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Revue trimestrielle de vulgarisation scientifique de l’université Mouloud Mammeri de Tizi -Ouzou

Revue trimestrielle éditée par la cellule de communication du vice rectorat des relations extérieures et des manifestations scientifiques Campus Hasnaoua I. Auditorium. Tel & Fax : 026 41 05 79 . Couriel : [email protected]

Edition : Cellule de communication. Vice Rectorat des relations extérieures de l’UMMTO Directeur de la publication : Pr. Rabah Kahlouche, Recteur Responsable de la rédaction : Pr Hocine Fellag , Vice Recteur chargé des relations extérieures. Comité de Lecture : Pr Mohamed Dahmani , Pr Tahar Taleb Pr Mohamed Morsli , Pr Salah Belaid, Pr Iddir Ahmed-Zaid Conception et réalisation : Djamila Mansour Adresse : Campus Hasnaoua I. Auditorium. Tel et Fax : 026 41 05 79/ 026 41 07 92 Couriel : [email protected]

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Chronique…………………….…………………………..

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Hocine FELLAG

L’université Mouloud Mammeri : Trente ans après !...

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Dr Iddir AHMED ZAID

Caractérisation de la décision scientifique dans l’entreprise d’un point de vue statistique………………

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Abderahmane Yousfate

Le syndrome de « MADE IN » et le sort des entreprises Publiques Industrielles (EPI)………………

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Leïla MELBOUCI

Evolution du commerce extérieur de l’Algérie : 19802005 Constat et analyse…………………………………

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Khaled CHEBBAH

La dépendance alimentaire et les aléas du climat……...

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AMIR Youcef

Women, Men , Tradition, and Modernity in Efua Sutherland’s New Life at Kyerefaso and Ayi Kwei Armah’s Fragments……………………………………...

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Riche Bouteldja

‫………… اﻟﻌﺪول اﻟﻠﻐﻮي ﻓﻲ ﻟﻐﺔ اﻟﺼﺤﺎﻓﺔ‬...………..…… ‫ﺘﻴﻘﺭﺸﺔ ﻓﺯﻴﺔ‬

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‫ …………………………أﺳﺒـــﺎب ﺗﺮدي ﻟﻐــــﺔ اﻟﺼﺤﺎﻓــــﺔ‬105 ‫ﻨﻭﺍل ﻋﺜﻤﺎﻥ‬

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Le Sens et la Mesure epuis la nuit des temps, les hommes ont toujours été fascinés par les nombres. Ces derniers sont apparus il y a très longtemps, durant les premières civilisations du Paléolithique. Avant, l'homme était incapable de compter ; il était tout au plus capable de concevoir l'unité et la multitude. Et depuis, les nombres et la vie des hommes ont toujours été étroitement liés. Parmi ces nombres si fascinants, se trouve le nombre Trente ayant de nombreuses propriétés mathématiques. On peut citer le fait que c’est un entier strictement positif produit des trois facteurs premiers distincts 2, 3 et 5. C’est aussi un entier divisible par la somme de ses chiffres. Le mathématicien Dattatreya Ramachandra Kaprekar a qualifié cette propriété de Harshad qui signifie en sanscrit grande joie. Mais c’est aussi le produit de deux entiers naturels consécutifs (5 et 6). Sur un autre plan, on sait aussi que, depuis l’aube des temps, la relation entre l’arbre et l’homme a toujours été étroite. En effet, l’arbre est le témoin intemporel et le compagnon bienfaiteur de l’humanité. Selon la mythologie, on raconte que, dans la cité grecque, lorsque Athéna a lancé sa lance sur le sol, celle-ci se transforma en olivier. Le fruit de cet arbre a été tellement apprécié par ses habitants que la ville fût baptisée Athènes. Il semblerait que la culture des oliviers a amélioré et facilité leurs éclairages. Dès qu’on pense à l’arbre, on ne peut s’empêcher de penser à la sagesse, la paix et la prospérité. On dit même que l’olivier est un fébrifuge. Si vous avez trente ans cette année, alors vous avez le même âge que

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La chronique de Hocine FELLAG l’université Mouloud Mammeri de TiziOuzou. Celle-ci a démarré en septembre 1977 comme centre universitaire avec cinq cent étudiants et vingt sept enseignants. Pour ce faire, il fallait utiliser un centre de repos, une salle de cinéma, un sous-sol d’APC, et un ancien lycée. Aujourd’hui, elle en compte plus de 40000 étudiants et près de 1300 enseignants. Elle est éclatée sur sept campus qui vont se réduire à moyen terme à trois pôles principaux (Hasnaoua I, Hasnaoua II et Tamda). J’ai voulu parler du nombre trente car je le trouve indissociable de l’olivier. L’UMMTO est un peu comme cet olivier qui peut occuper toute une génération. En effet, la première va le planter, la seconde l’entretenir et les autres vont assurer la cueillette. Une grande partie des cadres qu’elle a formés fait le bonheur des entreprises et des institutions universitaires nationales ou étrangères. De plus, elle est aujourd’hui gérée, en grande partie, par ses propres enfants. C’est important d’avoir trente ans et toutes ses dents. On peut donc dire que l’UMMTO se porte plutôt bien de par sa stabilité et ses avancées qualitatives. Malgré les insuffisances, il faut aller de l’avant et préparer l’université de demain. Peu importent les difficultés. Après avoir bouclé ses trente ans, une nouvelle année commence pour l’UMMTO qui devra indiscutablement se mettre sur son trente et un. Hocine FELLAG

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L’université Mouloud Mammeri : Trente ans après ! Dr Iddir AHMED ZAID Vice-Recteur du Développement, de la Prospective et de l’Orientation

ans un monde en continuelle mutation où les frontières ne constituent plus que des écueils administratifs, la société attend de l’université qu’elle concilie au moins quatre réalités : (1) sa mission de formation et de recherche, (2) sa fonction critique, critique sociale, économique et éthique s’entend, (3) son positionnement spatial auprès de ses interlocuteurs et partenaires immédiats et de la communauté scientifique internationale, (4) son soutien à l’innovation comme acteur direct et comme partenaire. Devant ces exigences, il est intéressant de s’interroger dans quelle mesure la jeune université algérienne en général et l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou en particulier peut répondre à ces attentes et quelles sont les conditions nécessaires pour y parvenir à moyen et à long termes. Depuis fort longtemps, notre pays a opté pour une politique de multiplication des équipements universitaires sur l’ensemble du territoire national afin de pourvoir d’abord à une demande importante en matière de formation et de qualification et s’inscrire ensuite dans un objectif de stimulation du processus de participation au développement et d’innovation technologique. Il est évident que ce choix nécessite le déploiement de lourds moyens en tous genres mais il doit s’appuyer sur un encadrement de qualité et en quantité suffisante. Après moins d’un demi-siècle de mise en œuvre de cette politique, on constate que l’évolution vers un système performant de formation supérieure bute sur maintes difficultés malgré des tentatives de réformes qui ne vont pas toujours jusqu’à leurs termes. La volonté de s’arrimer sur les modèles des pays développés ne suffit pas étant donné les écarts en termes de substance de départ, c’est-à-dire que les conditions initiales ne sont pas les mêmes1. Malgré toutes ces difficultés d’adaptation de l’université algérienne aux exigences d’un enseignement supérieur performant et productif, il est important de souligner que certaines tendances commencent à se dessiner, même si elles ne sont pas encore très perceptibles à l’échelle globale. On peut en saisir certains contours à plus petite échelle, c’est-à-dire à l’échelle de l’établissement. En d’autres termes, la massification et l’effet de nivellement masquent les efforts partiels et la volonté d’aller vers une meilleure matérialisation des objectifs de l’enseignement supérieur algérien. Dans ce qui suit, nous essaierons de saisir les conditions dans lesquelles évolue l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et les potentialités dont elle dispose, d’apprécier plutôt que d’évaluer ses performances et sa productivité et surtout de voir quelles sont les perspectives qui s’offrent à elle pour concilier les quatre réalités attendues d’elle par la société. De prime abord, il faut souligner qu’après plus de trois décennies d’existence, l’université Mouloud Mammeri entame sa phase de maturité. Créée ex nihilo pour répondre à un besoin social, elle commence à s’imposer comme l’un des pôles universitaires les plus importants du pays même si certains ont une histoire beaucoup plus longue. Elle a connu une croissance très rapide avec des hauts et des bas qui, par moment, ont sérieusement contraint son développement. Elle a eu à vivre des moments de crise qui ont secoué jusque sa réputation au point d’être qualifiée de « cas à part » nécessitant des « traitements 1

Disparités en matière d’encadrement, de techniques de gestion de la pédagogie, de formation de formateurs, de performance dans la production et la reproduction de la connaissance, d’actualisation et d’affinement des programmes, de moyens mis en œuvre, de la faible diversité de l’offre de formation hors université, celle-ci étant pratiquement l’unique secteur d’accueil des bacheliers, etc.

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spécifiques ». Ces crises ont généré des instabilités fonctionnelles et un déséquilibre latent entre ses moyens et ses lourdes missions. Malgré ces aléas, elle a continué à assurer sa mission de formation dans des domaines scientifiques diversifiés en gardant la trajectoire du savoir, de la connaissance, de la recherche mais aussi de la production et du débat d’idées. Il est vrai que les multiples problèmes auxquels elle a été confrontée, notamment son gigantisme précoce, sa dispersion et la précarité de ses infrastructures, ont quelque part altéré cette sérénité et cette rigueur qui l’ont marquée à son démarrage, mais dans l’ensemble, elle demeure un espace de potentialités avérées sur l’échiquier national contribuant modestement au développement du capital humain. Il est évident que nous ne pouvons nous prévaloir de jugements positifs si des arguments ne sont pas apportés à la base. C’est dans ce but que nous nous proposons dans ce qui suit de livrer la réalité de l’université Mouloud Mammeri. Il ne s’agit pas d’apporter des situations chiffrées mais de faire la part des choses et de tenter de montrer comment elle remplit ses missions et ses différents rôles vis-à-vis de ses étudiants d’abord, de la société et du champ socioéconomique. Après un bref aperçu historique sur son évolution, nous mettrons en relief les potentialités dont elle dispose, puis nous essaierons de cerner de manière critique quelques aspects de sa productivité, en d’autres termes, chercher à cadrer ses performances dans différents domaines, enfin, nous discuterons de ses rapports avec son environnement et d’une manière générale, avec le monde extérieur.

UN PEU D’HISTOIRE … Créée en septembre 1977 en tant que centre universitaire avec un effectif d’un peu moins de 500 étudiants, dans un centre d’accueil pour personnes âgées sis à Oued Aïssi, l’université de Tizi Ouzou accueille aujourd’hui plus de 41 000 étudiants ! A l’époque, le centre universitaire était structuré en quatre départements2. Ceux-ci évoluaient dans une salle de cinéma de la ville et un sous-sol de la mairie improvisés alors en amphithéâtres, 07 salles de travaux dirigés, 06 laboratoires et 02 laboratoires de langue. L’encadrement comprenait au total 27 enseignants3. Après trois années d’existence seulement, le centre universitaire de Tizi Ouzou devint un foyer de la contestation estudiantine et de la revendication identitaire, ce qui a conduit aux évènements du Printemps Amazighe d’avril 1980 auquel l’université reste intimement liée depuis. Entre 1984 et 1989, le centre universitaire éclate en neuf (09) instituts nationaux d’enseignement supérieur (INES) avec la mise en œuvre de la nouvelle carte universitaire4. Chaque institut jouissait de l’autonomie financière et administrative et était dirigé par un directeur nommé par la tutelle. Le fonctionnement global de cette institution était assuré par un conseil de coordination présidé par un coordonnateur désigné parmi les directeurs des INES. Cette forme d’organisation a désarticulé certaines filières par un effet de dispersion et la remise en cause de certaines formations à l’image de la biologie qui s’est vu diluée dans l’institut des sciences agronomiques. Par contre, elle a permis le démarrage des embryons des instituts d’Architecture et d’Electronique. En 1989, on assiste au regroupement des différents

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Département des sciences exactes, Département des sciences biologiques, département des sciences juridiques et administratives et Département de langue et littérature arabes. 3 Dont : 03 en langue et littérature arabes, 04 en sciences juridiques, 08 en sciences exactes et 12 en biologie. 4 Institut des Sciences Exactes, Institut des Sciences Agronomiques, Institut des Sciences Médicales, Institut des Sciences Economiques, Institut de Langue et Littérature arabes, Institut de Droit, Institut de Génie Civil, Institut d’Electrotechnique et Institut d’Informatique.

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INES en un ensemble plus cohérent avec des formations diversifiées. C’est la re-naissance de l’université de Tizi Ouzou scindée en quinze (15) instituts5. En 1991, l’université de Tizi Ouzou enrichit son offre de formation par la création du Département de Langue et Culture Amazighes. Entre temps, l’université de Tizi Ouzou fut baptisée à juste titre du nom de l’illustre écrivain Mouloud Mammeri, décédé le 26 février 1989. Elle a du fonctionner ainsi jusqu’en 1998 où un décret présidentiel remodèle en profondeur l’organisation de l’université algérienne d’une manière générale, y compris dans la gestion de ses aspects pédagogiques. Sur cette base, l’université Mouloud Mammeri a été structurée d’abord en six (06) puis en huit (08) facultés subdivisées en vingt neuf (29) départements d’enseignement et de recherche. Depuis, elle ne cesse d’étoffer son offre de formation par la création de nouvelles filières et spécialités tant en graduation qu’en post-graduation. Même si elle demeure en phase de construction, l’université Mouloud Mammeri affirme chaque année un peu plus son identité et consolide sa tendance à jouer un rôle de pôle scientifique important tant à l’échelle nationale qu’internationale, grâce notamment aux potentialités qu’elle recèle.

LES POTENTIALITES DE L’UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI L’une des missions principales de l’université est de contribuer au développement du capital humain et de diffuser le savoir. Pour y arriver, elle doit se prévaloir de la diversité de son offre de formation en équilibre avec les besoins des divers secteurs de la vie économique et du développement technologique. Partant de là, ses potentialités doivent être d’abord humaines, matérielles et pédagogiques ; en d’autres termes, il s’agit de compétences, de moyens infrastructurels et financiers et de l’offre de formation.

Armature administrative, pédagogique et infrastructurelle L’université Mouloud Mammeri est multisite : les enseignements sont dispensés dans huit campus universitaires6. Les campus de Oued Aïssi, Didouche Mourad, Hamlat et de l’Habitat sont de vieilles infrastructures cédées à l’université par les secteurs de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’habitat. Il s’agit de structures provisoires non conformes aux normes et exigences de la pédagogie universitaire. Evidemment, cette dispersion résulte de l’histoire de la formation de l’université Mouloud Mammeri fondée essentiellement sur l’affectation de structures provisoires pour parer à la croissance rapide des effectifs et aux aléas immédiats des rentrées universitaires sans aucune assise planifiée. De nos jours, la dispersion de l’université demeure une contrainte majeure dans l’exploitation rationnelle des infrastructures et dans la préservation du temps pédagogique eu égard aux déplacements des enseignants et des étudiants entre campus. Elle est aussi source de déménagements de départements pour recomposer des configurations pédagogiquement viables répondant aux contraintes particulières des rentrées universitaires, de la gestion des flux et de la pression exercée sur certaines filières. Dans son armature administrative et 5

Instituts d’Agronomie, d’Architecture, de Biologie, de Génie Civil, de Génie Mécanique, d’Informatique, d’Electronique, d’Electrotechnique, des Sciences Exactes, des Sciences Médicales, des Sciences Economiques, des Sciences Juridiques et Administratives, des Langues Etrangères, de Langue et Littérature Arabes, de Psychologie. 6 Ce sont les campus de Oued Aïssi, de Boukhalfa, de Hasnaoua I, du Complexe Biomédical, de Hasnaoua II (Pôle de Technologie), de Didouche Mourad (ILE), de Hamlat et de l’Habitat.

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pédagogique actuelle, l’université Mouloud Mammeri compte huit facultés7 subdivisées en 29 départements pédagogiques et de recherche8. A leur tour, ces départements dispensent des enseignements et délivrent des diplômes dans pas moins de 70 spécialités et options et délivrent sept (07) différents types de diplômes (Ingéniorat d’Etat, Licence, DES, DEUA, Doctorat de Médecine, Diplôme de Pharmacien, Diplôme de Chirurgien Dentiste). La multiplicité des départements et des spécialités consacre la pluridisciplinarité de l’université Mouloud Mammeri et la diversité de son offre de formation qui ne cesse de s’enrichir chaque année avec l’ouverture de nouvelles filières et spécialités pratiquement dans toutes les facultés. Il est évident que l’offre de formation va se développer encore davantage avec la mise en œuvre de la nouvelle architecture de l’enseignement supérieur partiellement entamée à partir de la rentrée universitaire 2005-2006. L’université Mouloud Mammeri évolue dans des infrastructures qui ne cessent de se développer pour absorber les nouveaux effectifs et aider à la résorption progressive des infrastructures provisoires vétustes et au développement de l’offre de formation. A l’heure actuelle, on évalue ses capacités d’accueil à 32 615 places pédagogiques réparties entre amphithéâtres, salles de travaux dirigés, laboratoires, salles de travaux pratiques et ateliers divers. La structure détaillée des infrastructures est donnée dans le tableau I. Nature de l’infrastructure Amphithéâtres Salles de cours Salles de travaux dirigés Salles de travaux pratiques Laboratoires Salles techniques Centre de calcul Bibliothèques et salles de lecture Total

Nombre

Capacité totale 52 74 308 21 71 53 02 11

12 030 4 400 11 131 536 1 940 1 078 90 1 100 32 615

Tableau I : Consistance et structure de l’infrastructure pédagogique (2006-2007) Trois mille nouvelles places pédagogiques seront réceptionnées à la rentrée universitaire 2007-2008 au campus de Hasnaoua II. Celles-ci comprennent notamment une dizaine d’amphithéâtres qui viendront répondre aux besoins en la matière des facultés qui évoluent au niveau de ce campus. Ce qui portera les capacités infrastructurelles à 35 615 places pédagogiques. Les taux d’occupation des salles seront de 1 place pour 3 étudiants en amphithéâtre, de 1 place pour 2.5 étudiants en salle de travaux dirigés, de 1 place pour 9.5 étudiants en laboratoire et de 1 place pour 15 étudiants en bibliothèque. Ces taux sont relativement plus élevés dans les filières des lettres, de droit, d’économie et de gestion que dans les filières des sciences et technologie.

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Faculté des Sciences, Faculté de Médecine, Faculté des Sciences Biologiques et Agronomiques, Faculté de Droit, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Faculté du Génie de la Construction, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Faculté du Génie Electrique et de l’Informatique. 8 Mathématiques, Physique, Chimie, Médecine, Chirurgie Dentaire, Pharmacie, Agronomie, Biologie, Biochimie et Microbiologie, Droit Privé, Droit public, Sciences politiques, Langue et Lettres Arabes, Langue et Culture Amazighes, Français, Anglais, Interprétariat, Psychologie, Architecture, Génie Civil, Génie Mécanique, Economie, Gestion, Sciences commerciales, Automatique, Electronique, Electrotechnique, Informatique.

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Sur ce plan, on peut affirmer que l’université Mouloud Mammeri est en cours de construction et de matérialisation. D’immenses chantiers sont engagés actuellement avec la réalisation de 15 000 places pédagogiques au nouveau site de Tamda. Ces capacités infrastructurelles seront opérationnelles à compter de l’année 2008-2009 et permettront à l’université Mouloud Mammeri de développer de nouveaux créneaux de formation et de subvenir aux déficits infrastructurels latents ! Les œuvres universitaires ne sont pas en reste puisque pas moins de 22 000 lits seront engagés en réalisation dans le courant de l’année 2007-2008, tandis qu’un projet de 500 lits est en cours de réalisation au site de Rehahlia. La recherche étant l’allié naturel de la pédagogie, l’administration universitaire s’est attelée à la matérialiser dès l’agrément des premiers laboratoires par l’affectation d’infrastructures spécifiques. C’est dans ce sens que deux blocs entiers ont été attribués comme locaux pour le Laboratoire de Physique et de Chimie Quantique (LPCQ), le Laboratoire des Matériaux Electrochimie et Corrosion (LAMEC), le Laboratoire des Eaux, le Laboratoire de Chimie Appliquée et de Génie Chimique (LCAGC), et le Laboratoire de Biochimie Appliquée et de Biotechnologie (LABAB). D’autres locaux ont été individualisés dans différents sites et blocs pédagogiques et affectés aux laboratoires de recherche au fur et à mesure de leur agrément. Il en est ainsi du Laboratoire de Recherche en Economie et Dynamiques Locales (REDYL), du Laboratoire de Mécanique des Structures et d’Energétique (LMSE), du Laboratoire de Recherche en Informatique (LARI), de deux Laboratoires de Génie civil (LAMOMS et LGEA), de deux Laboratoires de recherche en électronique et automatique (LAMPA et L2CSP), du Laboratoire d’Immunologie, du Laboratoire de Mathématiques Pures et Appliquées (LMPA) qui sont tous domiciliés dans des locaux appropriés à la mesure du nombre d’équipes qui les composent. Certains laboratoires de biologie et d’agronomie (Ressources Naturelles et Valorisation des Ressources Naturelles) occupent des locaux au niveau de l’unité de recherche du complexe biomédical. Pour matérialiser davantage les activités de recherche et étoffer sa propre infrastructure l’université Mouloud Mammeri a bénéficié d’un financement conséquent pour la réalisation d’une infrastructure de 20 laboratoires et un ensemble de bureaux au niveau du campus de Hasnaoua II. La conduite de ce projet est à la phase d’approbation de l’esquisse architecturale.

Potentialités humaines En matière d’encadrement, l’université Mouloud Mammeri dispose pour l’année universitaire 2006-2007 de 1 266 enseignants permanents dont la structure par grade et par faculté est donnée dans le tableau II. Grade et Prof. M. Conf. C. Cours M. Ass. Assistant Prof. Ing Totaux faculté Sciences 18 26 82 100 03 02 231 FGEI 08 08 61 60 11 02 150 FGC 06 16 70 57 14 11 174 FSAB 08 16 77 55 06 01 163 FMED 05 04 00 131 00 00 140 FSEG 02 05 49 37 06 00 99 DROIT 03 12 53 60 12 00 140 FLSH 05 07 66 86 04 01 169 Totaux 55 94 589 455 56 17 1 266 Tableau II : Structure du corps enseignant par grade et par faculté (2006-2007) 7

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Il faut relever un certain déséquilibre entre facultés en termes d’encadrement. A ce titre, on constate que la faculté des Lettres et Sciences Humaines, la faculté des Sciences économiques et celle de droit (taux d’encadrement de l’ordre de 1 enseignant permanent pour 60 étudiants) accusent des déficits sérieux en termes d’encadrement. Ces déficits sont beaucoup plus prononcés pour les départements d’anglais et de français auxquels il faudrait ajouter le département d’informatique de la faculté du Génie électrique et de l’informatique. Les facultés les mieux encadrées restent celles des Sciences (1 : 13), du Génie de la Construction (1 : 15), des Sciences Agronomiques et Biologiques (1 : 23) et du Génie Electrique et de l’Informatique (1 : 24). Ces taux sont à prendre dans l’absolu ; en fait, il faut tenir compte de la coopération entre les facultés, notamment pour les modules des sciences fondamentales ; la faculté des sciences couvre l’essentiel des modules de mathématiques, de chimie et de sciences physiques. Il faut remarquer la part Structure de l'effectif enseignants par faculté modeste des professeurs et des Effectif total : 1 266 enseignants maîtres de conférences qui Agronomie & Biologie Sciences n’émargent qu’avec un taux de Economie & Gestion 18% 13% 11.8 % dans l’effectif total du 8% Génie Electrique corps enseignant permanent. & Informatique Cependant, ce déficit est Médecine 12% 11% partiellement compensé par la qualité des diplômes des autres catégories du corps enseignant 14% Droit 11% Génie Construction 13% dont 25 % sont titulaires d’un Lettres & Sciences Humaines diplôme supérieur ou équivalent au doctorat du troisième cycle, tandis que 69 % sont titulaires d’un magistère et les 6 % restants ont un diplôme inférieur au DEA. Cette compensation par la qualité du diplôme donne une meilleure assise à la compétence du corps enseignant permanent de l’université Mouloud Mammeri. Afin de combler les déficits en encadrement, l’université Mouloud Mammeri recrute chaque année de nouveaux enseignants à concurrence des postes ouverts par la tutelle (en moyenne 100 postes par an), mais les écarts restent encore importants. Pour illustrer l’ampleur de ces déficits, il faut noter que pour l’année 2006-2007, l’effectif théorique calculé sur la base de la norme universelle d’un enseignant pour 15 étudiants devrait être de 2 400 enseignants ! Ce qui induit un manque à gagner de 1 134 enseignants relativement à l’effectif en place qui est de 1 266 enseignants permanents et qui doit être compensé par le recours à la vacation. Si l’on retient le taux d’un enseignant permanent pour 20 étudiants, il nous faudrait disposer de 1 800 enseignants permanents, soit un déficit de 534 enseignants par rapport à l’effectif réel en poste ! Pour l’année 2007-2008, si l’on retient un effectif de 41 000 étudiants, l’effectif théorique nécessaire sera de l’ordre de 2 730 enseignants pour une norme universelle d’encadrement ; ce qui nous conduira à un déficit de l’ordre de 1364 enseignants qui doit être comblé par des vacataires ! Pour accomplir sa mission pédagogique et de recherche, le corps enseignant est assisté par un effectif de l’ordre d’un millier d’agents techniques et de service. Le taux d’encadrement actuel en matière de personnel de soutien est d’un agent pour 36 étudiants. Ce qui induit un écart non négligeable puisque la norme admise en la matière prévoit un agent pour 30 étudiants. Le déficit enregistré s’élève donc à 200 agents pour l’année 2006-2007, l’effectif nécessaire au fonctionnement de l’université étant de 1 200 agents.

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L’analyse de la structure de l’effectif montre qu’il est essentiellement composé du personnel d’exécution (60 %) alors qu’une institution de formation supérieure demande, de par son essence même, davantage de personnels techniques et qualifiés. Il est fondamental pour le bon fonctionnement de l’université de recentrer la politique de recrutement en personnels ATS vers un meilleur équilibre dans la structure des ressources humaines qui permettra de pourvoir tous les postes spécifiques, notamment au niveau des facultés et des services centraux. Ce déficit de qualification et de qualité est d’ailleurs perceptible à travers la structure par diplôme de l’effectif ATS dont plus de 60 % possède un niveau inférieur au baccalauréat, ce qui est loin de garantir la qualité requise dans la gestion des affaires d’une université qu’elles soient administratives, techniques ou pédagogiques. Potentialités dans le domaine de la recherche et de la formation post-graduée L’université Mouloud Mammeri compte 19 laboratoires agréés activant dans différents domaines de la recherche qui cadrent relativement bien avec les préoccupations actuelles tant au plan national qu’international. Quatre grandes tendances se dégagent dans les thèmes de recherche développés dans ces laboratoires : (1) domaine des matériaux dans toute leur diversité (géomatériaux, technologie du silicium, biomatériaux, élaboration et caractérisation des matériaux, etc.), (2) environnement, ressources naturelles et valorisation des ressources naturelles, (3) études théoriques et simulation de phénomènes physiques divers, (4) Compréhension de la société, de son développement et de son patrimoine. Onze (11) laboratoires relèvent des Sciences et de la Technologie, cinq (05) des Sciences de la Nature et de la Vie et trois (03) des Sciences Sociales et Humaines. Il est clair que l’orientation de la recherche est à dominante scientifique et technologique, ce qui concorde avec la tendance actuelle de la recherche dans les pays prônant l’innovation comme axe central du développement. L’approche développée dans la plupart de ces laboratoires est avant tout pluridisciplinaire. Souvent des enseignants chercheurs de diverses disciplines et facultés sont impliqués dans les thèmes de recherche. Plus de 560 enseignants chercheurs activent à travers les structures de ces laboratoires, soit près de 44 % de l’effectif total des enseignants en place. Par ailleurs, 109 projets de recherche, dirigés par des enseignants chercheurs de l’université Mouloud Mammeri, ont été agréés par la Commission Nationale d’Evaluation des Projets de Recherche Universitaire (CNEPRU) pour la période 2004-2007. Plus de 580 enseignants chercheurs, soit près de 46 % du corps enseignant, activent dans ces projets qui sont souvent affiliés aux équipes de recherche des laboratoires agréés. Le tableau III illustre la répartition des projets de recherche par faculté pour la période 2004–2007 : Faculté SCIE Nombre de 24 projets

FGEI

FLSH

FGC

FSEG

DROIT

FSAB

Total

26

05

24

09

08

13

109

Tableau III : Répartition des projets de recherche par faculté Comme pour les laboratoires, la tendance générale est dominée par les sciences, la technologie et les sciences de la nature et de la vie. Les sciences sociales et humaines interviennent pour 20 % uniquement dans les projets de recherche développés au cours de la période 2004-2007 à l’université Mouloud Mammeri.

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Les activités de recherche sont consolidées par des échanges dans le cadre de réseaux internationaux de recherche par le biais d’opérations de partenariat tels que les accords CMEP qui sont au nombre de neuf (09) dont quatre (04) hors université Mouloud Mammeri et auxquels contribue une part importante de ses enseignants chercheurs, les accords PICS et CNRS/DRS qui sont au nombre de quatre (04). Par ailleurs, et toujours dans un souci de consolidation de ses programmes de recherche et de formation, notre université entretient des relations de coopération avec des universités étrangères, principalement françaises. C’est ainsi que 11 conventions de coopération entre notre université et organes universitaires étrangers ont été signées et sont aujourd’hui opérationnelles. Il faudrait y ajouter un accord de coopération dans le cadre du Haut Conseil Franco-Algérien Universitaire et de Recherche entre les universités de Haute Alsace et de Strasbourg et l’université Mouloud Mammeri. Ces différents cadres de coopération et de partenariat scientifique drainent, dans le cadre d’échanges soutenus, des enseignants chercheurs de haut niveau qui contribuent à la qualité des formations dispensées à l’université Mouloud Mammeri que ce soit en post-graduation ou en graduation. Il est évident que ce dispositif de recherche–formation contribue efficacement à la production scientifique, à l’actualisation des connaissances, à la formation des enseignants et au fonctionnement des post-graduations réservoirs de futurs enseignants. S’agissant d’études post-graduées, 1 320 étudiants poursuivent des études à l’université Mouloud Mammeri, dont 725 en magistère et 595 en doctorat. Le tableau IV donne la répartition des étudiants de magistère et des doctorants par faculté. Faculté Magister Doctorat

SCIE 55 134

FGEI 101 134

FGC 67 71

FSAB 33 88

FSEG 71 38

DROIT 124 152

FLSH 236 66

Total 725 595

Tableau IV : Consistance et répartition par faculté des étudiants de post-graduation Il faut remarquer que les effectifs des étudiants de post-graduation sont en nette augmentation, ce qui prélude d’un bon processus de reproduction de la connaissance et surtout d’une véritable amélioration de la qualité du corps enseignant. Ce dernier aspect est perceptible au niveau du nombre de doctorants et du nombre de soutenance de doctorats et de magisters enregistré ces derniers temps. Potentialités financières Le budget de l’université est fortement dépendant de la subvention de l’Etat. Si l’on exclut les rares recettes provenant des frais d’inscription des étudiants les quelques maigres subventions octroyées par ci par là, et les rares prestations réalisées pour des secteurs tiers, l’université émarge à plus de 99 % au budget de l’Etat. C’est dire que nous sommes loin d’une université générant ses propres ressources et disposant d’une véritable stratégie d’autofinancement ! Le bon fonctionnement de l’université est évidemment lié à la disponibilité de moyens financiers conséquents et à leur bonne gestion, liée elle-même à la disponibilité et à l’efficacité des ressources humaines. Les moyens doivent refléter les effectifs des étudiants étant donné que la dotation budgétaire est directement proportionnelle à l’effectif des étudiants en place, la dotation par étudiant étant de 60 000 DA.

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Il est évident que plus de 80 % du budget couvrent les salaires des enseignants et du personnel ATS et que seuls les 20 % restant vont directement à l’amélioration de la pédagogie par le biais de l’acquisition de ressources documentaires et de moyens matériels divers, de l’entretien des infrastructures, du recyclage et du perfectionnement du corps enseignant, de la formation du corps des ATS, etc. L’une des préoccupations majeures reste le développement des ressources documentaires. Un effort soutenu est accordé à leur consolidation en raison du déficit cumulé tant au plan des ouvrages de bibliothèque que de la documentation spécialisée (revues et périodiques divers). Un effort particulier a été consenti ces dernières années, mais il reste à poursuivre et à consolider. Chaque année, pratiquement un quart de la section II du budget de fonctionnement est consacré à l’acquisition d’ouvrages scientifiques et aux abonnements. Il est à noter que les ouvrages de base demeurent encore en nombre insuffisant, notamment pour les troncs communs (SETI, TCT, Sciences Biologiques et Agronomiques, Sciences Médicales, Lettres et Sciences Economiques) tant les effectifs inscrits chaque année restent importants. Il est évident que la disponibilité d’ouvrages en sciences fondamentales est vital : à l’heure actuelle, il n’y a pas de palliatif immédiat tant que d’autres moyens de documentation (abonnement électronique par exemple) ne sont pas mis en œuvre à large échelle dans l’université algérienne en général. Le livre reste irremplaçable. Au total, près de 480 000 MDA sont investis dans l’acquisition de ressources documentaires sur une période des 09 dernières années. Il convient de maintenir cet effort de consolidation des ressources documentaires pour résorber totalement le déficit en la matière, continuer l’actualisation du fonds documentaire et en même temps faire face à la forte croissance des effectifs. Cet effort est d’ailleurs inscrit comme priorité dans la politique budgétaire de l’université Mouloud Mammeri à côté des équipements informatiques. Prônant une politique d’amélioration de la qualité de l’encadrement par le recyclage, le perfectionnement et l’actualisation des connaissances, l’université Mouloud Mammeri alloue chaque année, dans le cadre de son budget de fonctionnement, une enveloppe consistante pour les stages de courte durée et congés scientifiques.

PERFORMANCES ET PRODUCTIVITE DE L’UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI Il est admis que l’indicateur d’éducation et de scolarisation, l’indicateur de la santé publique et l’indicateur de développement économique (PIB par habitant) fondent ce que le PNUD définit comme l’indicateur de développement humain (IDH). C’est cet indicateur qui mesure les performances sociales d’un pays donné. La contribution des universités au développement est donc fondamentale et c’est pour cela que l’on doit pouvoir jauger sa productivité et ses performances. Ici, notre objectif n’est pas de disserter sur cet indicateur ni d’accéder à une appréciation quantitative qui nécessite la disponibilité de données précises sur l’ensemble de l’éducation mais aussi de la santé économique du pays, mais de faire référence à un certain nombre d’indicateurs secondaires pouvant fonder une appréciation préliminaire et qualitative des performances et des résultats de l’université Mouloud Mammeri, tels que les taux de réussite, le rendement de l’université, la qualité et la diversité de la contribution à la formation au vu des diplômés qui en sortent, l’indice d’ouverture sur l’environnement local, national et international, les aspects qualitatif et quantitatif des travaux de recherche engagés

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dans ses différents laboratoires, etc. Evidemment, il est des paramètres qui sont mesurables et d’autres qui nécessitent une meilleure maîtrise des données qui, malheureusement ne sont pas toutes en notre possession. Du taux de réussite à l’université Mouloud Mammeri Connus pour être faibles dans certaines filières, particulièrement dans les troncs communs (SETI, TCT, Biologie, 3ème année de spécialité des filières de technologie), les taux de réussite commencent à connaître une amélioration sensible comme l’attestent les résultats de l’année 2005-2006 consignés dans le tableau suivant : Faculté Taux de succès (%)

SCIE

FGEI

FGC

FSAB

MED

FSEG

DROIT

FLSH

59.85

69.86

67.75

75.76

79.30

75.97

81.68

72.49

Tableau V : Taux de succès par faculté en 2005–2006 Le taux moyen de succès à l’université Mouloud Mammeri est de 72.83 %, ce qui est globalement élevé et est synonyme d’un rendement appréciable. Cependant, on note un écart de l’ordre de 15 à 20 % entre les filières des sciences expérimentales et celles des sciences sociales et humaines. Celui-ci s’explique principalement par les faibles taux de succès des troncs communs et des filières des sciences exactes, des troncs communs de biologie et des DEUA pour les filières de technologie tandis que les filières de médecine, des sciences économiques, du droit et des lettres accusent des taux plus élevés. Il est évident que l’amélioration des taux de réussite permettra de réduire la durée du séjour des étudiants à l’université, les coûts de la formation, la surcharge des effectifs et les déperditions de toute sorte, et, partant de là, le rendement de l’université. D’un autre côté, cette amélioration est intimement liée aux efforts fournis dans la consolidation des ressources documentaires, des équipements scientifiques et divers moyens matériels, la stabilité et la compétence du corps enseignant et enfin, la sauvegarde du temps pédagogique. On peut aborder le problème autrement et expliquer la relative importance de l’échec dans certaines filières, particulièrement dans les troncs communs, par les difficultés des matières dispensées relativement au niveau des étudiants admis, des programmes surchargés, les difficultés linguistiques, la surcharge des effectifs, la mauvaise orientation des bacheliers à la base, et d’autres paramètres relevant également des conditions sociales des étudiants. Pour réduire davantage l’échec à l’université Mouloud Mammeri, il faudrait améliorer la qualité de l’encadrement, réduire l’absentéisme (étudiants et enseignants) et l’érosion du temps pédagogique (limitation et gestion intelligente des conflits), garantir plus de moyens matériels et d’équipements (travaux pratiques, travaux dirigés, documentation, matériels et mobiliers, et autres moyens accessoires mais obligatoires, moyens d’accompagnement, etc.), réduire davantage la durée de séjour des étudiants dans les cycles de formation par une prise en charge psychotechnique de l’orientation à l’entrée et en cours du cycle d’études en cas d’échec, accroître la disponibilité des supports pédagogiques (polycopiés de cours et de TD), améliorer et diversifier les procédures d’évaluation, etc.

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Contribution à la diffusion du savoir et au développement du capital humain : L’université est l’espace qui contribue largement à la diffusion du savoir et à l’amélioration du capital humain. Les secteurs employeurs exigent de plus en plus de qualification et la base de population qui bénéficie d’un niveau d’éducation appréciable doit être de plus en plus élevée. Evolution des effectifs étudiants Université Mouloud Mammeri Tizi Ouzou Etudiants

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

2005-2006

2003-2004

2001-2002

1999-2000

1997-1998

1995-1996

1993-1994

1991-1992

1989-1990

1987-1988

1985-1986

1983-1984

1981-1982

0

1979-1980

10 000

1977-1978

Avec un flux entrant de l’ordre de 11 000 à 11 500 nouveaux bacheliers pour l’année 2007-2008, l’effectif des étudiants qui était de 36 000 l’année écoulée va franchir probablement le seuil des 41 000 étudiants. Ceci montre le poids de notre institution universitaire au niveau national où elle occupe le huitième rang, qu’à l’échelle de la région du centre où elle constitue le quatrième pôle universitaire.

Pour bien illustrer cette importance, il faut savoir que ses effectifs représentent environ 25 % de la population totale de la commune de Tizi Ouzou ! Les effectifs des étudiants ne cessent de s’accroître chaque année, enregistrant parfois des pics dépassant les 14 % pour l’année 2006-2007. La tendance à une croissance rapide semble se confirmer, notamment avec l’amélioration progressive du taux de succès au baccalauréat. La courbe de tendance laisse entrevoir un effectif de l’ordre de 50 000 étudiants pour l’année universitaire 2009-2010 ! Le tableau VI donne la répartition des effectifs par faculté pour l’année universitaire 2006-2007. Faculté Scienc. FGEI Effectif 3114 3210

FGC 2602

FSAB 4315

MED 3007

FSEG 5702

DROIT

6377

FLSH 7211

Total 35 538

Tableau VI : Consistance des effectifs étudiants et répartition par faculté Les sciences expérimentales occupent près de 45.7 % des étudiants tandis que les sciences sociales et humaines absorbent 55.3 % des effectifs de l’université pour l’année 2006-2007. Ce qui donne une situation relativement équilibrée malgré que dans son armature administrative et pédagogique, l’université Mouloud Mammeri est dominée par les sciences et la technologie. De ce fait, on peut dire qu’elle possède un des atouts essentiels à travers ses potentialités humaines et son offre de formation pour prendre part activement au processus du développement durable. Pour la même année, il faut remarquer que plus de 62.6 % des effectifs sont de sexe féminin ; les facultés des lettres, de droit, des sciences biologiques et agronomiques comportent les taux de « féminisation » les plus élevés : en lettres 77.3 % des étudiants sont des filles ; en droit ce taux atteint 73.5 % ! Cette tendance semble se confirmer à travers la répartition des bacheliers de l’année 2007 qui donne nettement l’avantage au « sexe faible » !

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L’université Mouloud Mammeri tend-elle vers une « ségrégation » des diplômés et par conséquent des métiers à la faveur du monde féminin ? Dans la structure des effectifs étudiants, un peu moins de 2 000 étudiants préparent un diplôme de cycle court, soit moins de 6 % ! C’est dire que les étudiants de l’université Mouloud Mammeri sont attirés à 94 % par les études de longue durée et aspirent pour une bonne partie à verser dans le domaine de la formation par la recherche en intégrant des formations post-graduées localement ou à l’étranger. Cette tendance aux formations les plus longues est un bon indicateur de la santé pédagogique de l’université Mouloud Mammeri et de sa contribution au développement du capital humain. D’ailleurs, le cycle court tend à disparaître avec la mise en œuvre de la nouvelle architecture de l’enseignement supérieur qui occupe actuellement près de 1800 étudiants. Contribution à la formation des cadres A la fin de l’année universitaire 2006-2007, il est sorti de l’université Mouloud Mammeri 4 551 diplômés toutes filières confondues ; la ventilation de ces effectifs par faculté est donnée par le graphique ci-contre.

Structure de l'e ffe ctif de s diplômé s par faculté Anné e 2005-2006. Effe ctif total : 4 551

FGC

FGEI 15%

SCIENCES 1%

DROIT 19%

10%

7% Il faut remarquer que, pour l’instant, FSAB l’équilibre est relativement assuré entre les 9% effectifs diplômés des facultés des sciences MEDECINE sociales et humaines et ceux des facultés des sciences expérimentales, avec cependant un léger avantage pour ces dernières qui enregistrent 58 % des diplômés.

17% FSEG

22% FLSH

Mais dans les années à venir cet écart peut s’accentuer au profit des sciences sociales et humaines étant donné que les cohortes des nouveaux bacheliers orientés vers les sciences sociales et humaines sont de plus en plus importantes. Ce qui ne sera pas conforme avec l’hypothèse qui préconise comme une des conditions du développement d’un pays l’existence d’une population plus accrue de diplômés en sciences expérimentales pour faire face aux défis des nouvelles technologies qui ont envahi pratiquement tous les domaines de la vie. Il faut remarquer que l’essentiel des diplômés est constitué de licenciés et de DES tandis que le contingent d’ingénieurs demeure relativement modeste. Pour l’année 2006-2007, l’effectif des diplômés dépassera la barre des 5 000 étudiants, ce qui conduira à une augmentation de l’ordre de 10 %, l’effectif évoluant en fin de cycle étant de 5430 étudiants dont la répartition par faculté est consignée dans le tableau VII : Faculté Effectif en fin de cycle

SCI

FGEI

FGC

FSAB

MED

FSEG

DROIT

FLSH

88

698

649

696

429

660

968

1242

Tableau VII : Consistance et répartition par faculté des étudiants en fin de cycle

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Plus de 65 % des diplômés seront de sexe féminin, ce qui traduit sa prédominance dans les effectifs de l’université Mouloud Mammeri, notamment dans les filières littéraires, de droit et des sciences économiques ! La faculté des Lettres et Sciences Humaines, la faculté de Droit et la faculté des Sciences Economiques et de Gestion fourniront à elles seules fourniront plus de 53 % des diplômés, les autres facultés se partageant le reste. Ces données expriment aussi le manque d’attraction des sciences exactes qui restent pratiquement à la base des enseignements de toutes les filières ! L’important effectif des diplômés attendu pour l’année 2006-2007 est synonyme d’une meilleure progression des étudiants dans les différents cycles de formations et permettra à coup sûr d’augmenter le nombre de places pédagogiques à offrir aux nouveaux bacheliers de l’année 2007 dont l’effectif reste très important ! D’autre part, plus d’une centaine de mémoires de magistère et de thèses de doctorat sont soutenus annuellement (128 pour l’année 2006–2007) à l’université Mouloud Mammeri; ce qui reste tout de même une bonne performance quand on sait qu’à l’échelle nationale le nombre de mémoires et thèses soutenus est de l’ordre de deux milles (2000). A cela, il faudrait ajouter que l’offre de formation très diversifiée de l’université Mouloud Mammeri lui permet de fournir aux différents secteurs d’importants contingents de cadres. Les secteurs concernés sont ceux de l’enseignement supérieur et de la recherche (Magisters dans toutes les disciplines et doctorats, recherche), de l’éducation et de la formation professionnelle (licenciés dans toutes les disciplines dispensées : lettres, économie et gestion, physique, mathématiques, chimie ; ingénieurs de laboratoire dans diverses disciplines de la technologie), de la santé fourni en médecins, pharmaciens et chirurgiensdentistes, psychologues, biologistes (biochimie et microbiologie) ; de l’agro-alimentaire (ingénieurs en contrôle de qualité et analyse, DES de biochimie et microbiologie), de l’agriculture avec la diversité des spécialités des agronomes, de l’environnement avec les écologistes (DES et Ingénieurs), de l’économie en général (banques, assurances, entreprises, administrations locales et centrales, etc.), des NTIC et des télécommunications (automatique, électronique, informatique, électrotechnique), de l’énergie (électrotechnique, génie mécanique), du bâtiment, du génie civil et de la construction (génie civil, architecture, génie mécanique), de la justice (droit), etc. Il est évident que cette contribution de l’université Mouloud Mammeri doit être cernée quantitativement pour qu’elle puisse être appréciée à sa juste valeur, auquel cas, il faudrait s’enquérir de la destination des diplômés sur le marché du travail dans ces différents secteurs. De même que l’appréciation de cette contribution ne peut être totale que si elle est accompagnée de l’opinion que se font les secteurs utilisateurs de la qualité du diplôme acquis à l’université Mouloud Mammeri, en somme de l’opérationnalité du cadre formé sur le marché du travail et de la marge préférentielle dont pourrait bénéficier un tel diplômé devant ses pairs venus d’ailleurs. Malheureusement cette appréciation n’est possible que si l’on met en œuvre une enquête sur le marché de l’emploi et une opération de suivi des diplômés de l’université. Ce qui est sûr en tous cas, c’est qu’une bonne partie des diplômés de l’université Mouloud Mammeri réussissent assez bien à se placer dans des entreprises de divers secteurs économiques et industriels et aux concours d’accès à des formations de magistères ou à des formations doctorales à l’étranger. Ce qui constitue en soi un indice encourageant.

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Publications scientifiques et participations à colloques Il est vrai que la performance ne peut être mesurée que par le nombre de publications, de communications et participations à manifestations nationales et internationales, le nombre de contrats de recherche et le nombre de brevets déposés qui constituent en quelque sorte, avec le nombre de diplômés, le véritable rendement de l’université, c’est-à-dire, le rapport entre l’investissement consenti et la production proprement dite. Nous avons déjà donné quelques indicateurs relatifs au rendement de l’université en termes de taux de succès, des diplômés, de la diversité de l’offre de formation et de la contribution à la formation du capital humain, mais on ne peut passer sur le nombre important de congés scientifiques dont ont bénéficié les enseignants de l’université Mouloud Mammeri au cours de l’année 2006-2007 et qui se traduisent généralement par des communications de qualité au niveau international. Ceci étant, cette production scientifique peut être étayée par un nombre important de communications et de contributions sous des formes diverses à des manifestations scientifiques organisées sur le territoire national. Pour apprécier la contribution globale de l’université au plan qualitatif et quantitatif, il faudrait disposer de toutes les données nécessaires qui ne sont malheureusement pas encore en notre possession. Il est évident que ces données ne constituent qu’une fraction modeste de la production scientifique des enseignants chercheurs sous forme de communications orales, elles doivent être consolidées par un bilan des publications dans des revues nationales et internationales dont nous ne disposons pas pour le moment, mais il est certain que les nombreuses équipes de recherche qui activent à l’université Mouloud Mammeri sont réputées produire des publications de qualité et réaliser des échanges solides avec leurs vis-à-vis étrangers et ce, dans pratiquement tous les domaines scientifiques. Enfin, La capitalisation des travaux de recherche menés dans les laboratoires fait l’objet de manifestations scientifiques qui, même si elles demeurent encore rares, sont qualitativement appréciables. L’année 2006-2007 a vu la programmation de neuf manifestations d’envergure et un nombre important de conférences sur des thèmes très diversifiés animées tant par des enseignants chercheurs locaux que par des invités étrangers.

PERSPECTIVES ET CONDITIONS POUR QUE L’UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI DEVIENNE UN POLE UNIVERSITAIRE PERFORMANT Il est certain que l’université Mouloud Mammeri réunit déjà un minimum d’atouts nécessaires pour devenir un pôle complet de formation supérieure intégrant la recherche mais aussi une stratégie de participation à l’innovation technologique. Ces atouts sont certes à l’état embryonnaire mais ils peuvent constituer un point de départ pour peu qu’ils soient capitalisés comme souche d’une culture scientifique reproductible et compétitive. Partant de là, il nous semble que l’avenir de l’université est d’abord sous-tendu par le développement et l’affinement de son offre de formation qui demeure la clef de voûte de toute projection future. La grandeur d’une université se mesure par la qualité des formations qu’elle dispense et de la recherche qu’elle mène, par leurs répercussions sur le monde économique et leur ancrage dans l’environnement international. L’université Mouloud Mammeri doit aller dans le sens de l’ouverture de nouvelles filières et spécialités pour diversifier davantage et

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utilement son offre de formation et la mettre en synchronie avec le développement et l’évolution de la société. C’est pour cela qu’elle doit abandonner certaines formations classiques devenues désuètes et dont les créneaux d’emploi sont largement saturés. Bien entendu, cette logique suppose un décollage de l’économie du pays, une productivité soutenue des circuits économiques induisant de plus grands besoins en matière de technicité dans des domaines tels que les ressources humaines, l’environnement, les ressources naturelles, les biotechnologies, les infrastructures de base, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, etc. Ceci étant, l’ouverture socioéconomique du pays nécessite également le déploiement de spécialités pointues et actualisées dans les domaines de l’économie, de la gestion et des différentes branches du droit. D’un autre côté, le développement physique de l’université Mouloud Mammeri doit accompagner nécessairement cet élan pédagogique et de recherche. C’est dans ce souci qu’un plan quinquennal [2004-2009] intégrant différents paramètres a été élaboré ; son enjeu fondamental vise avant tout à renforcer les missions fondamentales de l’établissement en matière de formation et de recherche par la concrétisation d’un environnement physique et matériel approprié. Pour ce faire, le plan définit non seulement les objectifs stratégiques mais prévoit également les actions propres à leur accompagnement tels que la réalisation d’une nouvelle infrastructure pédagogique adaptée à l’enseignement supérieur, l’affectation et la réalisation d’infrastructures propres à la recherche, l’acquisition progressive d’équipements scientifiques à même de matérialiser davantage l’esprit pratique des formations, d’assurer une meilleure ouverture sur le monde professionnel et de faciliter la conduite des travaux de recherche, la mise en place de systèmes modernes de gestion (ressources humaines, finances, voire patrimoine), le renforcement des ressources documentaires, la consolidation de l’encadrement par le recrutement, le recyclage et l’appui à la formation, l’intégration des NTIC et la consolidation du parc informatique, la mise en œuvre d’une stratégie de communication, le développement de relations internationales, etc. Même si, à l’heure actuelle et en cette phase de construction, ces actions structurantes demeurent encore non perceptibles, dans un avenir proche, elles doivent permettre à l’université Mouloud Mammeri de s’installer dans un équilibre durable, d’assurer pleinement la pérennité de son développement et de s’engager, par la suite, dans une voie de consolidation et de développement qualitatif qui se déclinent autour des axes suivants : (1) affirmation de la personnalité de l’établissement par la mise en œuvre d’une offre de formation équilibrée et diversifiée avec une bonne part à vocation professionnelle, (2) garantir le développement d’une recherche structurée et performante tournée vers les questions et les besoins de l’heure, (3) développer l’esprit d’ouverture vers son environnement local, national et international, (4) promouvoir de meilleures conditions de vie et d’évolution pour les étudiants et les personnels tout en garantissant une meilleure insertion de l’université dans la société, (5) consolider la cohésion des services et renforcer la quantité et la qualité des infrastructures et des équipements de l’université. Cette approche de développement vise à insérer les objectifs de l’université Mouloud Mammeri dans la stratégie plus large et plus globale du processus de développement durable pour laquelle souscrit largement notre pays. C’est pour cela qu’elle doit être garante des expressions démocratiques et citoyennes sans lesquelles les Etats et les peuples perdent parfois les fils de leur propre Histoire en raison de conflits et d’implosions sociales. Elle doit

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être également un vecteur de la transformation sociale et du développement économique en jouant le rôle traditionnel de formation scientifique et politique et en contribuant à l’élargissement de la base de la population intégrant l’univers des connaissances minimales susceptibles de les associer à l’ouverture sur le monde et à la maîtrise de leur croissance démographique. Enfin, en intégrant progressivement une réelle capacité d’innovation technologique, notamment par le développement de la recherche et l’ouverture de ses préoccupations fondamentales vers les questions de l’heure touchant le monde entier, par sa participation aux grands réseaux d’échanges et de partage des connaissances, notre université peut prendre en compte les exigences d’un développement économique soucieux de préserver les ressources naturelles et l’avenir des populations. Dans cette démarche globale, elle sera confrontée aux grands défis globaux qui consistent : (1) à favoriser la formation et la recherche en vue de l’autosuffisance alimentaire et de la création des nouvelles richesses par une meilleure productivité, (2) à intégrer les sphères d’échanges régionaux et internationaux pour une meilleure valorisation des productions nationales dans le cadre de marchés les plus équitables possibles en développant une capacité d’analyse et de négociation aux plus hauts niveaux, (3) à créer des dynamiques entrepreneuriales et à favoriser la bonne gouvernance politique par la formation des cadres administratifs et des entrepreneurs locaux et nationaux. Ces trois défis ne peuvent être atteints que si les choix universitaires stratégiques sont bien opérés : (1) en valorisant les formations répondant aux exigences les plus immédiates telles que la construction et la gestion des infrastructures de base, l’aménagement du territoire, la gestion de la santé publique, notre pays étant un vaste chantier où les besoins en équipements publics demeurent encore énormes, (2) en focalisant la recherche et ses objectifs autour des préoccupations majeures que sont les biotechnologies, l’expérimentation biologique et agronomique, la gestion des ressources hydriques et forestières, la gestion des catastrophes naturelles, la gestion de l’environnement dans toutes ses acceptions, (3) en créant les conditions culturelles et techniques ouvrant à la maîtrise des ressources technologiques afin de rejoindre pleinement l’ère de la communication et des nouvelles technologies, (4) en accompagnant les transformations et l’ouverture socio-économique par le renforcement des dispositifs juridiques et administratifs nationaux, la protection de l’espace économique national et des productions locales nécessitant des personnels et des cadres de plus en plus compétents et performants. De cette manière, la stratégie d’ouverture et de développement de notre université doit s’efforcer de s’inscrire dans la dynamique d’une université durable qui peut garantir que les besoins culturels et scientifiques des générations futures soient couverts. Cette perspective possède déjà des ancrages réels notamment dans les formations assurées actuellement qui ne nécessitent en fait que des réajustements et une définition plus fine des programmes et, dans les travaux de recherche en cours dont certains s’inscrivent déjà en droite ligne dans la logique de la durabilité (ressources naturelles, valorisation des ressources naturelles, biotechnologie, ressources en eau, informatique, matériaux, etc.). Ces derniers nécessitent éventuellement quelques réaménagements et plus d’ouverture sur l’environnement immédiat et surtout sur le concert international pour les valoriser davantage. La mise en œuvre de la nouvelle architecture Licence/Master/Doctorat à l’université Mouloud Mammeri doit tenir compte de cet aspect de durabilité et aller dans le sens de la promotion de formations et de programmes de recherche en synchronie avec les questions que

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pose la logique de la globalisation tout en cherchant à affirmer les potentialités locales en songeant particulièrement à l’émergence de centres d’excellence.

Conclusion Il est certain que beaucoup reste à faire à l’université Mouloud Mammeri où il subsiste un grand nombre d’insuffisances et d’incohérences à lever pour qu’elle devienne réellement un pôle de formation et de recherche équilibré jouant pleinement son rôle dans son espace régional d’abord puis dans les espaces national et international. Mais, il n’échappe à personne que l’université Mouloud Mammeri recèle des atouts et des compétences qui, pour peu, qu’ils soient capitalisés pourraient se cristalliser à moyen terme en cette énergie nécessaire à impulser une dynamique scientifique innovatrice susceptible de faire d’elle un moteur de développement. La note d’optimisme que nous avons volontairement développée tout au long de cet écrit, n’est pas faite pour dire que tout baigne dans l’huile à l’université Mouloud Mammeri, mais pour semer l’espoir au sein des jeunes générations et pour exprimer également notre sentiment que son développement passe essentiellement par ses propres potentialités, particulièrement humaines, et que seuls la mise en œuvre de la compétence et l’effort soutenu peuvent payer à terme.

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Entretien avec Arezki Redjal Arezki Redjal est un enseignant au département de chimie et qui fût l’un des premiers gestionnaires du centre universitaire aux cotés de M. Arab, premier directeur du centre, M. Abderahmane Tahi (que Dieu ait son âme) et bien d’autres. Il nous livre ici ses impressions sur le lancement du centre universitaire de Tizi-Ouzou (C.U.T.O) en 1977. H.F : Pouvez vous nous dire comment le centre universitaire a fait ses premiers pas ? A.R : Le démarrage du centre universitaire de Tizi Ouzou s’est fait avec des moyens vraiment rudimentaires. Au départ, il y avait essentiellement M.Arab, Directeur du centre, M.Keloul aux œuvres universitaires et le défunt M.Tahi comme secrétaire général, ce dernier nous a quittés très récemment sans que notre université ne lui a rendu hommage.

H.F : Exactement (rires). Pouvez vous nous dire quelle était l’ambiance de travail à cette époque ? A.R : C’était une autre ambiance. Tout se faisait à la main. Je me souviens du matériel fourni par la wilaya qui était inadéquat car secondaire. Alors, il fallait pallier à cela. Tout le monde a participé à faire fonctionner la maison. On nous remettait les manips à faire et nous on commandait le matériel adéquat. H.F : Les TP ne se faisaient donc pas les premières années ?

H.F : Il y avait plusieurs départements ? A.R : Oui ! Il y avait ceux de langue et de littérature, de sciences juridiques, de biologie, de sciences économiques et celui de sciences exactes devenu plus tard institut.

A.R : Si ! Justement. Les travaux pratiques ont eu lieu grâce à des efforts collectifs importants de tout le monde.

H.F : L’institut de sciences exactes est crée très vite ?

H.F : Est-ce qu’il y avait aussi des postgraduations ?

A.R : En effet, trois départements se sont constitués, ceux de mathématiques, physique et chimie dirigés respectivement par M.Hameg (que Dieu ait son âme), M.Dirami et M. Kacha. Il faut préciser qu’en 77/78, il n’y avait que 4 enseignants algériens à l’institut des sciences exactes, le reste était constitué d’enseignants étrangers.

A.R : En effet, en 78/79, des PG ont commencé à fonctionner dans les domaines de sciences des matériaux et de la chimie des surfaces sous la direction de M.Arab ainsi que celle de chimie organique physique que je dirigeai moi-même

H.F : Vous enseignants ?

vous

rappelez

de

ces

A.R : Il y avait Mrs Kacha, Bouferache, Berkane et moi-même. H.F : Donc, ce sont ces départements qui sont devenus institut plus tard ? A.R : Exactement ! c'est-à-dire dés la rentrée 78/79, votre première année d’étudiant je crois. 20

H.F : un dernier mot ? A.R : Oued Aissi reste pour moi un symbole très fort. L’ironie du sort veut que le train va passer sur la plaque inaugurée par feu Houari Boumediene vers février 78. On parle ces jours ci de déménagements. Ce que je souhaite c’est plus d’égards à ce campus qui a joué un rôle important dans la vie de l’université. S’il faut déménager autant le faire pour les troncs communs et laisser les spécialités de maths, physique et chimie continuer sur place. Propos recueillis par Hocine FELLAG Revue Campus N°7

Caractérisation de la décision scientifique dans l’entreprise d’un point de vue statistique Abderahmane Yousfate Universté Djillali Lyabes Sidi Bel Abbes Caractérisation de l’entreprise

• • • •

'entreprise peut être définie de plusieurs manières : • économiquement : c’est une fonction de sa nature, son capital et le travail, • sociologiquement : c’est une distribution de rôles et de statuts, en finances : c’est une source de profits et d'investissements, juridiquement : c’est un ensemble de contrats, pour les pouvoirs publiques : c’est un contribuable, un instrument économique, un lieu de conflits sociaux tels les revendications sociales et les grèves, … , pour l'opinion publique : c’est d'abord un « label »

L’objectif essentiel de l’entreprise est le profit sous la contrainte de composer avec les dispositions fiscales, monétaires ou financières, avec l’éthique de ses dirigeants, les exigences des clients et des partenaires (banques, autres entreprises, …), les conjonctures économiques et sociales de l’environnement de l’entreprise, … Quelque soit le modèle de description du phénomène contribuant au profit de l’entreprise, on ne peut en présenter qu’une facette même si l’entreprise utilise une information très riche et une rationalité très élevée dans toutes ses décisions. Les acteurs Les acteurs de base : • Clients • Travailleurs • Propriétaires Autres acteurs : • Fournisseurs • Stagiaires • Consultants • Sous-traitants • Vacataires • Prêteurs • Syndicats • Pouvoirs publics • Médias • …

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Définition du Robert L'entreprise est une organisation autonome de production de biens et/ou de services marchands. Cette définition est immuable depuis 1798, soit plus de deux siècles. Ce sont les significations respectives des termes « autonome », « biens marchands» et « services marchands » qui ont évolué avec le temps. En ce qui concerne le statisticien, tenant compte des modèles de représentation des évaluations d’un phénomène, une définition de l’entreprise sur laquelle il peut construire ses modèles est la suivante : Définition L'entreprise constitue un centre de décision autonome chargé d'assurer la coordination d'un projet productif (en biens et/ou services) durable sous les contraintes de son environnement (marché, contrats, finances, concurrence, …) Ainsi, chaque fois qu’un résultat sur l’entreprise est donné par le statisticien, il est relativisé par rapport aux variables prises en considération. Pour le statisticien, une décision nécessite : • un modèle de représentation du phénomène à étudier concernant l'entreprise, • une information structurée (selon le modèle de représentation) sur les paramètres (qualitatifs ou quantitatifs y compris fonctionnels) contribuant potentiellement à la prise de décision • une évaluation (estimation) de l’environnement • un ‘a priori’ assurant la stabilité du système en cas d’indécision ou au cas où la décision prise est de « laisser faire » • un niveau de risque maximum accepté par le (ou les) décideur(s) A travers le temps, il y a eu une évolution des acteurs de la décision dans l’entreprise résumée comme suit : ‹ Approche classique (XIXe s.) : Un acteur principal (le propriétaire tout-puissant ) et un objectif polarisé sur la maximisation du profit. ‹ Approche managériale (années 1930) : Un acteur principal (notamment le dirigeant) qui, pour asseoir son pouvoir, détermine plusieurs objectifs cherchant un compromis entre croissance, rentabilité, emploi.... ‹ Approche béhavioriste (années 1960) : Plusieurs acteurs, plusieurs objectifs : cette approche distingue les intentions des clients de celles des travailleurs ou des propriétaires. ‹ Approche sociologique actuelle (depuis les années 1980) : Plusieurs acteurs, l’objectif multiforme est implicite et imposé par le marché; l'entreprise permet de concilier des avantages et de produire des effets conjoints. Modèles de représentation Les modèles de représentation sont intimement liés à des modèles mathématiques sur lesquels beaucoup de propriétés sont maîtrisées et exploitées. Il est évident que plus le modèle « colle » à la « réalité » de l’entreprise et plus les résultats sont efficients. Un modèle non réaliste peut donner des résultats erronés qui peuvent avoir des conséquences graves sur l’entreprise.

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‹ Modèles contractuels : Dans ces modèles, l’entreprise est une simple « boîte noire ». Les échanges sont régis par des contrats complets prévoyant l'ensemble des éventualités. L’interaction avec les autres entreprises se fait uniquement par le marché. Ces modèles se subdivisent en plusieurs modèles spécifiques, nous en citons : o Modèles basés sur la théorie de « l'équipe de production », ils s’articulent sur la contribution de chacun dans l’équipe. o La théorie des faisceaux d’agences, due notamment à Michael Jensen et William Meckling (1976), tire son nom de la relation d'agence qui lie le « principal » (celui qui délègue un pouvoir décisionnel), à l'« agent », le mandataire, qui a le pouvoir d'agir au nom du principal, par exemple le dirigeant au nom des actionnaires. Les délégations décisionnelles surviennent dans toute activité de coopération en prenant en considération la réduction du coût des mécanismes organisationnels. Modèles cognitifs : Ils représentent une rupture radicale avec le modèle néo-classique. La spécificité de l’entreprise est liée alors à sa capacité de créer de la connaissance et d'être rentable de façon durable. Ces modèles se subdivisent en trois classes : les modèles comportementaux de l’entreprise, les modèles évolutionnistes et les modèles de jeux stratégiques. o Le modèle comportemental (Herbert Simon) : adaptation active de l’entreprise via l’apprentissage sous contrainte des environnements internes et externes en utilisant des modèles sociaux. o Le modèle évolutionniste (Richard Nelson et Sydney Winter) : recherche de configuration optimale par croisement d’adaptations basiques (de type microéconomique) perturbées aléatoirement. o Le modèle de jeux stratégiques : Ce modèle, dû à John Nash, se base essentiellement sur la construction d’un système d’acteurs économiques dont chaque élément agit de manière rationnelle afin d’optimiser son profit. Le modèle de jeux stratégiques fait intervenir le rôle des croyances des acteurs au moment de la prise de décision (D. Kreps, 1999). Principaux outils statistiques et informatiques utilisés Tenant compte des différents modèles présentés, nous constatons que les modèles cognitifs sont les plus adaptés, cependant, ils sont difficilement réalisables. Ils nécessitent un recueil de l’information et des traitements statistiques de manière spécifique. Quant à la décision dans des situations de ce genre, elle est fonction des « décisions » de tous les agents qui interviennent dans le système considéré. Nous citons très brièvement quelques outils statistiques et informatiques utilisés dans ce cadre : Structures des données de base : L’information est structurée selon le modèle de représentation. ‹ Bases de données relationnelles. ‹ Données OLAP (On-Line Analytical Processing) permettant une analyse multidimensionnelle sur des bases de données volumineuses afin de mettre en évidence une analyse particulière des données.

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Préparation des données : La préparation des données est une série de transformations nécessaires pour que l’analyse soit aisée. ‹ EIS (Executive Information System) est un outil permettant d'organiser, d'analyser et de mettre en forme des indicateurs afin de constituer des tableaux de bord. Ce type d'outil, facile à utiliser, ne permet de manipuler que des requêtes préalablement modélisées par le concepteur. Il reste un outil de choix pour les systèmes d’information d’aide à la décision. Evaluation des paramètres : C’est réalisé assez souvent avec des logiciels ou des langages informatiques appropriés ‹ Estimation paramétrique ‹ Estimation non paramétrique ‹ Estimation semi-paramétrique ‹ Estimation fonctionnelle ‹ Estimation par région de confiance ‹ Classification ‹ Apprentissage supervisé ‹ Apprentissage non supervisé ‘A priori’ garantissant la stabilité du système en cas d’indécision ou au cas où la décision prise est de « laisser faire » : C’est la situation spécifique de l’entreprise juste avant la prise de décision (cette situation devrait être une situation assez confortable pour l'entreprise.) Prise de décision : On qualifie de statistique décisionnelle (ou tout simplement « le décisionnel ») l'exploitation des données de l'entreprise dans le but de faciliter la prise de décision par les décideurs, c'est-à-dire la compréhension du fonctionnement actuel et l'anticipation des actions pour un pilotage éclairé de l'entreprise. Selon le cas qui se présente, il y a une manière prouvée qui permet de prendre une bonne, voire, la meilleure décision. Nous en citons : ‹ Décision en cas d’antagonisme avec un environnement certain : Test minimax pur (test de Wald) ‹ Décision en cas d’antagonisme avec un environnement incertain : Test minimax aléatoire (test de Wald aléatoire) ‹ Décision dans un système avec plusieurs concurrents non coopératifs : Si les anticipations sont rationnelles, la décision est liée à la détermination de l’équilibre de Nash. ‹ Décision dans un système avec plusieurs concurrents coopératifs : Choix des meilleures coalitions pour atteindre les meilleurs gains ‹ Décision dans un système paramétré sans concurrence : Tests paramétriques classiques ‹ Décision dans un système non paramétré sans concurrence : Tests non paramétriques ‹ Décision dans un système avec information a priori sur les paramètres : Tests bayésiens ‹ … Quand des techniques de prises de décision ont fait leurs preuves, on peut construire un système automatisé SIAD (Système Informatisé d'Aide à la Décision) qui a pour but de contribuer à la prise de décision en présentant des alternatives rationnelles. Il permet également la modélisation de représentations multidimensionnelles diverses et variées mais il nécessite un apprentissage très lourd. Comme outils d'aide à la décision, nous citons quelques techniques statistiques et informatiques utilisées : ‹ Le Datamining (« fouille de données ») ‹ Estimation fonctionnelle ‹ Estimation des valeurs extrêmes (risque financier, actuariat, …) ‹ Statistique des processus quantitatifs (AR, ARMA, GARCH, …)

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‹ Statistique des processus qualitatifs (modèles markoviens, …) ‹ Modélisation statistique (réseaux de files d’attente, RdP stochastiques, …) ‹ Simulation stochastique (méthodes de Monte Carlo, …) ‹ Techniques heuristiques (réseaux de neurones, algorithmes génétiques, …) ‹ … Pour faire ses analyses, le statisticien utilise un nombre important de logiciels et langages dédiés tels o SAS, SPSS, STATISTICA, …(logiciels payants) o BUGS, MIM, … (logiciels libres) o S+ (langage fonctionnel payant) o R, S, XlispStat, … (langages fonctionnels libres) o Insightful Miner, … (outils de fouille de données payant) o WEKA, … (outils de fouille de données libres) o … Quelques références P. BESSE (2005) « Data mining II. Modélisation Statistique & Apprentissage » Publications du LSP. Toulouse. M. C. JENSEN & W. H. MECKLING, (1976) « Theory of the firm : managerial behavior, agency costs and ownership structure » Journal of Financial Economics, vol. 3, no 4, p. 305. D. KREPS, (1999) « Théorie des jeux et modélisation économique » Dunod, Paris. J. NASH, (1950) « The bargaining problem » Econometrica J. NASH, (1950) « Equilibrium Points in N-Persons Games » Proceedings of the National Academy of Sciences of the U.S.A., 36. R. .R. NELSON & S. G. WINTER, (1982) «An Evolutionary Theory of Economic Change» Harvard University Press, Cambridge (Mass.) A. RUBINSTEIN, in B. Paulré dir., (1998) « Commentaires sur l'interprétation de la théorie des jeux » Épistémologie de la stratégie en économie, Publications de la Sorbonne. H. A. SIMON, (1991) Administrative Behavior : « Organizations and Markets » Journal of Economic Perspectives, vol. 5, no 2, p. 25. I.H. WITTEN & E. FRANK (2005) Techniques» 2nd edition. Elsevier. Sydney.

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« Data Mining. Practical Machine Toolsand

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Le syndrome de « MADE IN » et le sort des Entreprises Publiques Industrielles (EPI)

Leïla MELBOUCI M.A. C .C, Faculté des Sciences Economiques et des Sciences de Gestion, Université Mouloud Mammeri de Tiz-Ouzou

INTRODUCTION

e « made-in » est un bien ou service fabriqué ailleurs ; il peut concerner tous les produits : vêtements, pièces de rechange, livres, matière première, réparation et maintenance et même des organisations industrielles entières. Au départ, le « made-in » n’avait qu’un seul sens: produits chers et de bonne qualité car provenant des pays développés. Autrement dit ceux qui consomment en « made-in » sont ceux qui possèdent pouvoir et/ou argent et se distinguent des autres. Plus tard, le « fabriqué ailleurs », avec l’émergence des pays nouvellement industrialisés, offre des produits bon marché et de qualité moyenne voire médiocre connu de tous comme le « made-in » Taiwan ou le « made-in » Chine. Mais le « made-in » qui attire notre attention et fait l’objet de cet article est celui des modèles de développement et leurs produits dérivés, à savoir les organisations industrielles que l’Algérie n’a cessé d’importer depuis son indépendance. Ces organisations importées mettaient en place un management qui allait avec. Plusieurs chercheurs ont longtemps supposé que le management était une activité basée sur des principes universels. De ce fait les méthodes proposées étaient applicables en l’état, quels que soient le continent et l’Etat concernés, et quel que soit la langue ou le niveau de développement. D’après les mêmes chercheurs, les différences entre les pays devraient se tasser pour évoluer vers un profil commun et un comportement uniforme. Toutefois cette hypothèse de convergence a été remise en cause par Greet Hofstede. Allant dans le même sens, nous souhaiterions vérifier deux autres hypothèses concernant l’Algérie : d’abord, le « made-in » est encouragé et facilité par une aisance financière d’origine pétrolière et non le fruit d’étude réfléchie ; ensuite le « made in » ,non adapté à la culture locale, ne peut qu’impacter négativement le devenir d’un pays . Ces hypothèses de travail nous promettent d’atteindre notre objectif en répondant à une question simple : Pourquoi les organisations « made-in » n’ont ni rendu performantes les entreprises publiques industrielles, ni permis leur relance ? Notre intérêt est de montrer aux détenteurs de pouvoir que la solution aux problèmes de transition et d’adaptation de l’Algérie aux changements pourrait être un « made-in » Algérie. Pour ce faire, nous divisons l’article en trois parties : dans la première et la deuxième parties nous mettrons en exergue le lien entre la rente pétrolière et le « made-in » qui a donné naissance aux

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entreprises publiques industrielles (EPI) . La troisième partie montre le rôle de la culture locale dans la réussite de toute importation. I/ LES PRODUITS « MADE IN », LA RENTE PETROLIERE ET LES EPI : 1962-1983 Le modèle de développement axé sur l’industrie industrialisante (sidérurgie, mécanique, chimie, matériaux de construction) est importé de l’union soviétique, il est « made-in » URSS. Ce modèle est basé sur la croissance déséquilibrée. Celle-ci est une politique d’investissement concentrée en certains pôles susceptibles d’avoir des effets d’entraînement sur les autres secteurs et autres régions. Elle se justifie par la limitation des moyens financiers [1]. Le pétrole algérien était la première source (en termes d’énergie et de devises) pour réaliser ce projet de croissance. En 1965, le produit de la fiscalité pétrolière a atteint 500 millions de dinars [2]. Cette aisance imprévue (le montant prévisible à l’époque a été de 270 millions de DA) a permis de penser et de mettre en œuvre le plan triennal 1967-1969, lequel devrait réaliser pour l’Algérie indépendance économique, intégration et développement en le complétant par d’autres plans quadriennaux et quinquennaux prévus. La naissance des EPI de 1965 à 1975 s’est appuyée sur une démarche politique fondamentale visant à la fois, la mise en place des moyens de la maîtrise du développement industriel et la socialisation des moyens de production. Avec le plan quadriennal 1970-1973, l’effort d’industrialisation prend toutes ses dimensions notamment avec la mise en place des industries de base. Ce plan prévoyait un investissement dans la pétrochimie (36%), la sidérurgie (15%), les constructions mécaniques (8%), et les matériaux de construction (6%) [3]. Durant le deuxième plan quadriennal, les investissements industriels ont connu une augmentation de 48 milliards de Dinars ; ce plan met l’accent sur la consolidation des industries de base et favorisant la création de petites et moyennes entreprises pour compléter les réseaux intersectoriels. Ainsi la rente pétrolière couvrait les investissements industriels et autres. Elle permettait aussi d’importer tout ce qu’il faut pour l’investissement et pour la dépense publique. Dans l’énergie, par exemple, tout était importé et facilité par la rente pétrolière selon l’ex PDG de SONATRACH Sid Ahmed Ghozali : « on a fait faire des sociétés de frappe importantes des choses qu’on savait faire [4] ». Il est à signaler que durant cette période, les ressources tirées par l’Etat de la commercialisation des hydrocarbures ont augmenté considérablement : elles passent de 880 millions de DA en 1967 à 3,2 milliards de DA en 1972 et 1973. Dès 1974, année de relèvement des prix de pétrole, les besoins devenant importants poussent les responsables à choisir une technologie moderne (dite sophistiquée) à forte composition organique du capital et nécessitant, par conséquent, un encadrement de qualité. L’ampleur du programme d’investissement industriel est telle, que les ressources pétrolières ne suffisent plus à le financer. Mais cette même rente a garanti à l’Algérie le recours massif à l’endettement (la dette extérieure algérienne passe de 0,2 milliard de dollars US en 1970 à 19,4 milliards de dollars en 1980). Ainsi les « made in » sont garantis et les EPI sont nées et se sont développées. a- Les entreprises publiques industrielles La réalisation des projets d’entreprise « made- in » a évolué selon trois formes : D’abord « lot par lot » ; ensuite « clé en main » et enfin « produit en main ». De 1962 à 1975, les contrats d’équipement pour la création et le fonctionnement des entreprises ont atteint 50 milliards de DA [5].Cette progression est parallèle à l’augmentation des recettes pétrolières affectées au développement de l’économie nationale. A cet effet, la création et la croissance (augmentation de la taille) des entreprises se poursuivaient.

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Pour utiliser pleinement les techniques modernes importées, les unités industrielles devaient être grandes, or, ces dimensions dépassaient largement les capacités d’absorption interne de l’Algérie. L’exportation d’une fraction de la production industrielle, plus ou moins grande selon les produits, est donc une nécessité impérative. Cette exportation, à son tour, est essentiellement fonction du prix de marché et du bon fonctionnement des entreprises. Le fonctionnement et l’organisation des entreprises sont conditionnés par le choix technologique, qui est d’un « made-in » de plusieurs pays : Allemagne Fédérale, Italie, Grande Bretagne, Belgique, Etat- Unies et plus tard le Japon. Les six ou sept pays les plus avancés technologiquement se trouvent au niveau des grands complexes d’Arzew, de Skikda et d’ElHadjar… La Sonatrach, l’entreprise la plus prometteuse de l’Algérie achetait russe et américain. Là, il s’agissait de mettre en place deux « made-in » complètement différents. Selon les propositions de Rebah A. [4], la préférence des responsables de Sonatrach était orientée vers l’organisation américaine bien que cela n’ait pas empêché l’Algérie d’importer du « made-in » Russe. A cet effet, la diversification des partenaires étrangers s’est traduite par une diversification d’organisation et de modes de gestion ; l’EPI n’acquiert pas seulement des équipements ou complexes industriels mais aussi une organisation et un mode de gestion spécifiques à chaque « made-in ». Les formes de gestion mises en place sont, dans une large mesure, étrangères aux réalités socio- culturelles des travailleurs qui ont développé un comportement incompatible avec l’efficacité économique. Les entreprises algériennes issues du modèle de développement importé se voient privées de certaines valeurs socioculturelles de la société algérienne qui auraient dû être intégrées dans la conception et le processus du choix technologique comme l’ont fait les Japonais. Dans ce sens, nous pensons qu’en l’absence d’un mécanisme ou d’un processus de mise en place puis de développement de ces valeurs en harmonie avec les organisations industrielles, des comportements socioculturels se sont formés au sein des usines algériennes tels : l’absentéisme, le fénéantisme, le gaspillage et le laissez- aller total. Ces comportements plutôt négatifs trouvent leur origine, entres autres, dans la phase de lancement des entreprises algériennes (constat de plusieurs praticiens algériens : directeurs et contremaîtres). Durant les installations de ces dernières, les firmes étrangères ont véhiculé de plus en plus des orientations, des attitudes et des styles de vie opposés au modèle culturel de l’Algérie [6]. Cette non prise en compte des aspects sociologiques dans le choix du processus de consommation technologique a fortement inculqué aux travailleurs algériens un « esprit d’incapable » et une attitude passive à cause du déterminisme technologique. De surcroît, le système managérial de type occidental auquel a eu recours l’entreprise durant la croissance rapide a fait sentir des faiblesses quant à l’adaptation au processus de développement et surtout de planification. Il est issu d’une réalité différente de celle de l’entreprise algérienne. Ce type de gestion moderne spécifique à l’entreprise privée et de grande dimension n’a donné que des résultats décevants, notamment en terme d’apprentissage et de stockage de savoirfaire. A. Rebah, dans ce sens, relate son témoignage ainsi : « impulsée et motivée par l’accélération de l’investissement, l’expansion de faire faire avait pris le pas sur la consolidation et le développement de savoir- faire. L’expertise et l’assistance technique de sociétés et de cabinets étrangers considérées initialement comme point d’entrée dans l’industrie pétrolière, avaient fini par devenir le recours obligé systématique [4] ». Les autres entreprises publiques industrielles n’ont pas échappé à ce phénomène. L’analyse de bilan de la décennie 1967-1978 a mis en avant les difficultés de cette démarche. La croissance déséquilibrée axée sur de fortes compositions organiques a généré une hausse générale des coûts. Les détenteurs de pouvoir ont pris comme décision, pour amortir les effets négatifs de ce projet, l’acquisition d’un autre « made- in ».

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b- Le nouveau modèle de développement « made in » 1978-1985 A partir de 1979, l’Algérie a appliqué le modèle de la croissance « balancée » ; ce modèle a été conçu dans les années cinquante, par A. Lewis et P.N. Rosenstein [7] et repose sur un investissement faiblement capitalistique. L’application de ce modèle a besoin de satisfaire plusieurs conditions : - absence d’un marché domestique ; - ouverture de l’économie sur le marché global ; - un effort soutenu de micro-investissement dans les branches où prévaut un avantage comparatif ; - une économie dualiste (secteur urbain moderne et secteur rural de subsistance) ; - un pays à revenu faible. A première vue, l’Algérie ne remplissait aucune condition, elle disposait d’un marché domestique et prônait le protectionnisme : le commerce externe n’était pas libre et était centralement administré, le dinar surévalué, le taux de change fixe alimentant une économie informelle. Selon les économistes américains, l’Algérie et après plus d’un siècle de pillage colonial, a considéré de façon erronée le commerce international comme une menace pour la souveraineté. En prime, en 1980, l’Algérie était considérée comme un pays à revenu intermédiaire : 2140 dollars US [7]. En définitive, l’idée de projet algérien s’il était « made-in » russe basé sur la croissance déséquilibrée puis sur la croissance « balancée », son fonctionnement est « made-in » Europe : car il s’inspire de la théorie générale de Keynes bien que celle-ci s’applique à une économie capitaliste entièrement développée .La théorie Keynésienne insiste sur le rôle essentiel de la demande globale pour expliquer les fluctuations économiques de court terme et insiste sur l’intervention publique pour stimuler la demande quand celle-ci semblait incapable de préserver le plein-emploi. Cependant les décideurs algériens de l’époque avaient omis que ce fonctionnement nécessitait un taux d’intérêt libre qui se fixe selon la loi de l’offre et de la demande des fonds prêtables (c’est-à-dire de l’épargne nationale et des besoins d’investissement). Les deux modèles appliqués à l’Algérie ont quand même subi quelques modifications et ce, dans le but de les adapter à la réalité algérienne. II – LES ADAPTATIONS DES « MADE IN » A LA REALITE ALGERIENNE : EXPERIENCE ET RESULTATS : 1983-2006. Les « made- in » se justifient par l’objectif visé par l’Algérie : indépendance économique et politique. Pour l’atteindre, à titre d’exemple, l’Algérie a prévu de remplacer les importations par les activités locales. L’accent est mis sur la promotion de l’industrie substitutive d’importation, ces dernières sont définies comme la satisfaction d’une grande proportion de la demande intérieure par la production de biens de consommation, puis progressivement, en utilisant sur place les matières premières dans le but d’économiser des devises et de réduire la domination des pays industrialisés. Sauf que cette stratégie exige la réalisation d’ économies d’échelle importantes : un grand marché, des fonds importants et une force de travail qualifiée ; or durant la période allant de 1962-1970, l’Algérie ne possédait pas ces caractéristiques ou capacités. Cette politique a été suivie et réalisée par le recours à la création monétaire et à l’endettement extérieur ainsi qu’à une forte protection commerciale.

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a- Les adaptations au niveau des entreprises publiques industrielles Du point de vue micro-économique, les « made-in » était adaptés aux objectifs annoncés par l’Etat propriétaire et gestionnaire des entreprises publiques industrielles. Le statut juridique des entreprises algériennes issues de « made-in » a été adapté à la réalité algérienne : les mécanismes contractuels du droit des sociétés qui ont pour soubassement philosophique le principe de la prise en compte des conflits d’intérêt, ainsi que celui du rôle prépondérant conféré à la volonté des actionnaires ont été revus. Dans cette structure, en Algérie, l’Etat est l’actionnaire unique ; le conseil d’administration est déterminé par les représentants de l’Etat ; le PDG est nommé et il est révoqué par le chef de l’Etat qui lui confère la légitimité ; il ne tire pas son pouvoir du conseil d’administration. Ainsi, selon N. Redjem [8] « l’entreprise publique devient un lieu de rencontre du pouvoir politique et économique, mais aussi un centre de confrontation de deux rationalités celle de l’intérêt général et celle de l’intérêt particulier ». A cette adaptation juridique se greffe d’autres, liées à l’organisation et au fonctionnement interne de l’entreprise algérienne. A partir de 1971, la gestion socialiste a été mise en place en premier lieu dans des entreprises qui fonctionnaient déjà selon les procédures tayloriennes (SNS, SNSEMPAC, SONACOM, SONITEX, SONIPEC, SNMC, SNT, SONELEC, SNLB, SNEMA). Cette adaptation est axée sur la participation des travailleurs à la gestion. A cet effet, la structure organisationnelle répondant aux principes de l’unité de commandement (Fayol) est complétée. L’entreprise algérienne, pour adapter les principes de la théorie administrative de l’entreprise à l’environnement national, a complété cette structure par une autre, représentative, qui assurera la participation des travailleurs comme l’ont indiqué les textes de Gestion Socialiste des Entreprises (GSE). La structure de représentation est constituée par les organes de participation des travailleurs à la gestion socialiste des entreprises : Assemblée des Travailleurs, Commission Permanente, Conseil Syndical. Ces adaptations n’accordaient aucune place, dans les procédures de modalité d’application, au principe de gestion intégrée et encore moins à l’organisation du travail à l’échelle des ateliers. Par ailleurs, le « made-in » a généré des organisations extériorisant l’esprit de la force de travail : d’un côté, le management occidental et d’un autre, des organisations algériennes socialistes où l’Etat, propriétaire indéterminé, prônait l’égalité et l’équité (GSE et SGT). L’Etat accordait peu d’importance au profit puisque les recettes perçues par les entreprises en échange de ce qu’elles produisaient et des prix qu’elles payaient pour les intrants utilisés (y compris le capital et le travail) n’étaient pas des prix d’équilibre. Les prix ne correspondaient pas au degré de rareté des ressources utilisées ou des biens produits. Cet état de chose a développé une conviction dangereuse et spécifique « le beylik » ; ce syndrome a orienté les actions du facteur travail algérien. Le « beylik » a inculqué une fausse valeur nuisible à la performance de l’entreprise. Cette dernière, n’est pour le personnel (notamment celui de l’exécution) qu’un gagne pain. Cette idée, reprise au sens de l’échelle des besoins de Maslow, veut dire que l’entreprise pour le travailleur algérien ne permet de satisfaire que le premier type de besoin : les besoins physiologiques. Quant aux autres types de besoins, (appartenance, estime et accomplissement) ils sont satisfaits ailleurs. Il est essentiel de signaler que le statut général du travailleur (SGT), une des adaptations algériennes à partir de 1979, a vite causé le plafonnement des carrières et provoqué une flânerie systématique. Le SGT a encouragé le turn-over et le travail au « noir » des exécutants et des cadres de maîtrise formés, grâce à la devise, à l’étranger. Les adaptations algériennes des produits « madein » des diverses provenances ont engendré des comportements négatifs : la culture de l’entreprise à

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été codifiée par les textes de la gestion socialiste (GSE) et par le SGT, au lieu d’être le résultat naturel de développement. C’est l’avènement de la crise. b- la crise des EPI et les « made-in » Au cours des années 1980, l’effritement de la rente (entre 1985 et 1986, les recettes d’exportation ont chuté de 40% passant de 12,7 à 7,9 milliards USD$), la persistance d’un endettement extérieur élevé, l’incapacité du système productif à satisfaire la demande interne tant en biens d’équipement qu’en biens de consommation ont contribué à l’entrée des entreprises publiques industrielles en crise. La solution d’issue a été, elle aussi, importée et appliquée : A partir de 1983, des entreprises publiques industrielles sont, pour la plupart, en situation de faillite (actif net négatif) qui remonte à plusieurs années (en 1973 ; le déficit a été estimé à 408 millions de DA, il est de 1 milliard 80 millions de DA en 1978). La grande dimension de ces entreprises était montrée du « doigt » pour justifier leurs difficultés. Par ailleurs, le crédo de cette époque était le « Small is beautiful », autrement dit la crise touche les grandes entreprises capitalistes et les nouvelles politiques de développement de ces pays étaient orientées vers la création et le développement des petites et moyennes entreprises. Vite importée, vite mise en œuvre, cette solution à l’algérienne a donné la restructuration organique qui a consisté à créer à partir d’une seule entreprise, plusieurs moyennes entreprises. Mais en le faisant, le propriétaire n’a fait que multiplier les difficultés par le nombre d’entreprises nouvellement créées et de prime qui sont restées de grande traille. A partir de 1988, l’autonomie de la gestion des EPI devenues entreprises publiques économiques (EPE) est aussi une solution importée de l’ex URSS, et des pays de l’Europe de l’Est. A partir de 1994, la privatisation est la stratégie de sortie de crise gérée par des Holdings publiques (remplacées par des sociétés de gestion des participations à partir de 2001) mais en l’absence d’un marché financier opérationnel. Ces solutions importées ont, à leur tour, subi des adaptations algériennes et elles deviennent de ce fait virtuelles : - Les actionnaires des EPE/SPA sont virtuels ; - Le contrôle est virtuel ; -Les commissaires au compte chargés de veiller à l’utilisation judicieuse des capitaux des EPE ont un rôle virtuel ; - Les textes de code de commerce qui insistent sur la liquidation des entreprises en faillite sont virtuels. Cette virtualité a causé des déficits récurrents, une faible productivité du travail et une crise de paiement extérieur. - En 2001, les entreprises publiques hors hydrocarbures ne produisent plus que 7% de la richesse nationale et n’emploient plus que 364 000 travailleurs, à peine 7% de l’emploi total. Au cours des six dernières années, l’entreprise algérienne se trouve en plein triomphe de la pensée libérale et l’Algérie en pleine aisance financière (réserve de change 56 milliards USD$ en 2005 et elle se situerai, selon A.Benbitour [9], au dessus de100 milliards USD$ fin 2009).

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Cette situation a marqué un retour accentué aux produits « made in » mais cette fois- ci, ils proviennent des pays émergents (Corée du Sud, Inde, Chine, Turquie, etc.) et ce, sous prétexte de sortir de l’hégémonie occidentale. La politique de développement de l’Algérie des années 2000 a comme source principale la rente pétrolière. Celle-ci est dépensée, entre autres, dans l’acquisition de « made- in » Chine. Mais il ne faut pas oublier qu’elle est aussi destinée à acheter des prestations de cabinets, et bureaux d’études internationaux pour l’expertise et la formation afin de greffer aux entreprises les concepts clés à la mode tels que : le management par la qualité, le management par les compétences, le système management environnemental et autres. La question lancinante ici est la suivante : est ce que ces nouveaux « made- in » génèrent l’esprit d’entreprise? Réagir ainsi c’est oublier que Max Weber avait déjà avancé que : « le problème majeur de l’extension du capitalisme n’est pas celui du capital, mais celui du développement de l’esprit capitaliste ». Après s’être attardée, à l’examen des modèles de développement ainsi que les sous-produits importés : la gestion et la stratégie, il paraît nécessaire de s’arrêter sur le concept de culture pour mettre en avant son influence sur le fonctionnement des entreprises donc sur les différents « madein ». III – LA CULTURE D’ENTREPRISE ET LE « MADE- IN » Les praticiens ont déjà avancé que s’il y a contradiction entre la stratégie et la culture, c’est la culture qui l’emportera. E. Morin [10] définit la culture d’entreprise comme un système qui fait communiquer une expérience existentielle personnelle et un savoir collectif. M. Thevenet [11] rajoute que la culture devrait conduire chaque salarié à avoir le sentiment que son succès passe par celui de son établissement. La culture d’entreprise peut être définie comme l’ensemble des éléments particuliers qui expliquent les bases de fonctionnement d’une entité spécifique. Elle est, dans un certain sens, un sous-produit de la culture nationale. a- La culture et le management L’apparition de la culture dans le management permet de dire que tout système de gestion contient à la fois des principes universels et des éléments internes socioculturels. Dans ce sens, G. Hofstede s’est intéressé à l’impact de la culture sur les organisations et les principes de management qui les dirigent. Il part de la contestation de l’hypothèse de convergence et met en avant l’irréductibilité des salariés de cinquante pays des cinq continents. Les résultats de son étude ont fait apparaître que les individus font face à des problèmes similaires mais qu’ils y apportent des réponses, selon leurs origines [12]. La notion de la culture organisationnelle et son impact sur le management appartient à Edgar H. Schein. Il définit cette notion comme un modèle de postulats élémentaires inventés par un groupe donné, découverts ou développés en vue de résoudre ses problèmes d’adaptation externes et internes et qui ont été jugés suffisamment efficaces pour être enseignés à de nouveaux membres. Ce même auteur a développé ses études, dans les années 1990, en opposant deux formes d’anxiété [13]. Pour E.H.Schein, la réduction de l’anxiété engendre un certain nombre de voyances partagées et pourrait générer la cohérence interne. La première anxiété : « l’anxiété I » est la peur de la situation actuelle, la seconde « anxiété II » est la peur engendrée par la perspective de changement , de sortir de la situation actuelle. Ainsi pour vendre un projet, il faut que « l’anxiété I » soit plus forte que « l’anxiété II ».

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Les entreprises vivent actuellement dans un environnement turbulent ; les chocs économique, politique, écologique et social, deviennent répétitifs et imprévisibles. Les entreprises, pour faire face, ont développé une nouvelle approche, il s’agit de « l’analyse stratégique relationnelle » qui conduit l’entreprise à distinguer des acteurs dans son environnement et à distinguer les aspects culturels. La culture se présente en effet comme un héritage commun à plusieurs systèmes culturels individuels. Au sein d’un ensemble bien défini d’individus, il existe aussi une « intersection culturelle » qui consiste en la partie communément acceptée par le système culturel de chaque individu de cet ensemble [13]. La culture agit donc comme un filtre qui rend impossible certaines opérations du cerveau. Cet aspect négatif de la culture ne peut être ignoré. b-La culture et « le made in » des entreprises Nous venons de mettre en exergue le rôle de la culture dans l’entreprise ; c’est un outil de gestion. A ce titre, l’Algérie, en important des modèles de gestion, a aussi transféré des cultures et mis en place, dans les entreprises, des systèmes culturels divers sans saisir réellement les implications d’un tel acte et les dangers qu’il présente ; ceci pourrait se justifier par l’histoire politique de l’Algérie. A l’indépendance, le peuple ainsi que les dirigeants du pays ont vite voulu se débarrasser, du principe, de l’aliénation du taylorisme imposé ; « les Européens conçoivent et les Arabes exécutent ». C’est le sentiment d’une génération qui a en commun d’avoir longtemps été considérée « comme inférieure par rapport aux autres, écrasée de mépris [14] » ; ce qui explique, en partie le recours des Algériens au « made in ». Importer des produits (organisations industrielles) n’est pas une fatalité, elle le devient quand les acheteurs les mettent en place sans aucune harmonisation avec les autres éléments de système créant ainsi la décohésion. D’ailleurs, les organisations qui réussissent sont celles qui ont su adapter des règles de gestion aux conditions des cultures locales. La réussite des Japonais en est un exemple et celui des pays émergents en est un autre. Cela veut dire qu’il est tout à fait possible de transférer une théorie X ou Y à une organisation appartenant à une autre nation et donc à une autre culture que celle d’origine de la théorie en question. Les EPI en Algérie, en adoptant les modes de fonctionnement étrangers ont généré une culture d’entreprise algérienne unique. Elle a été codifiée par les textes (idéologiques et non économiques) de la GSE et du SGT aboutissant de la sorte à une rupture entre l’entreprise et ses travailleurs. Cependant, ces EPI se trouvent actuellement, dans une situation propice pour remédier aux erreurs du passé. Les travailleurs algériens ont atteint le « seuil de l’anxiété » en se posant, tout le temps, les mêmes questions : Notre avenir est-il compromis ? Avons-nous raison d’espérer ? Sommes- nous devant un mur ? E.H. Schein disait en 1990 que la notion de « Seuil d’anxiété » détermine l’aptitude innovatrice. Pour le cas des EPI, « l’anxiété I » est plus forte que « l’anxiété II » (nos enquêtes en 2000-2005). Et c’est bien le moment de leur vendre le projet de changement innovant. Mais, hélas, il reste à déterminer les droits de propriété ou à hisser au plus haut degré les bonnes valeurs culturelles : un défi à relever.

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CONCLUSION Si le « made- in » Algérie était impossible les premières années après l’indépendance, vu les effets du colonialisme, l’Algérie est confrontée actuellement et après tant d’années d’investissement en capital technique et humain au problème de la fuite des cerveaux par l’émigration, vers les pays industrialisés. Cette fuite appauvrit l’Algérie et offre aux pays d’accueil un capital humain bon marché. L’entreprise est pourvoyeuse de formation de qualité : la Sonatrach vit une « hémorragie » de son personnel qualifié : plus de 2000 cadres ont quitté l’entreprise et 2000 autres retraités ayant accumulé de l’expérience pour la transférer aux firmes multinationales [15]. L’observation à travers la littérature récente sur la performance des entreprises et leur réussite dans un environnement turbulent fait ressortir deux critères qui reviennent dans chaque analyse de praticiens et théoriciens en management : le premier est la compétence et le deuxième est l’ouverture fondée sur la culture locale ; ce constat n’est pas étranger aux Japonais qui ont d’abord observé et acheté des « made- in », ensuite modifié et adapté à leur culture nationale. Ceci nous encourage à avancer que les entreprises algériennes ont tous les « ingrédients » pour réussir à partir du « made- in » Algérie : le capital technique a été formé depuis des années et renforcé par les derniers investissements de l’Etat, le capital humain est existant ; reste pour les dirigeants du pays à faire un inventaire du savoir-faire et des connaissances capitalisées par les cadres et les travailleurs depuis la création des entreprises ; le capital financier accumulé est déposé dans les banques à l’extérieur. Mais faut-il le rappeler, le « made in » algérien doit s’imprégner des comportements positifs, locaux et universels. La question est comment réussir la transition d’une culture traditionnelle, conservatrice et rurale à une culture libérale pour construire une culture d’entreprise algérienne? BIBLIOGRAPHIE [1] SILEM A. et ALBERTINI J. M. : « Lexique d’économie ». Edition Dalloz, Paris, (1999). [2] EXTRAIT DE l’ANNUAIRE DE l’AFRIQUE DU NORD. Ed. CNRS Paris, (1967), p.18. [3] RAPPORT GENERAL du plan triennal et du premier plan quadriennal, MPAT, Alger, (1974). [4] REBAH A. : “Sonatrach: une entreprise pas comme les autres”. Edition CASBAH, Paris, (2006). [5]GAUTHIER, Y. et KERMAREC, J : « Naissance et croissance de la république Algérienne Démocratique et populaire ». Edition Ellipses, Paris, (1978). [7] BENISSAD H. : «L’Algérie : de la planification socialiste à l’économie de marché ». Edition ENAG, Alger,(2004 [8] REDJEM N. : “L’entreprise publique algérienne (socialisme et participation)”. OPU, Alger, (1987). [9] BENBITOUR A. « Radioscopie de la gouvernance algérienne ». Edition EDIT 2000, Alger, (2006). [10] MORIN, E. : « Sociologie ». Ed. Fayard, Paris, (1984). [11] THEVENET, M. : « Impliquer les personnes dans l’entreprise » . Editions Liaisons, Paris, (1992). [12] HOFSTEDE G. : “Vivre dans un monde multiculturel: comprendre nos programmations mentales”. Edition d’Organisation, Paris, (1994). [13] KERVERN G. Y. : « La culture réseau éthique et écologie de l’entreprise ». Edition ESKA, Paris, (1993). [14] EL KENZ A. et BENNOUN M. : « Entretien avec Bélaid Abdeslam : le hasard et l’histoire ». Edition ENAG, tome 1, Alger, (1990). [15] BRADEM, L. secrétaire général de la fédération des pétroliers (entretien à El Watan 2006).

NOTE [6] A titre d’exemple, nous reprenons les idées relatées par le personnel des entreprises algériennes lors de nos enquêtes effectuées entre 2000 et 2005. Les organisations importaient et mettaient en place des principes de travail en contradiction avec les principes de l’Algérie indépendante : - le principe concepteur – exécuteur : Il s’agit de séparer entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent sans discuter les ordres (taylorisme). Ce principe a été rejeté par les Algériens qui viennent juste de sortir d’une guerre et qui restent sensibles à toutes formules visant leur sous-estimation. - Le principe du travail à la chaîne, basé sur l’individualisme et le chronométrage afin d’élever les rendements, ne fonctionnait non plus avec le comportement des travailleurs algériens, car maximiser les rendements n’était pas la priorité et les travailleurs sont des ruraux préférant travailler dans un processus valorisant le groupe.

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Evolution du commerce extérieur de l’Algérie : 1980-2005 Constat et analyse M. Khaled CHEBBAH * lauréat et major de la première promotion « Economie internationale ». Faculté des sciences économiques et de gestion U.M.M.T.O

1. Telle qu’elle est décrite dans bon nombre de manuels, l’Algérie est un vaste pays riche, à la fois par son sous-sol qui renferme une diversité de matières premières, par sa diversité géographique favorable pour la localisation de divers projets économiques ainsi que par son marché national : - un PIB de 100 milliards de $US ; - 33 millions de consommateurs solvables (3200 $ US par habitant) ; - 70 milliards de dollars US de réserves de change ; - 45 milliards de $US d’exportations et 20 milliards d’importations. L’autre particularité de l’Algérie est le fait qu’elle représente un point de jonction liant à la fois l’Europe développée à l’Afrique, sous-développée, ainsi que les pays constitutifs de l’UMA (Union du Maghreb Arabe). Malgré tous ces avantages géoéconomiques, l’Algérie demeure un pays mono-exportateur d’hydrocarbures (98% des exportations en moyenne) ; cette situation fait que la structure et la santé de l’économie algérienne sont tributaires du prix mondial du pétrole, en d’autres termes, toute la sphère de l’économie algérienne est soumise à l’aléa des marchés pétroliers et gaziers. Dès le lendemain de son indépendance, l’Algérie a opté pour un système économique de type soviétique, basé sur le mode socialiste prônant la propriété étatique de tous les secteurs de l’économie ; ainsi l’économie algérienne, pendant presque trois décennies, était régie par un système de gestion centralisée se basant sur l’exécution de différents plans de développement (triennaux, quadriennaux, quinquennaux). Mais la fin du bloc soviétique et communiste, l’avènement de l’organisation mondiale du commerce (OMC) et le développement d’importants blocs économiques ont obligé les dirigeants algériens à réexaminer leur stratégie de développement et l’organisation des relations économiques avec l’étranger. Dans ce sens, l’Algérie tente depuis plusieurs années de mettre en place un ensemble de mesures lui permettant d’effectuer une transition réussie vers une économie de marché afin de s’intégrer d’une manière compétitive dans les échanges internationaux, d’autant plus que ses principaux concurrents- également membres de l’UMA (Maroc et Tunisie)- ont déjà entamé ce processus d’intégration internationale depuis les années 1980. Sombrant dans un vaste processus d’endettement, l’Algérie s’est retrouvée à la fin des années 1980 dans une situation préoccupante, l’obligeant ainsi à recourir au Fonds Monétaire International (FMI) pour se procurer des liquidités ; néanmoins, ce dernier lui impose des conditionnalités, dans le cadre d’un ajustement structurel, en contre partie de son aide. Ces conditionnalités sont entre autres : la suppression des déficits budgétaires, la régulation de la masse monétaire, la libéralisation du système bancaire, le recours aux investissements directs étrangers (IDE) et la libéralisation du commerce extérieur. Cette dernière conditionnalité fut réalisée en 1994.

* Mémoire préparé sous la direction de M. Mohamed DAHMANI, professeur d’économie U.M.M.T.O

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Nonobstant l’importance de la réforme sur l’ouverture du commerce extérieur représentant à la fois la fin d’une époque et un grand pas pour la libéralisation de l’Algérie, cette dernière doit être accompagnée par d’autres mesures comme la réalisation de la diversification géographique des partenaires, ainsi que la diversification des produits exportés, autrement dit, la réduction de la part des hydrocarbures dans la structure des exportations totales, qui représente « le talent d’Achille » de l’économie algérienne comme l’a si bien démontré le contre-choc pétrolier de 1986. Une telle initiative nécessite d’être accompagnée et renforcée par une plus grande intégration au marché mondial ; cela peut aussi se manifester soit par la signature d’accords bilatéraux mais surtout multilatéraux en ce sens. Conscient que c’est la seule alternative dont il dispose, le gouvernement algérien a manifesté sa volonté de trouver sa place dans cette compétition internationale en prenant le soin de réformer et de restructurer son économie en vue de l’adapter à la nouvelle donne économique mondiale à savoir la mondialisation, basée sur le libre échange et l’ouverture des économies. Pour mieux réussir son intégration, le gouvernement a opté pour un choix politique en renforçant ses relations globales dans l’espace maghrébin ainsi que dans le bassin méditerranéen avec une attention particulière accordée aux pays de l’Union Européenne9, considérés comme partenaires privilégiés. Dans une autre optique, l’Algérie a entamé des négociations en vue d’adhérer à l’organisation mondiale du commerce comme pour couronner son travail de libéralisation. 2. L’origine géographique du commerce extérieur de l’Algérie L’évolution du commerce extérieur de l’Algérie va de pair avec l’évolution de son économie ; ainsi parler du commerce extérieur dans une optique historique, revient à évoquer les aspects rétrospectifs de l’économie algérienne qui sont directement liés au passé de ce pays. Cette démonstration nous amène à nous interroger sur l’origine géographique des échanges extérieurs, puis, nous procéderons à l’analyse de l’évolution du commerce extérieur de l’Algérie dans les deux premières décennies de son indépendance. Selon les notes et observations d’un espion diplomate, Jean-Michel Venture de Paradis, le trésor d’Alger était, entre 1788 et 1790, approvisionné par les entrées nettes des exportations commerciales algériennes très variées malgré la diminution de la course en raison des accords de paix, signés entre les USA et les puissances occidentales. Il est noté que « les articles les plus importants fournis à l’extérieur sont le blé dur, l’orge, toutes sortes de légumes à l’exception des haricots blancs, de l’escayolle, de l’huile et des olives noires, de la cire et du miel, de la laine, du cuire et du vermillon, les viandes sèches et le corail, du riz, du lin et du tabac, du sel, du raisin sec, des figues, des plumes d’autruche, du cochenille (teinture), et de la soie transformée en ceintures ».10 Les statistiques relatives à cette période telles qu’elles sont consignées sur les registres de la douane et de la marine corroborées par les registres du trésor et appuyé par Venture de Paradis nous donnent :du port d’Alger sortaient respectivement 7 à 8000 quintaux de laine en provenance du Tetteri, et 10 à 12.000 quintaux du port de Bône. Ce trésor qui, d’après des sources anglaises, françaises ou algériennes était évalué entre 500 et 750 millions de francs de l’époque, soit 4,5 milliards d’euros en 2001 ; il constituait le véritable but de l’expédition coloniale devant sauver le royaume chancelant de Charles X. 9 10

Signature d’un accord de libre échange entre l’UE et l’Algérie en 2005. : S’ajoute à ces recettes les droits d’encrage (droits de mouillage et d’armement) des pavillons qui accostent à Alger

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a. L’ère de « l’Algérie française » 1830-1962 Dès juillet 1830, l’Algérie tomba sous l’occupation française, totalement différente des autres modes de colonisation en Afrique du nord, du fait que cette dernière était une colonisation de peuplement, d’où la perte quasi-totale du concept strict du commerce extérieur. Celui-ci n’étant qu’un moyen parmi d’autres pour maintenir et développer la colonisation en Algérie. Cette colonisation a fait naître un dualisme économique ; d’un côté, nous avons les « autochtones » , majoritaires, qui continuaient à maintenir une économie traditionnelle dont la production n’était pas destinée à un marché monétisé ; elle était consacrée plutôt à l’autosatisfaction de leurs besoins fondamentaux. D’un autre côté, nous avons les colons européens, minoritaires, possédant de nouvelles techniques de production, ils avaient développé un secteur économique moderne. Soutenue par le régime militaire, la production était essentiellement orientée vers l’extérieur, d’autant plus que le marché algérien était étroit11 et qu’il existait une libre circulation des marchandises et des capitaux entre la France et l’Algérie. S’ajoute à cela, le fait que les prix étaient hautement rémunérateurs sur le marché français. Ainsi, le rôle du commerce extérieur, comme l’a souligné M. TEHAMI12, « parait évident, il est un moyen de déverser sur les marchés extérieurs ce que l’on ne peut pas, ou que l’on ne veut pas vendre à l’intérieur. » b. Situation du commerce extérieur algérien durant le pacte colonial français Cette période était régie par la loi du 29/11/1884 qui réalise l’union douanière de l’Algérie avec la France ; ainsi les échanges commerciaux répondaient au régime préférentiel, autrement dit, les mêmes méthodes sont appliquées dans les mêmes conditions que se soit en Algérie ou en France. Le marché algérien devient français. Evolution de la valeur globale des échanges Le graphique suivant représente l’évolution des échanges entre 1910 et 1961

1961

1958

1955

1952

1949

1946

1943

1940

1937

1934

1931

1928

1925

1922

1919

1916

360 340 320 300 280 260 240 220 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0

1913

en %

1910

Graphe1 Evolution des échanges extérieurs de l'Algérie durant la période 1910 - 1961

Années

Source : construit par l’auteur d’après les données de M.TEHAMI : « aspects du commerce extérieur de l’Algérie en 1972 » Ed OPU 11

: Les exploitations agricoles des colons étaient caractérisées par la monoculture, qui leur permettait de se procurer de maigres salaires durant 2 à3 mois. 12 : « Aspects économiques du commerce extérieur de l’Algérie en 1972 » Ed : OPU P 10

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L’étude du graphique permet de tirer certains enseignements : ainsi de fortes variations caractérisent la période des deux guerres (1914-1919 et 1939-1945), contrairement à une stagnation après la grande crise de 1929 . Ce même graphique montre que durant la guerre de libération (1954-1962), le commerce extérieur était épargné, situation qui parait paradoxale mais qui affirme tout de même la concentration du commerce extérieur sur les intérêts des coloniaux, une idée qui se confirme encore par la régression, déjà évoquée, pendant la période des deux guerres. L’Algérie est partie intégrante de l’espace douanier français ; cette situation s’observe au niveau du rang qu’occupe la France dans les échanges extérieurs de sa colonie. En dehors de la période couverte par la deuxième guerre mondiale, les échanges commerciaux entre la France et l’Algérie dépassent 65% du commerce extérieur de l’ex-colonie. Entre 1910 et 1942, les exportations vers la France enregistraient un taux moyen de 75% des exportations globales ; les importations enregistraient, quant à elles, un taux de 77% des importations globales. Après 1945, les échanges tournent autour de 74% ; un taux qui sera en nette progression à partir de 1956. Cette hausse est due aux fortes importations de matériels militaires et de forage après la découverte du pétrole ; il atteint 85 % en 1958 ; ce même taux se maintient après la mise en place, en 1959, du « Plan de Constantine » qui a favorisé la demande des biens de consommation. 3. Evolution du commerce extérieur algérien1962-1980 Dès son indépendance en 1962, la formation de l’Etat algérien s’est déroulée en deux périodes principales : la première période s’étale de 1962 à 1966, caractérisée par une crise économique touchant tous les secteurs et une dépendance quasi-absolue de l’ancienne métropole coloniale. Cette période s’est soldée par le coup d’Etat du 19/06/1965, signifiant à la fois la fin d’une époque de crise et entamant une nouvelle ère caractérisée par un nouveau mode de gestion. La deuxième période coïncide avec la mise en place du premier plan triennal (1967-1969) ; cette période se caractérise par une gestion centralisée de type soviétique, fondée sur l’élaboration de différents plans : le premier étant le plan triennal de 1967 à 1969 représentant une nomenclature d’investissements ayant pour but de redéfinir les structures de base et les activités liées aux hydrocarbures ; ce qui représente le nouvel avantage comparatif de l’Algérie. Le premier plan quadriennal, 1970-1973, marque la rupture avec les anciennes bases économiques et met en œuvre le départ de la planification socialiste ; il a aussi mis en place des mécanismes visant à concevoir des projets d’investissement garantissant le maximum d’effets économiques « autocentrés ». Quant au second plan quadriennal, 1974-1977, il est quasiment la continuité du précédent plan, sauf qu’il est plus dense en capital du fait de la hausse des prix du pétrole. Sur le plan mondial, deux principaux faits bouleversent le commerce international et affectent la structure de l’économie algérienne en général. Il s’agit des deux chocs pétroliers. Le premier choc survient en 1973 après la guerre israélo-arabe ou la guerre du Kippour13 qui est à la base d’une augmentation de 400% du prix mondial du pétrole, passant ainsi de 2 $US le baril au début des années 1970 à 12 $US en 1973. 13

: Quatrième conflit entre Israël et pays arabes.

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Le deuxième choc surgit en 1979 après la révolution islamique en Iran et la chute du Shah, des bouleversements qui ont fait augmenter le prix du pétrole de 250%. En 1980, le prix du baril14 est évalué à 38 $US. a. L’évolution de la balance commerciale 1962-1980 Le graphique suivant illustre l’évolution comparée des importations et des exportations algériennes durant la période allant de 1962 à 1980 Graphe 2: La balance commerciale 1962-1980 En MDA

60000 50000 40000 30000 20000 10000 1980

1978

1976

1974

1972

1970

1968

1966

1964

-10000

1962

0

-20000 années

années

importations

exportations

solde commercial

Source : construit par l’auteur d’après les données statistiques de l’ONS Le graphique permet de tirer certaines conclusions, à savoir : - L’effondrement des importations et des exportations durant les deux premières années de l’indépendance (1962 – 1963), effondrement dû au départ des étrangers et donc à la baisse de leur consommation ; cette dégradation a duré jusqu’en 1966. - A partir de 1967, et plus exactement de 1968, un accroissement des importations est clairement visible. Il est dû à l’accroissement des investissements publics dans le secteur industriel. - Les exportations, de leur côté, ont suivi une évolution analogue ; leur dépression au début de l’indépendance est due selon M.TEHAMI15 à deux facteurs essentiels : d’une part à la baisse des produits agricoles et d’autre part,à la mise en place d’un code contingentaire et tarifaire. - La nette reprise des exportations à partir de 1967 est due, certes, à la mise en place du plan triennal 1967-1969 mais aussi à la mise en service du troisième oléoduc16algérien. Cette progression perdure jusqu’en 1971, année durant laquelle on enregistre une baisse de près de 15%, en raison de la crise franco- algérienne. - L’accroissement moyen des importations se situe autour de 24%, mais ce dernier n’est pas vraiment linéaire Entre 1973 et 1974, date du premier choc pétrolier, l’accroissement des importations dépasse les 100%, contre une moyenne de 19% durant les années1967 et 1973.

14

Baril de pétrole est l’équivalant de 159 litres « Aspects économiques du commerce extérieur de l’Algérie » Ed : OPU 16 : La mise en place de cette oléoduc accroît de 10millions la capacité d’évacuation du pétrole. 15

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L’accroissement moyen des exportations est de 28,23%, mais, tout comme les importations, ce taux n’est pas homogène sur toute la période ; son évolution est la même que celle des importations : Entre 1967 et 1973, elle est de 14,43%, En 1974, elle est de 161% (après le choc pétrolier de 1973), Entre 1975 et 1979, elle est de 15%. b. La diversification géographique des partenaires des échanges extérieurs La diversification géographique des partenaires commerciaux est le deuxième objectif de la politique commerciale algérienne ; mais la colonisation de l’Algérie par la France durant plus d’un siècle et le caractère exclusif de cette dernière n’ont guère favorisé cette volonté. Ainsi, la stratégie commerciale de l’Algérie était axée sur « le détournement de l’ancien colonisateur français vers la recherche d’autres partenaires. »17. L’Algérie n’a pas cherché à diversifier dans le but unique de diversifier ; les paroles du ministre du commerce de l’époque, Mr Layachi YAKER: « L’Algérie doit acheter aux pays qui importent ses produits et pour les montants convenables. », expliquent clairement que l’Algérie cherchait avant tout des partenaires lui garantissant le plus de profits. Evolution des exportations par zones géographiques entre 1962 et 1979 Les résultats de la période se présentent comme suit : - la CEE est le premier client de l’Algérie avec 45% des exportations suivie de : - L’Amérique du nord avec plus de 38% ; - Les autres pays d’Europe avec près de 6% ; - Les pays socialistes d’Europe avec près de 4% ; - L’Amérique latine, 2,3% ; - L’Asie, 1,6% ; - L’Afrique, 1,06% ; - et les pays arabes avec moins de 1%. La France occupe une place très importante avec 15,8% des exportations durant cette période ; ce taux permet à celle-ci d’être le premier client de l’Algérie avec un accroissement annuel moyen de 11,97%. Elle est suivie de la RFA avec 13,7% des exportations. Graphe 3: Répartition des clients de l'Algérie pendant 1967-1979 en %

CEE

Pays socialistes d'Europe

autres pays d'europe

amérique du nord

amérique latine

asie

pays arabes afrique

RDM

Source : construit par l’auteur d’après les données statistiques de l’ONS 17

: M.TEHAMI : « Aspects économiques du commerce extérieur de l’Algérie en 1972 » Ed : OPU page 122

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Evolution des importations par zones géographiques entre 1962 et 1979 Les résultats de la période sont comme suit : - la CEE demeure le principal fournisseur de l’Algérie avec plus de 61% sur toute la période (1967-1979) ; elle est suivie : - de l’Amérique du nord avec 11.28% ; - des autres pays d’Europe, 10.28% ; - de l’Asie, 5.7% ; - des pays socialistes d’Europe, 4.8% ; - de l’Amérique latine, 3.7% ; - de l’Afrique, 1.5% ; - et des pays arabes en dernier lieu avec 1.16% des importations. La place de la France est assez considérable, avec un peu plus de 26% des importations et un accroissement annuel de 14% ; cela signifie en gros que l’Algérie reste dépendante de l’ancienne métropole. Graphe4 : Répartition des fournisseurs de l'Algérie par zones géographiques 19671979 en %

CEE

Pays socialistes d'Europe

autres pays d'europe

amérique du nord

amérique latine

asie

pays arabes afrique

RDM

indétérminé

Source : construit par l’auteur d’après les données statistiques de l’ONS 4. Evolution du commerce extérieur algérien entre 1980 et 2005 La période allant de 1980 à 2005 est une phase riche en événements ; la scène économique nationale est marquée par diverses situations qui, de par leur intensité, ont obligé les autorités algériennes à revoir leur politique économique en général et celle du commerce extérieur en particulier. La situation de cessation de paiement qui a caractérisé le début de la décennie 1990 est à la base du recours au FMI qui, en contre partie de son aide précieuse, incite les autorités algériennes à accepter certaines conditionnalités, entre autres, la libéralisation du commerce extérieur considérée jusque-là comme le plus grand pas dans la démarche de libéralisation. Ce petit pas vers la nouvelle donne économique mondiale libérale est, en effet, un des éléments qui ont favorisé les négociations avec l’organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que la signature d’un accord d’association entre l’Algérie et l’Union Européenne, entré en vigueur le 1er septembre 2005.

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a. Evolution de la balance commerciale 1980- 2005 L’Algérie s’est engagée dès le début des années 1980 dans un vaste programme de réformes véhiculé par la mise en place des deux plans quinquennaux (1980-1984 et 1985-1989). Or l’analyse de la situation dans laquelle évoluait l’économie algérienne durant cette période n’est pas le seul reflet de ces plans, toute la structure de l’économie reste sensible et tributaire de la situation économique internationale. A. ETUDE DE LA PERIODE ALLANT DE 1980 A 1989 1. Vue globale sur le contexte économique des années 1980 - 1989 Sur le plan national, la période 1980-1989 est marquée par la mise en place des deux plans quinquennaux en poursuivant l’élan du dirigisme centralisé et de l’économie socialiste. Le premier plan quinquennal 1980-1984 ( 250 milliards de DA courants). Après une durée de deux ans sans plan ni planification, le premier plan quinquennal avait été élaboré sur la base de l’évolution de la période précédente (1967-1977). Le plan répondait beaucoup plus aux besoins sociaux (emploi, éducation, santé…). Ses principaux objectifs peuvent être résumés en : - La maîtrise des équilibres et la réduction de l’endettement ; - La réorganisation des entreprises ; - La rentabilisation du potentiel et la hiérarchisation des priorités de développement ; - L’achèvement des « restes à réaliser » (RAR). La plupart de ces objectifs seront concrétisés malgré les difficultés dues à la crise économique mondiale. Ainsi, la consommation des ménages a pu progresser de 6,1% avec une croissance annuelle de 4,4%. Les exportations ont augmenté en valeur de 11,6% ; or leur structure demeure dominée par les hydrocarbures avec 98% de la valeur totale. Les importations se sont stabilisées à un taux moyen de 6% de progression par an. Le deuxième plan quinquennal 1985-1989 ( 500 milliards de DA courants). Les résultats du précédent plan révèlent que la position économique et financière de l’Algérie était plus ou moins satisfaisante. Or, la gestion et le développement de l’économie ont montré des insuffisances du fait que 98% des recettes extérieures provenaient toujours des hydrocarbures Le deuxième plan est lancé juste avant le contre choc pétrolier de 1986 ; il vise essentiellement à : - Accorder une priorité aux secteurs de l’agriculture, de la petite industrie et de l’hydraulique ; - Mettre en place des instruments de régulation économique ; - Prendre en considération le secteur privé et tenter d’attirer le capital étranger ; - Décentraliser les activités et les responsabilités. Les résultats économiques de cette période sont, encore une fois, mitigés du fait de la structure des exportations qui demeure inchangée. En d’autres termes, l’économie algérienne reste toujours dépendante et tributaire des marchés pétroliers. Ces résultats insuffisants sont dus à deux autres événements de dimension mondiale : l’un étant la chute brutale des cours des hydrocarbures, et l’autre, la baisse du prix du dollar. De ce fait, l’économie algérienne se retrouve bouleversée par ces événements, à quoi s’ajoute l’ampleur de la dette extérieure, souvent considérée comme amplificateur de la crise économique.

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2. Evolution chiffrée de la balance commerciale Constituant l’instrument le plus important dans l’analyse de la situation extérieure, la balance commerciale de l’Algérie, entre 1980 et 1990, se présente comme suit : Graphique 5: Evolution de la balance commerciale entre 1980 et 1989 80000 70 0 0 0 60000 50 0 0 0 40000 30000 20000 10 0 0 0 0 - 10 0 0 0 -20000

19 8 0

19 8 1

19 8 2

19 8 3

19 8 4

19 8 5

19 8 6

19 8 7

19 8 8

19 8 9

a nné e s

exp o r t at i o ns

i mp o r t at i o ns

So ld e co mmer ci al

Source : construit par l’auteur sur la base des données de l’ONS. Comme le montre le graphique ci-dessus, à travers le montant total des importations et des exportations, ainsi que de leur solde, la balance commerciale a connu des turbulences entre 1985 et 1987. Ces dernières sont dues au contre choc pétrolier18 qui a touché de près la structure de l'économie algérienne. Ses conséquences ne s’observent pas seulement sur les exportations à la baisse, mais aussi sur l'ensemble de l'économie algérienne ( avec un taux de croissance de 1 %) ; les trois années suivantes ont connu un taux négatif. Les importations ont enregistré un taux de croissance moyen de 11,46 %. Les exportations, quant à elles, ont progressé en moyenne de 16,01 %. Tableau 1 : Taux de croissance des importations et des exportations durant la période 1980 – 1990 Années

1980

1981

198 2 1,23

198 3 0,8

198 4 2,96

198 5 3,45 1,26

Importation 25,1 20,3 s 4 5 Exportation 43,2 19,3 -3,7 0,4 4,9 s 5 Source : construit par l’auteur d’après les résultats de l’ONS.

198 6 12,3 4,59

1987

1988

1989

1990

-21,3 27,1 5 16,4 8,82 6

61,3 5 58,3 7

24,1 8 69,9 8

Tableau 2 : Taux de couverture des importations par les exportations entre 1980 et 1990 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 Années 0,8 1,22 1,04 1,02 1,40 Taux de couverture 1,29 1,28 1,22 1,22 1,24 1,3 Source : construit par l’auteur d’après les résultats de l’ONS.

18

Les cours du baril de pétrole sont passés de 27 $us en 1985 à 11 $us en 1986

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B. ANALYSE DE LA PERIODE ALLANT DE 1990 A 2005 1. Situation économique de l’Algérie entre 1991 et 2005 Dès 1990, le commerce extérieur algérien s’est caractérisé par une évolution très importante ; la libéralisation des échanges extérieurs parait comme l’essentiel des réformes mises en place pour répondre à la nécessité d’adhérer à une économie de marché libre et ouverte dans le contexte de la mondialisation. A cet effet, une politique commerciale est mise en place, s’articulant sur l’objectif de La diversification des exportations à travers l’élargissement de la gamme des produits exportés aux produits agricoles et produits industriels. Néanmoins, cette mesure est confrontée à des difficultés liées à la concurrence face à laquelle seront confrontées les entreprises nationales. D’un autre coté, la situation de l’Algérie reste troublée, du fait de la crise sociale et sécuritaire qui l’a affectée durant une longue décennie qualifiée de décennie noire. Le secteur économique n’échappa pas non plus à cette crise. Enfin la scène économique algérienne sera marquée par : - La gestion de la dette extérieure par l’appel au FMI - La gestion de la dette extérieure entre 1994 et 1998 par le plan d’ajustement structurel - Le plan de relance économique 2001- 2004 A la fin des années 1990, l’économie algérienne a connu un climat économique assez satisfaisant qui se concrétise dans des indices macroéconomiques positifs, résultant des différents ajustements et réformes mis en œuvre tout au long de cette décennie. Nonobstant cette situation, le social reste épargné par ces réformes : taux de chômage élevé, pouvoir d’achat à la baisse, crise sociale…etc. C’est dans cette perspective qu’est mis en place un Programme de soutien à la relance économique (PSRE). S’étalant sur une période de quatre ans (2001- 2004), le plan diffère totalement de la planification des années du socialisme ; il n’est qu’un instrument de soutien ou un complément au budget de l’Etat. Il est doté d’une enveloppe d’un peu plus de sept (07) milliards de $US - Le deuxième plan de soutien à la croissance économique 2005-2009 D’un montant de 60 milliards de dollars US, le second PSCRE s’étale sur une période de cinq années, 2005- 2009. 2. Evolution de la balance commerciale entre 1990 et 2005 Le graphique suivant montre l’évolution chiffrée des importations et des exportations de l’Algérie, ainsi que de sa balance commerciale, durant la période allant de 1991 à 2005. Graphic 6: Evolution de la balance commerciale algérienne entre 1990 et 2005 4000000 3000000 2000000 10 0 0 0 0 0 0 - 10 0 0 0 0 0

a nné e s

E xpo rt s

Im po rt s

SC

Source : construit par l’auteur selon les données de l’ONS

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Les importations Les importations ont enregistré un taux de croissance moyen, sur toute la période, avoisinant les 22% ; le tableau suivant représente le taux d’accroissement annuel des importations Tableau 3 : Taux de croissance des importations en % entre 1990 et 2005 Années 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 60,02 35,4 8,7 65,89 50 -2,89 Taux de 24,18 croissance Années 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 10,55 13,05 10,78 25,12 -3,25 35,27 Taux de 10,58 croissance Source : construit par l’auteur sur la base des statistiques de l’ONS 1990-2002.

1997 0,66 2005 9,48

Pour la période allant de 1990 à 2005, la balance commerciale a enregistré des soldes positifs, sauf pour les années 1994, 1995 et 1998, où elle a été déficitaire ; ces déficits peuvent être expliqués par les faits suivants : D’une part, la situation extérieure de l’Algérie en début de la décennie 1990, et son recours au FMI (voir section II) ; et d’autre part, par les fluctuations qui ont marqué les marchés pétroliers. Ainsi, l’année 1998 est marquée par une régression des prix des hydrocarbures ; le prix du baril de pétrole a avoisiné le cours des 12 dollars US ; cette situation ne durera pas ; en 1999, les cours reprennent à nouveau leur hausse en atteignant 26 dollars US ; de ce fait la balance commerciale devient et demeure excédentaire jusqu’à la fin de la période. Les exportations Les exportations restent toujours tributaires des marchés internationaux de pétrole et de gaz naturel mais aussi des cours des hydrocarbures ; le tableau suivant montre la croissance des exportations durant la période allant de 1990 à 2005 ; cette croissance peut être comparée au graphique de l’évolution des prix des hydrocarbures Tableau 4: Taux de croissance des exportations en % entre 1990 et 1997 Anné 199 199 1992 1993 19 199 199 1997 e 0 1 94 5 6 Taux 69,9 91, 6,60 -3,79 35, 35,6 48,6 6,87 8 02 39 8 2 de croiss ance Anné 199 199 2000 2001 20 200 200 2005 02 3 4 e 8 9 42. 97.1 1.4 27.0 30.3 38.37 Taux 25.6 73 6 10.6 2 5 de 7 croiss 2 ance Source : construit par l’auteur sur la base : - Des statistiques de l’ONS 1990-2002. - Données du CNIS pour 2004 et 2005

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Tableau 5: Taux de couverture des importations par les exportations entre 1990 et 2005 en % Années 1990 1991 1992 1993 1994 Taux de 1,40 1,67 1,32 1,16 0,94 couverture Années 1998 1999 2000 2001 2002 Taux de 0,99 1,23 2,25 1,82 1,56 couverture Source : construit par l’auteur d’après les résultats de l’ONS

1995

1996

1997

0,97

1,49

1,56

2003

2004

2005

2,01

1,94

2,45

Les exportations suivent l’évolution des cours des hydrocarbures d’une manière quasiparfaite ; cette situation remet en cause la volonté du gouvernement sur l’idée de « diversification des exportations » proposée depuis 1988. Même si son incidence ne se constate pas directement dans l’évolution chiffrée de la balance commerciale, l’avènement de l’Euro, comme monnaie internationale, affecte le commerce extérieur algérien. Le fait d’importer en euro (près de55% des importations totales) et d’exporter les hydrocarbures essentiellement en dollars (prés de 98% des recettes des exportations), l’Algérie subit une perte d’autant plus que l’Euro est plus cher, en terme de cours, que le dollar. (1 euro =1.25 $ US). 5. L’évolution des échanges par produits a. les importations Le début de la décennie 1990 est marqué par une forte consommation de produits alimentaires et boissons. Ce fait est dû à la politique gouvernementale qui s’est retrouvée face à une situation critique de manque de liquidités. Le gouvernement a, de ce fait, commencé à réduire le taux de croissance des importations, comme nous l’avons souligné auparavant, puis s’est concentré essentiellement sur les produits de première nécessité. A partir de 2001, la structure des produits importés reprend sa place des années d’avant 1990, à savoir, les approvisionnements industriels et les machines et autres biens d’équipement. b. Les exportations Les exportations algériennes sont constituées pour la plupart de fuels et lubrifiants représentent durant toute la période (1980 -2005) un taux avoisinant les 98 %. Cette situation fait de l'Algérie un pays mono- exportateur d'hydrocarbures, d'où sa vulnérabilité aux chocs externes. Les produits exportés sont, bien sûr, le pétrole brut et les condensas avec une moyenne proportionnelle dépassant les 95% durant toute la période (1980 - 2005). Le taux des hydrocarbures dans la structure des exportations est assez élevé créant ainsi une situation de dépendance envers l’extérieur. Cette situation nécessite néanmoins d’être appréhendée de près et d’être développée c. Le problème du poids des hydrocarbures sur les exportations totales Les conséquences néfastes de l’ouverture sur l’extérieur de l’économie algérienne sont multiples en raison de la position prédominante des hydrocarbures dans les exportations totales, représentant la quasi-totalité des recettes de ces dernières. Cette situation est très délicate dans la mesure où elle représente un risque pour toute la situation économique interne.

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L’impact des hydrocarbures sur la position externe La balance commerciale a enregistré, jusqu’en 1973, un déficit. Or, l’augmentation des cours du pétrole a eu un effet positif sur cette dernière ; ces effets se sont accélérés dès 1979 avec le second réajustement des prix du pétrole, ce qui a permis une entrée croissante de devises servant à financer plusieurs projets au niveau interne. Néanmoins, la chute des cours de 1986 (contre-choc pétrolier) a remis en cause cette politique de développement, pire encore, le contre-choc a mis en évidence quelques déséquilibres macroéconomiques dus à la vulnérabilité du pays. La part des hydrocarbures dans l’ensemble des exportations n’a jamais été au-dessous de la barre des 90% dès le premier réajustement des prix du pétrole. La polarisation des recettes en devises autour des hydrocarbures rend le pays dépendant de deux facteurs exogènes : le prix du pétrole d’une part (décidé selon la loi de l’offre et de la demande mondiales) et le cours du dollar US d’autre part. Cette situation a fait de l’Algérie un pays mono-exportateur. Ainsi, la hausse de ces prix enclenchée par le second choc de 1979 a réussi à accroître le montant des recettes d’exportation de 75% entre 1979 et 1985, atteignant ainsi 64.5 milliards de DA. Une année après, c'est-à-dire en 1986, l’Algérie, comme tous les pays mono-exportateurs d’hydrocarbures, avait constaté que l’augmentation continuelle des prix du pétrole n’était qu’un « mirage » pour l’attirer à la fin dans un «piège ». En effet, ce contre-choc était à la base d’une chute sans précédent des prix du baril de son pétrole, le ramenant à une moyenne de 14.68$US/baril après avoir atteint la moyenne de 29$US/baril en 1985. Cette situation a montré aux autorités algériennes que les recettes d’exportations reposant sur un prix fort ne constituent pas une source de financement sûre et durable. Ainsi, les recettes d’exportations ont chuté de 45% en l’espace d’une année.

2003

2000

1997

1994

1991

1988

1985

1982

100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1979

la part des Hydrocarbures en %

Graphique 7 La part des hydrocarbures dans les exportations totales

années

exportations des hydrocarbures

L’impact des hydrocarbures sur les importations Malgré l’augmentation qu’a connu le montant des importations en 197919 avoisinant les 25%, celui-ci a chuté de 14% en 1986 et de 27% en 1987. Ces fluctuations expliquent la sensibilité de l’Algérie aux « chocs » internationaux.

19

Date relative au deuxième choc pétrolier et au début du premier plan quinquennal

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En effet, la délicatesse du commerce extérieur est due à l’homogénéité des hydrocarbures dont les prix sont fixés internationalement, et à l’hétérogénéité des produits importés par l’Algérie dont les prix sont fixés unilatéralement par les fournisseurs. A l’intérieur, la rente pétrolière diminue l’importance de l’effort productif, selon un phénomène étudié par les économistes sur l’économie des Pays-Bas (après la découverte et l’exploitation du gaz en mer du nord) et appelé : « La dutch desaese » ou « mal hollandais ». Ce phénomène ne touche pas seulement l’Algérie, mais la quasi-totalité des pays qui disposent de ressources naturelles (et spécialement pétrolières) importantes comme le Venezuela, le Nigéria, etc. En 1985, l’Algérie a lancé un second plan quinquennal qui ne s’achèvera pas à cause de la crise pétrolière ; les budgets dédiés à son financement proviennent des recettes des hydrocarbures, et du recours à la dette extérieure elle-même contractée en comptant sur le secteur des hydrocarbures pour la rembourser ; mais la chute brutale des prix de ces derniers a brisé tous les espoirs de l’Etat. Il se retrouve, au début de la décennie 1990, contraint à faire appel au financement externe, en l’occurrence celui du FMI, pour assurer l’importation des produits de base. Cette situation nous amène à poser un autre problème qui a une relation avec le commerce extérieur et constitue une menace pour l’économie algérienne, c’est celui de la dette extérieure. L’analyse montre aussi qu’il existe une étroite relation entre la dette extérieure et les résultats de la balance commerciale et donc des recettes des hydrocarbures : D’abord parce que la dette contractée, après la mise en œuvre de la stratégie de « l’industrie industrialisante », s’est développée après le contre-choc pétrolier, autrement dit, après la baisse des recettes des hydrocarbures. Puis parce que le remboursement de cette dernière est le fait des recettes des hydrocarbures. Aujourd’hui, le remboursement par anticipation constitue la fin du cauchemar de la dette extérieure mettant ainsi fin à une problématique, longtemps débattue. L’analyse du commerce extérieur ne serait complète qu’en intégrant le facteur géographique, pour pouvoir cerner le sujet. Cette analyse constituera l’objet de notre prochain titre, portant sur l’évolution des échanges extérieurs par zones géographiques. 6. Evolution des échanges commerciaux de l’Algérie par zones géographiques Nous allons essayer de voir dans les faits si oui ou non la volonté de la diversification des partenaires est réalisée et quels en sont les partenaires favoris de l’Algérie ? Mais avant de commencer l’analyse, il est utile de rappeler que le commerce extérieur a connu deux grandes étapes, l’une allant de 1980 à 1993, marquée par la loi 78/02 (le commerce d’exportations et d’importations était du ressort de l’Etat) ; cette loi donne naissance, pour les exportations, en 1982 au PGI20; la deuxième étape, allant de 1994 à 2005, période marquée par la libéralisation du commerce extérieur. Quant aux importations, en 1980-1982 le ministère du commerce assouplit cette décision en permettant de traiter avec les commerçants étrangers. La période allant de 1988 à 1993 est caractérisée par un processus de réformes touchant à la fois les importations et les exportations.

20

Programme général des importations

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a. Analyse chiffrée de l’Évolution des échanges par zones géographiques Les exportations Entre 1980 et 1990, les principaux clients de l'Algérie sont la communauté économique européenne (CEE) et l'Amérique du Nord. A part l’année 1980 où l'Amérique occupait la première place des clients avec 46 % des exportations totales, soit un montant de 24,310 milliards de DA, suivi de la CEE avec 39 % des exportations algériennes, soit un montant de 20, 625 milliards DA ;le reste de la décennie est marqué par un retournement de la situation .En effet, la CEE reprend la première place avec en moyenne, sur toute la décennie, 55,99 % des exportations totales de l'Algérie ; l'Amérique du Nord vient en deuxième position avec 16,19 %. Entre 1991 et 2002, la situation n’a pas évolué d’une manière significative ; la CEE devenue en 1993 Union Européenne reste le client le plus important de l’Algérie avec une moyenne totale sur toute la période de 64%, soit une valeur globale des échanges avoisinant les 586, 308Milliards de DA. Les plus grands clients de l’Algérie durant la période allant de 1991 à 2002 sont comme suit : - En première position la France avec 18,63% en moyenne, - En deuxième position, les USA avec 18,45% en moyenne, - En troisième position, l’Italie avec 18,25 % en moyenne. Bien sûr, ces taux différent d’une année à l’autre, néanmoins la triade Italie, France et USA, reste les premiers clients de l’Algérie, mais avec un classement différent selon les années. Pour les années 2003, 2004 et 2005, l’ Union Européenne occupe la première place des échanges avec une moyenne de 55,44%, suivie des autre pays de l’OCDE, dont les USA, qui occupent un peu plus de 33%. Les importations Il s’agit de la répartition géographique des importations algériennes, autrement dit, la répartition des fournisseurs de l’Algérie. Durant la première décennie, c'est-à-dire entre 1980 et 1990, les plus importants fournisseurs de l’Algérie sont comme suit : - La CEE avec 55% des importations totales, - Les autres pays d’Europe avec 13,48%, - L’Amérique du nord avec 11,34% des importations. Les pays fournisseurs de l’Algérie sont surtout : - La France avec 21% des importations totales, - La RFA avec 11,66%, - L’Italie avec 10,63%. Dans cette première partie, on remarque que la France et dans une moindre mesure la CEE sont les plus grands fournisseurs de l’Algérie Durant la période allant de 1991 jusqu’à 2002, les fournisseurs de l’Algérie sont comme suit : - la CEE avec 40,39% des importations totales, - l’Amérique du nord avec 14,61%, - les autres pays d’Europe hors CEE avec 9,76%. Les plus grands pays fournisseurs sont : - la France avec 23,66% des importations totales, - l’Italie avec 9,76%, - les USA avec 9,51%.

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Les plus importants fournisseurs de l’Algérie durant la période allant de 2002 à 2005 sont l’Union Européenne avec 56% des importations totales, suivie des pays de l’OCDE avec 17 % puis des pays asiatiques avec près de 11 % des importations totales. Conclusion Après ce bref rappel, les caractéristiques de la répartition géographique des clients et fournisseurs de l'Algérie peuvent être déduites directement. Ainsi, la France, ancien colonisateur de l’Algérie, reste le partenaire le plus important; à cet effet, on peut dire que l'Algérie a gardé les flux traditionnels, vu son étroite relation avec l’ancienne métropole. L’UE demeure le premier partenaire de l’Algérie, suivie des pays de l’OCDE. Nous pouvons aussi remarquer que la part des pays asiatiques est en constante évolution ; au début de la période, c'est-à-dire en 1980, ces pays ne représentaient que 5% des importations ; cette part est passée à 12% en 2005. Les exportations vers cette région ont reculé de 4% en 1980 à 2,6% en 2005. En contre partie, les échanges de l’Algérie avec les pays de l’UMA et de l’Afrique subsaharienne sont presque inexistants et ce malgré l’existence d’avantages économiques et de potentialités. Dans la deuxième section, nous allons essayer de présenter brièvement les relations commerciales liant l’Algérie à ces deux sous-ensembles. b. Relations entre l’Algérie et les autres zones géographiques 1 Relations commerciales entre l’Algérie et l’UMA La mise en place de l’UMA La première expérience d’intégration au Maghreb est née des deux conférences des ministres de l’économie du Maghreb , la première le 26 septembre 1964 et la seconde le 26 novembre de la même année à Tanger (Maroc). Ces deux conférences aboutirent à la mise en place du Comité Permanant Consultatif du Maghreb (CPCM), chargé de définir les problèmes auxquels sont confrontés les pays du maghreb. En 1967, le comité envisage trois solutions pour élaborer les démarches à suivre dans une perspective intégrationniste, mais ce n’est qu’en 1988, au sommet de Zéralda, Algérie, que l’UMA(Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie.) a vu le jour. L’importance de l’étude de cette région découle des objectifs tracés ; en effet, entre 1990 et 1994, plus d’une trentaine de conventions, accords et chartes ont été élaborés par les pays membres de l’UMA ; bon nombre d’entre-eux ne sont pas ratifiés ou entrés en vigueur,

-

-

50

• En matière économique L’instauration d’une zone de libre-échange pour tous les produits d’origine maghrébine, les services sont aussi inclus dans cette logique ; L’instauration d’une union douanière et d’un marché commun, dans un deuxième temps. Cette étape devrait s’accompagner d’une harmonisation sinon d’une unification des droits de douane appliqués par les pays membres, ainsi que l’institution d’un tarif extérieur commun. L’instauration d’une union économique globale comme dernière étape de ce processus d’intégration ; L’adoption d’une convention portant sur les échanges de produits agricoles (entrée en vigueur le 14/7/1993) ; elle se fixe pour objectif de promouvoir les potentialités agricoles et de favoriser

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l’écoulement des produits agricoles de base au niveau maghrébin dans le but de garantir la sécurité alimentaire pour l’ensemble de la population maghrébine ; - L’adoption d’une convention commerciale et tarifaire maghrébine le 10 mars 1991, qui préconise l’application des règles du libre échange pour les produits d’origine maghrébine échangés entre les pays membres, Il est aussi à signaler la mise en place d’une « banque maghrébine d’investissements et de commerce extérieur », en vue de faciliter la mise en place de ces conventions et accords. • En matière commerciale L’UMA a adopté des règles de démantèlement des droits de douanes et des taxes d’effets équivalents ; baisse graduelle des barrières non tarifaires, dumping ou subventions à l’exportation ; cependant, ces actions favorisent au contraire l’instauration d’une concurrence loyale entre les producteurs des pays de la région Tableau 6 : Les échanges commerciaux intra-UMA (année 2002) : en Millions $US Destination Origine Tunisie Algérie Libye Maroc Mauritanie Importation s des pays de l’UMA Importance du commerce intra UMA dans le commerce extérieur %

Tunisie

Algérie

Libye

Maroc

Mauritanie

64,0 277,5 26,5 2,0

83,0 0,1 124,0 23,0

301,5 2,0 30,0 0,0

60,5 8,5 121,5 0,0

1,8 2,0 1,0 0,2 -

370,0

230,1

333,5

190,5

5,0

5

2

4

2

1

Exportations vers les pays de l’UMA 446,8 76,5 400,1 180,7 25,0 1129,1

3

Source : Rapport économique arabe unifié 2002. NB : les valeurs des échanges n’ont presque pas évolué entre 2002 et 2005 La première remarque qui se dégage, en analysant ce tableau, est le fait que le commerce intra-UMA ne représente que 3% des échanges extérieurs des pays. L’Algérie est, en terme de valeur, classée en avant dernière place des échanges. En terme de valeur relative, elle vient en troisième position. Les statistiques officielles montrent aussi que le commerce informel est très développé dans la région ; il constitue dans une certaine mesure une menace pour ces pays. Ainsi, les flux de marchandises de première nécessité (sucre, essence, café, céréales et dérivées, et médicaments) subventionnés en Algérie ou en Libye pénètrent les marchés tunisien et marocain où les subventions sont moindres ; le contresens est réservé aux appareils électroniques qui sont surtaxés en Algérie et en Libye ; s’ajoutent aussi les alcools, les drogues, le cannabis et le tabac venant surtout du Maroc

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Tableau 7 : Les principaux produits du commerce informel entre l’Algérie et les autres pays de l’UMA Pays provenance

de Produits exportés clandestinement

Pays de destination

Algérie

- moutons, œufs, sucre, café, Maroc dérivés de céréales, semoule ; - produits pétroliers (essence) ; - matériel agricole, serres ; - moteurs à eau ; - téléviseurs et climatiseurs ; Maroc - fruits et légumes ; Algérie - pièces détachées ; - or et bijoux ; - drogues et armes ; - autres marchandises en provenance de Ceuta et Melilla ; Algérie - textiles ; fruits et légumes Tunisie - produits ménagers ; Tunisie - biens de consommation Algérie (habillements, alimentations, huiles d’olives…) Source : A. MEBTOUL : « enjeux et défis du second mandat du président BOUTEFLIKA » Ed Casbah, Alger 2005 ; volume 1 ; P80

Les relations commerciales entre l’Algérie et l’Afrique subsaharienne L’analyse des chiffres relatifs aux échanges commerciaux avec les différents partenaires de l’Algérie montrent que la place de l’Afrique subsaharienne est très négligeable, voir inexistante pour certains pays. Le constat paraît comme paradoxal compte tenu de la situation géographique de l’Algérie par rapport à ces pays ainsi qu’à l’importance des relations politiques que l’Algérie entretient avec ses voisins du sud du Sahara. Tout comme le cas des pays de l’UMA, l’Algérie et ses partenaires du sud du Sahara, réunis au sein du CLRT21 (comité de liaison de la route transaharienne), multiplient les rencontres à tous les niveaux dans le but d’améliorer les échanges transsahariens, lesquels, à ce jour, restent très faibles. L’Algérie entretient aussi des relations avec les pays d’Afrique hors CLRT, comme la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud. Dans le souci d’améliorer les échanges commerciaux avec les voisins, et dans une optique de préservation des échanges séculaires entre les pays du Sahara, l’Algérie a unilatéralement pris la décision d’organiser, une fois par an, une foire internationale localisée à Tamanrasset ASSIHAR, réunissant les commerçants algériens et ceux des pays riverains. La foire s’est fixée les objectifs suivants : - Stimuler les échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays de l’Afrique subsaharienne ; - Valoriser les produits locaux des régions du sud algérien ; - Permettre l’approvisionnement des régions du sud en produits disponibles dans ces pays ; 21

CLRT : Algérie, Tunisie, Mali, Niger, Nigeria, Tschad

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Créer au moins une période d’activité dans cette région désertique où les populations sont souvent les plus défavorisées du pays.

• Le commerce informel Le commerce informel dans la région désertique du Sahara reste toujours un point d’encrage pour les pays qui se partagent les frontières. La filière du commerce informel transsaharien prend ses origines des années du socialisme algérien, au moment où les produits de consommation étaient subventionnés par le gouvernement algérien ; ces même produits sont alors acheminés frauduleusement vers les régions du nord malien et nigérien. Depuis, des réseaux se sont développés ; le commerce informel concerne de nos jours une gamme de produits toujours plus diversifiée ; elle concerne, entre autres, le lait en poudre, l’huile et le sucre. Selon les spécialistes du ministère du commerce algérien, les échanges algériens avec ses voisins du sud représentent à peine 10% du volume des échanges informels. • Les opportunités Les opportunités à l’export - Les produits énergétiques : Nous pouvons citer à titre d’exemple le Mali, partageant avec l’Algérie près de 2000 Km de frontières, préfère s’approvisionner en gaz et en hydrocarbures à partir des pays du Golfe ou par le canal des multinationales qu’au près de son voisin du nord. - Les produits pharmaceutiques : L’Algérie se voit, dans un contexte africain, comme leader en matière pharmaceutique ; l’entreprise SAIDAL, qui a opté pour une stratégie d’internationalisation, se confronte alors à une concurrence rude tandis que les pays de l’Afrique subsaharienne, dont l’industrie pharmaceutique est très marginale, s’approvisionnent des pays asiatiques par le biais de sociétés généralement nationales. - L’électroménager : Les entreprises algériennes de ce secteur font face à d’énormes difficultés d’adaptation qui se compliquent davantage du fait de l’ouverture du marché à la concurrence mondiale. En contrepartie, nous avons un marché, le marché subsaharien, qui est peu développé et donc peu exigeant. L’exportation vers ce dernier peut représenter une des solutions de sortie de crise pour les entreprises concernées et une rente pour l’Etat.

Les opportunités à l’import : - Le bétail et les viandes : L’Algérie est dépendante de l’extérieur en ce qui concerne la viande rouge et le bétail vivant qui sont importés en général de l’Australie ou de l’Amérique Latine. Paradoxalement, le Mali et le Niger qui sont limitrophes de l’Algérie, ont une vocation agropastorale et peinent à trouver des débouchés pour leurs produits animaliers. - Les produits agricoles : Nous pouvons citer dans ce cas les produits comme la banane, les arachides, le coton, la mangue et la noix de coco qui se vendent en Algérie à des prix d’or et qui pourrissent paradoxalement chez les voisins (Mali, Côte d’Ivoire) par faute de débouchés. On peut aussi citer le cas du café (produit de large consommation en Algérie) qui pourrait être importé à grande échelle de la Côte d’Ivoire22. Les obstacles La première contrainte qui puisse faire obstacle aux échanges avec ces pays, est que ces derniers ne sont pas solvables et donc leurs marchés restent non prometteurs, à cela s’ajoutent : - Les contraintes géographiques : les caractéristiques du Sahara ne sont pas toujours favorables à un climat de commerce et d’échange ;

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La Cote d’Ivoire est deuxième producteur mondial de café et premier en cacao

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l’absence de cadre juridique : Même s’il existe une multitude d’accords et de traités visant à favoriser et à stimuler les échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays sub-sahariens, il existe néanmoins un manque de diffusion de ces derniers au niveau des populations locales ; Les contraintes liées aux moyens de paiement : Les pays qui partagent directement leurs frontières avec l’Algérie (Mali, Niger) font partie de la zone Franc23. Néanmoins, il n’existe pas de parité entre le DA et le CFA, ce qui oblige les parties participantes à un échange avec l’Algérie de passer par l’Euro pour définir la parité nécessaire. Dans le cas de la foire, les marchandises sont échangées selon les bases du troc, mais cette pratique est inadaptée aux nouvelles perspectives qu’envisage l’Algérie (adhésion à l’OMC, accord d’association avec l’UE) ; Les contraintes psychologiques : dans les faits, les pays du Maghreb sont relativement plus développés que ceux des pays de l’Afrique noire (Afrique subsaharienne). Ce constat peut être expliqué par la proximité de l’Europe et de l’Orient des pays du Maghreb, cette proximité géographique fait que les pays maghrébins s’orientent de plus en plus vers l’Europe au détriment du reste du continent africain. Ce fait est très important ; il est et reste une interrogation dans les hauts sommets réunissant les responsables africains chargés de l’étude de l’intégration africaine ; elle pose ainsi toute la problématique sur la lenteur des démarches d’intégration économique africaine.

Après cette brève présentation des partenaires de l’Algérie, il est à rapporter que le plus important partenaire est toujours l’Europe, par sa proximité géographiques et par les liens historiques et culturels qui lient les deux communautés. Après plus de quarante années d’indépendance, la France demeure toujours parmi les premiers clients et fournisseurs de l’Algérie. L’étude montre aussi que certaines régions tissent davantage de relations avec l’Algérie, c’est le cas des pays de l’Asie(notamment la Chine) et des pays arabes. Or, certaines régions ou sous-égions restent en relation marginale et très rétrécie avec l’Algérie. C’est le cas des pays du Maghreb et des pays de l’Afrique subsaharienne et cela malgré l’existence de bons nombres d’avantages à l’échange, des avantages souvent mutuels. Mais les inconvénients, aussi minimes soient ils, font que leur part est « récupérée» par l’Europe et surtout par les pays de l’UE dont la part ne cesse de croître et croîtra davantage avec la signature d’un accord d’association entre les deux communautés. En contrepartie, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC garantira en principe un traitement non discriminatoire pour les partenaires et pourrait contribuer à l’avancée du projet de l’Etat basé sur diversification de ses partenaires géographiques. Conclusion générale La préoccupation principale de l’Algérie après juillet 1962, date de son indépendance politique, est l’indépendance économique. Malgré son volontarisme politique, celle-ci demeure encore de nos jours un véritable problème pesant sur l’ensemble de l’économie nationale. L’Algérie a d’abord cru que la solution était de rompre avec le système capitaliste et d’adopter la logique socialiste, fondée sur un modèle planifié, centralisé et protectionniste, comme système de gestion de son économie. Dès 1967, cette optique fut favorisée par l’industrialisation, considérée alors comme la voie vers la prospérité économique. Cette politique débouche en 1986 sur une situation catastrophique avec notamment la chute des prix des hydrocarbures. Tous les indicateurs macroéconomiques le montrent : les importations ont reculé de 12.3%, les exportations 23

Ensemble de pays qui ont opté pour une monnaie unique qui est le CFA et qui a une parité fixe avec l’Euro.

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de 4.59%, pour la première fois, le taux de couverture était de 0.8% avec un taux de croissance économique de +1%. Cette situation révéla bien des leçons dont la plus essentielle est de ne jamais se baser sur un baril fort pour planifier une croissance et un développement économiques, d’autant plus que la situation économique algérienne dépendait et dépend toujours directement des marchés pétroliers, soumis aux aléas et aux règles de l’offre et de la demande mondiales. Enfin, cette situation se solda par des conséquences dramatiques qui ont mis le gouvernement de l’époque devant l’unique alternative, celle de faire appel au FMI ; ce dernier imposa alors, en guise de prix à payer, l’application d’un PAS (Programme d’ajustement structurel ) en pleine crise politique et sécuritaire. A la fin des années 1980 et suite aux accords signés avec le FMI, l’Algérie s’est engagée dans un vaste chantier de réformes et de restructuration visant cette fois à une libéralisation de l’économie algérienne. Cette perspective s’est concrétisée par la libéralisation du commerce extérieur en 1994 et de bien d’autres initiatives. Ces initiatives se verront accélérer par l’adhésion de notre pays à l’OMC, véritable acteur du libéralisme mondial. Néanmoins, le souci de vouloir sortir l’Algérie de ses dépendances à la fois à l’import et à l’export ne sont pas encore réalisées ; elles ne sont que des décisions proposées, étudiées et non appliquées. Les exportations algériennes sont toujours constituées à 98% (en 2005) d’hydrocarbures et donc le danger de revivre un jour un autre 1986 est toujours présent. Cette situation prouve la non réalisation de l’objectif de l’Etat relatif à la diversification des produits à l’exportation. Par ailleurs, l’Algérie tisse des liens négligeables avec certaines régions du monde qui peuvent lui garantir bien des avantages ; l’exemple des pays de l’UMA et des pays subsahariens montre bien des garanties en matière d’avantages souvent mutuels. Leur part est souvent laissée au détriment de l’Europe avec laquelle l’Algérie a une relation très étroite dans les échanges extérieurs, tant à l’import avec 55% du total, qu’à l’export avec 54 % pour l’année 2005. La France, ancien colonisateur, demeure le partenaire le plus important des échanges extérieurs prouvant le maintien des flux traditionnels sur le plan économique du moins. Ces taux seront certainement vus à la hausse après la signature et l’entrée en vigueur de l’accord d’association instituant progressivement une zone de libre échange entre l’Algérie et l’UE conformément aux principes de la conférence de Barcelone de 1995. Mais une approche plus critique du partenariat euro-méditerranéen dévoile plus d’intérêts pour la partie européenne qu’elle ne veut bien l’admettre. Le contenu de cet accord révèle clairement que sur le plan économique l’approche est strictement commerciale, justifiée par l’intérêt de l’Europe à se garantir un grand marché en pleine expansion que représente le marché algérien, en tenant compte de l’immense disparité existant entre les produits européens et algériens. Cela s’inscrit aussi dans la volonté européenne de créer une zone économique assez large pour faire obstacle à toute tentative d’une mondialisation sous dominance américaine. Néanmoins, l’accord d’association est d’une grande importance pour la partie algérienne ; son initiative, en élaborant cet accord, est motivée par une évidence selon laquelle nul espoir d’essor n’est permis en dehors de la construction d’une économie concurrentielle dans un cadre d’interdépendance des économies. Malgré les inconvénients de cet accord sur le court terme, il garantit des bénéfices sur plusieurs plans ; il mettra fin à l’isolement politique de l’Algérie, l’accompagnera dans ses réformes économiques et l’assistera dans sa démarche entreprise en vue de son accession à l’OMC.

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Entre avantages et inconvénients, le débat sur la question des engagements de l’Algérie dans une perspective d’ouverture de son marché n’arrêtent pas de se multiplier, et les réponses sont souvent partagées. Les industriels et entrepreneurs algériens sont conscients des défis auxquels ils seront confrontés, des produits étrangers plus performants et presque moins chers servant de base à une concurrence plus favorable aux produits européens surtout. Cela poussera les entreprises algériennes à fournir plus d’efforts quant à leur compétitivité, sans laquelle elles seront contraintes de disparaître. Les dirigeants, de leur côté, voient que ces initiatives sont au contraire un stimulant pour l’économie algérienne et doivent être accompagnées de réformes pour limiter les dégâts, d’autant plus que l’ouverture et la participation au processus de mondialisation sont obligatoires. Pour notre part, entre le pour et le contre, la décision à prendre paraît difficile, néanmoins, nous pouvons dire que ces deux initiatives sont des plus importantes prises par le gouvernement algérien ; leur impact aura des retombées considérables sur la situation économique mais aussi sociale de l’Algérie d’autant plus que les générations à venir y dépendent. Nous nous contenterons de laisser le temps juger de la bonne décision et occupons-nous d’accompagner au mieux l’Algérie dans son insertion dans un système mondial et mondialisé.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrages : -

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BELHIMER (A) : « La dette extérieure de l’Algérie : Une analyse critique des politiques d’emprunts et d’ajustement » Editions Casbah ; Alger, 1998 BENACHENHOU. A « L’expérience algérienne de planification et de développement 19621982 » Editions OPU, Alger BENACHENHOU. M : « Dette extérieure, corruption et responsabilité politique » Editions DAHLEB ; Alger BENBITOUR.A : « L’Algérie au 3ème millénaire ; défis et potentialités » Editions MARINOUR ; Alger, 1998 BENISSAD. H : « Algérie de la planification socialiste à l’économie de marché » Editions ENAG ; Alger, 2004 - BENISSAD. H : « Economie de développement de l’Algérie » Editions OPU ; Alger, 1981 BENISSAD. H : « Les réformes économiques en Algérie (ou l’indicible ajustement structurel) » Editions OPU ; Alger, 1991 BOUZIDI. A « Les années 90 de l’économie algérienne : les limites des politiques conjoncturelles » ; Editions ENAG ; Alger - MEBTOUL. A : « Enjeux et défis du second mandat du présidant BOUTEFLIKA : réformes, démocratie, développement » Edition CASBAH ; Alger 2005 Volume 1 et Volume 2 - TEHAMI.M : « Aspects économiques du commerce extérieur de l’Algérie en 1972 » Editions OPU ; Alger - TEMMAR. H : « Stratégie de développement, le cas de l’Algérie, bilan » Editions OPU ; Alger 1983 Revues : - ONS : « repères statistiques 1970-2002 » Edition 2005 -

ONS : « Evolution des échanges extérieurs de marchandises de 1992 à 2001 » Edition 2002

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ONS : Statistiques spéciales N° 35 « rétrospective 1962-1991 » série statistique Edition 1992

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Revue Mutation N°39 Janvier 2002

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Revue des douanes, mai 2000

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Rapport d’ « étude sur le système d’incitation et de protection effective de la production en Algérie », ADEI, 2001 Institutions financières et bancaires : - Banque d’Algérie : « évolution économique et monétaire en ALGERIE année 2003 » Edition Banque of ALGERIA Dictionnaires : - Dictionnaire d’économie et des sciences sociales Edition HATIER ; Paris 2002 Internet : www.cnis-dz.org www.ONS.dz www.promex.dz www.worldbanque.com www.wto.com

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La dépendance alimentaire et les aléas du climat Mr AMIR . Youcef M.C au département d’agronomie (UMMTO) ette présente contribution se rapporte à la production nationale en céréales et en légumes secs qui demeure insuffisante étant donné qu’elle ne permet pas jusqu’à présent de couvrir la demande interne. Cette production céréalière est caractérisée par des insuffisances sur le plan quantitatif mais également d’ordre qualitatif. Au cours d’un précédent travail de recherche, nous avons constaté des changements du point de vue physique et biochimique des graines de blé et de légumes secs de récoltes locales de campagnes non consécutives. Ces variations ont été remarquées sur le calibre, la teneur en protéines totales, les teneurs en eau, amidon, lipides totaux et en cendres. Nous avons noté des différences aussi bien chez le blé tendre que chez le blé dur [1-2]. Les rendements moyens en blé à l’échelle nationale sont assez faibles soit 10-12 qtx/ha bien que les surfaces occupées soient très élevés proches d’un million d’ha ce qui représente l’équivalent de 40-45% de la surface agricole utile [3]. Les facteurs impliqués dans l’expression de ces rendements sont assez nombreux : la faible mécanisation, la qualité et les variétés de semences utilisées, l’intervention des plantes et insectes parasites, les effets des moisissures, les défauts de fertilisation et l’apport d’eau. Ce dernier fait partie des facteurs climatiques (pluviométrie et température de l’air) dont l’importance pour les plantes est indiscutable. A ce titre, nous citerons les chiffres de la production nationale du blé de 2002, 2003, 2005 et 2006 lesquels sont respectivement de 20, 43, 35 et 40 millions de quintaux [3]. Ces chiffres variables sont en effet en relation directe avec les données climatiques de ces différentes années. Les grandes cultures telles que le blé ne peuvent être irriguées quoi que des systèmes d’irrigation soient utilisés dans certaines exploitations de taille réduite. La forte pluviométrie de 2004 s’est traduite par un record de production. La même tendance a été observée chez les légumes secs bien que ceux-ci soient des cultures printanières. La culture des légumes secs est marginalisée d’où la hausse actuelle des prix notamment du pois chiche et de l’haricot blanc notamment. La dépendance alimentaire vis-à-vis des céréales et des légumineuses se trouve accentuée par les variations climatiques. La forte demande interne surtout en blé est d’abord de nature démographique ensuite d’ordre économique et culturel. La consommation en produits céréaliers relativement abordables et subventionnés est des plus élevées du Maghreb soit 240 Kg/habitant par rapport au Maroc avec 230 et 220 pour la Tunisie. La consommation se répartit sous forme de pain de boulangerie, de couscous, de pâtes, de galettes traditionnelles, de pâtisseries et de soupes frik… L’Algérie est le premier importateur mondial de blé dur avec 2 millions de tonnes sur les six échangés sur le marché international bien qu’elle produise annuellement en moyenne 2 millions de tonnes de blé dur. Avec l’ouverture à l’investissement privé, prés de 300 semouleries minoteries sont entrées en production à coté d’unités de pâtes alimentaires et de biscuiteries pour concurrencer les ERIAD qui sont en train de fermer ex. unités de Baghlia, Corso… [4]. En 2002, les importations alimentaires algériennes déclarées par les services des douanes sont de 47.2% (1295.73 millions de dollars US) pour les blés dur et tendre, 17.97% pour les laits et dérivés (492.35 M.D), 1.29% pour les viandes (35.35 M.D) et 5.87% (160.81 M.D) pour les légumes secs. En 2003, les pourcentages respectifs sont de 43.2% (1123.11 M.D), 19.77% (513.66 M.D), 3.37% (87.57 M.D) et 5.31% (137.9 MD) [5]. 58

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Les facteurs climatiques subissent des variations intenses du fait des gaz à effets de serre CO2 notamment qui induisent le réchauffement planétaire. Les fontes des glaces polaires, les cyclones, les périodes de sécheresse (celle qui vient de réduire actuellement la pluviosité de cet hiver de nov-dec 2006 à moins de 3 semaines en est un exemple et ses incidences sur la production végétale ne seront que négatives) sont dues au gaz carbonique dont on parle beaucoup ces derniers temps. Les plantes en C3 (blé, haricot, arachide…) sont stimulées dans leur photosynthèse d’environ 10% par l’augmentation en CO2 atmosphérique alors que celles en C4 (maîs, sorgho…) le sont à raison de 30-50% [6-7]. On admet que la teneur moyenne en C02 se situe à 350 ppm et qu’un doublement de cette concentration pourrait provoquer une augmentation de la température sur terre de 2.5°C. Aux USA, des prévisions de productions du blé ont été faites pour les décennies 2020 à 2035 en tenant compte de l’accroissement actuel du CO2 atmosphérique [8]. Les Etats-Unis sont les seuls à s’opposer au protocole de Kyoto et à la réduction des émissions de CO2 d’origine industrielle et des combustions des carburants d’automobiles. La Californie par son actuel gouverneur vient de prendre des mesures courageuses à l’opposé du courant républicain ; cet état le plus pollueur des USA vient de lancer des surtaxes aux industriels et particuliers dépassant des normes en gaz à effet de serre, espérons que d’autres prendront l’exemple ! A Davos (en Suisse) et plus récemment en Allemagne, les discussions du G8 à ce propos n’ont pas encore débouché sur des décisions concrètes. Références : [1]. AMIR et al. Influence of environmental factors on the quality of wheat grown in Algeria, Journal of Food, Agriculture and Environment, vol. 2, n° 2 , pp. 315-319, 2004. [2]. AMIR et al. Differences in the biochemical composition of dry legumes cultivated in north Algeria, Electr. Journal of Environm., Agriculture and Food Chemistry, vol. 5, n° 3, pp. 14111418, 2006. [3]. Direction des services agricoles Algériens- Ministère de l’agriculture et du développement rural. [4]. El watan, 2.10.2006. [5]. www.douanes-cnis.dz. [6]. Asseng, S., Jamiesson, P D., Kimball, B., Pinter, P., Sayre, V., Bowden, J W. & Howden, S M. 2004. Stimulated wheat growth affected by rising temperature increased water deficit and elevated atmospheric CO2. Fields Crops Research. 80 (23), 85-102. [7]. Unsworth, M. H. & Hogsett, W.E. 2004. Combined effects of changing CO2, temperature, UV - B radiation and O3 on crop yields.-review. Center for analysis of environmental changes. Oregon. USA. [8]. Izauralde, R.C., Rosenberg, N.J., Brown, R.A. & Thomson, A.M. 2003. Integrated assessment of Hadley center climate change impacts on agricultural productivity and irrigation water supply in the United States. Regional agricultural production in 2035. Agriculture and Forest Meteorology 117 (2), 97-122.

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BLOC-NOTE

Pauvre Planète Terre Treize millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année. Les surfaces détruites sont surtout des forets primaires tropicales à forte biodiversité. La Russie, le Brésil, le Canada, les Etats Unis et la Chine regroupent à eux seuls plus de 50 % des forets du monde. 30% de la superficie des continents sont recouverts de forets à travers le monde. (Science et Vie. mai 2007)

L’énigme des doigts entrelacés résolue Quand deux plaques de glace entrent en collision, leurs bords se découpent pour passer alternativement l’une sous l’autre comme des doigts entrelacés. Ce phénomène qui intrigue les géophysiciens depuis cinquante ans s’appelle « finger rafting ». Le mathématicien Dominic Vella de l’université de Cambridge (Angleterre) et le géophysicien John Wettlaufer de l’université de Yale (EtatsUnis) viennent de le mettre en équation. Ce qui est surprenant, c’est que cette étude va servir de modèle à l’étude des tectoniques des plaques.

Cellules souches d’un genre particulier Des chercheurs bouleversent ce qui est communément connu depuis cinquante ans sur les cellules souches. En effet, dans le cas des cancers, selon ces chercheurs, il existe des cellules d’un genre particulier initiatrices de cancers. Voilà un scénario abracadabrant qui va donner du tournis aux chercheurs car les cellules souches sont surtout connues pour l’espoir thérapeutique qu’elles suscitent. (Science et Vie. Hors Serie N°150)

(science et avenir, mai 2007)

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BLOC-NOTE

Mal au dos ? Alors Bougez !!!!

« C’est quand le patient a mal au dos que le médecin a mal à la tête ». Ce proverbe chinois est

repris dans science et avenir de mai 2007 pour expliquer que devant une telle situation, les medecins préconisaient avant : « restez au lit » mais maintenant recommandent plutôt : « Debout !!! et surtout, Bougez !!! ». Même si cette révolution du mouvement ne se fait pas sans réticence, elle se généralise de plus en plus dans le monde médical. Donc, plus on est actif, mieux on se porte. (Science et Avenir, mai 2007).

Un Voiture Moléculaire Des chimistes cherchent à contrôler le mouvement intrinsèque des molécules pour les faire travailler dans des dispositifs à l’échelle du milliardième de mètre. En effet, leur dernière trouvaille est une voiture moléculaire qui peut servir à convoyer des objets à la surface des matériaux. (La Recherche, mai 2007)

Le défis des Supercalculateurs Le calcul intensif se met au service de la compétitivité. En effet, l’ensemble des acteurs scientifiques, économique et industriels et industriels reconnaissent le rôle stratégique des technologies numériques et tout particulièrement de la simulation numérique haute performance. De plus, des simulations sont réalisées sur la propagation d’infrasons sur Tera-10 pour surveiller les explosions nucléaires. (Supplément la Recherche, mai 2007)

Le parfum d’une rose améliore la mémoire des dormeurs Une équipe de neurologues de l’université de Lübeck vient de prouver qu’une fragrance de rose et une bonne nuit permet d’ancrer les souvenirs. Ils ont mis en évidence le rôle de l’hippocampe dans la mémorisation. (La Recherche, mai 2007) 61

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Women, Men , Tradition, and Modernity in Efua Sutherland’s New Life at Kyerefaso and Ayi Kwei Armah’s Fragments Riche Bouteldja Mouloud Mammeri University of Tizi-ouzou Department of English

he following is a tentative comparison of Efua Sutherland’s short story New Life at Kyerefaso and Ayi Kwei Armah’s second novel, Fragments. It will focus on the gender gap over the issue of tradition and modernity in two literary works published by two major figures in Ghanaian Literature. The discussion will be carried out from a feminist perspective, i.e., the discussion will turn around the representations that women have of the concepts of tradition and modernity in the fictions of two contemporaneous female and male authors belonging to the same country (Ghana). The issue will be discussed in two sections. The first section will be devoted to the discussion of the context in which Efua Sutherland published her short story. It will be followed by a second section that will proceed to the analysis of the two works as both texts and inter-texts. Discussion of Contexts Efua Theodoro Morgue Sutherland was born in the English colony of the Gold Coast, the present-day Ghana in 1924. Apart from Mabel Dove Danquah, born in 1910, who had started publishing essays , short stories, and plays in the West African Times as early as the 1950s to express her concern over the place and role of women in contemporary Ghana, Sutherland can be regarded as the mother of West African Literature in English. Donald Herdeck has called her “Black Africa’s most famous woman writer”. Even though her name has been dropped out by feminist critics like Florence Straton in her Contemporary African Literature and the Politics of Gender and Adola James’s In their Own Voices, for reasons that are not easy to explain, she is far from being an occasional writer. Her works are published in both Longman and Heineman Editions and her short stories are anthologised both at home and abroad. Her place in West African feminist literature is neither a matter of seniority over other authors such as Flora Nwappa, Ama Ata Aidoo, and Buchi Emecheta, nor that of amount of publications. She deserves a place in the West African literary tradition because she has earned it through that literary process of revision which T.S. Eliot considers as being necessary for the affirmation of individual talents and the existence of literary traditions. Charlotte H. Burner has rightly placed her in the third position, after Mabel Dove Danquah and Adelaide Casely-Hayford in her anthology of African woman writers entitled Unwinding Threads. It is true that Bruner’s anthology is not a book of feminist criticism, but as any literary cannon , it is necessarily based on literary excellence and notions like tradition. Efua Sutherland is a Ghanaian, and if Bruner has decided to include her among the African woman writers “unwinding threads”, it is because she has realised that Efua is quite representative of the Anansefaro/ Anansewa, the spider man/woman who stands at the centre of the Akan orature. Apart from the fact that she was at one time made poet laureate by Kwame Nkrumah, the first Prime Minister and first president of Ghana, Sutherland has played major roles in the educational and cultural life of her country. She has had a leading role in the creation of the Experimental theatre, the Ghana Drama Studio, the Osagyefo Players, the Ghana Society Writers, and the Ghana Broadcasting Studio. As a dramatist, she is best known for her plays The Marriage of Anansewa, Edufa, and Foriwa. She has

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also published juvenile literature in the form of children’s rhythm plays such as Vulture, Vulture and Tahinta, which she has tried to use in her private grade school . The reasons for her exclusion from discussions on Western literature are surely various. But it can be argued that they are mostly ideological. The fact that she has done most of her artistic work under the aegis of Nkrumah, whose leadership goes from 1957 to 1966, has reduced her standing as a serious writer. Her decision to play a role in the cultural life of her own country reads as an abandonment of the service that she owes to her art and of her commitment to the cause of her own people. Indeed, her creation of theatrical troupes like the Osagyefo Players places her among the many Obrafos , the royal appellation reciters that Nkrumah had attached to his service. The other argument that can be developed relates to the fact that she has “ married the man she wants”, a white American with whom she has founded a school and an experimental theatre in the upper region of Ghana. In the early period of decolonisation, mixed marriages like hers could only sound provocative especially to the manhood of those who have freed the country. However, no matter the strength of the arguments above, they cannot explain alone the neglect that Sutherland has met in literary criticism. It is true that she has served the political establishment, but then the griots have done the same without forfeiting for ever their reputation as artists. It is also true that she has married a white stranger, but how long will the blame stand when the Akan tradition based on matriarchy encourages a system of kinship involving the exchange of husbands. Eva Meyrovitch’s studies of the Akan matriarchal system have shown that the custom of taking a stranger as husband is highly celebrated in the Akan oral tradition, which makes reference to Queenmothers married to white Lybian Berbers. It should be reminded that in a matriarchal system such as that of the Akans, the father’s role is only biological, it is the uncle who assumes the role of cultural model to be followed by the children. Our opinion is that if Sutherland continues to be neglected in literary criticism, it is because her themes are not considered up to the accepted standards. She has shied away from the themes of protest literature and double consciousness, i.e., of the woman and man caught between cultures that have made the reputation of many of her contemporaries. For example, the themes of tradition and modernity, often seen in African literature as being dialectical for the African, are not developed in a dichotomy in New Life in Kyerefaso, the short story under study here. Sutherland does not consider modernity as being traumatic to the African. There is no urgent call for the “return to the sources” because the latter have never been abandoned, nor is there an appeal to the abandonment of tradition for modernity because these notions are far from being drawn between fixed and solid boundaries. As an art form, New Life in Kyerefaso shows the extent to which one can be both traditional and modern at the same time. Discussion of the texts To all evidence, New Life at Kyerefaso is autobiographical. The story of the central protagonist, Furowa, reads more or less like the author’s life story. It starts relating how Furowa , daughter of the Queenmother at Kyerefaso , has resisted the suitors of her hometown only to marry a stranger five years after her puberty rights. The story expands on how her defiance of her countrymen’s wishes has exposed her to poetic insults, and how her decision to marry a stranger has made her a tabooed person . However, Furowa’s life story does not end tragically as is the case in J.P. Clark’s The Raft and in Amos Tutoala’s story of the woman who defied patriarchal authority by falling in love with a gentleman in The Palmwine Drunkard. Her husband does not reveal himself a false gentleman, a frog that imprisons the maid in the forest, nor does he reveal himself as a cursed stranger, who as husband transmits the curse to his progeny. On the contrary, it ends with

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the reconciliation of the mixed couple with the heroine’s community, and the reconciliation of her countrymen with life instincts . However, to write that New Life at Kyerefaso is autobiographical does not mean that Sutherland has contented herself with the fictionalisation of her own life story. The story is also laying bare the narrow type of nationalism based on the romantic philosophy of organism whose tenets are rootedness in an agrarian soil, and the celebration of the cult of pure blood. Basil Davidson has shown to what extent the appropriation of nineteenth-century Western nationalism by the African nationalists has become the black man’s burden after independence. Sutherland seems to have weighed up the recently invented tradition of nationalism against the oral tradition and has found the former paradoxically more retrograding both to man and woman. Hence, Charlotte H. Bruner’s statement that Sutherland does not defend a thesis in her work should be qualified . As the text shows very clearly, the author intervenes several times in the narration to remind the reader that manhood cannot be affirmed in terms of blood and its shedding. For example, the heroine is described as being far from being an easy prey to male contests who continue to see themselves in the traditional role of warriors. She has remained deaf and blind to their appellation recital ( abodin in the vernacular) of heroic deeds: “But still we are the leopards on the branches. We are those who roar and cannot be answered back. Beware, we are who cannot be answered back”.(p.19). The Queenmother has not waited long to answer those who make such show of manhood. She decides that since her daughter cannot be won by force of arms, the time has come to silence the “gun’s rage in the stream. (and) to let your weapons from now on be your minds and your hands’ toil”. (p;19). This episode of the story reminisces the “gun breaking ceremony” organised by the white man in Chinua Achebe’s Arrow of God. Even when the men have abandoned their weapons and followed the suggestion of the Queenmother to court through dancing, her daughter has continued to refuse participation in a ritual mating whose sole purpose is fertility. To the Queenmother’s urge to find a partner, and to the male dancers’ call that “ we are men, we are men”, Furowa responds “mother, the man is not here …with whom this new life shall be built”.(p.20) She sees them as hollow men. She says to her mother that her country “ men’s faces are empty”. Implied here is the idea that the daughter is interested in a love relation with a foreigner, confirmed later in the story . In the context of what has been said above about marriage customs in Ghana, it is easy to see that Furowa’s refusal to bond with local partners springs from a deep understanding of her people’s traditions. Certainly, any one not familiar with the Akan folktales to which New Life at Kyerefaso belongs might find Furowa’s contemptuous rejection of her countrymen as being hurtful but it should be reminded that such tales do not “mean to say what they say”. There are other reasons behind Sutherland’s placement of her heroine at the forefront of modernisation that paradoxically has its inspiration in tradition. First, such handling of tradition in New Life at Keyerefaso authenticates Kwame Nkrumah’s attempts to modernise Ghana without making it lose its soul. In one way, then Sutherland expresses the official ideology of her time. But this is not the only explanation that can be given for the resort to the traditional Akan mythos of an African princess seeking marriage with a foreigner. As a literary text, what Sutherland ‘s text say can mean something only if seen in the context of the African literary tradition. The names of Mabel Dove Danquah and Adelaide Casely Hayford have already mentioned in connection with Efua Sutherland to affirm that there is a continuity in their defence of the African women’s rights in contemporary Ghana. However, Efua Sutherland cannot remain indifferent to the way African women are represented in the African male literature of her time. One of them is particularly

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damaging to the image of the African woman. It is Peter Abrahams’s A Wreath for Udomo. Peter Abrahmas is South African, but because Ghana and its future leader Nkrumah are prominent in the predominantly nationalist discourse of the time he chose them as setting and protagonist of his novel , A Wreath for Udomo which he published in the late 1950s. Abrahams novel reads as an allegory about the political career of Kwame Nkrumah. Its first sections are set in the England of the late 1940s and the early 1950s. They describe the nationalist agitation for the independence of African countries. The writer shows how Michael Udomo, standing as an allegorical figure for Nkrumah, emerges as the leader of the nationalist protest in England, a protest that he decides to follow up in his own home land when he realises that revolutionary fervour in his country is on the wane. With the help of Selena, a traditional African woman trader, he manages to defeat both the colonisers and their local stooges. The story moves to the morning after independence to show that the problem the protagonist meets in his nation building project is due to the traditionalist forces that have helped him to oust the colonial powers. In the final scenes of the novel, Selena appears in the garb of an African sorceress, a catalyst for the traditional African forces, to exorcise the intrusion of modernist ideas of the new political kingdom. The ritual murder of Udomo is strangely reminiscent of the murder of Emperor Jones in Eugene O’neil’s play of the same name, which shows that Peter Abrahams has reproduced the Western prejudices towards the Africa and the African woman . It is our view that it is Abrahams’s representation of the African woman as obstacle to the modernist project in Africa that has led Sutherland to respond in order to correct such a degrading image. Nkrumah’s nation building project, predicated on the blending of tradition and modernity, is not spared by Abrahams in his novel. The latter prefigures a tragic ending for initiators of modernist national projects in Africa. Hence, Sutherland writes in vindication of the African woman and of the success of Nkrumah’s modernisation of Ghana. Foruwa is no mere “she”, a guardian of a backward tradition like Selena in A Wreath for Udomo. To the parochial mentality of her African men she opposes the dream of new political kingdom postulated on her marriage with a foreigner. The discussion of New Life at Kyerefaso will be continued in terms of the artistic techniques employed by Sutherland. We have already indicated that the setting of the tale is an upcountry village in Ghana. Such a setting makes the tale fall within the category of pastoral. It has all the ingredients of this poetic genre ; Besides its agrarian dimension, it depicts the coldness of a mistress, the maid of Kyerefaso , towards her local suitors. They lay siege to the Queen mother’s house to have the hand of the princess Furowa accorded to one of them. Finally the “siege of the castle of love” ends with the arrival of a wandering knight with whom she unites in a love match. It is on this love match that some sort of arcadia is built. It has to be observed that the setting is predominantly pastoral in African literature. Sutherland’s representation of the pastoral is, therefore, no exception. Yet she remains unique in its representation because she does not imagine it as an invaded one. Unlike other African writers, she does not invoke the pastoral way of life to show how it has been encroached upon by colonialist forces or whatever forces have superseded them. Nor does she attempt to make it viable as a realm of escapist fantasy , or a space of containment for women. Chinua Achebe’s Things Fall Apart and Arrow of God are representative of the first tendency where Cyprian Ekwensi’s Jagua Nana is representative of the second one. Achebe shows how the Europeans have destroyed the African pastoral way of life and Ekwensi , the first West African novelist of the city, depicts to what extent modern/ city life corrupts African women , whose only viable space, it is suggested, is the pastoral reservation.

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In Sutherland’s pastoral, the female protagonist is given epic proportion. Her status makes us her stand above the mere “wenches” that populate the pastoral settings in both Western and African literatures. She is “ the maid of kyerefaso…daughter of the Queen mother”. She stands above the others even in terms of physical stature. It is said that she was “a young deer, graceful in limp…with head held high, eyes soft and wide with wonder”. The people remember that her voice in speech “was like a murmur of a river quietly flowing beneath shadows of bamboo leaves”. If Sutherland has been content with this representation of her heroine, Furowa would not have been different from other epic heroes and heroines like Anowa in the Akan folklore or Okonkwo in Things Fall Apart. But she distinguishes her out by showing her defiance of the male traditional order of life. Furowa’s defiance of the traditional male order shows at several levels in the text. First, the author makes her stand for the ritual animal, the deer, hunted by men in the annual thanksgiving ceremonies in Ghana. The author expands on what she calls the “pathfind ceremony” showing how the local males have unsuccessfully tried to prey on Furowa. The men are represented as beasts of prey, “ panthers” hanging on the branches of trees. Because they have not managed to make her fall prey during their ritual hunting, the men have resorted to the poetic Akan tradition of slandering, Boakutia, which in the vernacular means to deride or scold one in public without mentioning his/her name, in order to make her mind her dismissing behaviour towards them. Following this tradition, the men have sung a boakutia poem about the “strange girl…the stiff-in-the neck proud, I am-theonly-girl-in-the village proud”. Furowa refuses to comply herself with the male tradition even when her mother expresses concern over her belatedness in bonding with one of the males of the village, whom she has managed to make drop out the warrior-like way of life. To her saying that girls of her age like Maanan and Esi have already married, Furowa responds with the following feminist rejoinder: ‘Yes, Mother, they married and see how their steps once lively now drag in the dust. The sparkle has died out of their eyes. Their husbands drink palm wine the day long under the mango trees, drink palm wine and push counters across the draughtboards all the day, and are not already looking for other wives? Mother, the man I want I say is not here.’ (p. 20) Furowa’s rejoinder expresses a critique of the marriage customs as they obtain in the traditional society. She rejects them because they allow for the oppression of women at the home. They are exploited because they are obliged to care for the numerous children that they have procreated while their husbands are out taking pleasure in palm drinking and playing draughts. In such home, it is implied, the natural right for the pursuit of happiness is non- existent for the woman is hold captive to the desires of man, who exchanges her for another one as soon as she loses her liveliness. The reaction of the males to Furowa’s marital expectations is another beokutia male song: There was a woman long ago,/ Tell that maid, tell that maid There was a woman long ago,/ She would no Kwesi, She would not marry Kwaw,/ She would not, would not, would not. One day she came home with hurrying feet,/I’ve a found the man, the man, the man Tell that maid, tell that maid,/ Her man looked like a chief, Tell that maid,tell that maid,/ Her man looked like a chief, Most splendid to see,/ But he turned into a python, He turned into a python,/ And swallowed her up.(Sic) (pp.20-21)

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In the beokutia song above, Furowa is regarded as a taboo/myth breaker. Her wish to get bonded with a foreigner is regarded as a transgression of the Akan myth of origins reported by R.S Rattray. According to the latter, the Akan people believe that the python, the god of the lakes, has created man and woman, and has ordered them to mate and prosper. By refusing to mate with one of her countrymen, Furowa exposes herself to divine punishment. Furowa does not heed the warning of the beokutia song because she decides to marry the man she wants, once she has found him. Such rebellion against tradition has made her a tabooed woman in her village, but this does not last long because soon her decision has proved to be judicious. The position of Furowa changes from that of myth breaker to that of pathfinder to her community. Around her is evolved an African pastoral wherein African women are conceived of as agents of change and modernity. African men in Sutherland’s scheme appear as grotesque, a grotesque characterisation due to their reverential attitude to a bygone warrior ethos, and to the tradition of ‘merrie Africa’ that has maimed them in both body and soul. Furowa’s refusal of male parochialism and the African ‘feminine mystique’ has led to the construction of an idyllic political kingdom wherein tradition is refined to such a degree that it espouses modernity. The refinement of tradition in Sutherland’s story appears at the level of the plot. New Life at Kyerefaso, as it is indicated above, starts with the evocation of the deer-catching festival Aboakyer described by Eva Meyrovitsch (1958) and R.W.Wyllie.(1967) The deer-catching is part of the annual Odwira/Apo ceremony celebrated by some of the Akan people to purify the tribe and to propitiate the gods and the ancestors. It involves the competition of paramilitary groups called the Asafo for the catching/hunting of a deer. E.M Mends writes that the conflict between the Asofo groups climaxes with one group prevailing over another group and concludes with “ processions and…the sacrifice (of the deer) made to the Great god of the Effutu people as a whole”. In Sutherland’s story, deer-catching appears as a human sacrifice since the “deer” is a metaphor that she applies to the heroine “Furowa”. The name that Sutherland gives to the heroine is metaphoric of human sacrifice. Read in reverse, the last part of Furowa’s name reads in the vernacular as “slave” and Furowa as “female slave”. R.S. Rattray reminds us that “Awo, Awo” constitutes one of the rallying cries launched during the sacrificial hunting of slaves in Apo ceremonies. In the first beokotia song, Furowa is referred to as a stranger as if in support of the idea that she is the ideal slave girl to be sacrificed on the alter of a warped manhood. Furowa’s escape from sacrifice follows a traditional pattern. In the deer catching festival, the deer is saved only if it manages to enter the precincts of the Queen mother’s court. Like the sacrificial deer, Furowa too manages to escape the grasp of the deer hunters the Asafo by going into her mother’s house. She, therefore, gets the protection of the Queen mother, not so much impressed by the recitation of appellation poetry about their being warriors. The way that Sutherland evokes the survival of Furowa as a slave girl also reminds of the Apo ceremony. According to Rattray, the sacrificial slave hunted down during the old Apo ceremony can be saved in the case he manages to cross a river. In such a case, shots are fired in the air to indicate that the slave, male or female, has crossed the river carrying with him the sins of the community. It is in this context that the Queen mother’s following order to the Asafo groups who had fired their last shots at the metaphoric deer and slave girl Furowa: “It is well. The gun is silenced in the stream”.(p.19) Furowa then saves herself by crossing a river and saves her kindred spirit from further slave hunting because the Queenmother solemnly orders her male subjects to “let your weapons from now on be your minds and your hands’ toil”.(p.19).

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Sutherland operates a displacement of mythos at the end of the story. From the evocation of the human sacrifice of slave girls, she moves to the evocation of a refined form of the ceremony of the Apo. The deer/slave girl has become the wife of a stranger/ husband she loves. The village life has completely changed , and has re-organised itself around their modern couple. Its ethos is no longer inspired solely from the tradition of the warrior . When festival time has come again the people have remembered the ancestors as the ones “who found for us the paths…and bought for us the land with their blood”, but they have reminded themselves that they will continue the nation building with “our strength …(and) our minds”.(p.22) A procession to the Queen mother’s house is described; at its head is Furowa’s husband “carrying a white lamb in his arms…singing happily with the men”.(p. 22). Hence, it is suggested that animal sacrifice is substituted for human sacrifice. The displacement of a traditional variant of the Apo festival by a more refined one from the same tradition lends itself articulates well the development of the plot. However, it lends itself to possible misinterpretations since the role of the stranger in the ceremony is very much in the foreground, especially in the nationalist context of the post-independence period . It can be easily considered as a selling-out to the neo-colonialist ideology. The presence of the stranger is disturbing because he seems to play the role of redeemer. Indeed, the text invites such an interpretation. But if seen from the perspective of the Apo ceremony , it assumes another meaning. There is nothing strange in the Akan tradition about strangers taking part in the Apo festival. Nor is there any transgression in the imagining of a stranger presenting a gift, a lamb in New Life at Kyerefaso, to the Queen mother during the festival. There arguments in support of our view are many. First, as it has been already said above, anthropologists like Eva Meyrovitz reports that the Akan people are familiar with the tradition of Queen Mothers marrying with foreigners. Second, several strangers including white men are until today made chiefs after their marriages to chief’s daughters. Third, during the Apo festival, as E.H. Mens remarks, “a big sheep, preferably white or brown, is brought in and cuts the throat of the sheep”. At the the same ceremony is performed in the Queen mother’s royal . Both ceremonies are followed up in the same manner . E. Mends writes: A little blood (from the slaughtered sheep) is allowed to drip onto the floor, but much of the blood is collected in a bowl. Head stool carrier smears all the stools with the blood and then makes a cross with his bloody hand in Nana’s left foot indicating Nana’s connection with departed paramount chiefs. .. Water is poured outside for ancestors to wash their hands and a bell is rung to signify that ancestors are now eating. Nana (and the Queen mother) leave the stool room and breaks his fast…. Food and meat (fufu) is given to those assembled at the place –both subjects and strangers. The anthroplogical information presented above are sufficient for the validation of the point that Sutherland has not departed from tradition in the representation of the coexistence of foreign and local elements in the Akan tradition as reflected in the Apo tradition ceremony with which she has propped up her story. It should be added here that the folktale form that Sutherland has adopted to tell her story has strong connections with the Apo ceromony on which it is articulate. In the Akan tradition, folktales are called Anansesem, literally the tales of the spider man , Ananse which is the figure of the trickster in Akan mythology. In New Life at Keyerefaso, Sutherland posits herself as a female Anansefaro, storyteller, and turns upside down the male representation of tradition and woman in the Ghanaian society. In her story, Furowa appears as an

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Anansewa, the spiderwoman, the female trickster figure defying her countrymen’s parochial and androcentric vision of the world and substitutes for it a modernist and feminist world view. Discussion of Ayi Kwei Armah’s Fragments In his Shadow and Act, Ralph Ellison writes that the best way to criticise a novel is to write another novel. Ellison’s statement is relevant for us in our comparison of Armah’s Fragments with Sutherland’s New Life at Kyerefaso. It is particularly so, because as we have said above Sutherland has been overlooked in African literary criticism. In our view, it is the Armah of Fragments who can be considered as one of the major critics of Sutherland’s New Life at Kyerefaso. Indeed, Armah’s novel invites comparison with Sutherland’s short story alluded to it in the following : Say/ Say it/ Say it just this way/ Gently, gently,/ For this was how the maid, High-born princess of Amosema/ Brought light from a far, far land Unto her nighted village people./Say it/ Pastorally, pastorally /Say. The quoted stanza above is part of a poem parodying Efua Sutherland’s New Life at Kyerefaso. It is read by the Ghanaian poet laureate, Akosua Russel, at a cultural evening sponsored by the British council. Akuosa Russel’s poem recalls in both its themes and form Efua Sutherland’s short story which starts as follows: Shall we say/ Shall we put it this way/ Shall we say that the maid of Kyerefaso, Foruwa, daughter of the Queen mother, was a young deer, graceful in limb? …

Armah’s parody of Sutherland’s short story shows that the clash between the two authors is due to a gender gap over the issue of tradition and modernity in their relation to the definition of nationhood and selfhood. To the gender gap can be added another gap which is that of generation. Efua Sutherland is fourteen years Armah’s senior, and she has preceded Armah in the literary scene. The feeling of belatedness is a factor of a pyschopoetic anxiety that can explain Armah’s parody of Efua Sutherland. Armah’s Fragments has its centre a family romance, involving among others a “been-to” to America, Baako, his mother Efua, his grandmother Naana, an expatriate girlfriend Juana, his sisterin-law Araba, his brother-in-law Koffi, his uncle Folli, and his school teacher Ocran, With the exception of Juana and Ocran, the other characters belong to the Onipa family. The members of this family are divided on the basis of the expectations they have of Baako’s journey abroad. Baako and Naana expect to gain spiritual returns from the journey. America is envisioned as a land of the spirits, i.e., of the ancestors from whom he will gain spiritual wisdom that he can invest for the good of the whole community. On the other hand, Efua, Uncle Folli, Araba and her husband hold materialist expectations. With regard to the women characters, Armah’s novel classifies themselves into two clear-cut categories: “women as destroyers and women as saviors” depending on the type of expectations they attach to Baako’s journey abroad. It is not gratuitous that Armah gives the name of Efua to his female protagonist. It is relevant to recall that Sutherland’s first name is the same as that of Baako’s mother. At the beginning Efua is shown participating in a pseudo ritual believing that it will help her son Baako to return home. At first, the reader is let to believe that Efua’s worry about her son is solely a question of love of a mother for her son. But as the story unfolds, it becomes clear that her

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impatience with Baako’s overstay in America is due mostly to her expectation of his return with a cargo. Baako’s mother, like Efua Sutherland, is a school mistress. She teaches in the “RADIANTWAY INTERNATIONAL DAY NURSERY” (p.69). It is in this school that Baako meets his mother Mrs Onipa after his unexpected return to his home country . During their journey home , Efua is described as “smiling …completely at ease in the enfolding luxury of the red leather upholstery” of a relative’s car. As they are travelling, the narrator reports the conversation of the mother and son: “When is yours coming, Baako?”/ “What?” he asked, surprised./ “Yours, your car so that my old bones can also rest”. The conversation that Efua has held with her son resembles to a stranger/stranger conversation. It is purely transactional because what she is interested in is the cargo he is supposed to have brought from America than his own person. Even the female employees at the bank where Fifi, a relative of his, works are interested in him because he is “a been-to stranger”. They have also addressed him as “an American…a thin American”.(p.67) The snippets taken from the novel are probably formulated to satirise the materialism of the post-independent Ghana, but seen in the context of Sutherland’s vision of “the new life” in her imaginary kingdom of kyerefaso, they become a literary satire. Baako in Fragments stands for the stranger in Sutherland’s story; Furowa for all the women who are enamoured of “been-to” strangers, and Baako’s mother Efua for Furowa’s Queen mother. In his literary satire, Armah subverts Sutherland’s representation of women as agents of social change to replace it with a representation that makes them the “destroyers” of the social fabric because of their perverted form of love and their misinterpretation of tradition. The misinterpretation of tradition shows particularly in the way women like Efua have appropriated the tradition of gift exchange. The theme of gift exchange holds a prominent place in the dirge songs of the Akan. Some samples of the dirge songs recorded by J. B. Nketia go as follow: Mother, if you would send me something, I would like a parcel and a big cooking pot that entertains strangers Mother, if you would send me something, I would like parched corn So that I could eat raw if I could not fire to cook it. Mother who sends gifts, send me something when someone Is coming this way. According to Nketia, the messages of gift exchange in the Akan dirge songs spring from the traditional belief in the world of the dead, their invisible participation in the life of this world, and in the preservation of ties of kinship after death. Consequently, the messages for gifts are viewed more as an expression of a wish for continued fellowship with the ancestors than a purely materialistic craving. Such interpretation finds support in the deflation of the materialistic wish in some other messages in the Akan dirge like the following: “ If the departed could send gifts, they would surely send something to their children”. In Armah’s novel, Baako’s journey abroad is considered as a voyage to the land of the ancestors. His separation from his family is seen as a death to his living relatives who have organised for him a ritual to facilitate his passage to the other world. It is the ritual dirge song sung by his grandmother Naana that captures the attention because it expresses the contradictory wishes of his family, each member expecting a different gift from the other world. Baako’s return from abroad is also interpreted as a rebirth from the land of the spirits. As if in support of the idea, Armah makes the return/rebirth of Baako correspond to the premature birth of Araba’s son. Both Baako Onipa (a man) and Araba’s child remain nameless in the novel because they have not yet been

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integrated in the community of the living. It is interesting to remark that Kwesi, Araba’s husband offers an electric aluminium fan as a gift to his wife. The electric fan acts as an objective correlative in Armah’s novel. Its association with the traditional death fan, Owuo Papa, blowing spirit children into the world of the dead makes it a sinister object. In Armah’s women , it is women’s interpretation of gift exchange solely in terms of material gains that cause the fragmentation of the family and the community into a “thousand and thirty pieces”. The craving for material gifts has made Efua organise an out- dooring ceremony at an earlier time than the customary eight days after birth in order to collect substantial gifts from relatives and friends with fat paychecks . It is one of these material gifts, the “wind machine” as Naana calls the electric fan that kills Araba’s premature child when it is switched on by Efua. By emphasising the darker side of gift exchange associated with the women characters, Armah attempts to inflect Efua Sutherland’s progressive world vision to show its incompatibility with the African way of life. Efua the character and Efua the author become killer mothers to the younger Ghanaian generation. Their names associate them to the wicked Earth Goddess Asase Yae, whose other name is Efua. If Armah associates Efua with cold winds, it is in order to suggest a comparison with the Earth Goddess whose underground world the Asamando is also believed to be full of winds. Efua’s coldness to her children is mythical; she thrives on human sacrifice. The association of Efua Sutherland with human sacrifice appears in the third chapter, entitled “Awo”. At the literal level, “Awo” describes the return of Baako to his mother’s home. But the level of metaphor it points to the possible sacrifice of Baako’s on his mother’s alter. The word “Awo”, as it has been suggested above, in the Brong dialect of Akan language means mother, but it also refers to the cry that the king’s Okyeame (linguist) shouts out to rally celebrants during rituals of human sacrifice in the old thanksgiving Akan festival of the Apo. In answer to the Okyeame’s call “Awo e! Awo e Awo e!”- which translates as a slave ! a slave! a slave ! the response from a single mysterious voice is Yoe! Yoe! Yoe! . The response to Rattray’s question as to the meaning of the word “Awo” in the ritual call, many Akan informants have let him know that it is a reference to a hermaphrodite, who is the first human being/slave ever killed as a sacrifice to Asase Ya, the Earth Goddess. As a prefigurative chapter, “Awo” announces the chase of Baako in the streets of Accra after his breakdown under his mother’s contempt. As if in a spirit of revenge for having to bring the expected material gifts, Efua takes the occasion when her son is at his lowest spirits to call the other members of the family in order to intern him, an internment equivalent to death. With the presence of the family sacrificer, Korankye/Foli the hunchback, the text suggests that the family is ready to sacrifice one of its members who has become just a stranger to the rest of the family. The impression is strengthened when Armah submits his own character to a ritual hunting which climaxes with his roping and his internment. It is only once her son has landed in the asylum that the mother Efua is assuaged. The analysis of the plot of Armah’s novel shows that Fragments subverts/ displaces Efua Sutherland’s plot in New Life at Kyerefaso.. We have already seen how Sutherland refines tradition to show how her central character Furowa evolves from the position of a slave girl to that of a free woman who has espoused a stranger/lover. In the case of Baako, it is the contrary, he gradually assumes the position of a slave sacrificed to assuage the anger of his materialist mother. The reversal of Sutherland’s plot in Fragments indicates Armah’s view of women who want to refine tradition as “destroyers” . Such a view is far from being committed to the feminist cause because it starts from the male assumption that women are naturally entrusted with the task of supervising

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society’s morals and education. The female characters who assume this function in the novel are qualified as “saviors”. One such female “saviors” in Armah’s novel is Baako’s grandmother Naana. All through the novel, she worries about the proper celebration of traditional rituals . Everything she does is done exclusively in the personal service of the protection of the household especially the male progeny from the erratic behaviour of her daughter Efua. It is at this level of antagonism of mother against daughter that we notice another variation that Armah plays on Efua Sutherland’s New Life at Keyerefaso. It is perhaps worth reminding that the Queen mother in the latter story has shown only a weak resistance against her daughter’s dream of taking a foreign husband. It is even suggested that the mother has encouraged her daughter in her rejection of the male tradition. The mother as represented by the Queen mother are not against women. The case in Armah’s novel is different since Naana lays the blame for the fragmentation of the Onipa family, (the family of men) on her daughter who ignores her role as a mother in her research for the fulfilment of her own desires. Bibliography - Abraham W.E. , The Mind of Africa, Chicago: Chicago University Press, 1962. - Armah Ayi Kwei, Fragments, London : Heinemann, 1969. - Davidson Basil, The African Genius: An Introduction to African Cultural and Social History, Boston: Little Brown, 1979. -Fumerton Patricia, Cultural Aesthetics, Chicago: University of Chicago Press, 1974. -Mauss Marcel, The Gift tr. Jan Cunnison, New York: Norton Library, 1967. -Meyerowitz Eva, The Akan of Ghana and their Ancient Beleifs, Boston: Faber and Faber, 1958. - Meyerowitz Eva, The Sacred State of the Akan, London: Faber and Faber, 1951. -Nketia, J. B., Funeral Dirges of the Akan People, tr. Jane Zielonkon Reel, New York: Crowe Press, 1968. -Priebe Richard, Myth, Realism and the West African Novel, Trenton: African World Press,1988. -Rattray Sutherland, Religion and Art in Ashanti, Oxford: Clarendon Press, 1927.

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‫ﺃﺴﺒـــﺎﺏ ﺘﺭﺩﻱ ﻟﻐــــﺔ ﺍﻟﺼﺤﺎﻓــــﺔ‬ ‫ﺇﻋﺩﺍﺩ ﺍﻟﻁﺎﻟﺒﺔ‪ :‬ﻨﻭﺍل ﻋﺜﻤﺎﻥ‬ ‫ﻟﻐﺔ ﻋﺭﺒﻴﺔ ﻭ ﺃﺩﺒﻬﺎ ﺠﺎﻤﻌﺔ ﻤﻭﻟﻭﺩ ﻤﻌﻤﺭﻱ ﺘﻴﺯﻱ ﻭﺯﻭ‬ ‫ﺘﻌﺘﺒﺭ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﺒﺸﺭﻴﺔ ﻨﻅﺎﻤﹰﺎ ﻋﺎﻤﹰﺎ ﻴﺸﺘﺭﻙ ﻓﻲ ﺇﺘﹼﺒﺎﻋﻪ ﺠﻤﻴﻊ ﺍﻷﻋﻀﺎﺀ ﺍﻟﻤﻨﺘﻤﻴﻥ ﻟﻬـﺫﺍ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤـﻊ ﺃﻭ‬ ‫ﺫﺍﻙ‪ ،‬ﻓﻬﻲ ﺃﺩﺍﺘﻬﻡ ﻟﻠﺘﻌﺒﻴﺭ ﻋﻤ‪‬ﺎ ﻴﺠﻭل ﺒﺨﻭﺍﻁﺭﻫﻡ ﻭﻭﺴﻴﻠﺘﻬﻡ ﻟﻠﺘﻔﺎﻫﻡ ﻓﻴﻤﺎ ﺒﻴﻨﻬﻡ‪ .‬ﻜﻤﺎ ﺃﻨﹼﻬﺎ ﻤﻥ ﻀﻤﻥ ﺍﻟﻌﻭﺍﻤل‬

‫ﻻ ﺒـﺎﻟﺤﻭﺍﺭ‬ ‫ﺍﻟﺭﺌﻴﺴﻴﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﺘﺴﺎﻫﻡ ﺇﺴﻬﺎﻤﹰﺎ ﻜﺒﻴﺭﹰﺍ ﻓﻲ ﺘﻜﻭﻴﻥ ﺍﻟﺭﺃﻱ ﺍﻟﻌﺎﻡ‪ .‬ﻫﺫﺍ ﺍﻷﺨﻴﺭ ﺍﻟـﺫﻱ ﻻ ﻴﺘﺤﻘـﻕ ﺇ ﹼ‬

‫ﺍﻟﻤﺸﺘﺭﻙ ﻭﺍﻟﻨﻘﺎﺵ ﺍﻟﻤﻭﻀﻭﻋﻲ ﺒﻴﻥ ﺃﻋﻀﺎﺀ ﺍﻟﺠﻤﺎﻋﺔ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﻴﺼﻌﺏ ﻋﻠﻴﻬﺎ ﺘﺤﻘﻴـﻕ ﺫﻟـﻙ ﻓـﻲ‬ ‫ﻏﻴﺎﺏ ﻟﻐﺔ ﻤﺸﺘﺭﻜﺔ ﺘﺠﻤﻊ ﺍﻷﻓﺭﺍﺩ ﺍﻟﺫﻴﻥ ﻴﻌﻴﺸﻭﻥ ﻓﻲ ﺨﻀﻤﻬﺎ‪ .‬ﺘﺘﺩﺨل ﺍﻟﻠﻐﺔ ﻓﻲ ﺘﺤﺩﻴﺩ ﻭﺘﻨﻤﻴﺔ ﺃﻨﻤﺎﻁ ﺍﻟﻔﻜﺭ‬ ‫ﻓﻲ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ ﺍﻟﺘﻲ ﺘﺴﻭﺩﻫﺎ‪ .‬ﻭﺘﺅﺩﻱ ﻭﻅﻴﻔﺔ ﻫﺎﻤﺔ ﻟﻠﻔﺭﺩ ﻤﻥ ﺨﻼل ﺘﻤﻜﻴﻨﻪ ﻤﻥ ﻗﻀﺎﺀ ﺤﺎﺠﺘﻪ ﻓﻲ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ‪.‬‬ ‫ل ﻓﺭﺩ ﻭﻅﻴﻔﺔ‬ ‫ل ﺍﻟﻭﻅﺎﺌﻑ ﺃﻭ ﺒﻌﺩ‪‬ﺓ ﻭﻅﺎﺌﻑ ﻓﻲ ﻭﻗﺕ ﻭﺍﺤﺩ‪ .‬ﻭﻟﻜ ّ‬ ‫ﻓﺎﻟﻔﺭﺩ ﺩﺍﺨل ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﻻ ﻴﻤﻜﻨﻪ ﺃﻥ ﻴﻘﻭﻡ ﺒﻜ ّ‬

‫ﻑ ﺒﻭﻅﻴﻔﺘﻪ ﻭﻓﻲ ﻏﻨﻰ ﻋﻥ ﻏﻴﺭﻩ‪ .‬ﺒل ﻻ ﺒ ‪‬ﺩ ﻟﻪ ﻤﻥ ﺍﻻﺤﺘﻜـﺎﻙ‬ ‫ل ﻭﺍﺤ ٍﺩ ﻤﻜﺘ ٍ‬ ‫ﻥﻜّ‬ ‫ﻤﻌﻴ‪‬ﻨﺔ‪ ،‬ﻟﻜﻥ ﻻ ﻴﻌﻨﻲ ﻫﺫﺍ ﺃ ‪‬‬ ‫ل ﺫﻟﻙ ﻻ ﻴﺘﻡ ﺇ ﹼ‬ ‫ﻻ ﺒﻭﺍﺴﻁﺔ ﺍﻟﻠﻐﺔ‪ .‬ﻓﺎﻟﻠﻐﺔ ﺇﺫﻥ ﺭﻜﻴﺯﺓ ﺃﺴﺎﺴـﻴﺔ ﻤـﻥ‬ ‫ﻭﺍﻟﺘﻭﺍﺼل ﻤﻊ ﺒﺎﻗﻲ ﺃﻓﺭﺍﺩ ﻤﺠﺘﻤﻌﻪ‪ ،‬ﻭﻜ ّ‬

‫ﻥ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﻨﺴﻕ ﺭﻤﺯﻱ ﻟﻠﺘﻭﺍﺼـل ﻭﺍﺴـﺘﺨﺩﺍﻤﻨﺎ‬ ‫ﺭﻜﺎﺌﺯ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺤﻴﺙ ﻴﺭﻯ » ﺘﺸﻭﻤﺴﻜﻲ ‪ «Chomsky‬ﺒﺄ ‪‬‬ ‫ﺇﻴ‪‬ﺎﻫﺎ ﻴﺭﺘﺒﻁ ﺒﺸﻜل ﻭﺜﻴﻕ ﺒﺎﻟﺒﻨﻰ ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻴﺔ‪ .‬ﻤﻥ ﻫﻨﺎ ﻨﺴﺘﺨﻠﺹ ﺃﻨﹼﻪ ﻴﺼﻌﺏ ﺇﻗﺎﻤﺔ ﻤﺠﺘﻤﻊ ﺒﺩﻭﻥ ﻟﻐﺔ‪ .‬ﻓﺎﻟﻠﻐﺔ‬ ‫ﻨﻅﺎﻡ ﺸﺎﻤل ﻟﻠﻌﻼﻗﺎﺕ ﻭﻤﺅﺴﺴﺔ ﺍﺠﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻤﺭﺘﺒﻁﺔ ﺍﺭﺘﺒﺎﻁﹰﺎ ﻭﺜﻴﻘﹰﺎ ﺒﺎﻟﺴ‪‬ﻠﻭﻙ ﺍﻹﻨﺴﺎﻨﻲ‪ ،‬ﺤﺘﹼﻰ ﻻ ﻨﻜـﺎﺩ ﻨـﺭﻯ‬

‫ﺠﺎﻨﺒﹰﺎ ﻤﻥ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺴﻠﻭﻙ ‪ ،‬ﻻ ﺘﺘﺨﹼل ﻓﻴﻪ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺃﻭ ﻻ ﺘﻠﻌﺏ ﻓﻴﻪ ﺩﻭﺭﺍﹰ‪ ،‬ﺤﻴﺙ ﺘﺫﻫﺏ ﻨﻅﺭﻴـﺔ »ﺴـﺎﺒﻴﺭ ﻭﻭﺭﻑ‬ ‫‪ «Sapir Worf‬ﺇﻟﻰ ﻭﻀﻊ ﺍﻟﻨﹼﺎﺱ ﺘﺤﺕ ﺭﺤﻤﺔ ﻟﻐـﺘﻬﻡ ﻷﻨﹼﻬـﺎ ﺤـﺴﺒﻪ ﺩﻟـﻴﻠﻬﻡ ﺇﻟـﻰ ﻓﻬـﻡ ﺍﻟﺤﻘﻴﻘـﺔ‬

‫ﺍﻻﺠﺘﻤﺎﻋﻴﺔ‪.‬ﻭﻨﺤﻥ ﻭﻗﺩ ﻨﺸﺄﻨﺎ ﻓﻲ ﻤﺠﺘﻤﻊ ﺘﻌﺘﺒﺭ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻓﻴﻪ ﻫﻲ ﺍﻟﻠﻐـﺔ ﺍﻟﺭﺴـﻤﻴﺔ ﺍﻷﻭﻟـﻰ ﻭﺍﻟﻠﻐـﺔ‬

‫ﺍﻟﻤﺸﺘﺭﻜﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﺘﺠﻤﻊ ﺒﻴﻥ ﺃﻓﺭﺍﺩ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﻭﻁﻥ ﺸﺭﻗﻪ ﻭﻏﺭﺒﻪ‪ ،‬ﺸﻤﺎﻟﻪ ﻭﺠﻨﻭﺒﻪ‪ .‬ﻜﺎﻥ ﻻ ﺒ ‪‬ﺩ ﻟﻨﺎ ﻤﻥ ﺍﻟﻭﻗﻭﻑ ﻋﻨﺩ‬ ‫ﻨﻘﻁﺔ ﻤﻬﻤ‪‬ﺔ ﺠ ‪‬ﺩﹰﺍ ﻭﻫﻲ ﺤﺎل ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻓﻲ ﻭﺴﺎﺌل ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺍﻟﺠﺯﺍﺌﺭﻴﺔ‪ .‬ﻭﺒﺘـﺸﺨﻴﺹ ﺤﻘﻴﻘـﺔ ﺍﻟﻭﻀـﻊ‬ ‫ﻥ ﺍﻟﻌﻼﻗﺔ ﺒﻴﻥ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﻭﺍﻹﻋﻼﻡ ﻻ ﺘﺴﻴﺭ ﻓﻲ ﺨﻁﻭﻁ ﻤﺘﻭﺍﺯﻴـﺔ‬ ‫ﺍﻟﻠﻐﻭﻱ ﻟﻠﻀ‪‬ﺎﺩ ﻓﻲ ﻭﺴﺎﺌل ﺍﻹﻋﻼﻡ ﻴﺘﺠﻠﹼﻰ ﻟﻨﺎ ﺃ ‪‬‬ ‫ﻥ ﺍﻹﻋﻼﻡ ﻫﻭ ﺍﻟﻁﹼﺭﻑ ﺍﻷﻗﻭﻯ ﻭﺍﻟﻠﻐﺔ ﻓﻲ ﻤﻭﻗـﻑ‬ ‫ﻓﺎﻟﻁﹼﺭﻓﺎﻥ ﻻ ﻴﺘﺒﺎﺩﻻﻥ ﺍﻟﺘﺄﺜﹼﻴﺭ ﻻﻨﻌﺩﺍﻡ ﺍﻟﺘﻜﺎﻓﺅ ﺒﻴﻨﻬﻤﺎ‪ ،‬ﻷ ‪‬‬

‫ﻀﻌﻑ ﺃﻤﺎﻡ ﻗﻭ‪‬ﺘﻪ ﻭﺠﺒﺭﻭﺘﻪ‪ ،‬ﻭﺨﺎﺼﺔ ﻭﻨﺤﻥ ﺒﺼﺩﺩ ﻤﻌﺎﻴﺸﺔ ﻤﺭﺤﻠﺔ ﺤﺎﻓﻠﺔ ﺒﺎﻟﻤﺘﻐﻴ‪‬ﺭﺍﺕ ﺍﻹﻗﻠﻴﻤﻴﺔ ﻭﺍﻟﺩ‪‬ﻭﻟﻴـﺔ‬ ‫ﻥ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺘﻌﺎﻨﻲ ﻓﻲ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻤﺭﺤﻠﺔ ﺘﻠﻭ‪‬ﺜﹰﺎ ﺃﻟﺤﻕ ﺃﻓـﺩﺡ ﺍﻷﻀـﺭﺍﺭ ﺒﺎﻟﺒﻴﺌـﺔ‬ ‫ﻕ ﻟﻨﺎ ﺍﻟﻘﻭل ﺇ ‪‬‬ ‫ﺍﻟﺤﺎﺴﻤﺔ‪ .‬ﻭﺤ ﹼ‬ ‫ﺱ ﺤﺘـﻰ ﺍﻟﺤﻴـﺎﺓ‬ ‫ﻥ ﻋﺩﻭﻯ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺘﻠﻭ‪‬ﺙ ﻤـ ‪‬‬ ‫ﻙﺃ‪‬‬ ‫ﺍﻟﻠﻐﻭﻴﺔ ﻤﻥ ﻓﺴﺎﺩ ﻓﻲ ﺍﻟﻔﻜﺭ ﻭﺍﻀﻁﺭﺍﺏ ﻓﻲ ﺍﻟﻌﻘﻭل ﻭﻻ ﺸ ‪‬‬ ‫ﺍﻟﻔﻜﺭﻴﺔ ﻭﺍﻟﺜﻘﺎﻓﻴﺔ ﻟﻠﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ‪ .‬ﺇﻥ ﻟﻡ ﺘﺼل ﺇﻟﻰ ﻤﺎ ﻫﻭ ﺃﻋﻅﻡ ﺨﻁﺭﹰﺍ ﻤﻥ ﺫﻟﻙ ﻜﻠﹼﻪ‪ .‬ﻓﻤﺎ ﻫﻲ ﺍﻟﻌﻭﺍﻤل ﺍﻟﺘـﻲ‬ ‫ﺃﺩ‪‬ﺕ ﺇﻟﻰ ﻀﻌﻑ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺩﺍﺨل ﺃﺠﻬﺯﺓ ﺍﻹﻋﻼﻡ؟‬ ‫‪Revue Campus N°7‬‬

‫‪105‬‬

‫ﺃﻭ ﺒﺘﻌﺒﻴﺭ ﺁﺨﺭ ﻤﺎ ﻫﻲ ﺍﻷﺴﺒﺎﺏ ﺍﻟﺘﻲ ﺴﺎﻫﻤﺕ ﻓﻲ ﺘﺭﺩ‪‬ﻱ ﻟﻐﺔ ﺍﻟﺼﺤﺎﻓﺔ؟‬ ‫ﻥ ﺃﺠﻬﺯﺓ ﺍﻹﻋﻼﻡ ﻤﻥ ﺍﻟﻭﺴﺎﺌل ﺍﻟﺘﻲ ﺘﺘﺤﻤ‪‬ل ﺍﻟﻤﺴﺅﻭﻟﻴﺔ ﺍﻟﻜﺒﺭﻯ ﻓﻲ ﻤﺴﺄﻟﺔ ﺍﻻﺭﺘﻘـﺎﺀ ﺒﺎﻟﻤـﺴﺘﻭﻯ‬ ‫ﺇ‪‬‬ ‫ﻥ ﻭﺴﺎﺌل ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺍﻟﺘﻲ ﻴﺴﺘﺨﺩﻤﻬﺎ‬ ‫ﺍﻟﻠﻐﻭﻱ ﻭﺍﻟﻔﻜﺭﻱ ﻟﻠﻤﺠﺘﻤﻌﺎﺕ‪ ،‬ﺒﺤﻴﺙ ﻴﻘﻭل »ﻤﺎﻜﻠﻭﻫﺎﻥ ‪ «Maklohane‬ﺇ ‪‬‬ ‫ﻱ ﻭﺴـﻴﻠﺔ ﺠﺩﻴـﺩﺓ ﺃﻭ‬ ‫ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﺃﻭ ﻴﻀﻁﺭ ﺇﻟﻰ ﺍﺴﺘﺨﺩﺍﻤﻬﺎ ﺴﺘﹸﺤﺩ‪‬ﺩ ﻁﺒﻴﻌﺔ ﺍﻟﻤﺠﺘﻤﻊ ﻭﻜﻴﻑ ﻴﻌﺎﻟﺞ ﻤﺸﺎﻜﻠﺔ ﻭﺃ ‪‬‬ ‫ل ﻫـﺫﻩ‬ ‫ﺍﻤﺘﺩﺍﺩ ﻟﻺﻨﺴﺎﻥ ﺘﺸﻜﹼل ﻅﺭﻭﻓﹰﺎ ﺠﺩﻴﺩﺓ ﻤﺤﻴﻁﺔ ﺘﺴﻴﻁﺭ ﻋﻠﻰ ﻤﺎ ﻴﻔﻌﻠﻪ ﺍﻷﻓﺭﺍﺩ ﺍﻟﺫﻴﻥ ﻴﻌﻴﺸﻭﻥ ﻓﻲ ﻅـ ّ‬

‫ﺍﻟﻅﺭﻭﻑ ﻭﺘﺅﺜﹼﺭ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﻁﺭﻴﻘﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﻴﻔﻜﹼﺭﻭﻥ ﻭﻴﻌﻤﻠﻭﻥ ﻭﻓﻘﹰﺎ ﻟﻬﺎ‪ 1.‬ﺜﻡ ﻤﻥ ﺍﻷﻓﻌﺎل‬ ‫ﻤﺎ ﺘﻔﺭﺽ ﻋﻠﻴﻪ ﻗﻴﻭﺩ ﺩﻻﻟﻴﺔ ﻓﻲ ﺍﻟﺘﻌﺩﻴﺔ ﻓﻴﺴﺘﻌﻤل ﻓﻲ ﻤﻭﺍﻀﻊ ﺩﻭﻥ ﺃﺨﺭﻯ ﻭﻤﻨﻬﺎ ﻓﻌل "ﺃﻋﻠﻥ" ﺍﻟﺫﻱ ﻴﻜـﻭﻥ‬ ‫ﺢ ﺇﻋﻼﻨﻪ ﻤﺜل ﺍﻟﺴ ‪‬ﺭ ﺃﻭ ﺍﻟﺨﺒﺭ ﻭﻟﻜﻨﹼﻪ ﻗﺩ ﺠﺭﻯ ﻓﻲ ﺍﻻﺴﺘﻌﻤﺎل ﻤﺴﻨﺩﹰﺍ ﺇﻟﻰ ﻤﺎ ﻻ ﻴﺴﻨﺩ ﺇﻟﻴـﻪ‬ ‫ﻤﻔﻌﻭﻟﻪ ﻤﻤ‪‬ﺎ ﻴﺼ ‪‬‬ ‫ﻤﺜل ﺍﻟﻤﺩﻴﻨﺔ ﺃﻭ ﺍﻟﻘﺭﻴﺔ‪ ،‬ﻭﻤﺘﻌﺩ‪‬ﻴﹰﺎ ﺇﻟﻰ ﻤﻔﻌﻭﻟﻴﻥ ﻓﻲ ﻤﺜل ﻗﻭﻟﻬﻡ "ﺃﻋﻠﻨﺕ ﺍﻷﻤﻡ ﺍﻟﻤﺘﺤﺩﺓ ﻤﺩﻴﻨﺔ ﻜﺫﺍ ﻤﻨﻁﻘﺔ ﺁﻤﻨﺔ"‬ ‫ﻭﺃﺜﺭ ﺍﻟﺘﺭﺠﻤﺔ ﺍﻟﺤﺭﻓﻴﺔ ﻓﻲ ﻫﺫﺍ ﺍﻟﺘﺭﻜﻴﺏ ﻅﺎﻫﺭ ﺠﻠ ‪‬‬ ‫ﻲ‪ 5 ﻟﻤﺎﻟﻴﻨﻭڤ ﺴﻜﻲ> ﻴﺭﺘﺒﻁ ﺍﻟﻜﻼﻡ ﻭﺍﻟﻤﻭﻗﻑ ﺍﺭﺘﺒﺎﻁـﹰﺎ ﻻ ﻴﻨﻔـﺼﻡ‪.‬‬ ‫ﻳﺘﻢ إ ّ‬ ‫ﻭﺴﻴﺎﻕ ﺍﻟﻤﻭﻗﻑ ﻻ ﻏﻨﻰ ﻋﻨﻪ ﻟﻔﻬﻡ ﺍﻷﻟﻔﺎﻅ‪ 6 ﻭﻟﺫﻟﻙ ﻭﺠﺩﻨﺎ‬ ‫ﺍﻟﻤﺘﺄﺜﺭﻴﻥ ﺒﻬﺫﻩ ﺍﻟﺭﺅﻴﺎ ﻴﺩﻋﻭﻥ ﺇﻟﻰ ﺍﻹﻗﻠﻴﻤﻴﺔ ﻤﻥ ﺍﻟﻭﺠﻬﺔ ﺍﻟﺴﻴﺎﺴﻴﺔ ﻤﺜـل ﺩﻋـﺎﺓ ﺍﻹﻗﻠﻴﻤﻴـﺔ ﺍﻟـﺴﻭﺭﻴﺔ ﺃﻭ‬

‫ﻥ ﺩﻋﺎﺓ ﺍﻟﻌﺎﻤﻴﺔ ﻅﻬﺭﻭﺍ ﻤﺘﺄﺜﺭﻴﻥ ﻓﻲ ﺫﻟﻙ ﺒﻁﺒﻴﻌﺔ ﺍﻟﻤﺭﺤﻠﺔ ﺃﻴﻀﹰﺎ ﻓﺩﻋﻭﺍ ﺇﻟﻰ ﺘﻌـﺩ‪‬ﺩ‬ ‫ﺍﻟﻔﺭﻋﻭﻨﻴﺔ ﻭﻏﻴﺭﻫﻡ ﺜ ‪‬ﻡ ﺇ ‪‬‬ ‫ﺍﻟﻠﻬﺠﺎﺕ ﻭﺍﺴﺘﺨﺩﺍﻤﻬﺎ ﻜﻠﻐﺎﺕ ﻤﺴﺘﻘﻠﺔ ﻟﺘﻨﺘﻬﻲ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺇﻟﻰ ﻤﺎ ﺍﻨﺘﻬﺕ ﺇﻟﻴﻪ ﺍﻟﻼﺘﻴﻨﻴﺔ ﻓـﻲ ﺃﻭﺭﻭﺒـﺎ ﻭﻫﻴـﺄﺕ‬

‫‪5‬‬

‫‪-‬‬

‫‪www. Arabicl. Org.sa‬‬

‫‪ - 6‬ﻋﺒﺩ ﺍﻟﻌﺯﻴﺯ ﺸﺭﻑ‪ ،‬ﻋﻠﻡ ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺍﻟﻠﻐﻭﻱ‪ ،‬ﻁ‪ .1‬ﺍﻟﻘﺎﻫﺭﺓ‪ ،2000 :‬ﺩﺍﺭ ﻨﻭﺒﺎﺭ ﻟﻠﻁﺒﺎﻋﺔ‪ ،‬ﺹ‪.154‬‬ ‫‪Revue Campus N°7‬‬

‫‪102‬‬

‫ﺍﻟﻁﺒﺎﻋﺔ ﻟﻬﺅﻻﺀ ﺍﻟﺩ‪‬ﻋﺎﺓ ﻤﻨﺎﺥ ﺩﻋﻭﺘﻬﻡ ﺇﻟﻰ ﺤﻴﻥ‪ ﻓﺯﻋﻴﻡ ﻜﺒﻴﺭ ﻴﻘـﻑ ﻓـﻲ ﺍﻷﻤـﻡ‬

‫ﺍﻟﻤﺘﹼﺤﺩﺓ ﻴﺘﺤﺩ‪‬ﺙ ﻋﻥ ﻤﺩﻴﻨﺔ ﺍﻟﻘﺩﺱ ﻗﺒﻠﺔ ﺍﻹﺴﻼﻡ ﻭﺍﻟﻤﺴﻠﻤﻴﻥ ﻓﻴﻀﻡ ﺍﻟﻘﺎﻑ ﻤﻥ ""ﻗﺒﻠﺔ"‪ .‬ﻭﻴﺘﺤﺩ‪‬ﺙ ﻋﻥ ﺴـﻤﺎﺤﺔ‬

‫ﻑ ﺃﻭ ﻟﻭﻥ ﻓﻴﻨﻁﻕ ﻜﻠﻤﺔ "ﻋﺭﻕ" ﺒﻔﺘﺢ ﺍﻟﻌﻴﻥ ﻭﺍﻟﺭ‪‬ﺍﺀ ﻭﻤﺜﻘﹼﻑ ﻜﺒﻴﺭ ﻴﺭﺃﺱ ﻗﺴﻡ‬ ‫ﺍﻹﺴﻼﻡ ﺍﻟﺫﻱ ﻻ ﻴﻤﻴ‪‬ﺯ ﺒﻴﻥ ﻋﺭ ٍ‬ ‫ﻙ ﻓـﻲ ﻜـﺫﺍ"‬ ‫ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻓﻲ ﺇﺤﺩﻯ ﺍﻟﺠﺎﻤﻌﺎﺕ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻴﻘﻑ ﺨﻁﻴﺒﹰﺎ ﻓﻲ ﻨﺩﻭﺓ ﻋﺎﻤ‪‬ﺔ ﻭﻴﻘﻭل "ﻟﻴﺱ ﺜﻤ‪‬ﺔ ﺸ ‪‬‬ ‫ﻓﻴﻀﻡ ﺍﻟﺜﹼﺎﺀ ﻤﻥ "ﺜﻤ‪‬ﺔ"‪ 8 ﻤﺴﺄﻟﺔ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﻓﻲ ﻭﺴﺎﺌل ﺍﻹﻋﻼﻡ‪ .‬ﻗﺩ ﺍﺯﺩﺍﺩﺕ ﺘﻌﻘﻴﺩﹰﺍ ﺒﺈﻨﺸﺎﺀ ﺍﻹﺫﺍﻋﺎﺕ ﺍﻟﻭﻁﻨﻴـﺔ ﺜـﻡ‬ ‫ﺍﻟﻤﺤﻠﻴﺔ‪ .‬ﺇﺫﻥ ﻓﺈ ‪‬‬ ‫ﺇﻨﺸﺎﺀ ﺍﻟﺘﻠﻔﺯﻴﻭﻨﺎﺕ ﺍﻟﺘﻲ ﻓﺘﺢ ﻓﻴﻬﺎ ﺍﻟﺒﺎﺏ ﻻﺴﺘﻌﻤﺎل ﺍﻟﻌﺎﻤﻴﺎﺕ ﻤﻊ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺍﻟﻔﺼﻴﺤﺔ ﻭﻗﺩ ﺨـﺎﻟﻑ ﺍﺴـﺘﻌﻤﺎل‬ ‫‪7‬‬ ‫‪8‬‬

‫‪ -‬ﻋﺒﺩ ﺍﻟﻌﺯﻴﺯ ﺸﺭﻑ‪ ،‬ﻋﻠﻡ ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺍﻟﻠﻐﻭﻱ‪ ،‬ﺹ‪.5‬‬

‫‪ -‬ﺃﺤﻤﺩ ﻤﺨﺘﺎﺭ ﻋﻤﺭ‪ ،‬ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺍﻟﺼﺤﻴﺤﺔ‪ ،‬ﺩﻟﻴل ﺍﻟﺒﺎﺤﺙ ﺇﻟﻰ ﺍﻟﺼﻭﺍﺏ ﺍﻟﻠﻐﻭﻱ‪ ،‬ﻁ‪ .1‬ﺍﻟﻘـﺎﻫﺭﺓ‪ ،1981 :‬ﻋـﺎﻟﻡ ﺍﻟﻜﺘـﺏ‪.‬‬

‫ﺹ‪.51‬‬ ‫‪Revue Campus N°7‬‬

‫‪101‬‬

‫ﻥ ﺍﺴﺘﻌﻤﺎﻟﻬﺎ ﻓﻲ ﺍﻹﺫﺍﻋﺎﺕ ﻭﺍﻟﺘﻠﻔﺯﻴﻭﻨﺎﺕ ﻴﻌ ‪‬ﺩ ﺭﺴﻤﻴﺎﹰ‪،‬‬ ‫ﺍﻟﻌﺎﻤﻴﺎﺕ ﻓﻲ ﻫﺫﻩ ﺍﻟﻭﺴﺎﺌل ﺍﺴﺘﻌﻤﺎﻟﻬﺎ ﻓﻲ ﺍﻟﺠﺭﺍﺌﺩ‪ .‬ﻓﺈ ‪‬‬ ‫ﻷﻨﹼﻪ ﻴﺭﺩ ﻋﻠﻰ ﺃﻟﺴﻨﺔ ﺭﺠل ﺍﻟﺴﻴﺎﺴﻴﺔ ﻭﻋﻠﻤﺎﺀ ﺍﻟﺩ‪‬ﻴﻥ ﻭﻜﺒﺎﺭ ﺍﻟﻜﺘﹼﺎﺏ ﻭﺍﻷﺩﺒﺎﺀ‪ .‬ﺃﻤ‪‬ﺎ ﺍﻟﺠﺭﺍﺌﺩ ﺍﻟﺘﻲ ﻴﻜﺘﺏ ﻜﻠﹼﻬﺎ ﺃﻭ‬ ‫ﺠﻠﹼﻬﺎ ﺒﺎﻟﻌﺎﻤﻴ‪‬ﺔ ﻓﺘﻌ ‪‬ﺩ ﺠﺭﺍﺌﺩ "ﺸﻌﺒﻴﺔ" ﻭﻫﺫﻩ ﺍﻟﺼﻔﺔ ﻜﺎﻓﻴﺔ ﻭﺤـﺩﻫﺎ ﻟﺘﻬﻤﻴـﺸﻬﺎ ﻭﻋـﺩﻡ ﺍﻻﻫﺘﻤـﺎﻡ ﺒﻬـﺎ ﺒـﻴﻥ‬

‫ﺍﻟﻤﺜﻘﹼﻔﻴﻥ‪ 9 ﻟﻬﺫﺍ ﻨﺠﺩ ﺍﻟﻤﺘﺨﺼ‪‬ﺼﻴﻥ ﺍﻟﻌﺭﺏ ﻤﻥ ﺃﻁﺒﺎﺀ‬ ‫ﻭﺘﻜﻨﻭﻟﻭﺠﻴﻭﻥ ﻴﺴﺘﻌﻤﻠﻭﻥ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻷﺠﻨﺒﻴﺔ ﻓﻲ ﻤﺠﺎﻻﺕ ﺘﺨﺼﺼﻬﻡ ﻫﺭﻭﺒﹰﺎ ﻤﻥ ﺍﻟﻘﻴﻭﺩ ﺍﻟﺼﺎﺭﻤﺔ ﺍﻟﺘﻲ ﺘﻔﺭﻀﻬﺎ‬

‫ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻭﻗﺩ ﻴﺨﻀﻌﻭﻥ ﻹﺨﻀﺎﻉ ﺃﻓﻜﺎﺭﻫﻡ ﻟﻬﺫﻩ ﺍﻟﻘﻴﻭﺩ‪ ﻷ ‪‬‬ ‫ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺃﺼﺒﺢ ﻤﻥ ﺍﻟﻤﺴﺘﺤﻴل ﺃﻥ ﺘﻅل ﻟﻐﺔ ﻤﺎ ﺒﻤﺄﻤ ٍ‬ ‫ﻟﻺﻋﻼﻡ ﺍﻟﻤﻌﺎﺼﺭ ﻫﻭ ﺍﻟﻜﺭﺓ ﺍﻷﺭﻀﻴﺔ ﺒﺭﻤ‪‬ﺘﻬﺎ‪ .‬ﻟﻘﺩ ﺃﻁﻠﻕ ﺘﻌﺒﻴﺭ‬ ‫‪9‬‬

‫ﺍﻟﻌﺎﻟﻤﻴﺔ ﻋﻠﻰ ﺍﻟﻜﺭﺓ ﺍﻷﺭﻀﻴﺔ ﻭﻫـﻭ‬

‫‪www. isesco. org. Ma. -‬‬

‫‪10‬‬

‫‪ -‬ﻋﺒﺩ ﺍﻟﻘﺎﺩﺭ ﺍﻟﻔﺎﺴﻲ ﺍﻟﻔﻬﺭﻱ‪ ،‬ﺘﻨﺴﻴﻕ‪ :‬ﺃﺤﻤﺩ ﺒﺭﻴﺴﻭل‪ ،‬ﻋﺭﺒﻴﺔ ﺍﻟـﺼﺤﺎﻓﺔ‪ ،‬ﺩﻁ‪ .‬ﺍﻟﺭﺒـﺎﻁ‪ ،1998 :‬ﻤﻨـﺸﻭﺭﺍﺕ ﻤﻌﻬـﺩ‬

‫ﺍﻟﺩﺭﺍﺴﺎﺕ ﻭﺍﻷﺒﺤﺎﺙ ﻟﻠﺘﻌﺭﻴﺏ ﺒﺎﻟﺭﺒﺎﻁ‪ ،‬ﺹ‪.40‬‬ ‫‪Revue Campus N°7‬‬

‫‪100‬‬

‫ﺘﻌﺒﻴﺭ ﺼﺤﻴﺢ ﻓﻲ ﺫﻟﻙ ﺍﻟﻌﺼﺭ ﺍﻟﺫﻱ ﻭﻀﻊ ﺍﻹﻨﺴﺎﻥ ﺃﻗﺩﺍﻤﻪ ﻋﻠﻰ ﺴﻁﺢ ﺍﻟﻘﻤﺭ ﻭﻤﺸﻰ ﻓﻭﻕ ﺃﺘﺭﺍﺒﻪ ﻭﺍﻟﻨـﺎﺱ‬ ‫ﻓﻲ ﺒﻴﻭﺘﻬﻡ ﻴﺸﺎﻫﺩﻭﻥ ﺫﻟﻙ ﻋﻠﻰ ﺸﺎﺸﺎﺕ ﺍﻟﺘﻠﻔﺯﻴﻭﻥ‪.‬ﻭﻫﻨﺎ ﻴﺘﺤﻤ‪‬ل ﺍﻟﻌﻠﻤﺎﺀ ﻭﺍﻟﺒـﺎﺤﺜﻭﻥ ﻭﺃﺠﻬـﺯﺓ‬ ‫ﺍﻹﻋﻼﻡ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﻤﺴﺅﻭﻟﻴﺔ ﺍﻟﺘﺼﺩ‪‬ﻱ ﻟﻬﺫﺍ ﺍﻟﺴﻴ‪‬ل ﺍﻟﺠﺎﺭﻑ ﺍﻟﺫﻱ ﻴﻜﺎﺩ ﺘﻜﻴﺴﺢ ﺍﻟﻠﻐﺔ ﺍﻟﻌﺭﺒﻴﺔ ﺒﻤﺎ ﻗﺫﻑ ﻓﻴﻬﺎ ﻤﻥ‬

‫ﻟﺤﻥ ﻭﻤﺎ ﺘﺴﺭ‪‬ﺏ ﺇﻟﻴﻬﺎ ﻤﻥ ﺍﻨﺤﺭﺍﻑ ﻭﻤﺎ ﺩﺨﻠﻬﺎ ﻤﻥ ﺃﺨﻁﺎﺀ‪