Nous étions l'Exodus - CNDP

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visibles dans Nous étions l'Exodus). On relèvera tout ... Claudel, Vercors, Aron) que chez les hommes poli- ... Nous les découvrons pour la première fois. J'ai pu  ...
teledoc le petit guide télé pour la classe

2007 2008

Nous étions l’Exodus Au-delà du bras de fer engagé entre les gouvernements anglais et français, l’aventure de l’Exodus et de ses 4 500 passagers Un documentaire

reste l’épopée la plus spectaculaire de l’immigration clandestine

de Jean-Michel Vecchiet

d’après guerre. Soixante ans après, le film de Jean-Michel

(2007),

Vecchiet recueille les témoignages des acteurs de cette odyssée:

produit par

ils racontent avec émotion cette grande histoire et la conscience

Mat Films, diffusé dans Infrarouge.

retrouvée des rescapés de la Shoah en quête d’une nouvelle patrie.

1 h 28 min

FRANCE 2 JEUDI 13 DÉCEMBRE, 23 h 00

Des clandestins qui ont fait l’histoire Histoire, terminale L’histoire des 4 500 passagers de l’Exodus a marqué la lutte des juifs de Palestine contre le veto britannique au mouvement d’immigration des rescapés du génocide. Ce film relate la plus importante opération d’immigration mise en place après la guerre par les organisations juives, le bras de fer entre la France et l’Angleterre lors du retour des réfugiés dans le sud de la France, ainsi que la mobilisation de l’opinion internationale autour de la question « palestinienne » à la veille de la création de l’État d’Israël. Soixante ans après, plusieurs de ses acteurs (passagers, membres d’équipage, agents de la Haganah) et de ses témoins réveillent leurs souvenirs et retracent la malheureuse odyssée de l’Exodus, de Baltimore à Hambourg, en passant par Marseille, Sète, Port-de-Bouc et Haïfa. Dédié « aux clandestins », le film, entre les archives filmiques et photographiques inédites et les grands mouvements de symphonies de Beethoven, oscille entre le roman vrai de juifs ballotés par l’histoire et l’épopée universelle d’êtres humains dans leur quête du bonheur.

Rédaction Le San Diep, professeur d’histoire et de géographie Crédit photo D.R. Édition Émilie Nicot et Anne Peeters Maquette Annik Guéry Ce dossier est en ligne sur le site de Télédoc. www..cndp.fr/tice/teledoc/

Le deuxième exode

> Comprendre les motivations politiques de l’immigration clandestine vers la Palestine. • On définira préalablement le terme sioniste et on rappellera le contexte dans lequel se déroule cet «exode». Relevant les moyens humains et financiers investis, on mettra en évidence les enjeux de cette vaste opération nommée «Aliyah Beth» (le retour à la Terre sainte) : il s’agit de réaliser un débarquement spectaculaire en Palestine avant le départ de la commission spéciale mise en place par l’Onu le 3 mai 1947 et d’attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur le problème des réfugiés européens. • On retracera le parcours des réfugiés de l’Exodus venant des camps d’Allemagne, rassemblés ensuite dans une douzaine de camps de transit dans le sud de la France. Ces « personnes déplacées » qui se retrouvent dans les zones d’occupation ne veulent pas retourner dans leur pays d’origine, en Europe orientale et centrale où l’extermination des juifs a souvent été précédée, sauf en Tchécoslovaquie, d’une législation antisémite. • On relèvera, en les définissant, les termes (Haganah, Mossad, Irgoun, Palmach) qui se rapportent aux organisations secrètes juives et on dégagera les liens qui unissent celles-ci aux différents partenaires de l’opération. La plupart de ceux qui ont aidé en 1947 les passagers de l’Exodus à embarquer ont fait partie des réseaux de résistance pendant la seconde guerre mondiale et on retrouve ces réseaux y compris au sein du gouvernement français. On soulignera l’impossible réalisation de l’opération sans la complicité de l’administration française.

Un imbroglio diplomatique

> Analyser le bras de fer qui oppose le gouvernement britannique et la Haganah en 1947, puis la délicate position du gouvernement français dans ce contexte international. • On rappellera les raisons pour lesquelles les Britanniques sont présents en Palestine (le mandat confié par la Société des nations, exercé depuis 1920 sur la Palestine, la Transjordanie et l’Irak) et la difficulté à tenir deux engagements contraires: établir un libre gouvernement des Arabes sur la Palestine et permettre l’immigration juive à laquelle s’opposent ces derniers. Après la guerre, les Anglais choisissent de limiter cette immigration: on soulignera la brutalité de la répression à l’égard des clandestins. On rappellera qu’entre 1945 et 1947, la guérilla et les activités «terroristes» des organi-

sations sionistes cherchent à contraindre la GrandeBretagne, soumise par ailleurs à de fortes pressions de la part des États-Unis, à remettre son mandat à l’Onu. • On analysera les raisons profondes du refus des rescapés de descendre sur le sol français à leur retour. On mettra en avant le caractère médiatique de cette affaire (cf. les photographies de presse et les nombreux films d’actualités dont certains sont visibles dans Nous étions l’Exodus). On relèvera tout ce qui contribue à infléchir l’opinion publique internationale: attitude (volontairement ou involontairement ?) provocatrice des Anglais (répression meurtrière au large de la Palestine, bateaux-cages, choix de l’Allemagne comme but ultime de l’aventure), journalistes qui mettent l’accent sur la détermination et la souffrance des passagers (le souvenir culpabilisant du génocide hitlérien rend insupportable la vue de ces «rescapés» enfermés derrière des barbelés), exacerbation de ces sentiments par les «propagandistes» de la Haganah (encouragement des passagers par ses agents lors des opérations sanitaires et de ravitaillement, assimilation des Anglais aux nazis). Rappelons en effet que le drame de l’Exodus s’est déroulé à la sourde satisfaction des dirigeants sionistes. • On montrera le décalage croissant entre l’opinion publique française et la position ambiguë du gouvernement français. On décrira la chaîne de solidarité qui s’organise pour le ravitaillement en eau et en nourriture des trois bateaux. Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères, tient en effet à ménager la Grande-Bretagne et ses partenaires arabes, et ne manifeste pas de soutien officiel. Le monde politique français est divisé : au sein du gouvernement Ramadier, la cause sioniste est soutenue par les socialistes (Jules Moch, Édouard Dupreux, ce dernier, ministre de l’Intérieur, favorisant la bienveillance de fonctionnaires à l’égard des sympathisants de la Haganah); la Ligue pour la Palestine libre, créée en 1946, est alors très active et recrute aussi bien chez des intellectuels (Sartre, Claudel, Vercors, Aron) que chez les hommes politiques (Mendès-France, Louis Marin, Edgar Faure). „

Pour en savoir plus • ZERTAL Idith, Des rescapés pour un État, CalmannLévy, coll. « Diaspora », 2000. • LAURENS Henry, La Question de Palestine. Tome 2 : 1922-1947 et Tome 3 : 1947-1967, Fayard, 2002 et 2007.

«Nombre de juifs ne trouvent plus leur place en Europe» Questions à Diane Afoumado, historienne La célèbre odyssée de l’Exodus fait oublier que d’autres bateaux ont connu un sort semblable. Y en a-t-il eu avant-guerre? Dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir et surtout à partir de 1938, des juifs d’Allemagne et d’Autriche fuient le Reich ou en sont chassés. Des centaines de bateaux viennent frapper aux portes du monde libre. Toutes les compagnies maritimes transportent des milliers de juifs qui achètent des billets pour n’importe quel pays de transit en attendant de pouvoir émigrer définitivement, le plus souvent aux États-Unis. L’épisode le plus connu est celui du paquebot SaintLouis, symbole de cette tragédie en mai 1939. À son bord, 907 juifs allemands et autrichiens ont acheté un permis de débarquer pour Cuba. Mais pour des raisons essentiellement politiques, les passagers ne sont pas autorisés à débarquer à La Havane et, revenant en Europe, sont répartis entre la Belgique, la Hollande, la France et la GrandeBretagne. À la même période que le Saint-Louis, deux autres bateaux, le Flandre et l’Orinoco, tentent en vain de débarquer à Cuba. Des centaines de bateaux couvrent les océans du globe et errent parfois de port en port. En décembre 1941, le Struma transporte 769 juifs qui ont embarqué dans le port de Constantza en Roumanie à destination de la Palestine. Le bateau est torpillé par erreur et coule en mer de Marmara le 23 février 1942. Il n’y a qu’un seul survivant… Après la guerre, l’histoire des «bateaux fantômes» continue. Le Président Warfield, rebaptisé Exodus 47, est l’un d’entre eux.

elles, entre un million et demi et deux millions de juifs refusent de retourner dans leur pays d’origine. Ils ont tout perdu pendant la Shoah: leur famille, leurs biens matériels (maison, appartement, meubles, etc.) et lorsqu’ils reviennent dans leur pays, ils doivent souvent entreprendre de longues démarches administratives pour récupérer ces biens dont ils ont été spoliés. Dans le cas des déportés, ils doivent aussi réapprendre à vivre une «vie normale» dans une société civile qui les a exclus quelques années auparavant. Nombre d’entre eux ne trouvent plus leur place dans cette Europe qui les a rejetés. Ils craignent de revenir sur leurs anciens lieux d’habitation car cela peut parfois se révéler dangereux comme dans le cas de Kielce en Pologne où un pogrom est organisé en juillet 1946: 42 juifs sont massacrés. Certains tentent de partir en Amérique et d’autres, par idéal sioniste, envisagent d’émigrer en Palestine.

En 1945, qui étaient ces «juifs déplacés» retenus dans des camps sous tutelle des forces alliées? De la fin de la seconde guerre mondiale au début des années cinquante, des centaines de milliers de juifs déplacés attendent dans les camps en Allemagne, en Autriche et même en Italie. Parmi eux, des rescapés et des survivants de la Shoah qui ne veulent ou ne peuvent retourner dans leur pays d’origine. Ces camps de «personnes déplacées» (DPs) sont administrés par les Alliés et l’UNRRA (l’Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction). L’organisation juive américaine American Jewish Joint Distribution Committee fournit de la nourriture et des vêtements aux juifs qui attendent dans ces camps de pouvoir émigrer quelque part.

La crise des réfugiés en 1947 a-t-elle eu un poids important dans la décision de créer un État d’Israël? Pendant l’immédiat après-guerre, l’immigration est limitée et laisse peu de possibilités aux juifs qui attendent dans les camps de DP. La loi des quotas aux États-Unis restreint le nombre de réfugiés; les Britanniques, à cause de l’opposition arabe, poursuivent leur politique de limitation de l’immigration juive en Palestine, renforcée dès 1939 par la publication du Livre blanc et interceptent les bateaux de réfugiés qui tentent d’y débarquer. Des pressions américaines sont exercées sur le gouvernement britannique qui s’en remet aux Nations unies. Le 29 novembre 1947, l’assemblée générale de l’ONU vote, lors d’une session spéciale, la partition en deux nouveaux États, l’un juif et l’autre arabe. Les dirigeants juifs acceptent ce plan tandis que les arabes le refusent. Des survivants de la Shoah enfermés dans les camps de DP peuvent enfin débarquer dans le nouvel État juif et ils seront nombreux à combattre lors de la guerre d’Indépendance. Rappelons toutefois que l’État d’Israël n’est pas la conséquence directe de la Shoah puisque des négociations avaient déjà été entreprises auparavant. La guerre a, au contraire, retardé la création du nouvel État. „

Quels sont les principaux motifs qui ont conduit les juifs à fuir l’Europe après guerre? En 1945, les Alliés rapatrient plus de six millions de personnes déplacées pendant la guerre. Parmi

Diane Afoumado est chargée de cours à l’Inalco. Elle est l’auteur d’Exil impossible. L’errance des Juifs du paquebot Saint-Louis (L’Harmattan, 2005).

Jean-Michel Vecchiet, réalisateur de Nous étions l’Exodus La recherche d’archives est la partie extraordinaire du film. Certains passagers, avec la toute petite somme d’argent qui leur a été distribuée à la sortie des camps, ont pu s’acheter des appareils photo et ils en ont fait pendant toute l’épopée du bateau, de Baltimore jusqu’au retour en Allemagne. Chaque témoin m’a ouvert son album de famille et, à l’année 1947, il y avait des photos faites à bord de l’Exodus ! Plus de 250 photos dans le film ne proviennent pas d’agences professionnelles. Nous les découvrons pour la première fois. J’ai pu retrouver aussi à Port-de-Bouc la trace du seul photographe local, très jeune à l’époque, M. Ribes, qui en 1947 venait d’ouvrir son laboratoire pour photos de famille. Il avait été réquisitionné par le commissaire de Martigues, et son travail allait directement au bureau des Renseignements généraux à Paris. Toutes les photos de Port-de-Bouc qu’on voit dans le film sont les siennes. C’est un document exceptionnel. Dossier de presse de France 2.

La France et le sionisme en 1947 Fiche de travail C’est en 1947 que la question « palestinienne » fait une entrée massive dans la presse française. L’affaire de l’Exodus permet d’analyser l’influence des milieux sionistes en France : d’abord assimilés aux mouvements de résistance, ceux-ci ont réactivé d’anciens réseaux et bénéficié de la complaisance du gouvernement français. Puis, à partir de l’arrivée des trois bateaux-cages en rade de Port-de-Bouc, sous la pression de son partenaire britannique, l’attitude du gouvernement se révèle bien timide par rapport au formidable élan de solidarité qui émerge au sein de la population française. L’exercice ici proposé dégagera les grands traits de la position française face au sionisme à cette époque.

En vous appuyant sur la première partie du documentaire, consacrée à la préparation de l’expédition (10e-28e min).

Questions 1. Complétez le tableau pour montrer que la branche de la Haganah chargée de l’Aliyah Beth a un réseau de contacts en Europe et particulièrement sur le territoire français. Nom du contact

Fonction

Rôle dans la mission

Yossi Harel

David Bronstein

Claude Misrachi

Laurent Leboutte

2. Retrouvez les liens que la Haganah a tissés avec les mouvements de résistance français pendant la guerre et les différentes techniques utilisées pour cette opération clandestine. 3. Dans la deuxième moitié du film (44e-73e min), expliquez de quelle manière la situation des réfugiés ramenés en France sur les bateaux-cages sensibilise l’opinion publique française au problème des réfugiés juifs d’Europe. 4. Décrivez le décalage croissant entre la position du gouvernement français lors de la délégation envoyée sur les trois navires anglais et la réaction de la population française au mois d’août 1947.