œuvre par rapport à leur production et à leur capital investi. Plus au nord et au nord-est, des régions où la population agricole est nombreuse, mais qui sont largement tournées vers l’autoconsommation et la cueillette, et peu intégrées aux circuits commerciaux. Enfin à l’ouest, des zones pionnières, encore en cours d’incorporation1 au territoire national. H. Théry, Le Brésil, © A. Colin, 2001. 1. L’incorporation au territoire national signifie que le gouvernement brésilien essaie de mieux relier l’Amazonie au reste du pays. Des routes (dont la transamazonienne) et des voies ferrées sont aussi construites. Les productions agricoles amazoniennes peuvent ainsi être plus facilement acheminées vers les ports brésiliens et exportées.

4

Petite exploitation d’ananas au Brésil

© J.-C. Pinheira

A m az

© Sergio Gutierrez/ANA

équateur

5

Exploitation commerciale de café au Brésil

QUESTIONS 1. Quelles sont les principales productions agricoles du 2. 3.

Brésil ? (doc. 3) Où sont-elles localisées sur le territoire ? (doc. 1 et 2) Comment évoluent les quantités produites ? Repérez des différences d’évolution entre les produits. En quoi cela est-il inquiétant pour la sécurité alimentaire (voir p. 66) de la population brésilienne ? (doc. 3)

4. Quels sont les grands types d’agriculture au Brésil ? 5.

(doc. 1, 2, 4 et 5) En vous aidant des réponses précédentes, pourquoi peut-on qualifier le Brésil de « géant agricole » ?

59

étude de cas principale

Chapitre 2. Nourrir les hommes

Le Brésil, les difficultés d’un géant agricole

B Une agriculture qui ne nourrit pas tous les Brésiliens

VOCABULAIRE

Les deux mondes agricoles du Brésil

a) La réussite d’une grande exploitation au Mato Grosso L’histoire de Carlos Ernesto Augustin appartient déjà à la légende des pionniers du Mato Grosso, au centre-ouest du Brésil. Il est aujourd’hui à la tête d’une exploitation de 30 000 hectares et est devenu l’un des premiers producteurs de graines de soja du Brésil, qui écoule la majeure partie de ses semences à l’étranger. Ce n’est pas un hasard si le propriétaire de la fazenda s’est entouré d’ingénieurs et d’économistes pour mettre en valeur ses terres : recours massifs aux fertilisants, introduction de variétés de semences plus performantes, mécanisation poussée… Ici plus qu’ailleurs, c’est le modèle des latifundia, ces très grandes propriétés, qui s’est imposé.

petite exploitation paysanne = production vivrière

autoconsommation

grande exploitation agricole capitaliste investissements, orientation des productions

peu de bénéfices, pas de modernisation

industrie agroalimentaire : capitaux souvent étrangers © Ciric

minifundia (moins de 10 ha) marché local et régional

exploitations moyennes

L’inégalité des structures agraires

domination économique

exportation marché mondial

circulation de la production agricole

3

Un double système agricole au Brésil

5

Dominique Le Guilledoux, Le Monde, 12 septembre 2003.

La sécheresse dans le Nordeste (État du Ceara) provoque mortalité et exode rural

QUESTIONS 1. Pourquoi l’agriculture brésilienne est-elle inégalitaire ? 2.

60

Le pays du président Luiz Inacio da Silva dit « Lula »

Lula vient de Caetes, une bourgade du Nordeste. La terre est grise, presque blanche, incandescente. Des broussailles côtoient des cratères de sécheresse, des cactus. Le sol ne ressemble à rien. Il faut prier Dieu pour faire venir la pluie, le problème c’est qu’elle ne tombe jamais. Ici, on s’acharne à faire pousser des plans rachitiques de maïs, de manioc et de haricots noirs. 80 % sèchent sur place. La récolte sert tout juste à nourrir Antonio, sa femme et leurs huit enfants qui travaillent aux champs. À Caetes, la famille de Lula comptait douze frères et sœurs. Quatre sont morts de malnutrition.

force de travail

10 %

2

6

37 % 53 %

Manifestation du « Mouvement des Sans-Terres », né dans les années 1980, qui revendique une réforme agraire par la redistribution plus juste de la propriété foncière. De nombreuses occupations illégales de terres sont organisées.

journaliers ruraux ou urbains

latifundia (plus de 100 ha)

répartition en % du nombre total des exploitations

latifundia (plus de 100 ha)

4

Laurence Caramel, Le Monde, 24 mai 2005.

répartition en % de la superficie cultivée totale minifundia (moins de 10 ha) 3% exploitations moyennes 19 % 78 %

Fazenda : nom des grandes propriétés au Brésil. Latifundia : grande propriété de plusieurs centaines d’hectares. Minifundia : petites exploitations vivrières de quelques hectares au maximum. Système agricole : voir p. 58.

b) Les difficultés des paysans La route est longue et cabossée pour atteindre le village de Sarapui, dans le centre-sud du Brésil. Ici, l’agriculture à haut rendement où règnent machines et nouvelles technologies n’a pas sa place, et l’image d’un Brésil compétitif et à l’offensive sur les marchés internationaux appartient à un autre monde. À Sarapui, il faut survivre en jonglant comme on peut entre une parcelle de riz, de manioc, de haricots, quelques poules pour nourrir les dix enfants de la famille. Quelques serres sont réservées à la culture des poivrons qui seront vendus sur les marchés de São Paulo, apportant aux familles leur seule source de revenus. Le travail se fait avec quelques outils à main.

© Patrick Siccoli/Gamma

1

(doc. 1 et 2) Décrivez les contrastes entre les deux exploitations agricoles présentées dans le doc. 1.

3. Décrivez les deux systèmes agricoles brésiliens. Quels 4.

en sont les acteurs ? (doc. 3) Quelles sont les causes et les conséquences de la misère dans le Nord-est brésilien ? (doc. 4, 5, et 6) 61

étude de cas principale

Chapitre 2. Nourrir les hommes

Le Brésil, les difficultés d’un géant agricole

C Comment nourrir toute la population brésilienne ?

130 000 km2

105 000 km2

VOCABULAIRE

La modernisation agricole, une solution ?

Depuis les années 1990, les surfaces irriguées augmentent rapidement dans le Nordeste, région semi-aride du Brésil : elles ont quadruplé en dix ans. Ces aménagements sont rendus possibles par la mise en œuvre du programme national d’irrigation, devenu un axe de développement prioritaire pour le gouvernement brésilien. Le mouvement d’augmentation des superficies irriguées s’accompagne d’une transformation des techniques d’irrigation pour s’adapter aux besoins des cultures, notamment des arbres fruitiers. En effet, des perspectives nouvelles s’ouvrent au Brésil sur le marché international des fruits, en raison de la croissance de la consommation des fruits tropicaux dans les pays développés.

75 000 km2

Front pionnier : mise en valeur de terres vierges. Microcrédit : prêts de sommes réduites à des petits paysans ou artisans pour les aider à développer leur entreprise sans qu’ils aient de lourdes charges de remboursement. Modernisation agricole : ensemble des moyens et techniques qui permettent d’intensifier et donc d’augmenter la production agricole. Réforme agraire : expropriation de grands propriétaires (contre une indemnisation donnée par l’État) et redistribution de terres à des paysans sans terres. Parfois, l’État distribue des terres publiques.

Sur les nouveaux périmètres irrigués, la loi a rendu possible pour des petits producteurs de s’installer dans des conditions satisfaisantes : ils disposent de lots de 4 à 8 ha, et la fruiticulture irriguée offre de réelles possibilités de faire vivre une famille : les petits producteurs ne sont donc pas exclus de la modernisation de la région. Mais ils sont obligés de travailler pour le compte de grandes entreprises qui assurent la fourniture du matériel et la commercialisation de la production : le producteur se trouve ainsi dépendant d’une filière sur laquelle il n’a aucune maîtrise. C. Broggio, M. Droulers et P. Grandjean, « Le Nordeste du Brésil, une nouvelle Californie ? », Historiens et Géographes nº 372, octobre 2000.

superficies distribuées (millions d’ha) 50

nombre de familles bénéficiaires (milliers) 1 500

40

1 200

30

900

20

600

10

300

0

0 projet pour la période 1985-1990 réalisation en 1990

© Gerster/Hachettephotos.com

3

2 62

Un front pionnier en Amazonie

1985-1990

5

1990-1995

1995-2000

Les déboisements au Brésil par période de 5 ans. En Amazonie, l’équivalent d’un terrain de football de forêt disparaît toutes les 4 heures.

© M-Sat LTD/SPL/Cosmos

1

Les résultats de la réforme agraire menée au Brésil en 1985-1990 Les réformes prévues ne sont pas toujours menées à leur terme du fait de la résistance des grands propriétaires et d’une partie de la classe politique.

4

Les défrichements de la forêt amazonienne en 1990 et 2000 Cette photo satellite fait apparaître en vert foncé la forêt encore intacte, en vert clair les zones défrichées et les pâturages.

6

Le programme « faim zéro » du président Luiz Inacio da Silva, dit « Lula »

a) Le programme en 2003 Il ne faut pas seulement neutraliser les effets de la faim, mais surtout s’attaquer aux causes. Le projet « Faim Zéro » ne doit pas être envisagé comme une campagne de plus contre la faim, temporaire et menée dans l’urgence. « Faim Zéro » allie, d’une certaine façon, urgence et structure. Cela veut dire améliorer les conditions de vie de la population ; c’est un salaire et des revenus ; c’est faire la réforme agraire, encourager l’agriculture familiale, stimuler le microcrédit et l’alphabétisation ; c’est préparer les gens à un métier et créer les moyens de leur autosubsistance. Le Brésil ne peut plus continuer à faire cohabiter de telles inégalités. Je lance ici un appel à toutes les communes, aux syndicats, aux communautés

religieuses et aux associations les plus diverses : commencez tout de suite à créer des Conseils de sécurité alimentaire dans vos villes. Extraits du discours de Luiz Inacio da Silva, Président de la République du Brésil, le 30 janvier 2003.

b) Un premier bilan en 2004 Nous avons libéré plus de crédits que jamais pour l’agriculture familiale. Nous avons promis aux « sans-terres » d’attribuer des terres à 480 000 familles jusqu’à la fin du mandat. Je me suis engagé à aider 11 millions de familles avec les programmes « faim zéro » : je tiendrai l’engagement de faire en sorte que les Brésiliens aient trois repas par jour. Extrait de l’interview de Lula dans Le Monde, 12 juin 2004.

QUESTIONS 1. Quels sont les avantages et

2.

3. 4. 5.

inconvénients de la modernisation agricole ? (doc. 1) Quels sont les avantages et les inconvénients de la mise en valeur de nouvelles terres ? (doc. 4 et 5) Que propose le Président brésilien Lula pour résoudre le problème de la faim ? (doc. 6) Ces solutions sont-elles toutes nouvelles ? (doc. 3) Quels avaient été les résultats de la réforme agraire et quels sont les premiers résultats du programme « Faim zéro » ? (doc. 3 et 6) 63

Chapitre 2. Nourrir les hommes

synthèse de l’étude de cas principale Ne pas confondre

L’

étude de cas sur le Brésil a montré deux visages différents de l’agriculture et sa difficulté à nourrir les hommes. Une partie de l’agriculture brésilienne est très moderne, intensive et productive. Sa production est destinée au monde entier. Cette agriculture est très proche de celle des grandes régions agricoles des pays développés, notamment en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. Une autre partie de l’agriculture brésilienne est extensive, peu productive. Sa production est destinée à l’autoconsommation mais elle ne suffit pas à nourrir correctement toute la population brésilienne. Cette agriculture est caractéristique de celle des pays du Sud les plus pauvres du monde. Les pages 62-63 ont montré que le Brésil cherchait des solutions pour mieux nourrir sa population. Les autres grands pays en développement de la planète (Inde, Chine) ont cherché à relever le même défi depuis un demi-siècle.

¡ Productivité et rendement Le rendement désigne la quantité produite en kilos, quintaux… par unité de surface cultivée (souvent mesurée en hectares). La productivité désigne la quantité produite par travailleur de l’exploitation (on parle alors de productivité du travail) ou par unité de capital dépensé (machines, carburants, engrais…).

¡ L’agriculture intensive et l’agriculture productive ¡ L’agriculture extensive et l’agriculture peu productive

terres

agriculture extensive

agriculture productive

agriculture intensive

agriculture peu productive

production

terres

capital

Exercice 1. Quels sont les deux grands types d’agriculture au Brésil ? Recopiez et complétez le tableau ci-dessous pour comparer leurs caractéristiques.

Vous pouvez vous aider des informations recueillies dans l’étude de cas sur le Brésil.

travail humain

production (variable)

¡ Exploitation agricole et complexe agro-industriel (ou filière agroalimentaire : voir p. 58) L’exploitation agricole pratique directement la culture ou l’élevage, le complexe agro-industriel intègre des activités industrielles pour l’agriculture (fabrication de machines, engrais …) et de services (commercialisation, banque, assurance …).

Type d’exploitation

¡ Exploitation agricole et système agricole (voir p. 58)

Taille moyenne % des terres cultivées % du nombre d’exploitations Techniques employées

De l’étude de cas à l’ensemble du chapitre

Débouchés des productions Niveau de revenu des exploitants

2. Pages 62-63, des solutions ont été examinées pour essayer de réduire les conséquences du caractère inégaSolutions Réforme agraire Front pionnier

Acteur et / ou modalité de sa mise en œuvre

litaire de l’agriculture brésilienne. Recopiez et complétez le tableau ci-dessous. Avantages

Étude de cas principale

Cours

Études de cas

A. Quels contrastes agricoles au Brésil ? pp. 58-59

1. Le défi alimentaire mondial pp. 66-67

Quels sont les caractères et les enjeux du marché du maïs ? pp. 76-77

B. Une agriculture qui ne nourrit pas tous les Brésiliens pp. 60-61

2. Les systèmes de production agricole dans le monde pp. 68-69

Quels problèmes alimentaires en Afrique subsaharienne ? pp. 78-79

C. Comment nourrir toute la population brésilienne ? pp. 62-63

3. Comment accroître les productions agricoles ?

Limites pp. 70-71

4. Pourquoi la faim dans le monde ? pp. 72-73 5. Vers une agriculture durable et équitable ?

Les OGM, pour ou contre ? pp. 80-81

pp. 74-75

Modernisation agricole

64

65

cours

Chapitre 2. Nourrir les hommes

1. Le défi alimentaire mondial

VOCABULAIRE

A - Nourrir une population en forte augmentation (doc. 1 et 3)

Famine : situation de crise très grave où une population entière se trouve menacée de mort en raison de la disparition de ses approvisionnements en nourriture. Malnutrition : déficit qualitatif d’éléments nutritifs comme les protéines, les vitamines et les minéraux, indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Régime alimentaire de transition : évolution des habitudes alimentaires qui se traduit par une augmentation de la part de la viande, de la graisse et du sucre, ainsi que des produits transformés. Sécurité alimentaire : situation qui garantit à une population entière l’accès permanent à une ration alimentaire suffisante, saine et équilibrée pour être en bonne santé. Sous-nutrition : déficit quantitatif de nourriture (moins de 2100 kcal/hab/jour), qui entraîne de nombreuses maladies. Transition démographique : voir pp. 30-31.

REPÈRES L’évolution de la population mondiale

1800 : 1 milliard d’habitants 1900 : 1,6 milliard d’habitants 1950 : 2,5 milliards d’habitants 1975 : 4 milliards d’habitants 2005 : 6,5 milliards d’habitants

 LIENS Planisphère pp. 54-55 Étude de cas principale pp. 58-59 Études de cas pp. 76-77 et 78-79

66



La population mondiale augmente fortement, mais de façon inégale. Les pays qui connaissent la croissance démographique la plus rapide sont aussi souvent ceux qui ne produisent pas assez de nourriture pour alimenter correctement leur population. Cette situation va s’aggraver malgré un ralentissement de la croissance de la population mondiale dû à la transition démographique. ■ En effet, la population mondiale atteindra 9 milliards d’habitants en 2050 et l’essentiel du gain de population sera réalisé par les pays les plus pauvres du monde. On compte plus de 80 millions d’hommes supplémentaires chaque année, dont il faudra assurer l’alimentation. ■ Il faut aussi s’adapter aux évolutions des habitudes alimentaires : le blé, le riz et le maïs sont désormais consommés partout dans le monde, aux dépens de certaines plantes traditionnelles ; la part des protéines animales augmente en raison de la hausse générale du niveau de vie et l’alimentation comporte de plus en plus de produits transformés par l’industrie agro-alimentaire : c’est le régime alimentaire de transition qui se généralise. De plus, la production agricole doit être transportée jusqu’aux marchés de consommation des villes où la population s’accroît.

océan océan océan Pacifique océan

Atlantique Pacifique

Indien

4 000 km

accroissement naturel élevé et en augmentation : maintien d’une forte natalité et recul progressif de la mortalité

B - De fortes inégalités alimentaires (doc. 2) ■ En moyenne, la situation alimentaire s’est nettement améliorée depuis un demi-siècle : la ration alimentaire quotidienne est aujourd’hui de 2800 kilocalories / habitant. Elle a augmenté depuis 1960, où elle n’était que de 2 300 kcal/hab., ce qui signifie que la production agricole a augmenté plus vite encore que la population. ■ Mais ces moyennes cachent de fortes inégalités : la consommation journalière est de 3 285 kcal dans les pays développés, mais elle n’est que 2 135 kcal dans l’ensemble des PMA. Entre les États, les disparités sont très grandes : alors qu’aux États-Unis la ration disponible est supérieure à 3 700 kcal/hab, elle n’atteint que 1 700 kcal/hab en Somalie. C - Les grands problèmes alimentaires (doc. 2) ■ La sécurité alimentaire n’est pas assurée pour tous. Si les famines deviennent moins fréquentes aujourd’hui, la sous-nutrition chronique concerne 840 millions de personnes dans le monde, qui reçoivent moins de 2000 kcal/hab. Or, la FAO (Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture) évalue à 2 500 kcal/jour/habitant pour être en bonne santé. ■ Les trois quarts des populations sous-alimentées du monde vivent dans les campagnes des PED. La faim touche surtout l’Afrique (4 Africains sur 10 sont sousalimentés) et l’Asie du Sud, où plus de 300 millions de personnes en souffrent. Mais dans les pays riches, la malnutrition n’est pas absente : 2 millions de Français reçoivent une aide alimentaire chaque année. ■ À l’inverse, une part croissante de la population des pays industrialisés est suralimentée et l’obésité, source de maladies, devient une préoccupation. Aux ÉtatsUnis, 28 % des hommes et 34 % des femmes sont considérés comme obèses. Pour faire face aux famines, des organismes internationaux gouvernementaux liés à l’ONU, ainsi que de nombreuses ONG (Organisations Non Gouvernementales) comme la Croix Rouge proposent des programmes d’aide alimentaire. Les livraisons sont en augmentation : près de 10 millions de tonnes de nourriture ont été distribuées en 2001.

accroissement naturel élevé mais stabilisé, avec le fléchissement de la natalité accroissement naturel faible en raison d’une natalité basse

1

L’inégale croissance naturelle de la population mondiale

0 1990 2000 1990 2000

10

20

30

40

80 amélioration due principalement à la croissance chinoise, mais l’Inde compte toujours 215 millions de malnutris. amélioration.

59 53 Proche-Orient et Afrique du Nord 25 1990 2000 41 Afrique subsaharienne 165 198 pays développés à économie de marché

détérioration due principalement à l’Afghanistan (15,4 millions de malnutris, soit 70 % de la population totale en 2000, contre 8,4 millions en 1990, soit 58 % de la population). amélioration, mais le total des disponibilités caloriques officielles reste très inférieur aux besoins. Le Burundi, la Somalie et la République démocratique du Congo comptent plus de 70 % de malnutris.

60

40

20

0

dans ces pays, l’obésité devient un problème 1990 10 de société (25% de la population aux États-Unis) 2000 10 anciens pays communistes d’Europe et d’Asie ces pays souffrent de la crise de leur système économique et de l’effondrement de leurs dispositifs 25 1990 de protection sociale 34 2000 chiffres en millions de malnutris monde

861 1990

842 2000 Source : S. Brunel, Images économiques du monde 2005, Armand Colin.

2

% de la ration journalière

amélioration.

1990 2000

1990 2000

en % de la population totale 100

pays en développement 816 797 Asie et Pacifique 566 505 Amérique latine et Caraïbes

Les malnutris dans le monde

République démocratique du Congo

Algérie

Espagne

autres alcool viande et produits laitiers fruits et légumes matières grasses sucres céréales et féculents

3

Les régimes alimentaires en République Démocratique du Congo, en Algérie et en Espagne

67

VOCABULAIRE Agriculture productiviste : agriculture qui recherche la croissance maximale de la production agricole. Agrobusiness : ensemble des activités associées pour la production, la transformation, la commercialisation des denrées agricoles. Elles sont en général contrôlées par les grandes firmes multinationales. Filière agroalimentaire ou complexe agro-industriel : voir p. 58. Sécurité alimentaire : voir p. 66. Système agricole : voir p. 58

A - La variété des systèmes de production agricole (doc. 1) ■ La répartition géographique des systèmes de production ne s’explique pas uniquement par la diversité des conditions naturelles. Les facteurs économiques et sociaux ont un rôle important, avec les habitudes de consommation des habitants, les pratiques des agriculteurs, les politiques d’aménagement ou de soutien des pouvoirs publics. Ainsi, en Asie, la riziculture s’explique à la fois par une adaptation au climat de mousson mais aussi par une civilisation qui fait du riz sa base alimentaire. En Occident, c’est au contraire le blé qui domine traditionnellement l’alimentation. ■ Une tendance à l’uniformisation des habitudes alimentaires et des systèmes de culture apparaît cependant. Les grandes firmes multinationales américaines ou européennes de l’agrobusiness impulsent le développement du commerce international agricole. Ces firmes gèrent l’ensemble de la filière agro-alimentaire, notamment dans le secteur des céréales, du café ou de la viande. Elles vendent les mêmes produits sur tous les continents en les adaptant légèrement aux habitudes locales.

Chapitre 2. Nourrir les hommes

1

La diversité des systèmes agricoles dans le monde

© M. Macintyre/ANA

cours

2. Les systèmes de production agricole dans le monde

a) Riziculture en Corée du Sud

B - Les agricultures productivistes des pays développés

MARS fondée en 1911 aux États-Unis aliments pour animaux

- Canigou - Cesar - Frolic - KiteKat - Loyal

- Pal - Pedigree - Ron-Ron - Sheba - Whiskas

confiseries

- Bounty - Mars - Milky-Way - Snickers - Twix épicerie industrielle

- Dolmio - Suzi-Wan - Uncle Ben’s

 LIENS Planisphère pp. 56-57 Étude de cas principale pp. 60-61 Étude de cas pp. 76-77

68

d) Horticulture intensive aux Pays-Bas

© Cosmos/Aurora/Kendrick Robb

Un groupe agroalimentaire multimarque et international : MARS

La mécanisation, l’utilisation de l’informatique et des biotechnologies permettent de produire énormément : 5 000 quintaux par actif en moyenne et jusqu’à 20 000 q / actif dans les grandes plaines céréalières comme le Bassin Parisien ou le Middle West des États-Unis où un seul homme peut cultiver plusieurs centaines d’hectares. Cela explique le faible taux d’actifs agricoles, partout inférieur à 5 %. ■ La spécialisation y est très forte, sous la forme de la monoculture céréalière, de l’élevage intensif comme en Bretagne, de cultures spécialisées comme les agrumes en Californie. ■ Ces types d’agriculture, qui exigent d’importants capitaux, sont très intégrés aux circuits commerciaux internationaux. Ce sont leurs excédents qui approvisionnent les marchés mondiaux. Les bourses de Chicago ou de Londres, au cœur de l’agrobusiness mondial, sont des lieux majeurs de cotations et d’échanges des grands produits agricoles.

SECTEUR AMONT

industries mécaniques

industries chimiques

services divers

machines agricoles…

engrais, pesticides…

finances, comptabilité, énergie, recherche…

b) Céréaliculture des Grandes Plaines du Montana (États-Unis)

C - La diversité des agricultures des pays en développement (doc 1a et 1c) ■ Les systèmes agricoles extensifs traditionnels et vivriers dominent encore dans les pays du Sud. Ils associent élevage extensif et petite polyculture. C’est le cas dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, en particulier au Sahel (bordure sud du Sahara), ou en Asie centrale. La sécurité alimentaire y est très mal assurée. Dans ces régions, certains espaces irrigués ou aménagés, souvent grâce à l’aide internationale, ont une production plus régulière et importante. ■ Les systèmes rizicoles asiatiques sont au contraire très intensifs. Ils exigent une excellente maîtrise de l’eau (voir chapitre 3) et fournissent parfois plusieurs productions dans l’année. Destinée à alimenter une population nombreuse, la production est cependant peu tournée vers les marchés internationaux. ■ Les grandes plantations tropicales d’Amérique du Sud, du Golfe de Guinée en Afrique ou d’Asie du Sud-Est sont au contraire très tournées vers les marchés des pays riches. Ce sont de très grandes exploitations, modernes, et souvent contrôlées par des firmes multinationales du Nord.

production agricole

transformation production agroalimentaire d’aliments élaborés et conditionnement

SECTEUR AVAL © Rabouan/Hémisphères Images

REPÈRES

© Otto Warner/Sunset

(doc. 1b, 1d et 2) ■

c) Un élevage extensif au Tibet. Transhumance depuis les hautes vallées du Ladakh.

publicité

stockage exportations

services divers

distribution commerce de détail, grande distribution, restauration

2 La filière agro-alimentaire 69

VOCABULAIRE

Chapitre 2. Nourrir les hommes

1

La répartition des agriculteurs et des terres cultivées dans le monde

Nombre d’agriculteurs en millions

A - Produire plus en augmentant les surfaces cultivées ? (doc. 1)

Front pionnier : voir p. 62. Intensification agricole : ensemble des moyens mis en œuvre pour augmenter les rendements sans étendre les surfaces cultivées. Une agriculture intensive est une agriculture à hauts rendements, à l’opposé d’une agriculture extensive. Produits phyto-sanitaires : ensemble des produits chimiques destinés à protéger les plantes cultivées des maladies et des insectes et à améliorer leur croissance (pesticides, engrais). Réforme agraire : voir p. 62. Rendements : voir p. 65. Révolution verte : ensemble des améliorations techniques apportées à l’agriculture (produits chimiques, races hybrides…) pour accroître les rendements.

REPÈRES Les principaux pays consommateurs d’engrais dans le monde

Pays

Consommation d’engrais (en millions de tonnes) Chine 36,7 États-Unis 19,9 Inde 18,4 Brésil 5,9 France 4,8 Source : FAO.

 LIENS Planisphère pp. 56-57 Étude de cas principale pp. 62-63 Étude de cas pp. 80-81

70



Pendant longtemps, l’augmentation de la production agricole s’est faite grâce au défrichement et à la mise en culture de nouvelles terres. De nos jours, l’extension des espaces agricoles est beaucoup plus limitée : leur superficie a augmenté seulement de 10 % entre 1961 et 2001, pendant que la population mondiale, elle, doublait. ■ Chaque année, environ 15 millions d’hectares sont défrichés, principalement dans les régions tropicales ; mais ces fronts pionniers entraînent une destruction massive de la forêt, notamment en Amazonie et en Indonésie. Ils n’assurent donc pas un développement agricole durable : les terres défrichées deviennent stériles, et, par manque de moyens pour acheter des engrais, elles sont parfois abandonnées. ■ Dans les pays développés, il y a plutôt un recul des surfaces de terres cultivées. La croissance de l’urbanisation, l’abandon des terres agricoles de montagne non mécanisables, en sont les principales causes. Certains espaces abandonnés par l’agriculture sont reconquis par la forêt dont les superficies ne cessent de progresser en Europe occidentale.

Afrique au Sud du Sahara Amérique latine et monde Caraïbes Asie du Sud-Est Monde chinois Monde indien Monde arabo-musulman Océanie Japon/Corée du Sud Amérique du Nord Europe occidentale Europe orientale Ex-URSS Monde

riziculture

Terres cultivées en millions d’hectares

173,1

167,6

44,3 135,6 514,3 33,2 48,8 2,6 5,7 3,5 8,5 10,3 22,5 1 307

154,5 89,2 136,8 204,2 100,7 51,7 6,5 216,5 88,9 46,7 228,7 1 502

soutien des États et de l’ONU

travaux nombreux

récoltes abondantes possibilité d’acheter des variétés à haut rendement

maind’œuvre nombreuse

céréale nourrissante nourriture suffisante

population dense

2

La riziculture intensive en Asie

4

Irrigation par puits à pompe en Inde (Gujarat)

Source : J.-L. Chaléard, J.-P. Charvet, Géographie agricole et rurale, Belin, 2004.

B - Produire plus en augmentant les rendements ? (doc. 2, 3 et 4) ■

L’intensification agricole passe par diverses techniques : la mécanisation, l’utilisation de produits phyto-sanitaires, les aménagements (irrigation), la sélection des espèces, plus productives ou permettant une double voire triple culture annuelle. Il est ainsi possible d’atteindre des rendements de 130 quintaux/hectare pour le maïs en France ou aux États-Unis, ainsi que pour le riz dans le sud de la Chine. ■ Dans d’autres régions du monde, l’agriculture reste extensive : en Afrique subsaharienne, les rendements du mil ou du sorgho ne dépassent pas 10 quintaux par ha. L’Australie, l’Argentine ont, elles, suffisamment d’espace pour obtenir une production importante, même avec de bas rendements. ■ Mais la tendance est à la multiplication des systèmes intensifs. Déjà pratiqués depuis longtemps en Europe et aux États-Unis, ils ont été adoptés par certains pays du Sud comme en Asie du Sud et du Sud-Est, en Amérique latine, lors des « Révolutions vertes » à partir des années 1960. À l’époque, il s’agissait de chercher à enrayer les risques récurrents de famines dans ces pays.

C - Des résultats insuffisants ■ Aujourd’hui, la production agricole mondiale est théoriquement suffisante pour nourrir tous les habitants de la planète. Les progrès réalisés en 30 ans sont nets : la Terre compte 2 milliards d’hommes en plus, mais 130 millions de sous-alimentés en moins. En théorie, l’agriculture produit 330 kg de céréales par personne et par an, soit presque un kilo par jour. ■ Mais cette production n’est pas également répartie : quelques pays riches comme la France ou le Canada sont largement excédentaires, tandis que la faim touche des pays du monde comme le Soudan ou le Mali où la pauvreté empêche de profiter des progrès agricoles. ■ De nombreux pays du monde comme le Brésil ont tenté des réformes agraires pour que chaque paysan ait sa terre. Mais cela aboutit souvent à la multiplication de toutes petites exploitations vivrières qui, à défaut de soutiens importants des États, n’ont pas accès au progrès technique par manque de moyens financiers.

3

La révolution verte en Inde

Il y a quarante ans, l’État indien s’est lancé dans une révolution agraire visant à accroître la productivité, appelée la Révolution verte. Il fallait absolument garantir la sécurité alimentaire du pays et donc réduire la dépendance de l’Inde à l’égard des importations venues d’Occident, qui s’élevaient à 10 millions de tonnes en 1967. Pendant deux décennies, la production agricole du Penjab (État du Nord-Ouest) s’est accrue d’environ 6 % par an. Au milieu des années 1980, les rendements du blé et du riz avaient triplé. Incontestablement cette révolution a fait du Penjab, où 70 % de la population active travaille dans l’agriculture, l’un des États les plus riches de l’Inde. Le revenu par tête est passé de 60 $ en 1980 à 440 $ en 2000, soit un niveau bien au-dessus de la moyenne nationale de 240 $. Mais il y a un revers à cette prospérité. Toujours soucieux de produire plus, les agriculteurs ont abusé des produits chimiques et des pesticides et puisé sans réserve dans les nappes phréatiques. Aujourd’hui, les sols ont perdu leur fertilité, sont souvent gorgés de sel et le niveau des nappes phréatiques a baissé sur plus de 75 % du territoire de l’État. K. Dasgupta, sur le site de l’Unesco. (www.unesco.org)

Indicateurs

Évolution (1960-1998)

Part des variétés à haut rendement (en %) Part des terres irriguées (en %) Consommation d’engrais (en kg/ha) Rendement moyen en riz décortiqué (en q/ha) Rendement moyen en blé (en q/ha) Disponibilités alimentaires en céréales (en kg par personne et par an)

+ 73 % + 20 % × 44 ×2 × 2,3 + 20,5 %

© Sprague Sean/Ciric

cours

3. Comment accroître les productions agricoles ?

71

4. Pourquoi la faim dans le monde ?

Cultures commerciales : cultures destinées à l’exportation. Cultures vivrières : cultures qui sont destinées à l’autoconsommation ou aux marchés locaux. Microcrédit : voir p. 62. OMC : Organisation Mondiale du Commerce. Voir p. 36.

REPÈRES Le soutien des États à leur agriculture en 2002 (en dollars par hectare de terre agricole)

Japon Suisse Norvège UE à 15 Hongrie États-Unis Mexique Canada Australie

9 828 2 958 2 254 670 205 112 71 57 2

 LIENS Étude de cas principale pp. 62-63 Étude de cas pp. 78-79

72

A - Une modernisation agricole souvent trop difficile et coûteuse (doc. 1) ■ La croissance des productions agricoles n’est pas possible partout. Sur les plateaux d’Afrique de l’Est (Soudan, Éthiopie) ou dans les montagnes d’Asie Centrale (Afghanistan, Nord du Pakistan, Cachemire) ou andines, les contraintes topographiques et climatiques rendent difficile la modernisation agricole. ■ Pour accroître la production agricole, il faut des investissements pour financer l’achat de semences, de machines ou de techniques d’irrigation. Dans les pays pauvres, seuls des capitaux extérieurs peuvent financer cette modernisation. En dehors de l’aide internationale, l’agriculture des pays pauvres n’intéresse les investisseurs des pays riches que si elle peut générer des bénéfices importants. C’est le cas par exemple des régions de plantations tropicales. ■ Mais cette modernisation n’est possible que si les paysans sont suffisamment alphabétisés pour utiliser de nouvelles techniques. Ainsi, la modernisation ne profite souvent pas aux paysans les plus pauvres. B - Des problèmes agricoles souvent aggravés par des décisions politiques et économiques (doc. 2 et 4) ■ À l’échelle nationale comme au niveau mondial, l’amélioration de la production agricole et des conditions d’accès aux ressources alimentaires est un enjeu politique. Famines et malnutrition sont souvent dues à des conflits, voire des guerres civiles, ou liées à des situations économiques et sociales désastreuses : pauvreté, chômage, inégalités. En Afrique de l’Est, la famine ne s’explique pas par de mauvaises conditions naturelles, mais par les guerres civiles ou internationales, nombreuses dans cette partie du continent. ■ Les cultures commerciales sont souvent privilégiées au détriment des cultures vivrières qui permettent de nourrir les populations locales. Avec le développement des échanges agricoles mondiaux, chaque pays, encouragé par les firmes multinationales de l’agroalimentaire, essaie d’exporter des produits agricoles générateurs de devises. Ceci est facilité par l’explosion des échanges agricoles internationaux (+ 680 % de 1960 à 2004 !) dans un cadre de libre échange voulu par l’OMC. Quelques pays riches subventionnent néanmoins leurs productions agricoles pour maintenir des prix artificiellement bas sur les marchés mondiaux. Ainsi, les subventions des États-Unis à leurs producteurs de coton empêchent les producteurs africains de vendre le leur. Il est en effet plus cher que celui des États-Unis. C - Une aide internationale insuffisante ? (doc. 3) ■ L’aide alimentaire peut améliorer certaines situations d’urgence comme les famines. Mais elle peut entraîner une dépendance des bénéficiaires à l’égard des pays donateurs. L’aide à long terme peut installer les bénéficiaires dans l’assistance et décourager l’agriculture locale. Dans les pays africains, les plus pauvres, l’afflux massif de nourriture gratuite a anéanti certaines cultures locales de céréales (Burkina Faso, Mali, Centrafrique) qui ne pouvaient plus être vendues. Dans les pays en guerre civile comme au Soudan, l’aide est parfois détournée et n’arrive jamais vers ceux qui en ont besoin. ■ L’objectif est d’aider les pays pauvres à développer une agriculture locale et vivrière permettant d’assurer une meilleure sécurité alimentaire. La diffusion de techniques simples, réparables sur place et par les utilisateurs, ou l’octroi de microcrédits font partie des solutions.

© René Defort

VOCABULAIRE

1

Certains espaces agricoles sont peu propices à la modernisation. Ici, utilisation de bœufs et d’une araire en Éthiopie.

riz consommé en Thaïlande (en kg par personne par an) 160

riz exporté de Thaïlande (en millions de tonnes) 8

140

7

120

6

100

5

80

4

60

3

40

2

20

1

0 1979

1984

1989

1994

© Médecins sans frontières

cours

Chapitre 2. Nourrir les hommes

0 1999 2002 Source : OMC, 2004.

2

L’impact de l’ouverture au marché mondial : la destination du riz produit en Thaïlande

4

L’impact de la guerre civile au Soudan

3

L’aide alimentaire : un appel aux dons en France

Malgré les contraintes naturelles, ce pays ne devrait pas avoir de difficultés à nourrir sa population. Mais la guerre ravage le Soudan depuis 1983, et de nombreuses famines ont décimé la population ; les belligérants ont intégré l’arme alimentaire dans leurs pratiques de la guerre. En effet, l’armée gouvernementale utilise l’arme alimentaire comme moyen de répression contre les populations censées soutenir les rebelles en les affamant. Il s’agit d’éliminer les popula-

tions, de les déplacer vers des lieux où il y aura la possibilité de les contrôler plus efficacement. Les moyens utilisés sont la destruction des villages, des récoltes ou des greniers par le feu, l’abattage du cheptel. Alertée, la communauté internationale envoie des aides par l’intermédiaire des ONG, mais les colis sont détournés pour nourrir l’armée gouvernementale de 150 000 hommes. Intervention en 2005 de Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et auteur de Le Soudan contemporain, Karthala, 1989.

73

cours

Chapitre 2. Nourrir les hommes

5. Vers une agriculture durable et équitable ?

cuves à lisier

Agriculture durable : agriculture qui ne dégrade pas l’environnement pour permettre aux générations futures de continuer à produire leurs besoins alimentaires. C’est aussi une agriculture qui tente de limiter les inégalités sociales. Agriculture raisonnée : agriculture qui s’efforce de combiner respect de l’environnement et quantités produites suffisantes. Commerce équitable : commerce qui permet aux producteurs de bénéficier d’une partie plus importante du prix payé par le consommateur. FAO : organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation. OGM (Organisme Génétiquement Modifié) : organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l’introduction d’un gène provenant d’un autre organisme. Pour les plantes, il s’agit souvent de gènes de résistance aux maladies, aux herbicides, aux insectes.

REPÈRES La part de la population active agricole dans la population active totale

Monde : Europe : CEI : Amérique du Nord : Amérique latine : Asie : Afrique : Océanie :

44,3 % 9% 14,3 % 2,1 % 16 % 55,8 % 57 % 18,8 %

 LIENS Étude de cas principale pp. 62-63 Étude de cas pp. 80-81

74

A - Les limites de l’agriculture productiviste (doc. 1a et 1b) ■ Les techniques d’intensification agricole sont à l’origine de graves problèmes écologiques : les engrais et pesticides polluent les sols et les eaux, la mécanisation et les autres techniques de cultures agressives favorisent l’érosion des sols. Dans les régions d’élevage intensif comme en Bretagne, les rivières souffrent d’une pollution liée aux nitrates agricoles. ■ Le développement des surfaces agricoles irriguées pose la question de la gestion de l’eau : les superficies irriguées sont passées de 139 millions d’hectares en 1961 à 273 millions en 2001, mais la ressource se raréfie (thème abordé dans le chapitre 3). ■ Les limites de l’agriculture productiviste sont aussi commerciales : elle génère d’énormes excédents commerciaux qui déstabilisent les marchés agricoles mondiaux en faisant chuter les cours par un excès d’offre. ■ L’agriculture mondiale emploie encore près de la moitié de la population active de la planète. Or, c’est dans les régions où la population active est la plus nombreuse qu’elle est aussi la plus pauvre : ces pays n’ont pas eu les moyens d’intégrer la modernisation de l’agriculture. Mais dans les pays développés, l’agriculture productiviste a entraîné un remplacement des hommes par des machines, facilitant ainsi le dépeuplement des campagnes. ■ L’agriculture productiviste n’assure pas une sécurité sanitaire totale : la crise dite de la « vache folle » en Europe, provoquée par l’alimentation des bovins avec des farines animales, a montré, à la fin des années 90, que les pays développés n’étaient pas à l’abri de crises sanitaires graves. Le risque de diffusion de la grippe aviaire dans le monde en 2005, à partir de l’Asie, en est un autre exemple. B - Une autre agriculture possible ? (doc. 2, 3 et 4) ■ La prise de conscience des risques fait progressivement émerger des propositions en faveur d’une autre agriculture plus durable et plus équitable. Depuis la Conférence Internationale de Rio de Janeiro en 1992, baptisée « le sommet de la Terre », les opinions publiques et les États se préoccupent davantage de la situation environnementale. Ainsi, la pêche intensive raréfie aussi les ressources halieutiques d’où la volonté de limiter certaines techniques de pêche, comme les filets raclant le fond, dévastatrices pour l’environnement marin. ■ Des modèles plus extensifs de production et plus respectueux des milieux voient le jour. Des filières d’agriculture raisonnée, diminuant la consommation de produits chimiques et ne recherchant pas l’augmentation infinie des rendements, se mettent en place, mais elles restent le privilège des consommateurs des pays riches. Ces derniers ont cependant la possibilité d’agir ponctuellement en faveur des petits producteurs des pays du Sud, comme dans le cadre du commerce équitable. Le label Max Havelaar, créé aux Pays-Bas en 1988, permet aux consommateurs de choisir des produits certes plus chers, mais garantissant aux producteurs une rémunération correcte de leur travail. ■ L’augmentation de la production agricole pour assurer la sécurité alimentaire reste une priorité dans de nombreux pays : de nouvelles techniques sont mises au point comme les OGM, mais elles suscitent de nombreux débats scientifiques et politiques. La FAO préconise la mise en place dans les pays du Sud de pratiques adaptées aux moyens des paysans pauvres et spécifiques aux conditions naturelles et socio-économiques de chaque région.

épandage du lisier dans les champs

azote du lisier nitrates

transfert des nitrates dans les rivières par ruissellement

déversements en mer © Maisonneuve/SIPA

VOCABULAIRE

1A 2

développement des algues vertes

1B

Les algues vertes en Bretagne

Du lisier aux algues vertes

Des techniques agricoles alternatives

Les paysans haïtiens cultivent une très grande gamme de plantes différentes : maïs, sorgho, haricot, manioc, patate douce, etc. Ils peuvent toujours récolter un minimum de grains et de tubercules quels que soient les éventuels accidents climatiques. De plus, certaines associations judicieuses de plantes permettent d’augmenter les rendements sans recours aux engrais chimiques. De même, dans les régions semi-arides, plutôt que de mettre en place de grands ouvrages hydrauliques, il semblerait plus utile de chercher des techniques destinées à faire l’usage le plus rentable des rares eaux de pluies, en favorisant leur infiltration dans les sols. M. Dufumier, TDC nº 880 du 1er octobre 2004.

café conventionnel

café équitable

paysan intermédiaires locaux 4 % 4%

paysan 12 %

exportateur 4 % importateur 2%

torréfacteur, distributeur et détaillants 86 %

coopérative 2% importateur 2%

torréfacteur, distributeur et détaillants 84 % Source :

3

La répartition du prix du café payé par le consommateur en Europe

4

Un produit du commerce équitable : le café bolivien

75

étude de cas

Chapitre 2. Nourrir les hommes

Quels sont les caractères et les enjeux du marché du maïs ?

2

1972 2002

L

es céréales constituent la base de l’alimentation sur notre planète ; parmi elles, le maïs, découvert en Amérique centrale, est aujourd’hui cultivé partout dans le monde, et est devenu la première céréale produite, devançant même le blé et le riz. Parallèlement, les échanges mondiaux de maïs ont beaucoup progressé.

1A

Évolution récente des échanges mondiaux de blé, de riz et de maïs (en millions de tonnes)

1994

2002

103 14 63

106 26 77

Blé Riz Maïs

Blé

352

573

Riz

320

576

Maïs

300

612

Source : Grain, 2003.

a) Évolution de la production du blé, du riz et du maïs (en millions de tonnes)

Source : Grain, 2003.

États-Unis Argentine Canada Afrique du Sud Chine CANADA ÉTATS-UNIS

UNION EUROPÉENNE HONGRIE

Chicago FRANCE

43

13

22

38

Les grandes firmes semencières mondiales, qui conçoivent, produisent des graines de maïs sélectionnées et les vendent aux agriculteurs :

63

b) Évolution des rendements en maïs dans le monde (en quintaux par hectares)

1996

1998

2002

300 -

8 700 100 300 50 -

40300 (36 %) 14000 (11 %) 500 (44 %) 400 (15 %) 300 (

60 % des semences de maïs mondiales

 DuPont États-Unis   Monsanto

30 % des semences de maïs mondiales

 Syngenta (Suisse) Union  BASF (Allemagne) européenne  Limagrain (France) 

élevages industriels de porcs et de volailles carburant éthanol

ÉGYPTE

MALAISIE

élevages de qualité et labellisés

alimentation animale

textile papiers et cartons

c) Les cultures de maïs transgéniques (OGM : voir p. 74) dans les principaux pays concernés (en milliers d’hectares et pourcentage des superficies en OGM dans l’ensemble des superficies en maïs)

plastiques biodégradables adhésifs chimie

utilisation industrielle alimentation humaine

confiserie chocolaterie crèmes glacées

édulcorants

TAIWAN

ARABIE SAOUDITE

océan

plats cuisinés farine et dérivés (polenta, tortillas, corn flakes…)

Pacifique

océan

BRÉSIL PÉROU

26

CORÉE DU SUD

COLOMBIE

Pacifique

Total monde Régions tropicales Régions tempérées

La filière maïs

détergents

SYRIE ISRAËL

ALGÉRIE

RÉP. DOMINICAINE

océan

océan

1972 2002

CHINE

TUNISIE MAROC MEXIQUE

JAPON

TURQUIE

3

La production des trois principales céréales

INDONÉSIE Atlantique

Indien

ANALYSE DES DOCUMENTS CHILI ARGENTINE

AFRIQUE DU SUD

1. Quels sont les plus importants importateurs et

4 000 km

2.

Source : Grain, World Markets and Trade, USDA, 2003.

Production de maïs en millions de tonnes principaux pays producteurs de maïs

exportateur importateur

1B

47 16 9 3 0,8

3.

Chicago Board of Trade (CBOT), principal marché à terme sur lequel est fixé le cours mondial du maïs

4. 5.

Le marché mondial du maïs

© Pierre Gleizez/REA

Remarque : d’une année sur l’autre, les productions de maïs peuvent varier énormément en fonction des aléas climatiques, mais aussi des demandes du marché.

4

76

exportateurs de maïs ? (doc.1b) Comment a évolué la production mondiale de maïs et ses rendements ? (doc. 2) Montrez et expliquez l’importance du maïs dans les échanges agricoles internationaux (doc. 1a, 1b, et 3). Décrivez les aménagements portuaires permettant le transport et le stockage des céréales (doc. 4) Quelles sont les régions du monde qui dominent le marché du maïs et les progrès scientifiques de cette culture ? pourquoi ? (doc. 1, 2, 3, 4) Réponse organisée au sujet Rédigez un paragraphe montrant les caractères et les enjeux du marché du maïs dans le monde.

Un terminal céréalier dans le port de Brest, en Bretagne

77

étude de cas

Chapitre 2. Nourrir les hommes

Quels problèmes alimentaires en Afrique subsaharienne ?

3A

Taux de natalité (pour mille)

L’

Afrique subsaharienne est la région du monde la plus touchée par les problèmes alimentaires ; c’est d’ailleurs la première destinataire de l’aide alimentaire mondiale : en effet, malgré les progrès, encore 30 % de la population est chroniquement sous-alimentée, et les déficits alimentaires frappent d’abord les enfants : 42 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.

m er TUNISIE Méd it er r anée ALGÉRIE MAROC LIBYE

ÉGYPTE

m

tropique du Cancer

er Ro ug

MAURITANIE

NIGER

e

CAPVERT

1972-1974 1983-1984

ÉRYTHRÉE TCHAD SOUDAN 2004-2005 SÉNÉGAL MALI 1983-2003 GAMBIE BURKINA DJIBOUTI FASO NIGERIA 1973-1974 GUINÉE- GUINÉE BÉNIN 1984-1985 BISSAU Biafra CÔTE TOGO 1968-1970 RÉP. SIERRA LEONE D’IVOIRE ÉTHIOPIE CENTRAFRICAINE GHANA depuis 1996 SOMALIE CAMEROUN 1992 LIBERIA GUINÉE depuis 1991 1990-1997 ÉQUATORIALE équateur OUGANDA GABON RÉPUBLIQUE KENYA RWANDA SÃO TOMÉ ET PRÍNCIPE DÉMOCRATIQUE océan CONGO BURUNDI DU CONGO 1996-2003

TANZANIE

océan Atlantique

Indien COMORES

1985-1986 1992-1994 1998-1999

ZAMBIE

MALAWI

ANGOLA

NAMIBIE

ZIMBABWE MADAGASCAR 2002-2003 MOZAMBIQUE BOTSWANA 1985-1986 1992-1993

tropique du Capricorne

SWAZILAND

1 000 km

limite Nord de l’Afrique considérée comme « subsaharienne » malnutrition chronique : moins de 2 300 calories par jour et par habitant principales zones de famines durant les trente dernières années TCHAD

1

78

pénurie alimentaire

Les risques alimentaires en Afrique

LESOTHO

AFRIQUE DU SUD

Carte conçue par Sylvie Brunel. Source : ONU, PNUD,UNHCR, 2003.

1990-1997

dates des principales famines ou de la période depuis laquelle elles se produisent

réfugiés, en milliers de personnes 2 300 1 700 300 30 principaux conflits des années 1990

Taux de mortalité (pour mille)

Population en millions d’habitants

Soudan

33

10

32

0,505 (139e)

1900

2

Mali

48

22

22

0,326 (174e)

1950

10,2

1980

21,6

2003

38,1

République démocratique du Congo

45

18

22

0,365 (168e)

France pour comparaison

13

10

204

0,932 (16e)

L’aggravation de l’insécurité alimentaire en Afrique

La production alimentaire, principale composante du secteur agricole, s’est globalement améliorée par rapport à 2000. Ainsi, les récoltes ont augmenté en Afrique du Nord et dans la corne de l’Afrique, et ont atteint des niveaux exceptionnels dans le Sahel ouest africain. Cependant, de nombreux pays qui ont été confrontés à des catastrophes d’origine naturelle ou humaine souffrent encore de graves pénuries et ont besoin d’une aide alimentaire. Au plan régional, la production a augmenté en Afrique de l’Ouest, mais les conditions climatiques, faites de sécheresse et d’inondations en Afrique australe, ont entraîné une baisse de la production en Afrique de l’Est et en Afrique australe. Dans l’ensemble, la production céréalière estimée a modestement augmenté […] tandis que les exportations de céréales étaient en léger retrait par rapport à 2000. L’aide alimentaire s’est élevée à 3,1 millions de tonnes. D’après la FAO (Fonds des Nations Unies pour l’Agriculture), quelque 28 millions de personnes ont été confrontées à de graves pénuries alimentaires en 2001, dont 18 millions (64 %) en Afrique de l’Est. Rapport de la banque africaine de développement, 2002.

L’évolution démographique au Soudan

Temps de IDH doublement de (rang) la population (ans)

5

Quelques données sur l’agriculture et l’aide alimentaire en Afrique

Agriculture : – 34 % du PIB de l’Afrique ; – 57 % des actifs employés ; – assure un moyen de subsistance à 70 % des pauvres en Afrique.

© Renaudeau/Hachettephotos.com

2

3B

La situation démographique en 2003 de quelques États africains

4

Culture des oignons à Sanga, Mali

ANALYSE DES DOCUMENTS 1. Quelle est la situation alimentaire de l’Afrique subsaharienne ? 2. 3. 4. 5.

(doc. 1) Quelle est l’évolution de cette situation ? (doc. 2) Recensez toutes les causes de la situation alimentaire de l’Afrique subsaharienne (doc. 1, 2, 3 et 4). Pourquoi l’aide alimentaire est-elle à la fois indispensable et dangereuse ? (doc. 5) Pourquoi l’agriculture est-elle un enjeu capital du développement en Afrique subsaharienne ? (doc. 1, 2, 3, 4 et 5) Réponse organisée au sujet Rédigez un paragraphe expliquant les problèmes alimentaires de l’Afrique subsaharienne.

L’aide alimentaire fournie par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU en 2004 : 8 millions de tonnes de céréales réparties entre : – Afrique subsaharienne : 50 % du total (44 pays bénéficiaires) ; – Asie du Nord-Est : 25 % (Corée du Nord, Chine) ; – Moyen-Orient : 23 % (surtout Irak, Afghanistan) ; – Autres : 2 % Principaux avantages de l’aide alimentaire : – solidarité Nord/ Sud ; – sauver en urgence des populations de la famine. Principales limites : – peut accroître la dépendance des pays du Sud à l’égard de ceux du Nord ; – peut décourager l’agriculture locale par l’arrivée de produits gratuits de l’extérieur ; – peut créer de nouvelles habitudes alimentaires ; – peut être détournée localement et ne pas arriver à ceux qui en ont besoin.

79

étude de cas

Chapitre 2. Nourrir les hommes

Les OGM, pour ou contre ?

l’évolution mondiale des cultures d’OGM

VOCABULAIRE OGM (Organisme Génétiquement Modifié) : voir pp. 74-75.

ALLEMAGNE FRANCE ESPAGNE

ÉTATS-UNIS

PORTUGAL

UKRAINE ROUMANIE BULGARIE

JAPON

CHINE

MEXIQUE

ARGENTINE

Source : ISAA, FAO, 2005.

2

2001

2003

2005

10,2 %

Argentine

8,2 %

Canada Brésil

4

Journée de mobilisation lors du procès des neuf faucheurs volontaires d’OGM à Versailles le 17 novembre 2005

5

Recherches sur les plantes transgéniques OGM Riz sous serres. Test de résistances aux insecticides. Francfort, Allemagne, 2002.

5,9 % 1,2 %

Chine

0,5 %

Afrique du Sud

0,4 %

AUSTRALIE

les 4 principales plantes concernées et % des surfaces en OGM par rapport à la surface totale de culture de cette plante 4 000 km

60 %

Les surfaces plantées en OGM dans le monde

Les OGM en débat

a) Arguments en faveur des OGM : Les sociétés de biotechnologie avancent l’argument du nécessaire développement de l’agriculture intensive, industrielle, pour nourrir une population mondiale de 9 milliards d’individus en 2050. Elles présentent également les OGM comme bienfaisantes au plan environnemental : moindre emploi de pesticides et d’herbicides. Des chercheurs travaillent sur des végétaux qui pourraient se passer d’engrais, comme du riz transgénique capable de résister à des sécheresses intenses. De grandes firmes agroalimentaires affirment que les OGM peuvent résoudre le problème de la faim dans le monde en soutenant l’idée qu’ils peuvent permettent aux populations des pays pauvres, vivant dans des régions défavorisées, d’accroître leur production alimentaire. Ainsi, le Golden Rice (riz doré), enrichi à la vitamine A et en fer, élaboré par Syngenta, et ayant nécessité 70 brevets, serait destiné aux 200 millions de personnes souffrant de carence en vitamine A, responsable de près de 3 millions de cas de cécité chez les enfants de moins de 5 ans. La Chine, inquiète du

80

1999

24 %

rétrécissement des superficies cultivées et soucieuse d’améliorer les rendements des plantes cultivées, investit dans la recherche agronomique sur les OGM. […]. b) Arguments contre les OGM : L’opposition aux OGM commence en 1976 quand du soja transgénique est importé en Europe. Les écologistes s’insurgent contre les expérimentations en plein champ, le transgène pouvant s’échapper dans l’environnement et contaminer d’autres plantes. De plus, les OGM sont des plantes adaptées aux pays riches, soumises à des brevets. De ce fait, elles sont inaccessibles aux paysans pauvres du Sud. Avec le dépôt de brevets, une poignée de firmes pourraient, ainsi, avoir la possibilité de contrôler les semences, et par là toute l’agriculture. Les adversaires des OGM s’opposent aux risques pour la santé (éventuelle toxicité sanitaire) et au risque de pollution environnementale […] Beaucoup doutent que les OGM puissent résoudre le problème de la faim dans le monde. D’autre part, moins de 1 % de la recherche sur la biotechnologie concerne l’Afrique subsaharienne, région la plus exposée aux risques alimentaires. Sous la direction de B. Benoït et B. Saussac, La mondialisation en fiches, © Bréal, 2005.

© Stephan Elleringmann/LAIF REA

1A

AFRIQUE DU SUD

principaux pays ayant cultivé des plantes transgéniques pour être commercialisées principaux pays cultivant des OGM à des fins expérimentales développement récent des cultures OGM

39,9

États-Unis

D’autres sociétés se livrent à des expérimentations comme : • AVENTIS (France) • CONAGRA (EU)

BRÉSIL

52,6

part des surfaces cultivées en OGM dans la surface cultivée totale dans 6 pays

Les principales firmes produisant des OGM

• MONSANTO (EU) • DuPont (EU) • SYNGENTA (Suisse) • NOVARTIS (Suisse)

90 67,7

11 10 1,7 0 1996 1997

1B CANADA

en milllions d’hectares

© Fanny Tondre/REA

L

a première plante transgénique, un tabac, a été produite en 1983. Depuis, les cultures OGM progressent dans le monde. Pour les défenseurs des OGM, le développement de ces cultures peut être une solution au problème de la faim dans le monde. Pour les opposants, les OGM présentent des risques énormes pour l’environnement et la santé humaine.

90 80 70 60 50 40 30 20

soja

maïs

11 %

5%

coton

colza

les superficies cultivées en OGM par rapport à la superficie totale dans le monde 1 500 millions d’ha de cultures dans le monde

dont 90 millions d’ha en OGM (6 %)

ANALYSE DES DOCUMENTS 1. Dans quelles parties du monde 2. 3.

Source : ISAA, 2005.

3

Les OGM dans le monde

se situe la majorité des productions OGM ? (doc. 1a) Quelle est l’importance des cultures d’OGM dans l’agriculture mondiale ? (doc. 3) Qui maîtrise la technologie des OGM ? Trouvez une explication. (Introduction et doc. 1b et 5)

4. Quels sont les arguments en 5.

faveur des OGM ? (doc. 2) Quels sont les arguments contre les OGM ? (doc. 2 et 4) Réponse organisée au sujet Rédigez un paragraphe organisé sur les enjeux du développement des cultures d’OGM dans le monde. 81

mé∏ode Étude de tableaux statistiques objectif

Exercice 2 : analyser une évolution Les indices permettent de mesurer une évolution à partir d’une date donnée à laquelle est attribué l’indice 100. Dans l’exemple retenu, les indices de 2002 permettent de comparer les évolutions de la production de blé

Analyser et comparer des tableaux statistiques

Exercice 1 : analyser et comparer des ordres de grandeur 1

2

Tableau 1

Part de la production mondiale des 15 premiers pays producteurs de blé en 1990

3

Tableau 2

Part de la production mondiale des 15 premiers pays producteurs de blé en 2002

1. URSS

17,1 %

1. Chine

15,9 %

2. Chine

16,5 %

2. Inde

12,5 %

3. États-Unis

12,5 %

3. Russie

8,8 %

4. Inde

8,4 %

4. États-Unis

7,6 %

5. France

5,6 %

5. France

6,8 %

6. Canada

5,4 %

6. Turquie

3,6 %

7. Turquie

3,3 %

7. Allemagne

3,6 %

8. Australie

2,5 %

8. Ukraine

3,5 %

9. Pakistan

2,4 %

9. Pakistan

3,1 %

10. Royaume-Uni

2,3 %

10. Royaume-Uni

2,8 %

11. RFA

1,8 %

11. Canada

2,7 %

12. Argentine

1,8 %

12. Kazakhstan

2,2 %

13. Pologne

1,5 %

13. Argentine

2,1 %

14. Italie

1,3 %

14. Grèce

2,1 %

15. Iran

1,3 %

15. Iran

2%

depuis 1990, année à laquelle l’indice 100 a donc été donné. En 2002, un indice inférieur à 100 indique que la production a diminué, un indice supérieur à 100 indique que la production a augmenté.

4

Tableau 3

Évolution de la production des 15 premiers pays producteurs de blé, 1990-2002 (en millions de tonnes)

Évolution de la production des 15 premiers pays producteurs de blé en 2002 (1990 = indice 100)

1990

2002

1. Chine

98,2

91,2

1. Grèce

631,5

2. Inde

49,8

71,8

2. Iran

150

3. Russie

49,5

50,5

3. Inde

144,1

4. États-Unis

74,4

43,9

4. Allemagne

136,8

5. France

33,3

38,9

5. Pakistan

127,2

6. Turquie

20

21

6. France

116,8

7. Allemagne

15,2

20,8

7. Royaume-Uni

114,2

8. Ukraine

30,3

20,5

8. Argentine

113,6

9. Pakistan

14,3

18,2

9. Turquie

105

10. Royaume-Uni

14

16

10. Russie

11. Canada

32

15,6

11. Chine

92,8

12. Kazakhstan

16,1

12,7

12. Kazakhstan

78,8

13. Argentine

11

12,5

13. Ukraine

67,6

– Quel est le thème principal traité dans les tableaux 1 et 2 ? – Dans les deux tableaux, quels sont les principaux pays producteurs de blé ?

Analyse d’ensemble

Calculer la part totale des 15 pays dans la production mondiale. – En 1990, combien faut-il de pays pour atteindre la moitié de la production mondiale ? Combien en faut-il pour atteindre les deux tiers ? – Faire le même calcul pour 2002.

Quelle évolution peut-on noter entre 1990 et 2002 ? – Quelle évolution peut-on noter à propos du nombre de pays nécessaires pour assurer la majeure partie de la production mondiale de blé ? – Quelle explication peut-on donner aux phénomènes observés ?

Quelle part de la production mondiale les pays du Nord remplissent-ils en 1990 et 2002 ? Quelle est la part des pays du Sud ? – Sur quel continent la production est-elle la plus élevée ? Quel continent est absent de ce tableau ? Qu’en concluezvous ?

– Comment la part des pays du Nord dans la production mondiale a-t-elle évolué ? – Peut-on dire que la production de blé reflète la coupure Nord-Sud du monde ?

Analyse détaillée

82

102

1,9

12

14. États-Unis

59

15. Iran

8

12

15. Canada

48,7 Sources : Images Économiques du Monde.

Compréhension

Comparaison

Identification du sujet

2002

14. Grèce

Sources : Images Économiques du Monde.

Compréhension

Tableau 4

Comparaison

Identification du sujet

Quel est le thème principal traité dans les tableaux 3 – Qu’est-ce qui différencie les tableaux 3 et 4 des et 4 ? tableaux 1 et 2 ? – Lequel des tableaux 3 et 4 reflète le mieux l’évolution de la production de blé entre 1990 et 2002 ? Justifiez votre réponse.

Analyse d’ensemble

– Quel classement le tableau 3 a-t-il retenu ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ? – Quel classement le tableau 4 a-t-il retenu ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ?

– Le tableau 3 peut-il être lu sans le tableau 4 ? – Le tableau 4 peut-il être lu sans le tableau 3 ? – Justifiez vos réponses.

Analyses détaillées

1. Quel pays a connu la plus forte augmentation de sa production depuis 1990 ? Quelle est sa place dans la production mondiale ? 2. Quelle est l’évolution de la production chinoise de blé ? 3. Comment expliquer l’évolution de la production de blé de l’Allemagne ? 4. Comment caractériser l’évolution de la production du Canada et des États-Unis ?

1. Quel tableau rend le mieux compte la réalité de l’évolution de la production de blé de ce pays ? 2. Quels problèmes l’évolution de la production chinoise de blé est-elle susceptible de poser ? 3. Comparer l’évolution des productions française et allemande. Comment expliquer leur rang respectif dans les tableaux 3 et 4 ? 4. Peut-on expliquer l’évolution de la production des États-Unis et du Canada à partir des seuls tableaux 3 et 4 ?

83

mé∏ode Classer des informations dans un tableau comparatif

Trois grands types de rizicultures

La riziculture inondée. Le riz inondé couvre 54 millions d’hectares (un tiers des rizières), situés à 90 % en Asie du Sud et du Sud-Est, et fournit 18 % de la récolte mondiale. Le riz inondé est cultivé sans maîtrise de l’eau lors d’un

84

Guy Trébuil, TDC, décembre 2005.

Note : il existe aussi une riziculture à submersion profonde qui ne représente que 3 % de la production mondiale.

2

Rizières inondées au Sri Lanka

© Michel Baret/Rapho/Hachettephotos

Rizières irriguées au Vietnam. Lorsque le riz a atteint une certaine hauteur, on ouvre les vannes des petits canaux d'irrigation.

3

Rizières pluviales de montagne près de Bali (Indonésie)

Exercice : identifiez les atouts et contraintes des différents types de riziculture

Nº de la photographie

Nombre de cycles par an

Rendement par cycle de récolte

Riziculture

(sur 97 %, cf. note p. 84)

1. Dans le tableau ci-dessous, reportez les informations du texte concernant chaque type de riziculture. % de la récolte mondiale

La riziculture pluviale. De 12 à 14 millions d’hectares de riz pluvial sont cultivés chaque année, aux deux tiers en Asie. Il domine en Afrique et en Amérique latine, où il occupe respectivement 1,8 et 3,1 millions d’hectares. La production annuelle est d’environ 16 à 20 millions de tonnes, soit 4 % seulement de la production totale. Le riz pluvial est produit sur des parcelles non endiguées, sur des plateaux (Asie du Sud subhumide), mais aussi sur des terres pentues, plantées en riz de montagne (Asie du Sud-Est humide). Les sols sont bien drainés et aucune submersion ne se produit. Culture traditionnelle d’autosubsistance en Asie du Sud-Est, il y joue un rôle décroissant face à la diversification agricole, à l’intégration des régions reculées dans l’économie de marché et aux effets des politiques environnementales. Les rendements sont voisins de 1 à 1,5 tonne par hectare. De plus, les dynamiques économiques et les préoccupations environnementales qui dominent en Asie ne permettront pas au riz pluvial de jouer un rôle dans l’augmentation de la production rizicole future sur ce continent.

1

% des surfaces rizicoles mondiales

La riziculture irriguée. Environ 80 millions d’hectares de rizières sont irrigués dans le monde, soit 55 % des surfaces totales en riz, produisant 75 % de la récolte annuelle globale. Le riz irrigué est cultivé en casiers cernés de diguettes. Son rendement moyen en paddy est de 5 tonnes par hectare par cycle cultural (qui peut être double ou triple selon les variétés utilisées) en conditions tropicales et de 6,5 tonnes par hectare en zones tempérées. La maîtrise de l’eau permet aujourd’hui de s’affranchir des variations climatiques et les riziculteurs utilisent les intrants (produits industriels utilisés pour l’agriculture) à moindre risque, ainsi que les équipements motomécanisés, pour produire d’importants surplus. Mais cet écosystème crucial pour nourrir les habitants de la planète est en contraction : la diminution des nouveaux projets d’irrigation est due à l’augmentation de leurs coûts financiers (les meilleurs sites ont déjà été aménagés), environnementaux (déforestation, pertes de biodiversité), sociaux (déplacements de populations) et politiques (opposition de la société civile).

unique cycle en saison humide, dans des casiers endigués et plus ou moins submergés durant une partie du cycle de la culture. Soit la nappe d’eau en surface est faible, et le sousécosystème inondé est caractérisé par un risque élevé de déficit hydrique (= manque d’eau), soit elle est élevée et c’est alors le risque d’inondation de la culture qui est dominant. Ce sont souvent des variétés traditionnelles, hautes et sensibles à la durée du jour, qui sont cultivées, avec peu d’intrants chimiques. Les rendements en paddy sont modestes (2,2 tonnes par hectare en moyenne), mais surtout instables, d’une année sur l’autre, en fonction des pluies. Cependant, les superficies seraient en extension et la riziculture inondée pourrait alors contribuer à l’augmentation de la production de riz, pourvu que l’irremplaçable savoir-faire des producteurs soit associé à la mise au point des innovations.

Millions d’hectares

La production globale annuelle de riz, obtenue à 92 % en Asie, est d’environ 600 millions de tonnes de paddy – riz non décortiqué –, soit 400 millions de tonnes de riz blanc et près de 30 % de la récolte globale de grains. Elle est obtenue sur 150 millions d’hectares (11 % des terres cultivées) dans cent vingt-deux pays. L’Asie produit environ 450 millions de tonnes de paddy par an (contre 20 millions de tonnes en Afrique, un peu moins en Amérique latine, 4 en Europe et 3 aux États-Unis). Dans cette région du globe, la consommation annuelle de riz par habitant varie entre 83 kg en Inde, à plus de 200 kg en Birmanie, tandis que la moyenne mondiale est de 65 kg (seulement 9 kg en Afrique subsaharienne, 26 kg en Amérique latine, moins de 10 kg en France et aux États-Unis). […] Une typologie simplifiée retient trois rizicultures majeures […] :

© Angelo Cavalli/age fotostock/Hachettephotos.com

© Christophe Boisvieux/Hachettephotos

Sujet : Quel type de riziculture pour l’avenir ?

Type de paysage créé

Part des intrants

Problèmes posés

Avenir de ce type de riziculture

irriguée inondée pluviale

2. Quel type de riziculture paraît la plus coûteuse ? pourquoi ?

3. Quel type de riziculture semble réunir le plus d’atouts ? expliquez-en les limites. 85

mé∏ode bac

la composition

Sujet : Les révolutions vertes : une solution à la faim dans le monde ?

Pour bien connaître la signification d’une « révolution verte », vous pouvez utiliser : – Le doc. 3 p. 71 ; – Le cours pp. 70-71 ; – Éventuellement, une recherche personnelle sur cette question.

Partie III : toutefois, de nouveaux problèmes sont apparus a) …………………… b) …………………… c) …………………… ➔ Complétez ce plan

Étape 3 : rédiger l’introduction Amorce de l’introduction :

Étape 1 : analyser le sujet et dégager la problématique a) Définir les limites du sujet Les

révolutions vertes

Terme principal à définir. cf. cours pp. 70-71 : vocabulaire et cours 3. B.

: une

solution

Idée de bilan, de résultats. Le plan devra soupeser le pour et le contre.

à la

faim

dans le

monde ?

Les deux termes sont à mettre en relation : quelle partie du monde a connu des essais de révolutions vertes ? Était-ce dans tous les cas pour faire face à un problème de disette ou de famine ?

Le sujet est rétrospectif : un bilan doit être fait des essais de révolutions vertes. Le sujet est aussi prospectif : il pose une question cruciale pour l’avenir. Le sujet se situe à l’échelle mondiale. Mais le problème de la faim ne concerne que certaines régions du monde et seules quelques-unes ont mis en œuvre une révolution verte. ➔ Quels sont les espaces où une révolution verte a été expérimentée dans le monde ?

b) Chercher la problématique ou intérêt du sujet Ici, la problématique est fournie par le libellé du sujet. Il est cependant possible de la compléter, de la préciser. On peut partir du texte 3. p. 71 : La révolution verte en Inde afin de comprendre les enjeux du sujet. Quels sont ces enjeux ? Le texte 1. p. 62 : La modernisation agricole, une solution ? peut fournir d’autres pistes de réflexion. Quelles sont les idées données par ce texte ?

Pour ce sujet, on peut partir de données chiffrées sur la faim dans le monde, par exemple comparer l’évolution de la population mondiale et des pays en voie de développement avec le phénomène de la faim (cf. pp. 66-67 cours 1. Le défi alimentaire mondial). Ceci sert d’amorce à l’introduction (cf. pp. 10-11 Méthode Bac au début du manuel).

Définition du sujet et problématique : À partir de l’étape 1. a) (analyse des limites du sujet), vous devez préciser les mots clés du sujet, y compris en donnant une définition des termes un peu vagues : définition rapide de l’expression « révolutions vertes » sur laquelle reviendra ensuite la partie 1. ; donner un chiffre qui éclaire le mot « faim » et préciser les limites spatiales des pays concernés en premier chef. À partir de l’étape 1. b) (intérêt du sujet), rédigez 2 à 3 lignes posant clairement l’intérêt du sujet.

Annonce du plan : En évitant « Dans une première partie, nous verrons que….., puis, dans une deuxième partie…. », ce qui est jugé d’un style un peu lourd par le correcteur, vous pouvez transformer les titres de vos parties en phrases s’enchaînant par des mots de liaisons. Dans le plan proposé plus haut, on peut rédiger l’annonce de plan suivante : « Des révolutions vertes ont été tentées dans quelques pays du monde en développement (annonce de la 1re partie). Le bilan peut mettre en valeur d’indéniables avancées (annonce de la 2e partie), mais de nouveaux problèmes se posent avec cette modernisation de l’agriculture à marche forcée (annonce de la 3e partie). ».

Étape 4 : rédiger le devoir Étape 2 : bâtir le plan Le sujet se présente comme une discussion où le pour et le contre doivent être débattus. Mais, avant de dresser un bilan, le processus de révolution verte devra être expliqué dans une première partie. Le plan en trois parties peut ici prendre la forme suivante : Partie I : des révolutions vertes ont été expérimentées dans des pays en développement a) Buts et fonctionnement de ces révolutions vertes b) Différences entre les pays concernés par ces révolutions vertes Partie II : les révolutions vertes ont permis des progrès indéniables a) …………………… b) …………………… c) ……………………. 86

En suivant les conseils des pages 10 et 11, rédigez la première partie après avoir annoncé les sous-parties. Faire de même pour les deux parties suivantes.

Étape 5 : rédiger la conclusion En deux ou trois phrases, formulez un bilan nuancé des révolutions vertes. Les avantages l’emportent-ils sur les inconvénients ou est-ce l’inverse ? Vous pouvez terminer votre conclusion sur une ouverture en abordant d’autres solutions envisageables (sans utopie !) pour vaincre le problème de la faim dans le monde. Par exemple, il est possible de faire référence aux excédents agricoles des pays développés, aux inégalités du commerce agricole mondial….

87

mé∏ode bac

le croquis

Construire un croquis à l’échelle continentale

Étape 2 : construire le plan À partir des thèmes ci-dessous, cherchez un titre pour chaque partie

objectif

À partir des informations, sélectionner les figurés permettant de construire la légende et de réaliser le croquis.

Sujet : Défi alimentaire et développement en Afrique

Étape 1 : attribuer un figuré représentatif à chaque information La sélection des informations amène à rassembler des figurés qui sont susceptibles de se superposer et de rendre le croquis illisible. Vous devez donc régler le problème des aplats de couleur qui se superposent en choisissant d’autres figurés. 1. Reproduire le tableau ci-dessous.

Documents

Informations retenues

Planisphère pp. 54-55

Plus de 2 500 kilocalories par Jour et par habitant

Planisphère pp. 54-55

Moins de 2 500 kilocalories par jour et par habitant

Planisphère pp. 56-57

Agriculture traditionnelle tournée vers les marchés locaux

Planisphère pp. 56-57

Agriculture moderne tournée vers les marchés internationaux

Doc. 1 p. 78

Principales zones de famine

2. Dans la colonne de droite, sélectionner les figurés de la colonne centrale qui seront conservés lors de la réalisation du croquis. 3. Pour les autres informations, choisir et placer dans la colonne de droite les nouveaux figurés, afin qu’ils ne se superposent pas à ceux qui ont été conservés. Figurés correspondant dans les documents

Figurés retenus pour le croquis

Thèmes

Plan

Constat

L’Afrique est le continent où les questions alimentaires sont les plus impor- 1. tantes : déficits et pénuries chroniques, famines…

Causes

Ces problèmes trouvent leurs causes dans les structures agraires mais aussi 2. dans les nombreux problèmes sanitaires et politiques qui affectent l’Afrique

Conséquences

L’Afrique regroupe l’essentiel des PMA. L’Afrique concentre la plus grande 3. partie des personnes déplacées et des réfugiés.

Étape 3 : construire la légende et réaliser le croquis Construire la légende en classant les informations et les figurés retenus dans chaque partie du plan défini dans l’étape 2. Réaliser ensuite le croquis en commençant par les noms et figurés ponctuels (les surfaces colorées peuvent gêner l’écriture).

Titre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

océan Doc. 1 p. 78

Pénuries alimentaires

Doc. 1 p. 37 Doc. 1 p. 78

Principaux conflits des années 90

Planisphère pp. 18-19

Pays les moins avancés (IDH inférieur à 0,45)

Doc. 1 p. 38 Doc. 2 p. 39

Prévalence du SIDA (supérieur à 5 % de la population) qui affecte la production agricole

Doc. 1 p. 37

Frontières contestées

océan

NOM DU PAYS EN COULEUR

Indien

Atlantique

2 000 km

Légende : 1. .…………………………..………… Doc. 4 p. 45

88

2. .…………………………..…………

3. .…………………………..…………

Flux de réfugiés

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